On peut dire savamment que les principes d’entéléchie et d’homéostasie sont au cœur du vivant (Entéléchie signifie littéralement : « fait de se tenir dans ses limites » ou « action de conserver ce qu’on possède » et l’homéostasie désigne la régulation des constantes du milieu intérieur des organismes vivants). La régénération est la propriété fondamentale du vivant à se maintenir en vie et à se développer, ce qui l’oppose à l’inerte, au minéral qui se transforme et évolue sans les contraintes de l’homéostasie (autorégulation). Par exemple un tas de pierre peut s’écrouler, devenir gravier puis sable, mais en aucun cas se reconstruire tout seul. En revanche, une colonie de bactéries se développe autant qu’elle peut, une plaie cicatrise, l’herbe repousse après qu’on l’a coupée, l’écorce de l’arbre se reconstitue par suite d’une gravure dans son tronc et ainsi de suite.
La régénération ou « guérison intrinsèque » fait
référence à la capacité des systèmes vivants à se restaurer ou à se rétablir
après une blessure ou une maladie. Autrement dit, « guérison » fait
référence à la récupération, à la réparation ou au rétablissement de la santé,
et « intrinsèque » implique que le processus de guérison trouve son
origine causale au sein de l'organisme vivant lui-même, par opposition à une
causalité via une intervention externe. Des analogies sont souvent faites entre
la guérison psychologique et physique intrinsèque, et les processus
d'autorégulation des systèmes vivants ( Varela
et al., 1974 ).
Le thème de la « guérison intérieure » traverse l’histoire
et les cultures du monde entier ( Campbell,
2008 ) ; ainsi que de nombreuses pratiques
intégratives de santé et de bien-être – notamment
le yoga, la psychothérapie, la respiration, la méditation et la prière. Les
psychonautes ont tous fait l’expérience du bien-être qui succède à une prise de
psilocybine, ou de LSD. Un sentiment de sérénité, de clairvoyance et de grande
santé. Comme si le trip nous avait réconcilié avec avec nous-même et notre environnement.
Nous pouvons alors répondre à toutes les questions et la peur semble nous avoir
quitté. Même si nous étions bien portants, nous nous sentons
« guéris ». Mais ce sentiment de guérison, de comment le mesurer et
de quel phénomène procède t’il ?
Le concept de « guérisseur intérieur » fait référence à la croyance selon laquelle les plantes ou concoctions psychédéliques ont une action intrinsèquement régénératrice sur l'esprit et le cerveau, analogue aux mécanismes de guérison intrinsèques au sein du corps physique, par exemple après une maladie ou une blessure. Mais est-ce bien le champignon ou la plante qui sont dotés de ce pouvoir ? Ou bien est-ce un effet placebo, exacerbé par les intentions et les attentes que nous avions placées dans la cérémonie de guérison ? Ou alors s’agit-il d’un principe de régénération fondamental et propre au vivant qui fait que les lésions se cicatrisent et les tissus se reconstituent ‘naturellement’ ?
Une étude menée en double aveugle teste et discute ces idées en évaluant les effets perçus de « guérison intérieure » et
en les corrélant aux scores d’amélioration de la dépression mesurés 2 semaines
après la prise de psilocybine. Cette étude vise à savoir si le concept du « guérisseur
interne » a une validité mécaniste et prédictive.
1.
Il est apparu très nettement que, comparé à ceux
qui ont reçu le placebo, les patients qui ont reçu 25mg de psilocybine sont
beaucoup plus enclins à estimer que « J’avais l’impression que mon
corps/esprit/cerveau se guérissait automatiquement/naturellement par
lui-même. » Autrement dit, la perception du « guérisseur
interne » est majorée par la prise de psilocybine.
2.
Les patients ayant, au cours de leur voyage,
ressenti le travail d’un « guérisseur interne » sont ceux qui
présentent les meilleurs scores d’amélioration de leur état dépressif évalué
deux semaines après le trip.
Conclusion : Le ressenti du travail d’un guérisseur
interne corrèle avec une nette réduction de l’état dépressif.
