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samedi 22 avril 2023

Psychédéliques et toxicophobie

Actuellement, l'usage récréatif des psychédéliques est mal vu.
Même si le phénomène est encore timide, en France aussi la renaissance psychédélique est en marche. Le monde scientifique et médical s'intéresse au LSD, aux champignons hallucinogènes et plantes psychotropes de tous poils qui, 'dans l'état actuel de nos connaissances', constituent l'alternative de demain aux antidépresseurs que l'on utilise depuis des dizaines d'années contre les maladies psychiques, la dépression ou les addictions sans trop de succès (effets thérapeutiques).
L'autre propriété des psychédéliques, surtout lorsqu'ils sont employés à forte dose, est de générer des expériences mystiques au cours desquelles l'ego disparait, ce qui permet de faire l'expérience de la nature profonde de l'univers qui nous entoure et des liens qui nous unissent à lui. Un grand nombre d'utilisateurs de tendance chamaniste ou New-Age sont attirés par les rituels sacrés de prise de psychédéliques et les 'enseignements' qu'ils en retirent. 
Bref, les psychédéliques sont pris de plus en plus souvent dans des buts thérapeutiques (dépression, fin de vie, PTSD, et même addictions) ou en vue d'entrer en contact avec le divin (illuminations profanes).
Du coup, il est devenu inconvenant d'avouer que l'on utilise les psychédéliques à titre récréatif ou en contexte festif car cela parait futile, inconséquent, pas sérieux. Compte tenu du contexte actuel de prohibition renforcée en France,  cette posture me semble liée pour beaucoup au jugement que notre société porte sur les usagers de drogues : A cause de la prohibition l'usager est considéré comme un malade et un délinquant. Pour reprendre le discours officiel,  "la drogue c'est de la merde" , Just say No ! Un usager qui recherche et éprouve du plaisir est donc jugé moralement coupable, presque pervers (vieille morale judéo-chrétienne). Je pense donc que l'engouement  actuel pour les psychédéliques consiste - plus ou moins consciemment- à mettre en avant leurs aspects thérapeutiques (l'usage médical drogues est légal) ou enthéogènes (liberté de culte, sacrement) afin de dédouaner leurs usagers de jugements discriminatoires. Les usages enthéogènes et médicaux rendent les psychédéliques respectables et permettent de contourner la prohibition et les jugements moraux au niveau individuel et social. Dans une telle situation contourner le plaidoyer en faveur des droits humains, de la liberté de ses consommations et du droit à disposer de son corps frôle la farce et je trouve dommage, d'avoir à se draper dans de savants prétextes thérapeutiques ou spirituels pour justifier la consommation de ces produits qui nous font nous sentir mieux et plus vivants, et peu importe que ce soit dans un but thérapeutique, spirituel ou récréatif.

Le plaidoyer en faveur des psychédélique est très soucieux de respectabilité.

Le mouvement pro-psychédélique actuel, qui en France est porté notamment par les Sociétés Psychédéliques, se tient prudemment à distance des communautés d'usagers de produits telles que Psychoactif ou Support dont Punish, comme si un rapprochement ou une alliance risquait d'altérer la respectabilité des mouvements pro Psychédéliques; comme pour éviter d'aborder frontalement la question de la prohibition et celle d'un plaidoyer pour les droits des utilisateurs de drogues.  Il faut dire que les dispositions de l'article L3421-4 sont particulièrement claires et sévères "Il est interdit de présenter sous un jour favorable l'usage ou le trafic de stupéfiants. Cela concerne aussi bien les articles de presse que les discours ou les représentations (images) idéalisées de la drogue". Il y a donc un risque à promouvoir les psychédéliques et surtout de très gros enjeux d'image publique. Dans leur souci de faire évoluer les mentalités et la loi, les promoteurs des psychédéliques qui veulent changer les choses, ont avant tout besoin d'être pris au sérieux par nos "autorités" médicales et politiques.  Les sociétés psychédéliques, leurs responsables, leurs membres (dont je fais partie), qui craignent d'être poursuivies pour incitation à l'usage de stupéfiants se montrent donc extrêmement soucieuses de donner aux "autorités" une image acceptable des psychonautes (et d'eux même) quitte à les opposer aux autres usagers, et à discriminer les utilisateurs festifs et récréatifs. Par crainte pour leur respectabilité et parfois leurs carrières, les 'notables' de l'écosystème psychédélique se gardent bien de placer le débat sur le terrain de la prohibition des drogues et de l'autosupport communautaire entre usagers. 

Pour faire avancer "la cause Psychédélique" (autrement dit, dans un premier temps rendre possible l'usage de ces produits), la science, la philosophie, la spiritualité semblent être des leviers "respectables", mais cela conduit les SPs à se démarquer des communautés d'usagers qui dans les mentalités restent assimilées à la drogue et aux "drogués". Ces discriminations se traduisent souvent par du mépris vis à vis des amateurs de drogues classiques telles que cocaïne, opiacés, amphétamines, ou par des critiques à l'encontre des utilisateurs de psychédéliques à titre récréatif car recevoir une 'Médecine' ou un 'Sacrement' c'est quand même plus sérieux, et mieux vu qu'aller se la coller entre potes.
L'iniquité de cette "toxicophobie psychédélique" me fait penser aux lois Reagan sur le Crack vs la Coke aux US [les peines pour possession ou usage de Crack -qui est de la coke fumée- étaient 5 fois plus sévères que pour la coke sniffée, car beaucoup de noirs fumaient le Crack alors que les blancs sniffaient la coke]. Même phénomène quand il est question de légalisation du cannabis, et que de nombreux partisans distinguent 'drogues douces' et 'drogues dures'. 
Bref, la drogue qui craint et qui fait peur c'est toujours celle des autres et je ne vois pas pourquoi les usages des psychédéliques devraient être forcément prescrits ou ritualisés.
Amateurs de psychédéliques et de psychotropes, promouvons ensemble  une Réduction des Risques qui combatte et déconstruise la stigmatisation de l’usage de drogues et ses préjugés !
Libérez-vous de vos clichés, amusez vous, faites attention avec les substances et prenez soin de vos potes, la bise les pouilleux !

Oz

Un manifeste contre la toxicophobie

Le point de vue décalé de deux savants

Une discussion au sujet de l'usage récréatif


vendredi 31 mars 2023

Set, Setting and Support


Alors que le mouvement psychédélique prend de l'ampleur et que l'opinion publique évolue, de plus en plus de personnes cherchent à utiliser les psychédéliques dans un but thérapeutique ou d'exploration de soi. Que ce soit dans le cadre d'une thérapie assistée aux psychédéliques, de cérémonies de médecine par les plantes ou d'un usage récréatif, le discours occidental actuel sur les psychédéliques a depuis longtemps intégré le concept de "Set & setting". Mais dans la culture psychédélique contemporaine, ce terme ne suffit plus comme mantra de réduction des risques. Comment l'actualiser et mieux aider les psychonautes ?

Depuis sa formulation dans les années 1960, les variables du Set & setting n'ont guère évolué. Il existe pourtant d'autres facteurs significatifs qui impactent l'expérience psychédélique - à la fois de manière immédiate et à long terme - qui ne sont pas entièrement pris en compte par les seuls paramètres de set & setting. Le Set & setting n'existe pas indépendamment de la culture, et d'un contexte socioculturel qui inclut, sans s'y limiter, l'identité, le statut économique, la nature des relations avec les autres, l'accès de l'individu à la nature et sa relation avec celle-ci.

Dans une large mesure, la notion de set and setting dans la culture occidentale a été façonnée et inspirée par la manière dont les peuples premiers du monde entier consomment des substances psychoactives dans des contextes rituels, avec des objets cérémoniels, de la musique, des relations avec la terre et des schémas d'interprétation cosmologiques. Contrairement à ces cultures, la notre porte un préjugé défavorable à l'égard de l'utilisation de substances psychoactives, et bien qu'il soit prouvé que les peuples d'Europe ont utilisé des plantes psychoactives de manière rituelle, ces traditions ont été oubliées depuis longtemps. 
Nos cadres culturels forment un prisme à travers lequel l'expérience psychédélique est interprétée, et l'absence de contexte culturel autre que celui de la prohibition, entraîne la nécessité d'une redéfinition du set & setting dans les sociétés occidentales.
Ido Hartogsohn, professeur adjoint au programme pour la science, la technologie et la société à l'université de Bar-llan (Israel), a mené des recherches sur le set & setting, et sur la manière dont les expériences psychédéliques sont façonnées par la société et la culture. En 2017, Hartogsohn a publié un article décrivant l'histoire du set et du setting, soulignant que bien que le terme soit souvent attribué à Leary, ses racines sont plus anciennes.

