dimanche 5 juin 2016

démocratie tabou

Ce post est un résumé des idées exposées par José Saramango (écrivain portugais prix Nobel de littérature 1998) dans un article paru en 2004 : "Que reste t'il de la démocratie".

D'après le droit constitutionnel la démocratie est une organisation par laquelle "l'origine et l'exercice du pouvoir politique incombent au peuple, cette organisation permettant au peuple de gouverner par le biais de ses représentants élus". Mais le fait que la démocratie puisse être définie avec beaucoup de précision ne signifie pas qu'elle fonctionne réellement.
En réalité, aussi loin que l'on remonte dans le temps, les riches ont toujours été moins nombreux que les pauvres et pourtant les riches ont toujours gouverné le monde ou tenu ficelles de ceux qui gouvernaient.
En démocratie, la masse des pauvres appelée à voter n'est pas appelée à gouverner car ils ne disposent pas des moyens pour modifier l'organisation et l'univers des riches qui les dominent, les surveillent et les étouffent.

Les instances du pouvoir politique tentent de dévier notre attention d'une évidence : à l'intérieur même du mécanisme électoral se trouvent en conflit un choix politique représenté par le vote et une abdication civique. Au moment précis où le bulletin est introduit dans l'urne, l'électeur transfère dans d'autres mains, sans autre contrepartie que les promesses de la campagne électorale, la parcelle de pouvoir politique qu'il possédait en tant que citoyen..../... Ainsi le droit de vote, expression d'une volonté politique, est en même temps un acte de renonciation de cette même volonté, puisque l'électeur la délègue à un candidat.

De façon flagrante, on ne compte plus les alternances politiques apparemment radicales qui ont comme effet des changements de gouvernement, mais qui ne sont pas accompagnées de transformations sociales, économiques et culturelle aussi fondamentales que le scrutin le laissait supposer. En effet, que le gouvernement se prétende gouvernement "socialiste" ou "libéral" ou "social démocrate" n'a pas tant d'impact sur le changement car le Pouvoir, le vrai pouvoir se trouve ailleurs, c'est le pouvoir économique. L'expérience confirme qu'une démocratie politique qui ne repose pas sur une démocratie économique et culturelle ne sert pas à grand chose. Méprisée et reléguée au dépotoir des formules vieillies, l'idée d'une démocratie économique a laissé place à un marché triomphant jusqu'à l'obscénité. Et à l'idée de démocratie culturelle s'est substituée celle d'une massification des cultures laminée par la prédominance américaine.
En termes plus clairs, les peuples n'ont pas élu leurs gouvernements pour que ceux-ci les "offrent" au marché. mais le marché conditionne les gouvernements pour que ceux-ci leur "offrent" leurs peuples. A notre époque de mondialisation libérale, le marché est l’instrument par excellence de l'unique pouvoir digne de ce nom: le pouvoir économique et financier. Celui -ci n'est pas démocratique puisqu'il n'a pas été élu par le peuple, n'est pas géré par le peuple et n'a pas pour finalité le bonheur du peuple.

Aujourd'hui la prétendue démocratie occidentale est entrée dans une étape de transformation rétrograde qu'elle est incapable d'arrêter et dont les conséquences prévisibles seront sa propre négation
.../. Il faut cesser de considérer la démocratie comme une valeur acquise, définie une fois pour toute et à jamais intouchable. Remettons la en cause dans tous les débats. Purifier les eaux de la rivière qui traverse la ville ne sert à rien si le foyer de la contamination se trouve à la source.

Source : Le Monde Diplomatique. Manière de voir. "Penser est un sport de combat". Octobre-Novembre 2014. p39.

Exemple : Une semaine avant le 1er tour des présidentielles de 2012, François Ruffin rencontrait un financier.Lui promettait : Hollande devra tromper le peuple. Et prophétisait qu'avec la finance, organisée, il casserait le CDI.
Quatre ans plus tard, voilà la Loi Travail !

mercredi 25 mai 2016

Hans Fallada morphine Berlin 1925

Hans Fallada est un écrivain allemand  né en 1893 sous le nom de Rudolf Ditzen. Morphinomane et alcoolique, il mourut en 1947. Son roman "Seul dans Berlin" écrit en 1946 est devenu un best-seller mondial dont l'adaptation cinématographique doit sortir bientôt.
L'histoire ci dessous illustre fidèlement la nouvelle "Sachlicher Bericht über das Glück, ein Morphinist zu sein " ("Rapport objectif sur le bonheur d'être morphinomane") écrit dans les années 20.