Description de l’expérience
Dans un essai contrôlé randomisé en double aveugle portant
sur des patients souffrant d'un trouble dépressif majeur de longue date, modéré
à sévère, nous avons comparé la psilocybine à l'escitalopram, un antidépresseur
inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, sur une période de 6
semaines. 29 patients reçu deux doses distinctes de 25 mg de psilocybine à 3
semaines d'intervalle plus 6 semaines de placebo quotidien (groupe psilocybine)
et 30 autres patients ont reçu deux doses distinctes de 1 mg de psilocybine à 3
semaines d'intervalle plus 6 semaines de traitement oral quotidien (groupe
escitalopram).
PSYCHOMETRIE (Questionnaires
évaluation patients renseignés suite à l'expérience)
Evaluation du guérisseur intérieur
L’ élément du guérisseur intérieur est
évalué sur une échelle à 5 points
complété après l’expérience de dosage de psilocybine. L’item du guérisseur
intérieur visait à capturer ce que ressentaient les participants suite à leur
expérience récente. Les réponses à l'échelle sont exprimées en nombres entiers
unitaires allant de −2 à +2, où un score de −2 équivaut à « fortement en
désaccord », un score de +2 équivaut à « tout à fait d'accord »
et un score de 0 équivaut à « ni
d'accord ni en désaccord ». L’élément du guérisseur intérieur était défini
ainsi :
« J’avais l’impression que mon corps/esprit/cerveau se
guérissait automatiquement/naturellement/par lui-même. »
Evaluation de la dépression score de Beck (BDI)
Auto-évaluation validée de 21 éléments des symptômes
dépressifs notés de 0 à 3, créée à l'origine par Beck et al. (1996) . L'échelle couvre
diverses facettes de la symptomatologie dépressive, notamment le sommeil,
l'humeur, l'appétit, la concentration, la culpabilité, l'intérêt, la libido,
l'irritabilité, l'agitation, l'aversion pour soi et la fatigue ( Beck et al., 1996
Evaluation de rupture émotionnelle (EBI)
Une enquête en six questions développée par Roseman et al. (2019) mesurent les
percées émotionnelles aiguës à l'aide de l'échelle visuelle analogique (EVA)
avec des scores allant de 0 (« Non, pas plus que d'habitude ») à 100 (« Oui,
entièrement ou complètement »).
Questionnaire
d'expérience mystique (MEQ)
Le MEQ évalue les expériences aiguës de type mystique à
l'aide d'une échelle de type Likert à 5 points, catégorisant les réponses en
quatre sous-échelles : « mystique », « humeur positive », « transcendance
du temps et de l'espace » et « ineffabilité » ( MacLean et coll., 2011
Questionnaire d'expérience difficile (CEQ)
Le questionnaire sur les expériences stimulantes (CEQ)
évalue les événements difficiles (bad trips) au cours d'expériences
psychédéliques à l'aide d'une échelle de type Likert en 26 éléments et 5
points. Il comprend sept sous-échelles : peur, paranoïa, folie, détresse
physique, isolement, mort et chagrin.
Questionnaire ASC (Altered State of Consciousness)
ASC intègre 11 critères
portant sur les phénomènes : vision, désincarnation, visualisations
complexe ou pas, expérience spirituelle,
synesthésie audiovisuelle, signification modifiée des percepts, contrôle altéré
de la cognition, expérience d'état de bonheur de l'unité
Intensité générale des effets du médicament
L'intensité générale des effets subjectifs du médicament a
été évaluée à l'aide d'une EVA standard à incréments de 100 allant de
« aucun effet » à « effets extrêmement intenses ». Ce test
a été réalisé une fois que les effets aigus du médicament étaient tombés à un
niveau négligeable.
RESULTATS des évaluations
1.
Comme supposé, les notes pour l'élément de
guérisseur interne données par le groupe 25 mg de psilocybine ( M = 0,87, SD = 1,17) étaient significativement plus élevées ( t =
3,88, p <
0,001) que pour le groupe 1 mg ( M =
−0,45, SD). = 1,43).
Le score modal du 75e percentile supérieur était de 2 (groupe 25 mg) et 1
(groupe 1 mg).
Les scores modaux inférieurs du 25e percentile étaient de 0 (groupe 25 mg) et
de −2 (groupe 1 mg)
2. L’amélioration du score de BDI
(index dépression) deux semaines après la prise de 25mg de psilocybine corrèle
avec le score du questionnaire « Guérisseur intérieur »
Ci dessus, pour le bras à 25 mg, les corrélations selon l'intensité subjective générale et le guérisseur interne par rapport au changement de score du BDI (Inventaire de dépression de Beck) entre le départ et 2 semaines après le jour 1 de l'administration (DD1).