Set, Setting, and Support

Malgré les bienfaits indéniables des psychédéliques, le discours médiatique qui les entoure est souvent empreint d'un langage sensationnaliste, qui tend à en faire des remèdes miracles pour tous les problèmes de santé mentale. Ce postulat trompeur ne met pas en évidence les innombrables défis que présente l'expérience psychédélique. Même lorsque le set & le setting sont sous contrôle, il n'y a pas de garantie que des contenus et des situations difficiles ne se présenteront pas.

Le soutien d'un pair, d'un accompagnateur ou d'un facilitateur pendant une expérience peut aider le psychonaute à mieux naviguer dans son expérience et à adapter le cadre pour un meilleur confort et une plus grande sécurité", explique Hanifa Nayo Washington, cofondatrice et responsable de la stratégie de Fireside Project, une ligne d'assistance psychédélique qui offre un soutien téléphonique gratuit et en direct aux personnes en phase de trip ou d'intégration. https://firesideproject.org/app.

Comme le dit Stanislav Grof, chercheur en psychédélisme et psychologue transpersonnel, les psychédéliques se comportent comme des "amplificateurs non spécifiques de processus mentaux ou psychiques". En d'autres termes, ils ont la capacité d'amplifier un contenu latent dans la psyché, en faisant surgir des pensées, des émotions et des impressions sensorielles dont nous étions auparavant inconscients. Fréquemment aussi, il semble qu'au cours d'une expérience, il y ait un écart entre les attentes et le déroulement réel de cette expérience. Le fait de disposer de formes de soutien  pendant le processus peut aider à traverser les moments difficiles du trip. 
En outre, les suites d'une expérience psychédélique peuvent également être déstabilisantes, car les états de conscience non ordinaires qu'ils provoquent nous catapultent au-delà des limites de nos perceptions quotidiennes. C'est en partie cette perturbation de notre flux de conscience standard qui permet aux psychédéliques d'être bénéfiques, mais cela peut aussi être un processus déstabilisant, car les bases de nos visions du monde et de nos systèmes de croyance sont fondamentalement remis en question. Le recours à un soutien post-voyage dans les jours, les semaines et les mois qui suivent une expérience psychédélique peut considérablement faciliter le processus d'intégration vers une "nouvelle normalité". 

Trouver des supports 

La recherche de soutien est un moyen d'améliorer la préparation, le voyage et l'intégration psychédéliques. L'un des types de soutien, qui peut sembler plus évident, est le soutien social et communautaire avec l'aide d'un tiers. Même si les psychédéliques peuvent susciter des sentiments de connexion et d'unité, certaines personnes qui en utilisent peuvent se sentir aliénées et incomprises. 
Pendant des années, les politiques prohibitionnistes de tolérance zéro ont diabolisé les substances psychédéliques et ceux qui les utilisaient, ce qui a créé une stigmatisation persistante et un sentiment de peur et de honte associé à leur utilisation. Cela est particulièrement vrai pour les personnes racisées qui ont longtemps été confrontées à l'impact de l'application discriminatoire des lois sur les stupéfiants, la guerre contre la drogue produisant des résultats profondément inégaux entre les groupes raciaux.
En outre, les expériences spirituelles et mystiques ont longtemps été moquées et condamnées dans la culture occidentale, car elles comportent souvent des éléments qui culturellement ne sont pas admis, ce qui fait que les personnes qui vivent des expériences mystiques ou transpersonnelles profondes peuvent être rejetées ou qualifiées de " dingues ".
L'intégration est souvent un processus non linéaire au cours duquel les choses se dégradent parfois avant de s'améliorer. À la suite d'une expérience profonde la personne peut abandonner certaines composantes de son identité ou de sa personnalité. Cet abandon de comportements et de parties de la psyché qui ne sont plus utiles peut être considéré comme une sorte de "mue psychédélique". Omar Thomas, fondateur de la Jamaica's Diaspora Psychedelic Society, PDG de Jamaican Organics et membre du conseil consultatif de Psychedelics Today, a formulé pour la première fois la notion de "mue" dans le contexte de l'intégration psychédélique.
Cette mue peut concerner l'emploi, l'appartenance religieuse, l'identité sexuelle etc. Lorsqu'une personne traverse ce processus de mue sans bénéficier d'un soutien adéquat, le risque est qu'au lieu de trouver un soulagement à ses afflictions mentales et psycho-spirituelles, celles-ci s'aggravent. Par exemple, que se passe-t-il lorsqu'une personne se rend compte que son stress est dû à son travail, mais qu'elle ne peut pas démissionner parce qu'elle ne pourra pas subvenir aux besoins de sa famille autrement ? Ou que se passe-t-il lorsque que la personne se défait de son identité cisgenre tout en étant engagée dans un mariage qui risque de s'effondrer, entraînant une série d'effets problématiques ? Le processus de mue n'est pas toujours un mal, mais il peut le devenir si l'on ne dispose pas d'un soutien adéquat pour le rendre possible. 

Même si aujourd'hui les psychédéliques sont de mieux en mieux acceptés par le grand public, leur usage restent stigmatisant. Il est donc important de trouver une personne de confiance qui ne porte pas de jugement et avec qui partager ses découvertes. Pour certains, cette personne sera un thérapeute, un conseiller, un coach ou un guide chamanique, tandis que pour d'autres, il s'agira d'un ami de confiance ou d'un membre de la famille.
Si l'entourage immédiat se montre incompétent, il est possible de trouver du soutien communautaire en se connectant en ligne ou vrai avec une communauté psychédélique qui  propose des ateliers et des cercles d'intégration. L'un des avantages de la recherche d'une communauté en ligne est qu'elle permet d'entrer en contact avec des personnes appartenant à un groupe d'identité sociale spécifiques inaccessible autrement. Par exemple, on trouve maintenant (dans certains états US) des cercles d'intégration qui s'adressent aux personnes qui s'identifient comme racisés, neuro atypiques ou queer.

"En préparation d'un voyage psychédélique, le soutien peut prendre la forme d'un échange avec un ami de confiance, un facilitateur psychédélique ou un cercle de soutien, afin d'explorer les intentions, les appréhensions, les impressions et plus encore". "Cette étape permet de  prendre conscience de son état intérieur et de mieux connaître ses propres besoins et ses propres connaissances. 
Quelle que soit la qualité de l'expérience, et au-delà de la réduction des risques, certaines pratiques peuvent être utilisées dans les moments difficiles, afin d'approfondir le sens de l'expérience et d'en tirer un bénéfice durable. Par exemple, une étude de 2019  a montré que la méditation peut aider les patients à consolider les résultats de leur thérapie sur le long terme.
Qu'il s'agisse d'une pratique centrée sur la somatique ou la pleine conscience, ou d'une pratique plus dynamique basée sur le mouvement comme le yoga ou la danse, l'ancrage qu'ils procurent permet d'établir une relation plus profonde avec soi-même.

L' accompagnement à l'expérience psychédélique commence par le biais du développement personnel (Yoga, danse, méditation, hypnose etc). L'intégration de l'expérience peut se faire avec des psychothérapeutes intéressés par un travail sur les états de conscience modifiés. (voir article précédent sur Denis Dubouchet).  
Dans les états américains pionniers de la renaissance psychédélique, de plus en plus de professionnels ou d'associations proposent leurs services en ligne. 
En France, il faut aller à l'étranger pour trouver des centres, des cliniques ou associations spécialisés dans l'initiation ou la pratique des psychédéliques.  Par exemple les Pays-Bas, ou la Jamaïque où l'usage des truffes n'est pas prohibé, ou plus simplement en Espagne où quelques associations proposent des retraites psychédéliques.


Voici quelques ressources de support psychédélique . J'espère compléter cette liste à l'aide de vos suggestions.

Retraites psychédéliques
Retraites au Portugal https://coracao-medicina.com/
Un guide complet (en anglais) des pays pratiquant les retraites psychédéliques https://www.psychedelics.com/guides/psilocybin-magic-mushrooms/
Guide exhaustif des essais psychédéliques (en cours, futurs ou pasés) https://psychedelic.support/resources/how-to-join-psychedelic-clinical-trial/
Le prix d'une retraite psychédélique peut varier de quelques centaines à quelques milliers d'euros.

Intégration

à Lyon, la Société Psychédélique de ,Lyon anime des cercles d'intégration en présentiel.
La Société Psychédélique Française propose des cercles d'intégration en  distanciel. 
Eleusis (association suisse) propose également 2 fois par mois des cercles d'intégration sur inscription  https://eleusis-society.ch/francais/2022/09/06/cercle-dintegration-3/

La Gazette de l'abime (Média psychédélique) organise des cercles d'intégration privés (tarifs très abordables) https://https://www.facebook.com/lagazettedelabime/

Fabienne Lannes (psychothérapeute à Marseille) http://www.fabiennelannes.com/

Sinon, en France, dispositif MonPsy. 8 séances/an de psychothérapie remboursées par la SS sur prescription d'un généraliste.

