dimanche 10 avril 2016

Statistique épidémiologique du VHC


Voici une étude qui montre que le traitement de l’hépatite C est un moyen de prévention de la transmission virale chez les usagers de drogue par injection. Un article technique, mais qui fait voir comment est quantifiée l'impact d'une action, quels éléments aident à prendre une position, une décision.

Les épidémiologistes ont ici modélisé l'évolution du taux de prévalence (proportion de porteurs chroniques de VHC dans une population) selon différents moyens de lutte employés contre l'épidémie. Les critères d'efficacité sélectionnés sont le taux de prévalence (dans 10 ans) et le nombre de cirrhoses avec complications (décompensation, Carcinome hépato-cellulaire) après 10 ans et après 40 ans d'hépatite.

Sept scénario font varier des facteurs tels que la généralisation du dépistage, l’accès aux soins et au suivi médical, l’amélioration de l’observance du traitement, et le traitement de tous les usagers y compris ceux atteint de fibrose minime (< F2). 
On y apprend notamment que la France est l'un des pays où le dépistage est le plus pratiqué.
Le résultats sont évidents : faire quelque chose c'est toujours mieux que rien. De plus, le scénario qui regroupe l'ensemble des facteurs d'amélioration (dépistage + accès aux soins + observance ttt + traitement à tous les stades de la fibrose) est celui qui donne les meilleurs résultats. Ainsi, d'après le modèle utilisé,  le nombre de porteurs d’hépatite C -
parmi la population d' injecteurs de drogues- passerait de 42,8% actuellement à 7% si toutes les mesures étaient appliquées. Le nombre de cirrhoses avec complications liées au VHC baisserait de 15 % (après 15 ans de VHC)  et de 29% (après 40 ans de VHC) !
Cette conclusion fait l'hypothèse que tous les porteurs d'hépatites diagnostiqués acceptent de suivre un traitement, que l'efficacité du traitement est de 100%, et que le traitement est immédiatement disponible pour tous les testés positifs. 
En effet, la question du traitement de tous les stades de fibrose en une fois reste une hypothèse  pour des raisons de coût mais aussi d'approvisionnement et de logistique du système d'accompagnement médical. De même les auteurs notent que la disponibilité de traitements bien supportés et efficaces pourrait conduire à  une banalisation des pratiques à risque (échanges des seringues) à l'instar de ce qui se passe pour le HIV avec la remise en cause du préservatif. 

En définitive, il n’y a pas de bon ou de mauvais malade de l’hépatite C, comme il n y a pas de coupable ni de victime. Il n'y a que les réalités et les actions qui comptent. 

D'autre part, il est évident que l'approche médicale doit être complété par la prévention de risques auprès des injecteurs (kits d'injection stériles, traitements de substitution, salles d'injection,...).

Auteurs : A Cousien, VC Tran, S Deuffic-Burban, M Jauffret-Roustide, JS Dhersin, Y Yazdanpanah : Hepatitis C Treatment as Prevention of Viral Transmission and Liver-Related Morbidity in Persons Who Inject Drugs


Source
http://www.soshepatites.org/2016/04/05/hepatite-c-puisquon-vous-dit-de-traiter-les-toxicomanes/
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiSm7j52oPMAhWJZpoKHeA2ATQQFggoMAE&url=http%3A%2F%2Farxiv.org%2Fpdf%2F1506.02987&usg=AFQjCNGcsKoPLS6RPDDs2XZ1qPy052IWag&sig2=VIh-8vTUVxLvZbeCGCYvZg
http://www.pnas.org/content/111/45/15867.full.pdf

un article clé sur l'histoire de l'hépatite C : https://www.franceculture.fr/emissions/la-conversation-scientifique/les-grandes-lecons-de-lhepatite-c-0

2 commentaires:

  1. Voilà ce que je retiendrai : "comme il n y a pas de coupable ni de victime. Il n'y a que les réalités et les actions qui comptent. "
    Et si vrai dans de nombreux domaines.

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