La corrélation était significative pour les scores BDI par
rapport au guérisseur interne (−0,315, unilatéral) à 2 semaines.
Pas de corrélation entre le score d’amélioration du BDI et l’intensité de l’expérience perçue (Intensité Subjective Générale).
DISCUSSION
Le but de cette étude était de démarrer un processus de
VALIDATION du concept de « guérisseur interne ». En second lieu,
l’étude a examiné si les scores de l’item du « guérisseur interne »
étaient en corrélation avec les changements post-traitement dans la gravité des
symptômes dépressifs. Enfin, l’étude a évalué l’effet de l’intensité subjective
du produit comme co-variable.
Comme prévu les scores de litem « guérisseur interne » étaient significativement plus élevés pour ceux qui avaient reçu 25mg de psilocybine que pour ceux ayant reçu le placebo.
Au sein du groupe 25mg, l’effet « guérisseur interne» est corrélé à la diminution des symptômes
dépressifs tels que mesurés par le BDI avant la prise et 2 semaines après, tandis qu’on ne remarque
pas de corrélation entre l’amplitude des effets subjectifs perçus et la
diminution du score BDI. Cette corrélation est même renforcée lorsque le
facteur « guérisseur interne » est corrigé des effets subjectifs
perçus, ce qui indique que la diminution des symptômes dépressifs n’est pas le
produit d’une simple préparation psychologique (différant en cela de l’effet
placebo). Ces résultats montrent que la perception du « guérisseur
interne » est un phénomène causal significatif de l’amélioration de la
symptomatologie dépressive.
Les analyses supplémentaires ont examiné les relations entre les scores du guérisseur, et les scores de percée émotionnelle (EBI), expérience mystique (MEQ), expérience du bad trip (CEQ) afin de repérer tout chevauchement statistique entre le facteur guérisseur interne et les autres facteurs mesurés. Quand les scores du MEQ (mais pas EBI ou CEQ) sont ajoutés comme covariable aux modèles de changement du BDI par rapport au modèle de variation du guérisseur interne, la relation prédictive entre le guérisseur interne et la diminution de la dépression diminue, ce qui signifie que même si l’action du guérisseur interne peut être indépendante des effets subjectifs des drogues, sa nature chevauche probablement les constructions et phénomènes d’expérience mystique. Cependant, la taille de l’échantillon étudié ne permet pas d’être formel.
INTERPRETATIONS
Si des travaux futurs confirment la pertinence d’une action de guérison interne (imaginée, réelle ou les deux) des psychédéliques, il restera à mieux comprendre sa nature : est-ce lié au renforcement de la suggestibilité due au produit, qui interagit avec les intentions du patient (Carhart-Harris et al., 2015), ou bien est-ce lié à une action substantielle sur la dynamique cérébrale , par exemple en faisant fonctionner le cerveau en un mode entropique ou critique propice à la régénération et à la guérison par le biais d’un « recuit neuronal ». (Atasoy et al., 2017; Carhart-Harris et al., 2014; Schartner et al., 2017; Singleton et al., 2022; Toker et al., 2022; Varley et al., 2020) – cf Carhart-Harris et al. (2022) . En bref, le mécanisme thérapeutique supposé est que, suite à une prise calibrée de psychédélique, une augmentation de l’entropie cérébrale spontanée et l’augmentation de la plasticité cérébrale qui en découle, permet de se libérer d’habitudes pathologiques de comportement sur représentées ou indépassables. (Carhart-Harris et al., 2022).
L’effet de « cerveau entropique », qui favorise la flexibilité et le dynamisme du système global de cognition permet de ‘déroutiniser’ les affects et les comportements, et procure une meilleure santé mentale. Il faut rappeler ici, les travaux récents portant sur la ‘méta’ plasticité des fonctionnements sous psychédéliques. Par exemple Temperature or Entropy Mediated Plasticity (TEMP) ( Carhart-Harris et al., 2022 ) et la plasticité de la période critique -phase de remodelage intense des connections neuronales- ( Nardou et al., 2023 ). Dans le même ordre d'idées, on peut se demander s'il existe un lien entre l'expérience du guérisseur intérieur, une action cérébrale entropique ( Carhart-Harris, 2018b ) et la régénération des connexions synaptiques atrophiées par le stress ( De Gregorio et al., 2022 ; Moda-Sava et al., 2019 ) – voir aussi Carhart-Harris et al. (2022) et Nardou et al. (2023).