Support en ligne
Commence à se développer dans les pays psychédéliquement avancés 


https://wiki.tripsit.me/wiki/How_To_Tripsit_Online

Associations en France
Les sociétés psychédéliques :
National, Communauté psychédélique francophone: https://www.facebook.com/groups/lacpf

Paris, Société Psychédélique Française https://societepsychedelique.fr/fr

Lyon, Société Psychédélique de Lyon https://www.facebook.com/societepsychelyon

Grenoble, antenne de la SPF https://www.facebook.com/spfgrenoble

Bretagne, Société Psychédélique de Bretagne 

A lire dans ce blog sur le même sujet :



Se renseigner avant le voyage : https://wiki.tripsit.me/wiki/Main_Page

samedi 4 mars 2023

LSD histoire et mythes

Paru en 1933 ! 
La vision populaire considère les psychédéliques comme des agents de transformation positive de la personne et de la société . On les associe généralement au radicalisme politique de gauche, et à la culture hippie des années 1960. Les psychédéliques sont sensés guider l'humanité vers un monde d'amour, de paix et de liberté. Pourtant, l'éden ensoleillé du psychédélisme a toujours eu une face sombre et sinistre, presque volontairement oubliée. 

Ainsi, la découverte du LSD s'est faite en 1943 dans l'ombre de la Seconde Guerre mondiale. Si la légende veut que le LSD25 ait été découvert par accident, l'histoire semble toute autre, puisque déjà en 1933 (10 ans avant la découverte de A. Hofmann), paraissait un roman autrichien à succès intitulé "St Petri-Schnee" ("La neige de St Pierre") dans lequel un chimiste synthétise une drogue hallucinogène à partir de l'ergot de seigle en vue de manipuler la population ! Il est très possible que Albert Hofmann ait lu ce roman à succès avant de découvrir le LSD. Mais comment Leo Perutz (l'auteur autrichien de St Petri-Schnee) connaissait-il le potentiel de l'ergot de seigle 10 ans avant la découverte du LSD ? 

Leo Perutz faisait partie du milieu littéraire et intellectuel viennois qui, de la fin de siècle à l'entre deux guerres était largement influencé par l'occultisme (théosophie, astrologie, voyance, spiritisme, etc). A cette même époque Freud découvrait l'inconscient et Jung écrivait sur l'alchimie, les gnoses anciennes et les arrières mondes. De nombreux intellectuels comme Walter benjamin, Ernst Bloch, Antonin Artaud s'intéressaient alors aux drogues et à leurs effets tandis que d'autres comme Gershom Scholem, Rudolf Steiner, Kantorowicz se passionnaient pour la mystique, les gnoses anciennes et les usages traditionnels de préparations initiatiques provoquant des visions extatiques. Sans doute la connaissance des pouvoirs psychoactifs de l'ergot de seigle, et l'utilisation de psychotropes par les peuples baltes et nordiques s'est transmise par le biais de cercles paganistes néo-gnostiques  qui ont inspiré le post romantisme viennois ainsi que le rapporte Mark Stahlman

Albert Hofmann & Ernst Jünger
Dès le départ, l'ergot de seigle a suscité l'intérêt d'individus radicalement conservateurs, comme Ernst Jünger, aventurier nationaliste et écrivain passionné par les drogues et les gnoses mystiques. Ernst Jünger (1895-1998) est une figure majeure de la littérature germanique du XXème siècle, et aussi combattant des deux guerres. Vétéran de la première guerre mondiale, puis officier de l'armée allemande au cours de la seconde, chantre de l'héroïsme guerrier et du culte du surhomme il fut un écrivain officiel du régime nazi. Albert Hofmann était un de ses lecteurs et admirateurs. En 1947 Hofmann contacta Jünger par une lettre où il lui témoigne son admiration. Dans son autobiographie "LSD mon enfant terrible", Hofmann consacre un chapitre entier à un trip report qui relate une séance de psilocybine avec Jünger, en 1951, dans le pavillon du garde forestier du château Wilfingen, connu pour avoir, quelques années plus tôt, abrité la fuite du maréchal Pétain. En 1949 Hofmann inspira à Jünger le personnage de Antonio Pen dans son roman Heliopolis: un savant psychonaute explorateur des mystères du monde et de l'esprit. Plus troublant encore, pour comprendre ce qui a poussé à la découverte du LSD il faudrait remonter en 1935 et à la petite communauté rosicrucienne réunie autour du mystique Rudolf Steiner. Selon Willis Harman (dans une interview de Mark Stahlman parue dans Fry and Long en 1977), il se trouve que 2 membres de ce groupe travaillaient aux laboratoires Sandoz et que l'un d'entre eux était le chimiste Albert Hofmann.

Quoiqu'il en soit de l'exactitude de ce dernier fait, il est évident que le LSD n'a pas été découvert par accident. Les recherches de Hofmann sur l'ergot de seigle ont été sciemment menées dans le but d'isoler les principes psychotropes de l'ergot de seigle. Hofmann n'a jamais caché sa fascination pour les épiphanies. Visiblement il était proche du mouvement 'Lebensreform" qui inspirait les milieux intellectuels germaniques de l'époque. Que ce soit sous forme d'expérience spontanée telle qu'il la décrit dans son autobiographie, ou au travers des lectures de Jünger ou de Perutz, Hofmann était fasciné par les drogues hallucinogènes et connaissait déjà les potentialités de l'ergot. La soit disant "surprise" du 'bicycle-day' fait suite à une longue tradition  de gnose mystique et de connaissance de l'ergot de seigle auprès de cercles initiés. 

Alan Piper
Dans "Strange Drugs Make for Strange Bedfellows, "Alan Piper nous raconte l'histoire fascinante et stimulante des liens inexplorés entre le mouvement psychédélique, apparu au milieu du XXe siècle, et la politique de droite. Alors que pour beaucoup ce lien semble contre-intuitif, l'ouvrage de Piper, bien documenté et finement argumenté, explique comment il se fait que ces mouvements ne sont pas seulement historiquement liés, mais existent aussi dans une interaction idéologique complexe imprégnée d'idées de nature et de mysticisme." - Dr Amy Hale, anthropologue et folkloriste, auteur de John Michell, Radical Traditionalism, and the Emerging Politics of the Pagan New Right.

Bien que la plupart des promoteurs du renouveau psychédélique actuel affirment que les psychédéliques conduisent naturellement à adopter des opinions politiques progressistes et à promouvoir la solidarité environnementale et sociale, il se peut que que ces liens proviennent du seul statut illégal des psychédéliques. La prohibition attire les personnalités marginales ou sensibles à la contre-culture. L'association entre les psychédéliques et le progressisme social pourrait bien être accidentelle: en rendant les psychédéliques illégaux, les politiques gouvernementales donnent aux psychédéliques une aura de contre-culture qui séduit les esprits rebelles et les révolutionnaires.

S'imaginer que la légalisation des psychédéliques ou de l'expérience psychédélique promet un monde de tolérance, d'égalitarisme et de diversité serait bien naïf. Les principaux effets de l'expérience psychédélique, tels que vision holistique et écologique du cosmos et de la place de l'homme dans la nature, ne sont ni l'apanage ni la propriété de la gauche ou de la droite politique, ni nécessairement des valeurs autoritaires ou libertaires. Si, comme beaucoup l'espèrent parmi les milieux 'pro-psychédéliques', les psychédéliques parviennent à trouver leur place dans le consensus social et politique grâce à une médicalisation accrue et à une libéralisation des lois sur les drogues, ils cesseront alors d'être l'apanage d'une bohème de gauche libérale, mais cela ne débouchera pas forcément sur  plus grand libéralisme social ou politique, ni même sur la paix mondiale. Les amateurs de psychédéliques qui défendent des valeurs libérales de gauche finiront par découvrir qu'ils doivent partager l'écosystème psychédélique avec des penseurs de droite, notamment des néo-paganistes et nationalistes européens fans d'identité et de tradition ethnique.


Les explications de Alan Piper

Les mémoires de Albert Hofmann : LSD my problem child

vendredi 28 octobre 2022

Mycologie d'octobre


Psilo par temps sec
Voici le mois d'octobre, la saison des champignons. Certains sont comestibles, certains sont toxiques d'autres sont psychoactifs. C'est le cas du fameux Psilocybe Semilanceata qui fleurit dans les prairies humides à cette période de l'année. Tous les connaisseurs le connaissent, mais peu savent le reconnaitre. Cet article s'adresse aux les mycologues les plus curieux. 
AVERTISSEMENT : Ce post est fait dans un but de vulgarisation et de partage de connaissances mycologiques. Le ramassage, la vente et la consommation des Psilocybe Semilanceata sont INTERDITS EN FRANCE. Plaisir des yeux, des photos seulement. Sans ramasser ni consommer vous évitez tout risque d'empoisonnement ou problème avec la loi.  De plus vous favoriserez la reproduction du plus malicieux champignon de nos prairies.

A quoi ressemblent ils ?

Chapeau Psilo humide
Le Psilocybe Semilanceata est un minuscule champignon de prairie haut d'une dizaine de centimètres max. les anglo-saxons l'appellent liberty cap à cause de son chapeau qui ressemble au bonnet phrygien. Après avoir vu une fois et en vrai, le PS (Psilocybe Semilanceata) il est difficile de le confondre avec d'autres espèces. Le 'têton' au sommet du chapeau est caractéristique de l'espèce. Pourtant, selon les lieux et l'hygrométrie, les individus les formes et les couleurs du champignon varient considérablement. Le PS est un champignon hygrophobe, et donc il change de couleur selon qu'il est sec ou mouillé. 

Lorsqu 'il est humide (ou parce qu'il pousse ou parce qu'il a plu ou qu'il y a de la rosée) le chapeau est brun olive et brillant, en forme de lance (ce dont le PS tire son nom de semilanceata -latin-  ou lancéolé - français-). Le champignon a une teinte beige jaunâtre ou brune unie lorsqu'il est humide. Chez les spécimen adultes des rayures verticales, sombres et serrées apparaissent près des lamelles au bas du chapeau. Lorsque le champignon grandit, son chapeau s'évase et le têton devient moins visible. 

Lorsqu'il est sec le chapeau du PS prend une couleur crème jaunâtre presque dorée qui permet de repérer plus facilement les chapeaux dans le vert de l'herbe. Notons ici qu'il est plus difficile de trouver les PS par grand soleil que par temps couvert ou lorsque la lumière devient rasante et permet de distinguer la forme caractéristique du PS dans la jungle des herbes parmi lesquelles il pousse. 

Les lamelles sont grises sur les spécimens jeunes et avec la maturité foncent jusqu'au violet sombre. Toujours les lamelles sont sombres, et cela à cause de la couleur des spores. On trouve cependant quelques spécimen stériles chez lesquels, faute de spores, les lamelles restent de la couleur du chapeau.

Quand poussent ils ?

En automne principalement, mais cela dépend aussi des températures, des précipitations, de l'altitude et de la région. De septembre à décembre selon les climats et les altitudes, une baisse de températures suivie de précipitations abondantes avant les fortes gelées . Un bon moyen de savoir quand ils apparaissent est de suivre la carte https://www.magicmushroommap.com/map pour des indications grossières, mais plutôt fiables. Il peut y avoir des écarts en termes de jour, d'altitude, ou de lieu, mais c'est quand même une référence en la matière. Bref, ce n'est pas parce que la carte est favorable que vous en verrez, mais si la carte est défavorable, alors, il y a peu de chances que vous en trouviez.

Où poussent ils ?

D'abord, cela dépend de la région. Jusqu'au bord de la mer en Irlande, ce qui n'est le cas pour la méditerranée. Il me semble qu'au sud de la Loire, une certaine altitude est nécessaire. Dans les Alpes je n'en ai jamais vu en dessous de 1500m, tandis qu'en Bretagne ils se plaisent dans les vallées et les collines de basse altitude.

Dans tous les cas il faut viser les prés où l'herbe n'est pas trop haute. La hauteur du champignon ne dépassant pas 10cm, il n'est guère possible d'en trouver quand l'herbe les cache, ou les empêche d'atteindre la lumière. D'après mes observations, le PS n'aime pas les herbes trop grasses ni trop vertes. De même, les terrains dans lesquels paissent les vaches et les chevaux ne semblent pas très indiqués. D'abord parce qu'on risque de déranger les animaux et surtout car on ne voit jamais pousser les PS sur les bouses ou le crottin. Les pâturages à mouton constituent un milieu propice, mais on sait que les ovins sont des vecteurs de la douve du foie (grave maladie parasitaire), raison supplémentaire donc pour ne pas cueillir de PS. Si vous avez repéré un champ, attendez donc le départ du bétail, laisser les bouses se décomposer pendant une saison ou plus avant de prospecter. 

La présence de trèfle, de luzerne ou de plantain n'est pas un bon indice non plus. Si l'herbe a été semée, si le champ est traité aux phytosanitaires, ou que le terrain a été travaillé ce n'est pas bon signe, même si certains terrains de golf semblent être le lieu de belles cueillettes outre-manche. 

Par contre, la présence d'herbes de différentes espèces, de différentes textures, la présence de joncs ou de chardons, la proximité de tourbières, un sol humide, riche et acide sont plutôt de bon aloi. Peut être les touffes d'herbe drue constituent elles le microclimat propice au développement de leur mycélium. Une fois le premier trouvé, le mieux est de se mettre à quatre pattes (en position ruminant) et d'inspecter cm par cm en prenant garde de n'écraser personne. Le PS vit en familles d'une douzaine d'individus d'âges et donc de couleur différentes, parfois plus, mais jamais en clusters de centaines d'individus, et rarement proches au point que leurs chapeaux se touchent.

Comment s'assurer que ce sont les bons ?

Le PS a le pied robuste et le chapeau bien attaché. Le pied du PS est blanc crème, allongé, jamais rectiligne ni violacé. Contrairement à d'autres champignons de même forme et de même taille le pied est plutôt élastique (retour à la forme initiale si il est plié) et résistant. Pincé entre le pouce et l'index, le pied ne s'écrase pas complètement, et si on tire le champignon par le chapeau, il ne se brise pas et l'ensemble du champignon s'arrache jusqu'au mycélium. Porté au nez, le PS frais écrasé dégage une fragrance caractéristique à la fois terreuse et herbeuse, très champêtre et pas désagréable, contrairement à certains faux amis qui eux ne sentent rien ou ont des odeurs plus farineuses. Quand il a pris l'humidité, la surface du chapeau devient visqueuse et a tendance à coller aux herbes, ou aux champignons voisins. Signe de reconnaissance : quand il est humide, il est possible de décoller une fine pellicule gélatineuse de la surface du chapeau. Avec la maturité le chapeau des PS  s'évase, mais le têton reste visible . Le chapeau ne peut en aucun cas se retourner comme un parapluie, même si en l'aidant (c'est le cas chez d'autres espèces semblables). 

La sporée du SP est de couleur sombre (entre marron violet et rouge profond). 
Observés au microscope spores ont une forme oblongue ou ovale ; ils sont longs de 10,5 à 15 microns et larges de 6,5 à 8,5 microns. (Texte et Photo Wikipedia).
De nombreux faux amis

Comme toujours les faux amis sont nombreux et très ressemblants. Mycènes, conocybes, panéoles etc poussent aux mêmes endroits et en même temps. Attention donc aux confusions. Un pied trop blanc, trop foncé, trop droit, trop fragile, trop court. Un têton peu marqué, des lamelles claires, un pied fragile suffisent en principe à les discriminer, mais les différences sont parfois bien subtiles. En cas de doute, voici un groupe FB pour faciliter l'identification : https://www.facebook.com/magicmushielearning et répondre à vos questions (in english). 

Ci-dessous 3 exemples de faux amis, à ne pas confondre. La liste reste ouverte.

A lire https://www.psychoactif.org/psychowiki/index.php?title=Comment_reconnaitre_le_psilocybe_semilanceata

Pour aller plus loin : 

https://www.gbif.org/occurrence/search?country=FR&taxon_key=5242507

https://openobs.mnhn.fr/openobs-hub/occurrences/search?q=%28dynamicProperties_diffusionGP%3A%22true%22%29&taxa=32628#tab_recordsView

Bonne recherche. Ouvrez l'œil et le bon, partagez vos photos !

mardi 23 août 2022

Cardiotoxicité des substances

Les stoners et les psychonautes vieillissent aussi. Parmi les 20% de français qui ont dépassé l'âge de 65 ans beaucoup ont découvert les drogues dans les années 60/70s et certains continuent à les apprécier. Pourtant, beaucoup d'usagers séniors se retrouvent sous traitement médical chronique suite à des problèmes d'hypertension, cardio-vasculaires, de diabète ou autres. Pour eux se pose la question de la compatibilité entre l'usage de substance et  celle de leur condition physique, plus celle des interactions entre produits et traitements. Etant moi même concerné, et intervenant en Caarud, j'aimerais échanger avec des professionnels sensibles à cette question, ou avec d'autres usagers seniors intéressés par ce sujet.
Au terme de quelques semaines de recherche, voici quelques articles qui m'ont paru pertinents, sérieux et utiles sur ces questions et pour le cas spécifique des affections cardiaques.
Cependant, il existe de multiples formes de pathologies cardiaque (arythmie, cardiopathie structurelle, insuffisances cardiaques, coronaropathies). Cet article cible les risques d'infarctus par obstruction des artères coronaires. A ce sujet, et d'après les lectures référencées plus loin, je propose un schéma dans lequel j'ai classé différents produits selon le risque perçu en termes de coronaropathie. Ce schéma qualitatif n'engage que moi, je ne suis pas médecin, et je serais ravi de vos commentaires à son sujet.


D'une manière générale, ce qu'il faut savoir

Une étude de fond sur les récepteurs à sérotonine et leur action sur le système cardiovasculaire.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10661823/



Recreational drug misuse: issues for the cardiologist.

Cannabis

Avec le cannabis les études se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Il semblerait que le risque d'infarctus augmente dans l'heure qui suit la consommation (+0,8%) mais d'autres publications montrent que l'on ne constate pas de différence significative. Voici un article qui fait le point sur le sujet https://www.cureus.com/articles/45502-association-between-marijuana-use-and-cardiovascular-disease-in-us-adults#!/

Article de référence : The Impact of Marijuana on the Cardiovascular System: A Review of the Most Common Cardiovascular Events Associated with Marijuana Ushttps://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7355963/

Cardiovascular effects of cannabis and derivates :
https://www.edimark.fr/Front/frontpost/ … /13535.pdf

Effects of Cannabis on Cardiovascular System: The Good, the Bad, and the Many Unknowns

Mode d'action des cannabinoïdes, notamment du THC, sur le corps humain et conséquences de la consommation de cannabis.

LSD
Dans la THÈSE POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE MEDECINE SPECIALISEE CLINIQUE. Joyce DEMEY le 22 octobre 2020 "LES EFFETS INDESIRABLES SOMATIQUES ET PSYCHIATRIQUES DU LSD", on peut lire :
"Sur le plan cardiovasculaire, le LSD est un cardio-stimulant et entraînerait des troubles du rythme, en particulier des tachycardies sinusales, des arythmies supra-ventriculaires, de l’hypertension artérielle et un risque accru d’infarctus du myocarde. (34) Cela ne semble pas être médié par ses effets adrénergiques et sympathiques relativement légers. En réalité, le LSD, dérivé de l’ergot de seigle, entraînerait des variations des taux de sérotonine, à l’origine d’un phénomène d’agrégation plaquettaire. Cette coagulation anormale pourrait aboutir à la formation de caillot, lui-même à l’origine de vasospasmes artériels et des complications cardiovasculaires centrales et périphériques de type ischémique similaires à celles retrouvées dans l’ergotisme. (34) (66). Ces effets seraient potentialisés par l’activité agoniste alpha adrénergique et prostaglandinergique. Il semble judicieux de contre-indiquer le LSD chez les patients souffrant de troubles cardio-vasculaires ou d’anomalie hématologique. "

Psychédéliques en général

Cas particulier du 1cpLSD . Les dérivés ou prodrogues du LSD semblent avoir causé quelques soucis au niveau cardio vasculaire et des risques de vaso-constriction. Détails dans l'article de Not for Human

https://notforhuman.org/index.php/2023/04/08/1cp-lsd-effets-secondaires-sur-le-coeur/

https://www.psychoactif.org/forum/t20801-p1-1p-lsd-vasoconstriction-douleurs-coeur-dans-les-membres.html

https://www.psychonaut.fr/threads/douleur-persistante-avec-le-1p-lsd.32517/

Tryptamines

Risk assessment of ritual use of oral dimethyltryptamine (DMT) and harmala alkaloids
https://catbull.com/alamut/Bibliothek/Ayahuasca%20paper%20PDF.pdf

Microdosing psychedelics: More questions than answers? An overview and suggestions for future research

Kétamine

Cocaine, crack, amphétamines
Ces produits causent les plus fréquentes et les plus sévères atteintes cardiovasculaires

RCs Simulation de cardiotoxicité

https://www.psychoactif.org/blogs/2-Predire-la-cardiotoxicite-d-un-RC-RdR-par-l-IA_6728_1.html#

Polyconsommation, mélanges

La polyconsommation de psychotropes et les principales interactions pharmacologiques associées.
http://www.santecom.qc.ca/BibliothequeVirtuelle/CPLT/2551225450.pdf

Cette liste n'est qu'un commencement. Je serai heureux d'enrichir cet articles par d'autres liens que vous connaissez, d'autres expériences que vous avez faites. 

Ozias

PS: autre article sur le même thème 

https://emagicworkshop.blogspot.com/2021/06/avancer-en-age-et-consommer-des-drogues.html

Il existe aussi un forum psychoactif dédié à cette question : https://www.psychoactif.org/forum/viewtopic.php?pid=593890#p593890

samedi 13 août 2022

Mon infarctus

 

D'abord tout le monde s'en fout, et moi le premier. 

Ce lundi matin, le dernier de février 2022, en allant courir, j'ai l'impression de pas trop avancer. Je raccourcis mon tour habituel. Puis, après le repas je ressens un drôle de malaise avec à la fois la peur de tomber et l'envie de dégueuler. ça dure 30 secondes, pas plus. Puis dans la nuit de lundi à mardi je retrouve dans mon lit la sensation d'avoir un succube posé sur l'épaule gauche. Il se déplace parfois. Comme un gros chat couché sur moi. Il attaque aussi par l'arrière ou bien il se déplace vers mon bras gauche. Oppression, donc, zen, détendons nous !

ça passe, et puis ça revient. C'est une sensation que j'ai déjà rencontrée à plusieurs reprises en me couchant. Une impression d'oppression qui me rappelle tous ces tiraillements que j'ai eus depuis la mâchoire jusqu'à l'estomac depuis 2005 et qui se sont multipliés ces dernières années, qui disparaissaient après quelques gorgées d'eau froide et à cause lesquels j'ai mangé des kilos de Maalox contre les maux d'estomac. Un matin à Metz en 2020 aussi où j'ai dû sortir trempé de sueur d'une salle de conférence où j'étais assis. Par contre, ce qui est nouveau ce soir c'est cette nausée qui ne me lâche plus et en plus , des gargouillis inhabituels dans mon ventre. Comme une longue nausée sans pouvoir vomir, entrecoupée de quelques gros spasmes à tomber raide et douloureux à mourir.

Mardi matin, plus de douleur dans la poitrine, mais nausée à ne pas pouvoir me lever et fatigue tellement intense que je ne peux appeler mon médecin traitant qui prend des rendez-vous seulement avant 9h15 ou après 17h. Serait-ce le Covid ? Je fais un test, et je suis déçu de constater qu'il est négatif. Vers 15h, je sors du lit, impossible de manger, à 18h, j'appelle mon médecin qui me donne rendez-vous le lendemain à 18h00.

Mercredi, journée sur le canapé, tout patraque. A 18h, je prend la voiture et je me rends chez le médecin. Il me dit que j'ai de la fièvre (38C). Il me fait un électrocardiogramme. Diagnostic possible, mais sans trop y croire : c'est peut être un infarctus. Il me fait une ordonnance pour des médicaments (aspirine, nitroglycérine Natispray) et un dosage de la troponine.

Comme j'habite la cambrousse et vu l'heure, le labo d'analyses ouvert le plus proche est à 25 km. 18h30 , il est déjà tard et je repars direct au volant de ma voiture de chez le médecin, direction la vallée . Premier stop à la pharmacie, longue file d'attente. Deuxième stop 15 km plus loin à la recherche d'un labo d'analyse qui ferme à 19h. L'accueil est introuvable car la clinique "B." est justement en chantier et en février, il fait nuit . Je erre dans le chantier sombre, puis je trouve l'accueil, où on me dit:  "Le laboratoire est fermé depuis 19h, il faut que vous alliez aux urgences privées de la clinique "C". 

Je repars avec ma voiture pour une dizaine de kilomètres encore. Attente, 12 personnes devant moi. ça fait maintenant 3 heures que je suis parti de chez le médecin. Finalement, prise de sang. Je regarde mon sang couler dans le tube, épais et sombre comme du civet de lapin. Enfin je repars chez moi en voiture (25km). Arrivé je prépare des pâtes et je mange. A peine posé sur mon canapé, coup de fil du labo d'analyse qui me demande de partir direct aux urgences pour cause de souffrance cardiaque aigue. Bref, après plus de deux jours de malaises, voilà que je fais officiellement un infarctus ! Là, le plan Orsec est lancé !

A l'hôpital je suis pris un max en charge  par une demi-douzaine d'intervenants tous très jeunes et tous en mode Matrix. Ils se présentent militairement, "bonjour monsieur Ozias, je suis Joe, Votre infirmier stagiaire et je .... bla bla..." et  j'oublie leur nom spontanément. Après un grand tour des couloirs en lit roulant, lardé de perfusions et ficelé d'électrodes, j'attends dans une chambre double pour subir une angio-plastie dès que possible. 