Extrait de : "Hans Fallada vie et mort d'un buveur'. Roman graphique Jacob Hinrichs 
Denoël 2015.
Réalisé d'après le "Short treatrise on the joys of morphinism' Hans Fallada. 1925.

Lire aussi : http://sansdire.blogspot.fr/2016/05/le-buveur.html

et peut être aussi :  

http://www.streetpress.com/sujet/1463153023-drogue-paris-crack-skenan

http://www.liberation.fr/debats/2016/10/26/ein-reich-ein-dope-ein-fuhrer_1524482#link_time=1477656995

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2013/07/la-vie-anterieure.html

lundi 16 mai 2016

Je sors ce soir

Rave party :

A l'arrivée, la Maison Condés assurait l'accueil sur la route. Plusieurs estafettes, brigades cynophiles et chiens surexcités jappaient sur des camions de teufeurs arrêtés dans la montée. Sur place, ambiance cool et festive, bonne sono, beaux éclairages. Les gens sont souriants, cools, agréables. Pourtant, à mon âge, ça manque un peu de confort. D'endroits où poser son cul, de toilettes décentes, d'abris du vent et du froid. Chaises longues et couvertures auraient été bienvenues. D'ailleurs dès 11h l'espace chill-out était blindé. Après 2h de danse et un abus de Red-Bull, les crampes se sont mises de la partie. Bien perché, j'ai besoin de confort.

Les stands de bouffe étaient bien moyens : Merguez/chipo ou crêpes salées/sucrées. Pas grand chose pour les vegans. La file d'attente est longue sur les stands. Pas de serviettes pour la crêpe, pas la patience d'attendre un thé chaud et pas de lavabos. De toute façon, avec le Pass-bracelet qu'on avait scotché au poignet, se laver les mains n'était pas recommandé. Pas très new-age tout ça.
Tout au fond du site, le stand de réduction des risques (keep smiling ?) propose kits d'injection, kits pour fumer, pailles à usage unique, préservatifs pour fille et des sac à crottes pour chien (enfin non, pas le dernier je crois).
Devant la musique y'a des filles qui dansent très bien. Au milieu des danseurs un groupe cherche à la lumière d'un portable un ecta sur le sol. 

Le retour à vélo sous la voie lactée est tout simplement grandiose.

rave party 1
rave party 2

Nightclubing

ça commence vers minuit avec un warm-up inspiré mais interminable. Le show ressemble à du  Kraftwerk, mais en plus dansant. Pas de teufeurs ici. A mes pieds, mes ' Nike concept 2.0' sont carrément à leur place.
Moi, je ne sais pas trop quel est mon statut ici... chroniqueur peut être ?
Les danseurs se repèrent, s'évaluent, s'imaginent. Je suis hors jeu, enfin, hors concours. Comme la musique est forte, pour se parler et s'entendre les gens se touchent de la main, du bras.
Jusque sur la piste, les SMS ne cessent. Danse avec ton smartphone, une fille sur les épaules, vite un selfie et hop sur FB.
Les toilettes débordent de monde, et pas que.
Dans la salle c'est un peu Ibiza. Sans message ni projet, mais le son est excellent. Plaisir du son, des basses de la danse, des danseurs. Comme le disco, mais plus appuyé quand même.
Plus tard dans la soirée, ça pègue sous les pieds et des fois aussi ça glisse. Ici un pied colle et l'autre glisse.
La queue au bar, la queue aux toilettes et la queue au fumoir.
Au retour, l'aube est remplie d'oiseaux.

Night clubbing 

vendredi 22 avril 2016

Peter Fischli et David Weiss

Cette semaine, visite de la rétrospective Weiss et Fischli au Guggenheim de New-York.
Weiss et Fishli sont deux artistes Zurichois dont l'un est mort (Weiss) en 2012. Leur art décalé, qui s'inspire des objets les plus anodins est plein d'un humour toujours frais et caustique.
Exhibition de ce duo d'artistes post punk aussi créatifs que récréatifs :

La série "soudain, cette vue d'ensemblecommencée 1981 regroupe des centaines d' illustrations (20x30cm maxi) en argile crue qui prennent leur sens en lisant leur titre. La facture est toujours naïve, le propos souvent ironique.
Deux singes incapables de comprendre le mystère du monolithe
Premier jour d'école
Monsieur et madame Einstein après la conception de leur fils, le génial Albert
Construction/déconstruction
Mick Jagger et Brian Jones rentrant chez eux satisfaits après avoir composé "I can't get no satisfaction"
Des vidéos et du cinéma expérimental
Ici, un extrait du cours des choses (1987). 

