mercredi 12 juin 2019

Overdoses

Ph.Seymour Hoffman 46ans.
Overdose février 2014.
Toutes les OD (Over-Doses) ne sont pas mortelles. On estime que sur 20 cas d'OD, moins d'un est mortel*.
La plupart des gens qui meurent d'OD décèdent moins de deux heures après avoir consommé, quelque soit le mode de consommation. Lorsqu'une personne commence à avoir des signes d'OD, il est donc presque toujours encore possible de la sauver.

Une idée a longtemps contribué à tuer des usagers de drogues aussi sûrement que l'overdose elle même : La certitude que la police allait être sur les lieux avant ou en même temps que les secours.
Dans les faits, la venue de la police n'est pas automatique. En revanche, vous risquez à coup-sûr des poursuites pour non-assistance à personne en danger s'il est démontré que vous avez sciemment renoncé à prévenir les secours en cas d'overdose mortelle.
Autre chose importante à garder en tête : si la police venait sur les lieux d'une overdose, son objectif serait de constater les infractions. La seule infraction qui puisse vous mettre en danger est celle qui concerne la vente ou l'administration du produit à la personne qui a fait l'overdose (l'homicide involontaire peut être retenu). 

Il est donc indispensable de prévenir les secours le plus vite possible quand on constate des symptômes d'OD. D'abord parce qu'en pratique laisser mourir quelqu'un expose à plus de risques de poursuites judiciaires, et surtout pour pouvoir continuer à se regarder dans la glace
Avec les drogues, le risque zéro n'existe pas mais avec quelques bons réflexes, un peu de Naloxone et un kep's de courage on peut sauver la vie d'un pote.


OD d'antan.

Sergio: Sergio buvait beaucoup et s'envoyait de gros taquets d'héro. Quand il piquait trop du zen, quand il virait au bleu, on le faisait marcher**, on lui collait des claques**. Mais cette fois, même après plusieurs tours de cour effectués sous le regard discret des voisins, on le perdait. Retour donc aux 15m² du studio qui nous abritait et en avant pour le bouche à bouche en attendant les secours. Pour moi c'était une première, mais j'ai vite réalisé qu'il fallait boucher le nez pour que l'air puisse entre dans les poumons. Finalement Sergio a récupéré et on est resté les meilleurs amis du monde jusqu'à sa mort, bien prématurée.

Rachid: Rachid ne buvait pas, mais il shootait l'héro.  Je n'étais pas avec lui ce soir là, mais voilà ce qui s'est passé. Après un gros shoot il s'est mis à comater grave. Bien sûr on l'a fait marcher et on lui a mis des claques , mais sitôt réveillé, il s'est mis à engueuler tout le monde autour de lui de ne pas l'avoir laissé sur sa Planète et d'avoir gâché le meilleur shoot de sa vie. Plus tard, quand il me racontait cette histoire, quand il relatait son regret d'avoir été réveillé, il était si éloquent qu'il en devenait presque convaincant.
Je l'ai perdu de vue quelques années après, et depuis, je me demande ce qu' il est devenu.

Lazare : Je ne me souviens pas de son prénom, appelons le Lazare.  Junkie il était, et même parfois il vendait un peu d'Héro. Un jour il disparut du bar de la Cloche où on se retrouvait. On contacte alors ses parents pour demander de ses nouvelles. Ils nous ont dit qu'il venait de succomber à une overdose et que jamais plus on ne le verrai. Deuil...
Quelques mois plus tard, en entrant au bar de la Cloche, Alleluhia !  je tombe face à Lazare, en pleine forme, et tout ressuscité !
Sur injonction de ses parents, qui avaient raconté cette édifiante -et sans doute vraie- histoire d'overdose, Lazare avait passé quelques semaines de réhab' auprès du 'Patriarche', suite à quoi il avait repris le cours de sa vie.
Là, au bar de la Cloche, Lazare réapparaissait bien vivant, soigné, mais pas totalement guéri je crois.

Moralité : prenez soin des autres comme de vous, et n'oubliez pas de respirer 

Photo Lola Zillha

Comme si vous y étiez :
https://www.vice.com/fr/article/a33kd5/voici-precisement-ce-qui-se-passe-quand-vous-faites-une-overdose
(*) source : Overdoses Tome1. Livret ASUD
(**) les OD décrites ici ne sont pas toutes fraîches et depuis les pratiques ont évolué. Faire marcher, tenir éveillé en donnant des claques était ce qui se pratiquait en ces âges farouches. 
En réalité il ne faut pas essayer de faire marcher la personne. Elle risque de tomber. En cas de gobage (MDMA, speed, etc)  l'augmentation du rythme cardiaque peut accélérer l'absorption du produit dans les intestins et sa diffusion dans le cerveau.
Ne pas donner des claques à la personne. Cela est utile que pour s'assurer de son état et savoir si elle dort ou si elle est inconsciente (crier le nom, pincement des oreilles ou des pommettes, frotter fort le sternum -os du milieu du thorax). A partir de l'instant où la personne est inconsciente, cela ne changera rien à son état. Ce temps devrait être utilisé pour inoculer de la naloxone (si vous en avez), appeler les secours, ou faire les gestes de premiers secours, si vous les connaissez.


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