Un vrai problème avec la cardiologie, c'est le monitoring cardiaque : 6 électrodes sur la poitrine plus un bracelet pour la tension, sans parler des perfusions. Beaucoup de fils à la patte et donc, impossible de sortir du lit, quel que soit le besoin. Et quand un "gros besoin" se fait sentir, j'ai honte pour mon voisin (because le bruit, et l'odeur). Bref, en fin de matinée, après quelques allées et venues de groupes d'internes et un questionnaire intrusif et désagréable sur mon 'hygiène de vie', où l'on me fait comprendre qu'en fumant du cannabis je n'ai pas volé ce qui m'arrive, et jurer que je ne recommencerai plus, c'est mon tour et je pars au bloc. 

L'angioplastie consiste, à l'aide d'un cathéter, à faire remonter depuis la veine du poignet droit deux petits ressorts qui maintiendront les coronaires ouvertes au niveau du cœur (les stents). Mon opérateur me demande si j'autorise son collègue débutant à pratiquer cette opération pour la première fois. Déjà bien dans le colletar, je réponds que oui,  et c'est parti pour 20-30mn de ramonage des artères . Avec le Subutex la morphine ne fait pas trop d'effet et j'ai trouvé ce temps bien long. Résultat Méga hématome sur l'avant bras droit. D'ailleurs, plus d'un an après j'ai toujours la marque du méga-hématome qui s'ensuivit, comme un tatouage souvenir.

Ce qui m'a le plus cassé les pieds, c'est que les médecins, comme toutes les personnes de mon entourage ont spontanément trouvé une explication à cet évènement. Et bien sûr, dans tous les cas, la cause ne tenait qu'à moi. Pour certains, c'était dû au vaccin anti-covid, pour d'autres au cannabis,  ou encore au manque d'exercice, ou au sucre trop présent dans mon alimentation.  Tous.tes avaient trouvé une explication qui leur permettait surtout de se rassurer en se disant qu'elleux -au moins- n'avaient pas ce travers là. Plus tard, en rééducation j'ai cotoyé de nombreux autres patient.es victimes d'infarctus. Certains étaient plus jeunes que moi, d'autres plus âgés. Des hommes dans l'ensemble. Il y avait des gros et d'autres pas. des sédentaires, des sportifs, des stressés ou pas des usagers de drogues ou pas. 

Un an plus tard, qu'en est il ? Grace à la réadaptation qui a suivi l'infarctus je me suis remis au sport. Cardio et gymnastique dans un premier temps à l'hôpital, puis natation en été, musculation hebdomadaire et escalade 2 fois par semaine. J'ai donc perdu 5 kilos et gagné en muscles. Pompes et tractions ne me font pas peur et j'ai presque retrouvé mon niveau d'escalade d'homme jeune. Pourtant, je ressens toujours parfois quelques malaises (douleurs dans la poitrine, ou transpiration sans raison), et je redoute en permanence d'avoir à remettre tout en branle à cause d'un caillot qui bouche une coronaire.

Qui vivra verra

vendredi 25 février 2022

Tryptamines et protection psychique

Je ne sais pas vous, mais moi avec la changa, ou la DMT, j'ai souvent une appréhension avant de décoller car je me demande toujours de quelle nature vont être les créatures que je vais rencontrer dans l'hyperespace. En fait, quand je prends la changa, la DMT, et dans une moindre mesure les champignons j'ai carrément l'impression  de 'louer l'étage aux aliens' autrement dit, de prêter mon cerveau aux habitants de l'hyperespace. Tous.tes celleux qui se sont lancé.es dans ce genre d'expérience comprennent de quoi je parle.

Après quelques taffes de changa, ou une bouffée de DMT, l'espace se remplit d'esprits, de magie, d'entités ou de déités. Certaines entités sont spectaculaires, semblables à des barbapapas immenses et vaporeuses qui s'élèvent dans le ciel d'où elles m'observent, ou bien d'immenses cortèges silencieux qui dérivent là haut dans leurs chars aériens, ou encore au ciel ces visages divins qui se tournent vers moi et m'invitent à les rejoindre. D'autres esprits sont moins monumentaux mais plus actifs, et je perçois leur désir d'accéder à ma conscience afin d'exister le temps d'une vision. Je ressens même comme une intense compétition parmi tous ces esprits qui peuplent l'hyperespace. Comme si tous recherchaient un temps de conscience disponible pour se faire connaitre et exister quelques instants dans le monde des vivants. Une troisième sorte de créatures est carrément interactive, ce sont des dieux, des sorciers, des elfes ou des bouffons qui peuvent communiquer par télépathie, apporter des enseignements et qui parfois investissent mon corps. Par exemple des rubans lumineux qui entrent par ma bouche, des elfes qui me demandent la permission d'accéder à mon cerveau 'pour une mise à jour', ou des esprits télépathes dématérialisés qui scannent mon corps et mon esprit, le 'vérifient', le désintègrent puis le recréent, bricolent mon cerveau ou s'y installent comme on installerait une appli sur un portable. 

Bien que je sois matérialiste, souvent au retour de ces excursions, je me demande si dans mon extase je n'ai pas trop ouvert mon esprit, et laissé entrer de mauvaises énergies, des pensées ou quelque esprit malfaisant. Pour voyager sereinement dans l'hyperespace, je recherche donc des protections psychiques, contre les énergies négatives, les mauvaises intentions, contre l'attachement des esprits et l'attaque psychique. La protection psychique permet de ne pas absorber d'entités nuisibles. C'est surtout une protection contre mes propres peurs et des négativités que je pourrais ancrer en moi à l'occasion d'une visualisation trop précise ou d'une expérience trop convaincante. Comme les pensées et les sentiments négatifs semblent attirer les évènements négatifs, pour une protection psychique efficace, mieux vaut se concentrer sur les sentiments joyeux, les convictions positives. Un préalable à toute session est donc l'ancrage dans mon corps, accompagné d'une respiration profonde depuis le ventre, la conscience d'une connexion avec la Terre ou avec des esprits protecteurs et des pensées positives.

On recommande par exemple la technique de la boule protectrice de lumière qui utilise la visualisation mentale pour créer un champ protecteur autour de l'individu. "Fermez les yeux, respirez doucement et aisément. Concentrez votre attention à une longueur de bras devant vous. Imaginez une boule de lumière éclatante qui s'élargit lentement et vous entoure, passant sous vos pieds et montant au dessus de votre tête, de sorte que vous soyez assis en son centre. Sentez l'énergie de cette lumière protectrice éclatante vous baigner doucement, purifiant et fortifiant votre aura. Laissez ensuite les bords de la boule durcir, comme la surface d'un cristal. Cette boule vous protègera où que vous soyez". A essayer, mais me parait plus adapté à un usage en intérieur (ce qui est difficile avec la changa).

Sinon, la respiration semble aussi toute indiquée pour purifier le corps comme le décrit l'exercice suivant: "Tenez vous debout, pieds bien ancrés dans le sol et légèrement écartés, genoux détendus et souples. Placez les mains sur le nombril en formant un "V". Respirez profondément depuis le ventre, en faisant descendre l'air dans l'espace entre vos mains. Maintenez un moment. Expirez avec un gros soupir. Sentez l'énergie négative, les sentiments destructeurs, le stress et la tension quitter votre corps sur l'expiration. Attendez un moment, puis prenez une autre respiration profondément purifiante depuis le ventre. Faites une pause, puis laissez sortir l'air, purifiant davantage votre énergie (?). Répétez au moins quatre autre fois. En inspirant, imaginez des boules de lumière accompagnant le souffle, remplissant tous les espaces de votre être d'énergie joyeuse, éclatante. En expirant, retenez cette lumière en vous".

D'autres préfèrent tracer un cercle magique (forme puissante de protection) en se servant des quatre éléments air (bâtonnets encens), feu (bougie), eau (un verre d'eau)  et terre (un caillou. Bon, ok, mais pas toujours pratique en extérieur, surtout si le vent souffle.

Certaines formules "magiques" servent plus largement à invoquer les esprits ou à leur signifier la fin de la session. Par exemple:

"Que je sente à chaque instant mes racines. Que je découvre à chaque instant les éléments assemblés en moi. Que je pénètre ainsi l'être de mon être. Que je m'accorde au grand Tout. Que je redevienne ainsi ce que je suis."  

Plus simple encore, et très efficace, une formule qui permet l'ancrage dans la confiance en soi : "Je m'accepte tel que je suis, avec toutes mes erreurs, tous mes défauts et toutes mes qualités"

Savoir comment fermer les connexions psychiques est aussi important que d'apprendre à les ouvrir. Une méthode est de taper les pieds sur le sol pour signifier la fin de la séance. on peut aussi visualiser la fermeture des chakras, comme les pétales d'une fleur au crépuscule. Ou encore, pour la fin de la session, cette formule : "Disparaissez ! Vous êtes loin de moi je ne vous vois plus. Vous n'êtes plus là. Je suis seul". 

