Les états de conscience modifiés, tels que ceux obtenus par l'utilisation de substances psychédéliques, seraient ils une façon 'd'augmenter' chimiquement notre niveau de conscience à l'instar du dopage sportif qui est une forme de transhumanisme chimique ?
Effectivement, un pan entier de la philosophie de Timothy Leary est ancrée dans le transhumanisme et fait penser aux idées d'Elon Musk sur la conquête spatiale et l'expansion de la conscience. (Gael Millet)
Cet aspect de la pensée de Leary trouve son illustration dans la BD neurocomics éditée en 1979 et basée sur les travaux de Leary,
Pour Leary, chaque individu est constitué d'un corps/robot servant de véhicule à son esprit qui crée une réalité en fonction la bande passante dont il dispose. Par nature, seule une infime partie du spectre de la réalité nous est accessible. Notre système nerveux transforme l'énergie en conscience.
Pour Tim Leary, l'évolution a un sens et l'homme est une créature technologique en route vers la dématérialisation. Déjà les moteurs ont remplacé les muscles et les ordinateurs remplacent les cerveaux. Notre espèce va "quelque part" dans un monde conçu par une intelligence supérieure.
Le but de nos vies est d'utiliser l'espace, notre esprit et le temps. Notre espèce est confrontée à trois challenges : celui d'une migration dans l'espace (la Terre étant l'utérus de notre espèce); celui du développement de l'intelligence jusqu'à la Singularité de l'IA; et enfin, l'allongement de la durée de la vie afin d'en découvrir le sens.
Dans son dernier ouvrage, "Chaos et cyberculture" (1994), Tim Leary s'est totalement investi dans la cyberculture et la connexion homme-machine. Chaos et Cyberculture reflète la conviction de Timothy Leary selon laquelle le vingt-et-unième siècle verra l'émergence d'un nouvel humanisme, dont les idées forces seront la contestation de l'autorité, la liberté de pensée, la créativité personnelle, le tout soutenu et encouragé par la vulgarisation de l'ordinateur et des nouvelles technologies de la communication.
https://www.nothuman.net/images/files/discussion/4/37561d7460de8b72d318bacea6d16d11.pdf
Les réflexions de Leary et sa (trop grande ?) ouverture d’esprit l’amenèrent à côtoyer pendant plusieurs années différents personnages à la démarche plus ou moins scientifique. Ses propres écrits peuvent eux-mêmes faire penser à du gloubi-boulga new age, mélangeant l’évolution dirigée à un hypothétique “modèle quantique de la conscience” ou à des digressions sur une influence extraterrestre sur l’évolution humaine. Le magazine Omni n’hésite pas à mixer les idées de Leary ou du physicien Eric Drexler à des délires concernant la communication homme-dauphin ou les perceptions extrasensorielles, le tout copieusement arrosé de mysticisme et de théories archéologiques farfelues..../...
Un deuxième travers de Leary et de ses suiveurs californiens jettera l’opprobre sur le mouvement : leur élitisme assumé et décomplexé. Leary établit par exemple un “Top 100 génétique” de personnalités (artistes et scientifiques) dans son livre de 1979 Les Agents Intelligents. Selon lui, de 1 à 2% des humains, à n’importe quelle période historique, sont génétiquement programmés pour “voyager dans le futur, revenir dans la ruche et informer leurs semblables” à la manière d’abeilles exploratrices. Ce sont ces “individus exceptionnels” qui doivent être sélectionnés pour coloniser l’espace.
Basées sur les écrits libertariens d’Ayn Rand (La Grève), ce genre de positions politiques donnèrent au transhumanisme naissant une connotation fortement exclusive, puérile, égoïste et arrogante qui se fait encore sentir aujourd’hui, d’Elon Musk à Laurent Alexandre. Il faudra attendre le début des années 2000 pour que ce courant soit mis en minorité au sein des transhumanistes.
Lire ici https://transhumanistes.com/smi%C2%B2le-les-voyages-de-timothy-leary/
Un autre auteur psychédélique très influent est John C Lilly, en particulier par son ouvrage "Programming and metaprogramming in the human biocomputer" où il explore les possibilités de manipuler et de 'reprogrammer' nos 'logiciels biologiques' à l'aide de LSD et en utilisant des caissons d'isolation sensorielle : https://archive.org/details/programmingmetap00lill_0. Selon John Cunningham Lilly, le système de réseau électronique capable de numérisation (le hardware) développé par les hommes, développera (ou a déjà développé) une « bioforme » autonome. Comme les conditions de survie optimale (vide et très basse température) de celle-ci sont radicalement différentes de celles requises par les humains (air ambiant tempéré et approvisionnement en eau), John Cunningham Lilly prédit (ou prophétise à partir de ses visions sous l'influence de la kétamine, une drogue utilisée en anesthésie) un terrible conflit entre les deux formes d'intelligence (thème repris dans la science-fiction, notamment la série Terminator).
Le psychédélisme se rapproche aussi beaucoup des concepts de "téléchargement de l'esprit'" qui considère que l'on peut simuler, reproduire ou sauvegarder un esprit humain dans une simulation informatique (vision 100% matérialiste et 100% désincarnée) qui donne un aperçu de ce que pourrait être un esprit "téléchargé" . Ceci est purement fictif, mais il faut savoir qu'il semble que l'on simule déjà partiellement le cerveau d'un ver : https://openworm.org et https://en.wikipedia.org/wiki/openworm.
Finalement, il existe des liens étroits entre la psychédélisme et la technologie, par exemple Steve Jobs et le LSD, Google qui est actionnaire principal du Burning Man, Elon Musk et ses dérives psychédéliques (à propos de la DMT sur Twitter), sans parler de tout le mouvement Open Source et même les bases de l'Internet qui est issu de la contre-culture américaine baignée du summer of love.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culture-musique-ete/60-70-s-l-echo-psychedelique-du-bout-des-tuyaux-1705776D'après un post de Gael Millet, paru le 03/05/22 sur la page FB de la Communauté Psychédélique française
à lire à ce sujet : https://www.theguardian.com/wellness/2023/dec/08/longevity-psychedelics-mental-health-ageing
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