Le chamboulement des régularités statistiques de l'activité cérébrale spontanée décrite par l'action « cérébrale entropique » des psychédéliques favorise t’elle une dynamique mesurée au sein du cerveau et de l'esprit – par exemple, comme décrit par ( Carhart-Harris, 2018b ). Une telle ouverture, ou mise à plat du paysage mental, pourrait être lié à un processus de « réduction du modèle bayésien» -opération par laquelle, en état de conscience modifié, le cerveau élimine les paramètres redondants de ses modèles internes du monde - ( Carhart-Harris et Friston, 2019 ), ce que le patient ressentirait comme une entéléchie vers la totalité. Des sensations ou des sentiments de lucidité psychologique apparente peuvent accompagner ces changements au cours du processus. Autrement dit, à mesure que se met en place un mode de fonctionnement du cerveau et de l'esprit plus large et plus ouvert, le psychonaute perçoit comme la sensation d'incarner une perspective plus large sur lui-même et son passé, et sur ses relations avec les autres et le monde en général. exemple, voir Peill et al. (2022) et Carhart-Harris et al. (2018b) . Ces « insights » (épiphanies, visions, révélations) peuvent être ressentis selon deux phénomènes non mutuellement exclusifs : (1) comme un élargissement ou une ouverture et (2) comme une décompression de données ou d'informations, où des informations habituellement occultées, supprimées ou comprimées surgissent dans la conscience.
Nous sommes encore loin de comprendre si et comment divers
composants extra pharmacologiques externes, en plus des processus internes,
façonnent les expériences psychédéliques et leurs résultats ultérieurs
( Carhart-Harris
et al., 2018c ). Le soutien psychologique semble
avoir une influence importante sur les résultats cliniques, comme en témoignent
les résultats d’une alliances thérapeutique jointe aux effets des antidépresseurs ( Murphy
et al., 2022 ; Timmermann
et al., 2022 ). La musique – « thérapeute caché
» de la thérapie psychédélique ( Kaelen
et al., 2018 ) – semble aussi influencer les
résultats. Les processus expérientiels et épistémiques tels que
la libération émotionnelle ( Roseman
et al., 2019 ) et la lucidité psychologique
( Davis
et al., 2021 ; Peill
et al., 2022 ) semblent jouer un rôle important
– comme l’indiquent nos travaux de modélisation et montrent ici une forte
covariance de l’effet de guérisseur intérieur versus percée émotionnelle et
expériences de type mystique. Intuitivement, tous ces facteurs sont pertinents
pour caractériser le phénomène du guérisseur intérieur et témoignent d’une synergie entre
une action biologique intrinsèque et des forces contextuelles externes. Des
travaux futurs sont nécessaires pour tester les hypothèses concernant cette
interaction synergique putative ( Carhart-Harris
et al., 2018c ). Par exemple, il se pourrait que
l’action curative intrinsèque putative des psychédéliques n’ait rien d’inexorable
mais puisse être contrée par des conditions ou des contextes négatifs.
Il est connu que les processus de guérison psychologique peuvent comprendre une période de difficultés, alors que l’individu fait face – et potentiellement surmonte – une lutte existentielle ( Campbell, 2008 ). La notion de passage par la lutte en route vers la guérison est cohérente avec ce qu'on appelle la « crise de guérison » ou réaction de Jarisch-Herxheimer ( Lloyd, 1945 ) ainsi qu'avec la notion anthropologique et psychologique du « voyage du héros », c'est-à-dire un voyage symbolique composé de trois phases 1.effort et aventure, 2.lutte et crise, suivi de 3.triomphe ou « renaissance. Les thèmes énumérés ci-dessus sont classiques pour les médecines douces ou alternatives familiers de l'aggravation des symptômes avant la guérison. Des travaux récents ont suggéré que la phase de montée d'une expérience psychédélique est plus susceptible d'être désagréable ou négativement valorisée que les phases suivantes ( Brouwer & Carhart-Harris, 2021 ) et un nouveau modèle conceptuel (R. Carhart-Harris et al. , 2022 ) inspiré par les récentes découvertes de l'imagerie fonctionnelle cérébrale humaine ( Daws et al., 2022 ; Singleton et al., 2022 ) a proposé que le contenu des expériences psychédéliques puisse graviter vers des thèmes psychologiquement aigus pour des raisons mécaniques. Plus précisément, on suppose que les symptômes psychiatriques sont des habitudes mentales ou des comportement sur-renforcées qui, par la répétition, sont codées sous forme de biais ou de déformations importants dans un espace d’état par ailleurs bien équilibré.
Il est en outre
supposé que ces biais se produisent parce que la visite de certains
sous-espaces mentaux est inconsciemment répétée ou sur-pratiquée (par exemple
via la rumination mentale). Contrairement aux sous-états sains (tels que la réflexion
ou la motricité fine), ils ne sont pas le produit d’une cohérence du corps, de
l’esprit/cerveau et du monde extérieur. La pensée et les comportements auto-réalisateurs
peuvent renforcer des habitudes pathologiques à l’instar de mécanismes dits d'«
inférence active » qui auraient mal tourné ( Parr
et al., 2022 ).
HYPOTHESE, LIMITATIONS ET TRAVAUX ULTERIEURS
Nous faisons l’hypothèse que ces « biais » dynamiques qui définissent la pathologie sont hypersensibles à l'action entropique des drogues psychédéliques, de la même façon que le sont, en métallurgie, les imperfections de surface corrigées par un recuit (R. Carhart-Harris et al., 2022 ). Des travaux futurs sont nécessaires pour tester si certains effets cérébraux provoqués par les psychédéliques – tels que leur action entropique ( Girn et al., 2023 ), sont liés au phénomène dit de guérisseur interne et si les processus décrits ci-dessus se prêtent à une modélisation informatique.
Comme indiqué plus haut, les analyses exploratoires n'ont révélé aucune relation significative entre les scores du guérisseur intérieur et les expériences difficiles. En milieu clinique, il a été difficile de déterminer l’influence causale des bad trips. Nous avons des résultats d'expériences difficiles à haute dosages qui tirent vers le bas le score moyen du groupe en matière de bien-être, mais cet effet dépend probablement du contexte (Carhart-Harris et al., 2018c ). Une meilleure compréhension du paradoxe des expériences difficiles aidera à démêler la relation complexe qu'elles peuvent entretenir avec le phénomène du guérisseur intérieur ainsi qu'avec le changement de santé mentale.
Cette étude est
limitée par le caractère subjectif et ponctuel de la mesure « guérisseur
interne ». Les développements devraient examiner les nuances du concept,
notamment sa dépendance à d’autres facteurs. Une échelle plus étendue
avec des facteurs variés et un système de notation échelle de Likert/EVA plus
complet permettra d’affiner ce résultat. De même, notre modélisation
statistique est restée intentionnellement simple et fondée sur des hypothèses,
mais des travaux futurs pourraient déployer des modèles de régression plus
complets pour mieux examiner les interactions entre certaines des variables
évoquées ci-dessus et le phénomène du guérisseur interne. Une autre limite est
que nous avons abordé le concept exclusivement sous son aspect subjectif. Les
prochains travaux examinant les corrélats neuronaux aideront à expliquer sa
nature mécaniste. L’un des effets probables de cette démarche sera de
déconstruire et de questionner le phénomène, en révélant les processus
informatiques et biologiques à l’œuvre dans sa phénoménologie.
Comme pour les constructions précédentes souvent évoquées dans la communauté psychédélique mais pour lesquelles il y a eu peu de recherches de validation de construction (Robin L Carhart-Harris et al., 2018c ; Nour et al., 2016 ), nous avons ici attiré l'attention sur le fait que psychédéliques catalysent les processus de guérison intrinsèques et offrent une possibilité de définition et de mesure du profil expérientiel de cette construction pour inspirer de nouvelles recherches sur le sujet.
A lire aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_de_l%27%C3%A9nergie_libre
https://emagicworkshop.blogspot.com/2015/04/therapies-alternatives-et-heros-de-la.html