Voilà donc quelques bonnes résolutions préalables à mes prochains voyages. J'avoue ne pas être spécialiste des rites, des formules, et du blindage énergétique. Je serais donc très heureux d'avoir vos avis et vos conseils dans ce domaine. Merci pour votre attention, vos commentaires, et à bientôt dans l'hyperespace ou ailleurs !

Ozias


PS un retour de psychonaute suite à ma question (Flower power 25 février 2022)
"Ce que j'ai toujours fait, dès ma première expérience, à voix haute, avant de consommer, c'est de demander protection et guidance aux esprits bienveillants.
Ensuite pour orienter l'expérience au mieux, une prière de base que je trouve très efficace, toujours à voix haute, c'est de demander guérison aux esprits bienveillants. Si on ne sait pas quoi demander de plus, c'est pas grave, ça ratisse large (guérison psychologique, physiologique, spirituelle...).
Je formule ça comme ça: "I ask to be freed of all things that hinder life within and around me" (ça a l'avantage de ne pas être une requête trop nombriliste).
Ensuite je demande une protection de façon un peu plus précise: je demande protection de mon esprit, de mon mental, de ma mémoire, de mon corps, de ma maison...
Se bénir soi-même, toujours à voix haute, avec coeur, bénir notre corps, notre logement, etc... C'est aussi une bonne façon d'éloigner des trucs chelou et de réharmoniser des choses à tout moment.
Faire tout ça à voix haute, c'est vraiment important.
Dans ma compréhension et perception des choses, les "esprits" nous entendent mieux si on est en plein air ou, si on est en intérieur, si une fenêtre est au moins entrouverte. Et si on est à la terre sur le plan électrique..., ça peut paraître foufou, mais bon vu la nature de la discussion... Bref, si on est à la terre sur le plan électrique, c'est à dire pieds nus dans l'herbe ou sur du carrelage en rez de chaussée, tout cela fonctionnera encore mieux, parce que notre corps fonctionnera mieux et donc rayonnera mieux, aura une énergie plus tonique, on sera mieux entendu, etc..."

samedi 5 juin 2021

Avancer en âge et consommer des drogues

Le vieillissement entraîne de nombreux changements et implique la mise en place de processus de réadaptation. Le processus de séparation-individuation, largement poursuivi à l’adolescence avec l’acquisition d’une identité stable et d’un rôle social, n’est jamais achevé. Il s’agit d’un processus dynamique, qui se réactive notamment chez le sujet âgé. En effet, le vieillissement amène des pertes progressives d’énergie, de capacités, de rôles et de relations. 
La fin de la vie active est aussi le temps de la fin des conventions sociales et des responsabilités.

Ces changements peuvent altérer l’image de soi et l’image que les autres renvoient. Cette image est directement liée à la relation que les sujets âgés entretiennent avec autrui et au rôle endossé par chacun (rôle de parent, d’ami, etc.).
Or toute personne cherche à maintenir son rôle et la perte de celui-ci inhérente au vieillissement entraîne nécessairement un état de frustration, voire de dépression. Dans de nombreuses situations, l
es addictions peuvent combler un vide social ou permettre un court-circuitage d’une pensée trop douloureuse.

A l’évidence, les problèmes de drogues ne concernent plus aujourd’hui uniquement les 
« jeunes ». Ce phénomène prend de l'ampleur car les plus de 65ans, dont beaucoup ont découvert les drogues au cours des années 70's, sont démographiquement de plus en plus nombreux : En 2020, 20% des Français ont dépassé l'âge de 65ans. 
Les personnes âgées sont des usagers fréquents et réguliers de drogues délivrées sur ordonnance ou en vente libre. Les plus de 65 ans consomment environ un tiers de toutes les drogues prescrites sur ordonnance, dont souvent des benzodiazépines et des analgésiques opiacés. Les femmes âgées sont plus susceptibles que les hommes de se voir prescrire des médicaments psychoactifs et d’en abuser; elles ont également un plus fort risque que les autres classes d’âge d’abuser de médicaments délivrés sur ordonnance. 

Les usagers réguliers de drogues festives vieillissent eux aussi et peuvent s’exposer à davantage de complications avec l’âge. Les sujets plus âgés métabolisent les drogues plus lentement et, avec l’âge, le cerveau peut être plus sensible à leurs effets. De nombreuses substances stimulantes peuvent induire des changements dans le fonctionnement des récepteurs cérébraux, posant la question de leurs effets à long terme. Ces incidents peuvent interagir avec d’autres processus pour accélérer leur progression ou accroître la gravité des déficiences neurocognitives qui accompagnent le vieillissement. 
Les problèmes de comorbidité devraient aussi être davantage pris en considération dans le traitement des patients âgés. Les usagers de dogues âgés peuvent souffrir, par exemple, de pathologies chroniques, notamment au niveau du foie à la suite d’une infection chronique par le virus de l’hépatite C, ou de maladies liées au virus d’immunodéficience humaine (VIH) (maladies opportunistes).  Enfin, beaucoup d'usagers séniors sont sous traitement médical chronique suite à des problèmes de d'hypertension, cardio-vasculaires, diabète ou autres. Pour eux se pose non seulement la question des risques liés à leur condition mais aussi celle des interactions entre leurs produits et leurs traitements.

Face aux notions d’abus ou de dépendance, cette population âgée se distingue de la population générale par différentes particularités : clinique, applicabilité des critères diagnostiques, dépistage, etc. 
Il arrive aussi que des adultes âgés refusent d’admettre leur problème en raison de la stigmatisation qu’il entraîne dans leur classe d’âge. Les problèmes dans cette classe d’âge sont donc particulièrement susceptibles de passer inaperçus. 

Le vieillissement d’une partie de la population des usagers de drogues va soulever de plus en plus de nouvelles questions en termes de santé publique. Compte tenu de la difficulté à trouver des médecins formés et ouverts à ces sujets, une démarche d'autosupport des usagers concernés est nécessaire pour répondre dans un premier temps aux questions de notre première vague de séniors consommateurs de produits. Des traitements appropriés et efficaces doivent être adaptés aux besoins spécifiques des consommateurs de substances âgés, en dépit du peu de connaissances actuellement disponibles sur ce groupe de patients. Cela pourrait impliquer de modifier les formes de traitement actuelles, ou d’en développer de nouvelles, plus attentives aux conditions de comorbidité auxquelles sont exposés les sujets âgés.

D'après Observatoire Européen des Drogues et de la Toxicomanie (2018), Sujets âgés et substances psychoactives : état des connaissances C. Marquette

Le plus récent : une étude belge par Eurotox

Voici sur ce sujet un article de Pascal MENECIER, médecin addictologue, docteur en Psychologie Centre Hospitalier de Mâcon & Université Lumière Lyon 2, laboratoire Diphe
pamenecier@ch-macon.fr. Addictaide mai 2021.
https://www.addictaide.fr/usage-de-drogues-chez-les-personnes-agees-une-epidemie-cachee

Usage de drogues chez les personnes âgées : une épidémie cachée !

Le rapport 2020 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) émanant des Nations Unies, publié fin mars 2021, comporte un chapitre consacré aux personnes âgées. C’est une première internationale que d’envisager les ainés comme priorité de santé publique en addictologie, même si certains pays peuvent apparaitre pionniers par leurs initiatives (Québec, Suisse, Royaume-Uni…).

Dans son introduction générale, le président de cette instance (Cornelis P. de Joncheere), souligne que 2020 a été marquée par la pandémie de maladie à coronavirus, avec « une incidence disproportionnée sur le bien-être des personnes âgées, ce groupe de population est également touché par une épidémie cachée, liée à l’usage de drogues ».

Le rapport souligne que l’accroissement des durées de vie « s’accompagne d’une vulnérabilité accrue à la consommation des drogues et à la dépendance à la drogue », observant une augmentation du nombre des personnes âgées recevant un traitement pour des troubles liés à cet usage. Au regard de cela « L’OICS recommande de faire mieux connaitre cette épidémie cachée et de faire en sorte que ce groupe de population souvent négligé, ait accès aux services nécessaires à sa santé et son bien être » (Nations Unies, 2021).

Contexte épidémiologique
Les personnes âgées, envisagées après 65 ans dans le rapport, représentaient 6 % de la population mondiale en 1990, pour atteindre 9 % en 2019 et devraient tendre vers 16 % en 2050 selon les Nations Unies. La définition de personnes âgées parmi les usagers de drogues est beaucoup plus variable, pouvant débuter dès 35, 40 ou 50 ans… (Nations Unies, 2021).

« Les personnes âgées sont particulièrement susceptibles de faire usage de drogues et d’en être dépendantes » (Nations Unies, 2021), reprenant diverses formulations de la littérature spécialisée, ce rapport souligne la vulnérabilité aux addictions des ainés, alors que la vieillesse n’en prémunit d’aucunes, reconnaissant que « le sujet âgé devient un candidat naturel aux addictions » (De Brucq, 2008).

Le nombre de personnes âgées recevant des traitements pour des troubles liés à l’usage de substance a augmenté ces dernières années, surtout en pays à revenu élevé, ce qui a souvent été mis en lien avec le vieillissement des générations du baby-boom. Les ainés mésusant de substances avaient été considérés comme devant doubler entre 2000 et 2020 aux États-Unis (Han, 2009).

Devant le peu de données épidémiologiques entre gérontologie et addictologie, alors que beaucoup d’études s’arrêtent à 65 ans, ce texte formule l’hypothèse d’une tendance à négliger ces personnes, reflétant « les attitudes qui prévalent à l’égard de ces personnes dans la société », citant les notions d’âgisme et de stigmatisation (source d’exclusion sociale) des personnes âgées usant (ou mésusant) de drogues (Nations Unies, 2021). Le rapport reprend alors le terme d’épidémie silencieuse, pour une épidémie nationale (aux États-Unis) (Knauer, 2003) mais silencieuse (Sorocco, 2006) initialement associée aux développements des troubles de l’usage d’alcool chez les ainés.

Substances considérées
Le rapport de l’OICS envisage sous la notion de drogues les substances illicites, dont le cannabis et les médicaments (analgésiques ou tranquillisants, entre usages non médical et mésusage) (Nations Unies, 2021). Alcool et tabac n’apparaissent pas dans l’acception retenue de la notion de drogue.

La prévalence annuelle d’usage de cannabis apparait la plus en essor parmi les 55-64 ans, avec ensuite une évolution proche constatée pour la cocaïne. Aux États-Unis chez les plus de 65 ans, entre 2012 et 2019, la prévalence d’usage de cannabis au cours de l’année écoulée a plus que quadruplé (de 1,2 % à 5,1 %), alors que l’usage non médical ou le mésusage d’analgésique a doublé (de 0,8 % à 1,7 %) … Les autres substances semblent moins avoir changé de place (cocaïne, hallucinogènes…) malgré l’absence de présentation d’analyse statistique et l’absence de considération de l’alcool ni du tabac… (Menecier, 2020).

Si la question des produits illicites (variablement envisagée selon les Etats, notamment à propos du cannabis), semble commencer à apparaitre plus précisément que ce qui a été redouté depuis longtemps sans objectivation si ce n’est pour le cannabis en milieu urbain au Royaume-Uni (Fahmy, 2012), c’est aussi à propos des médicaments que ce rapport veut alerter. « Aux États-Unis, les personnes de 65 ans et plus représentent plus de 10 % de la population totale ; or, elles sont à l’origine de 30 % des prescriptions médicales ».

Addictions du sujet âgé
Diverses spécificités des conduites addictives de sujets âgés sont ensuite passées en revue, autour des âges de début du mésusage, des liens avec les polypathologies et pathologies chroniques dont la fréquence s’accroit avec l’âge, ou la gestion complexe des douleurs chroniques chez les ainés.

Les conséquences de l’usage de drogues considérées (avant même de parler d’addiction) sur la santé de ces personnes sont listées : risque accru de décès par maladie, surdose et suicide, mortalité plus précoce, apparition prématurée de maladies chroniques, risque d’infections virales (VHC, VIH), exacerbation de maladies associées à l’âge, risque majoré de chutes fractures, blessures et accidents, altération des capacités à effectuer les actes de la vie quotidienne, risque de surdose/surdosage avec malaise ou confusion, incidence accrue de troubles en santé mentale…

Les conséquences sociales ne sont pas oubliées : stigmatisation source de sentiment de honte limitant l’accès aux soins, incidence augmentée de problèmes financiers…, isolement social (solitude et exclusion).

Recommandations de l’OICS
Au regard de ces constats, explicites et diffusés pour une population rarement priorisée en addictologie, diverses recommandations apparaissent : élargir les tranches d’âge des études épidémiologiques, améliorer l’évaluation et la surveillance des médicaments soumis à prescription, lutter contre la stigmatisation, développer des soins dans une « offre de prise en charge intégrée, holistique et adaptée à l’âge ».Ce qui tend à éviter une surspécialisation des offres de soins pour favoriser la possibilité de « traiter conjointement plusieurs problèmes, par exemple de santé physique, de santé mentale et de dépendance à la drogue ».

La place du repérage est enfin abordée, recommandant « de procéder au dépistage et à l’évaluation de l’usage de drogues chez les personnes âgées » (Nations Unies, 2021).

En France
Si différents pays sont cités dans le rapport pour des initiatives d’évaluation, de développement d’offres de soins ou de programmes en santé publique, la France n’apparait pas…

Pour autant le sujet n’est pas absent des préoccupations, apparaissant dans la littérature addictologique ou gérontologique, avec des recommandations autour de la consommation d’alcool chez les personnes âgées en 2014 issue de sociétés savantes (SFA-SFGG 2014). En 2021 débute un groupe de travail sous l’égide de l’HAS sur la « Prévention des conduites addictives et réduction des risques et des dommages en établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS)[1] », ciblant pour partie les personnes âgées.

Cette préoccupation mériterait (ensuite et dans un autre cadre) de considérer la population âgée générale du domicile, largement majoritaire, en développant une action (et un programme national) de santé publique ouvert à toutes les substances psychoactives et toutes les formes de vieillissement et de vieillesse.

« L’addiction n’est pas plus rose quand on a des cheveux blancs » (Dubreuil, 2011) et « il n’est jamais trop tard » pour intervenir (AA, 2002), sont deux références pouvant guider un tel projet.

Pascal MENECIER,
pamenecier@ch-macon.fr. Addictaide mai 2021.



Le cas des personnes sous TSO (Traitement de substitution aux Opiacés)

La France est un pays marqué par la consommation des opiacés, addiction qui une fois en place, conduit souvent à une longue « carrière » de consommateur. L’introduction des traitements de substitution n’a fait que renforcer ce processus de vieillissement en fidélisant les usagers de drogues auprès du système de soins et en contribuant à diminuer les décès par surdose. Compte tenu de l’efficacité grandissante des programmes de substitution par la méthadone et autres conduisant au maintien des patients sous traitement et à la réduction des décès par surdose, le nombre de ces sujets plus âgés va augmenter peu à peu. En Europe, le pourcentage de patients répertoriés âgés de 40 ans et plus, traités pour dépendance aux opiacés, a plus que doublé entre 2002 et 2005 (passant de 8,6 à 17,6 %).

Les médecins généralistes qui suivaient les anciens patients substitués depuis deux décennies partent petit à petit à la retraite, tout comme les pharmaciens qui les approvisionnaient. Les jeunes médecins qui les remplacent manquent souvent d'expérience et de formation aux sujet des TSO. De même, les pharmacies qui acceptent de délivrer des traitements de substitution (TSO) ne sont pas légion.  Les jeunes pharmaciens nouvellement installés refusent de prendre en charge ces prescriptions, ignorant même souvent de quoi il est question. Il est temps que les autorités sanitaires se mettent à penser à une succession du personnel soignant susceptible ou disponible pour prescrire et délivrer leurs traitements aux vieux rescapés de l'héroïne des années 80. (Olivier Doubre ASUD).

Concernant les soins dentaires, une attention particulière doit être apportée aux personnes en traitement de substitution aux opiacés quand elles sont amenées à diminuer, voire à arrêter, leurs traitements. La réduction des opiacés peut laisser émerger des douleurs latentes (pulpites par exemple)

Une étude sur la fomation des médecins généralistes aux opiacés (2017) https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01932049/document

Age et drogue : quels risques ?

Cannabis

https://www.santelog.com/actualites/drogues-lusage-du-cannabis-explose-chez-les-seniors

Cocaïne

https://www.santelog.com/actualites/cocaine-elle-accelere-considerablement-le-vieillissement-du-cerveau

Benzodiazépines

http://www.santecom.qc.ca/BibliothequeVirtuelle/MSSS/2550358899.pdf


Articles à propos de l'usage de drogue chez les personnes âgées :

https://www.incb.org/documents/Publications/AnnualReports/AR2020/Annual_Report_Chapters/04_AR_2020_Chapter_I.pdf

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22491805/

https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2010-3-page-161.htm

https://www.emcdda.europa.eu/attachements.cfm/att_50566_FR_TDAD08001FRC_web.pdf

https://www.todaysgeriatricmedicine.com/archive/071708p20.shtml

https://www.socialworktoday.com/archive/012312p8.shtml


Psychédéliques et vieillissement

https://psychedelic.support/resources/older-adults-and-psychedelics/
https://www.binasss.sa.cr/mar22/23.pdf

SUJETS ÂGÉS ET SUBSTANCES PSYCHOACTIVES : ÉTAT DES CONNAISSANCES C. Marquette, Morgane Guillou-Landreat, Marie Grall-Bronnec, O. Vermeulen, Jean-Luc Vénisse De Boeck Supérieur | « Psychotropes »