Chu Ta (1626-1705) est un peintre chinois à la fois dépositaire d'une tradition millénaire et explorateur de la modernité. Violemment hostile à l’académisme officiel, Chu Ta mena, plus d'un demi siècle durant une existence de quasi vagabond dont les péripéties sont celles d'un véritable roman. Il en fut si marqué qu'il n'hésita pas à s'engager un temps dans les seules issues extrêmes qui convinssent à son esprit rebelle : le mutisme et la folie.../....Au fil d'une vie longue et tourmentée, où le geste de peindre se révéla pour lui une voie de salut, il sut à ce point épurer son art. - un art fondé sur la maîtrise des traits essentiels.
La sobriété formelle de ses œuvres est à la mesure de la fulgurance de l’effet produit.
Les deux poussins. Musée de Shangaï. Pure étude de matière : le peintre a voulu approcher d'aussi près que possible l'essence du duveteux. La forme est réduite à l'essentiel, presque exclue. |
"La règle se fonde sur l'unique trait de pinceau. L'unique trait de pinceau est l'origine de toute chose, la racine de tous les phénomènes". Shitao Peintre chinois XVIIIème siècle.
Le trait en effet est l'élément de base de la calligraphie et de la peinture chinoises. Traditionnellement, le premier trait tracé est identifié au Souffle Originel. Le premier trait, essentiel, fonde l'oeuvre toute entière. L'encre de Chine est trop noire, le papier de riz trop buvard. Une calligraphie, un dessin à l'encre est réussi ou est bon à brûler.On ne peut pas reprendre.
On imagine rarement l'accumulation de raffinements que recèle le pinceau calligraphique chinois. En poil de loup, de mouton, de lièvre roux ou de chat sauvage, assemblés parfois en plusieurs couches superposées, son corps est retaillé au rasoir si finement que l'extrémité s'en termine par un poil unique. Au plus léger contact avec le papier, l'encre dont son corps arrondi est gogé, commence à s'écouler; que la pression augmente, la pointe s'ouvre, donnant passage à plus de liquide, et le trait s'élargit; qu'elle se relâche, l'élasticité du poil reformant la pointe, le tracé peut, d'un seul geste ou progressivement, se réduire à un filament. Texte de Cyrille JD Javary en préface de "L'unique trait de pinceau".
Fabienne Verdier Albin Michel. 2002.
Crédits : Chu Ta. le génie du trait. François Cheng. Phébus. 1999.
L'unique trait de pinceau. Fabienne Verdier. Albin Michel. 2002.
"La règle se fonde sur l'unique trait de pinceau. L'unique trait de pinceau est l'origine de toute chose, la racine de tous les phénomènes."
RépondreSupprimerest un twoosh !
( avec les guillemets )
Un peu comme monsieur Jourdain, Shitao faisait des twoosh sans le savoir :)
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