Des équilibres précaires
Ce sont des prises de vue d'équilibres précaires réalisés à partir d'objets banals, bien dans l'esprit Dada.
Les trois sœurs
Un nouveau jour commence

dimanche 10 avril 2016

Statistique épidémiologique du VHC


Voici une étude qui montre que le traitement de l’hépatite C est un moyen de prévention de la transmission virale chez les usagers de drogue par injection. Un article technique, mais qui fait voir comment est quantifiée l'impact d'une action, quels éléments aident à prendre une position, une décision.

Les épidémiologistes ont ici modélisé l'évolution du taux de prévalence (proportion de porteurs chroniques de VHC dans une population) selon différents moyens de lutte employés contre l'épidémie. Les critères d'efficacité sélectionnés sont le taux de prévalence (dans 10 ans) et le nombre de cirrhoses avec complications (décompensation, Carcinome hépato-cellulaire) après 10 ans et après 40 ans d'hépatite.

Sept scénario font varier des facteurs tels que la généralisation du dépistage, l’accès aux soins et au suivi médical, l’amélioration de l’observance du traitement, et le traitement de tous les usagers y compris ceux atteint de fibrose minime (< F2). 
On y apprend notamment que la France est l'un des pays où le dépistage est le plus pratiqué.
Le résultats sont évidents : faire quelque chose c'est toujours mieux que rien. De plus, le scénario qui regroupe l'ensemble des facteurs d'amélioration (dépistage + accès aux soins + observance ttt + traitement à tous les stades de la fibrose) est celui qui donne les meilleurs résultats. Ainsi, d'après le modèle utilisé,  le nombre de porteurs d’hépatite C -
parmi la population d' injecteurs de drogues- passerait de 42,8% actuellement à 7% si toutes les mesures étaient appliquées. Le nombre de cirrhoses avec complications liées au VHC baisserait de 15 % (après 15 ans de VHC)  et de 29% (après 40 ans de VHC) !
Cette conclusion fait l'hypothèse que tous les porteurs d'hépatites diagnostiqués acceptent de suivre un traitement, que l'efficacité du traitement est de 100%, et que le traitement est immédiatement disponible pour tous les testés positifs. 
En effet, la question du traitement de tous les stades de fibrose en une fois reste une hypothèse  pour des raisons de coût mais aussi d'approvisionnement et de logistique du système d'accompagnement médical. De même les auteurs notent que la disponibilité de traitements bien supportés et efficaces pourrait conduire à  une banalisation des pratiques à risque (échanges des seringues) à l'instar de ce qui se passe pour le HIV avec la remise en cause du préservatif. 

En définitive, il n’y a pas de bon ou de mauvais malade de l’hépatite C, comme il n y a pas de coupable ni de victime. Il n'y a que les réalités et les actions qui comptent. 

D'autre part, il est évident que l'approche médicale doit être complété par la prévention de risques auprès des injecteurs (kits d'injection stériles, traitements de substitution, salles d'injection,...).

Auteurs : A Cousien, VC Tran, S Deuffic-Burban, M Jauffret-Roustide, JS Dhersin, Y Yazdanpanah : Hepatitis C Treatment as Prevention of Viral Transmission and Liver-Related Morbidity in Persons Who Inject Drugs


Source
http://www.soshepatites.org/2016/04/05/hepatite-c-puisquon-vous-dit-de-traiter-les-toxicomanes/
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiSm7j52oPMAhWJZpoKHeA2ATQQFggoMAE&url=http%3A%2F%2Farxiv.org%2Fpdf%2F1506.02987&usg=AFQjCNGcsKoPLS6RPDDs2XZ1qPy052IWag&sig2=VIh-8vTUVxLvZbeCGCYvZg
http://www.pnas.org/content/111/45/15867.full.pdf

un article clé sur l'histoire de l'hépatite C : https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/les-grandes-lecons-de-lhepatite-c-0

lundi 4 avril 2016

points de vue

En matière de 'beau', tout est question de point de vue et de regard plus que d'oeil.

Alberto Seveso est un photographe et artiste digital  italien. Ici il a photographié  des vernis colorés qui coulent dans de l'eau.
 



Jan Erik Waider, photographe et designer allemand s’intéresse aux paysages nordiques. Ici son travail porte sur la texture de la glace, et son graphisme.




Max Serradifalco est un photographe italien spécialiste des prises de vues aériennes et satellitaires. Ici trois paysages vus d'en haut et sans retouche.



Quelques idées de créativité : https://www.behance.net/