samedi 15 décembre 2012

Virus au musée

Des artistes et des virus. Qu'en font ils, que disent ils ? Comment représenter les virus pour mieux se les représenter ?

Caitlin Berrigan. Des virus à croquer.


Confiseries virales. 2007. Caitlin Berrigan.
Ces truffes en chocolat reproduisent le virus de l'hépatite C d'après un agrandissement 3D de la structure protéinée du virus. Ces truffes sont artistiquement réalisées à la main à partir de chocolat belge à 72% de teneur en cacao. Elle ne sont pas contaminées. Caitlin Berrigan organisa des séances de dégustation publiques, sortes de performances gourmandes, destinées à caractériser la contradiction entre désir de croquer le chocolat et répulsion qu'inspire la crainte de transmission du virus. Le chocolat devient alors le médium qui permet d'échanger avec le public sur le thème des peurs et des modes de transmissions de maladie virales telles que l'hépatite. http://membrana.us/viralconfections.html

Hépatophagie. 2008. Caitlin Berrigan.
Le décor de l'assiette, dans le style des faïences de Delft, représente l'artiste dans une mise en scène d’auto-cannibalisme.  L'assiette contient un moulage en chocolat réalisé à partir d'une reconstitution IRM 3D du foie de l'artiste. L'illustration s'inspire des descriptions du rituel anthropophage des indiens Tupi du Brésil faites par Hans Staden explorateur hollandais au XVIéme siècle.
Le terme “hépatophagie” fait en même temps référence au renouveau artistique brésilien du XXème siècle qui désigna par  'antropofagi' une démarche de déconstruction des cultures étrangères au moyen de l’assimilation complète de leurs idées, de leurs valeurs, de leurs modes de symbolisation du monde. 

En 2008,  ces  'entrées' multiples sont offertes au public  'en l'assiette' au cours de performances rassemblant  plus de cent personnes invitées à dévorer des répliques en chocolat du foie de l'artiste. La dégustation du chocolat se trouble d'un sentiment de transgression lié aux dimensions érotiques et cannibales présentes dans l'assiette. Les bouches qui consomment symboliquement le foie de l'artiste représentent ainsi la destruction réelle du foie que connait l'artiste, porteuse d'une hépatite C.

Bjork. En musique.

Dans sa chanson 'Virus', la chanteuse finlandaise Bjork chante les interactions existant entre un virus et son hôte. L'invasion silencieuse et opportuniste du virus, et les rapports ambigus, fusionnels faits de temps, de silence et de fascination qui s'instaurent entre le virus et son hôte. La video, et ses superbes paysages viraux qui illustrent les paroles de la chanson de Bjork.

Like a virus needs a body and soft tissue feeds on blood Someday I'll find you, the urge is here, ohh-ohh Like a mushroom on a tree trunk as a protein transmutates I knock on your skin and I am in, ohh-ohh The perfect match, you and me, I adapt, contagious You open up, saying welcome Like a flame that seeks explosives as gun powder needs a war I feast inside you, my host is you, ohh-ohh The perfect match, you and I, you fail to resist My crystalline charm, you do Like a virus, patient hunter I'm waiting for you, I'm starving for you, ohh-ohh My sweet adversary, ohh, my sweet adversary, 
ahh My sweet adversary                
Björk. Biophilia. 2011.

Helène Chadwick. Echanges et interactions.


Helène Chadwick est une artiste anglaise  de la fin du XXème siècle qui a inspiré Damien Hirst et Tracey Emin. La série 'Viral Landscapes' (Paysages viraux) réalisée en 1988 et 1989 se compose de  cinq montages de grande dimension  (1.2x3.0 m).  Les 'Viral landscapes' sont des images agrandies des cellules du corps de l'artiste infectées par un virus, surimposées sur des photographies de côte maritime. La rencontre de la mer et de la terre symbolise alors l'union du virus et de la cellule-hôte. Comme les cellules qui sont modifiées par le virus, le corps 'absent' de l'artiste se trouve transformé, ce qui donne naissance à un corps nouveau. Pour Helen Chadwick, les points de contact entre un virus et et les cellules du corps sont 'les territoires d'une rencontre fertile, un échange entre systèmes informationnels et vivants, sur le rivage de la culture". (citations extraites de Helen Chadwick, Enfleshing, 1989. Dans le contexte de prise de conscience des ravages du Sida  de la fin des années 80,  il s'agit ici de représenter le changement et l'évolution, les interactions entre l'individu et la nature, le virus et son hôte.
http://www.liverpoolmuseums.org.uk/podcasts/transcripts/viral_landscapes.asp

Keith Haring. Activisme.


Pendant les années 90 les milieux artistiques occidentaux, particulièrement touchés par le virus du VIH, vont œuvrer à changer l’opinion publique sur le cette maladie honteuse. Cette période a été marquée par une volonté très active d’œuvrer à une prise de conscience collective des maladies virales et de leurs modes de transmission.
Keith Haring, né le 4 mai 1958 est un artiste, dessinateur, peintre, sculpteur et activiste américain des années 1980. En 1988, Keith Haring apprend qu'il est infecté par le virus du sida. Il s'engage dès lors fortement dans la lutte contre cette maladie, mettant son art et sa notoriété au service de cette cause et de sa visibilité. Il meurt à 31 ans des complications dues à sa maladie


Laura Splan. Napperons.



"Mon travail explore les perceptions de la beauté et de l’horreur, du confort et du malaise. J’utilise l’imagerie anatomique et médicale comme un point de départ afin d’examiner ces dualités et notre ambivalence envers le corps humain. Les virus, le sang, les rayons x et les viscères peuvent être à la fois troublants et séduisants. J’ai souvent combiné des images et des matériaux scientifiques avec des matériaux plus domestiques ou familiers. L’ornementation du papier peint ou la conception d’un napperon apporte une sorte de soulagement dans sa familiarité et sa structure agréable. Cette juxtaposition crée une réponse qui oscille entre séduction et répulsion, confort et aliénation. J’essaie de créer un travail qui évoque une expérience dichotomique avec des images formelles qui, lors d’examen plus attentif, révèlent une certaine vérité inconfortable sur nos conditions culturelles et biologiques. Mon travail tente de remettre en question nos réponses préconçues à ces images en incitant le spectateur à y regarder à deux fois afin de réévaluer ses perceptions initiales."
http://www.laurasplan.com/projects/doilies.html


Luke Jerram. Virus de verre.

Le virus du H1N1 est beau. C’est en tout cas le point de vue de l’artiste Luke Jerram, qui a réalisé une sculpture en verre soufflé du virus.
Luke Jerram a déjà créé des sculptures de différents virus, tels les virus de la grippe aviaire (H5N1), du sida, du E. coli (colibacille) ou encore de la variole. La série s’intitule « Glass Microbiology ». « Cette sculpture a été créée pour éclairer les problèmes soulevés par le virus de la grippe H1N1, la pandémie globale et l’imagerie du virus présentée au public par les médias » déclare l’artiste.
http://www.lukejerram.com/glass/gallery

Alicia Watkins. Point de croix.
Alicia Watkins. Point de croix.
Quoi de plus mignon que de redécouvrir toutes les maladies dégueulasses, les plus célèbres en point de croix ? Amateurs de broderies, on vous conseille. de jeter un œil au travail de Alicia Watkins sur son Site Etsy. 

Photos cristallographie aux rayons X et plus récemment, la cryomicroscopie avec reconstitution en 3D"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire