vendredi 18 avril 2014

Le grand départ

Gerhard Richter. Schadel.
Un post spécial morbide en ce vendredi saint qui ouvre le grand week-end de la résurrection de Pâques.

Le photographe Walter Schels et la journaliste Beate Lakotta ont publié en 2005, en Allemagne, une série d'images commentées intitulée "La vie avant la mort". Walter Schels a réalisé les portraits avant et après la mort de 35 patients en phase terminale tandis que la journaliste Beate Lakotta les interviewait au cours des dernières semaines de leur vie. 
Les patients ont accepté de participer au projet pour deux raisons: laisser une trace d'eux après leur mort et montrer au public le travail réalisé et l'importance des établissements de soins palliatifs . 
Heiner Schmitz 52 ans. "On vient me voir, on ne veut pas que je sois triste,  on, me souhaite d'aller mieux. Personne ne me demande comment je me sens"


Maria Hai-Anh Tuyet Cao. 52 ans. "Adepte de la méditation, elle se préparait chaque jour afin d'atteindre un total détachement le moment venu."


Wolfgang Kotzahn 57 ans. "Avant, je n'avais jamais pensé à la mort. Maintenant, tout compte".

Dans un autre registre, Sophie Calle - performeuse-  a installé, en 2006,  une caméra auprès du lit (au pied du lit, mais le film la saisit de côté) où sa mère vivait ses derniers instants. Très factuelle et sans voyeurisme, elle voulait saisir l'impossible, le dernier souffle comme on rêve de voir le rayon vert.
Elle craignait que "ça" se passe en son absence. L'entrée en absence de sa mère. 
Vous sortez quelques minutes "et la personne en profite, si l'on peut dire, pour partir." 
La caméra, sa mère l'avait acceptée. Elle savait qu'elle pouvait lui parler.
Sophie Calle était présente lorsque sa mère a rendu son dernier soupir -mais à qui "rend"-on ? Rend-on comme on vomit ? Ou comme on "rend" des comptes ? 

Malgré ce dispositif Sophie Calle n'a pas pu déceler 'l'instant'. "Le dernier souffle est totalement insaisissable." 

Enfin, un peu de didactisme et de prophylaxie humaniste: "Que penser de la mort " (english language):



Autres posts sur le même thème : 


Trois réflexions enfin, pour tuer le temps : 

1.L'avant naissance est elle égale à l'après mort ? 
2. Mourir, est-ce s'endormir à vie ?
3. Pire que la mort, la crainte de la mort (Epictète)


Merci d'avance pour vos réponses et passez un heureux week-end Pascal,

Ozias
Danse de mort


PS: fichier des décès en France https://www.insee.fr/fr/information/4190491



LA MORT EST UN GRAND FLASH DANS LE CERVEAU :

PHOTO : Sur la première image de cette coupe de cerveau humain (le néocortex temporal), les neurones, en manque d'oxygène, économisent leur énergie. Sur la dernière, c'est trop tard : la mort est passée. Entretemps, sous l'effet du stress, un influx nerveux s'est déclenché et s'est répandu à une vitesse de 50 µm/s. Un ultime flash rendu visible par transillumination (elle mesure la transparence d'un tissu), les neurones excités laissant moins passer la lumière.
Une grande première : jamais on n'avait réussi à visualiser cet instant hors du temps où le réversible devient subitement irréversible ; jamais, surtout, on n'avait imaginé que ce grand passage promis à tous les mortels se déroulait ainsi…
C'est bien sûr dans le cerveau, siège de la conscience et de tous nos ressentis, que la mort abat sa faux. Certes, avant cela, le cœur peut s'arrêter de battre, un organe peut lâcher. Mais le rythme cardiaque peut être relancé, et l'organe remplacé…pas le cerveau : pour tous, quelle que soit la cause du décès, la mort du cerveau est l'ultime, la définitive, celle qui emmène tout le reste du corps avec elle.
Or, contemplez cette vague qui traverse le cerveau au moment fatidique : on n'y voit pas un arrêt de l'activité cérébrale comme on l'a toujours cru, non. Au contraire, la Mort, la vraie, apparaît dans une incroyable explosion. Un flash fabuleux d'énergie et de lumière ! Dans la tête de celui qui meurt, il se produit "une forme d'excitation altérée qui se propage de neurone en neurone" , décrit sobrement Jens Dreier, professeur en neurologie expérimentale à l'université Charité de Berlin. "Et ce phénomène n'apparaît pas encore dans les livres de médecine" , s'amuse ce chercheur qui vient pour la première fois d'observer, d'identifier, de mesurer et de décrire la signature cérébrale de la mort. Car il est le premier à l'avoir surprise dans sa tâche… sans pour autant partir avec elle.
Un flash d'énergie ? Voilà qui pourrait éclairer les nombreux témoignages de mort imminente, ces fameuses NDE (pour Near Death Experience), avec leurs récits tant partagés de sortie du corps, de tunnel débouchant sur une intense lumière ou de flash de souvenir. Dans une étude américaine publiée en 2013, et réalisée à partir d’une centaine d’individus ayant survécu à un arrêt cardiaque, c’était même près de la moitié d’entre eux qui conservaient en mémoire ces sensations des premiers pas vers l’au-delà.
Mais tous ceux qui nous racontent avoir vu la mort y ont finalement échappé… et ne l'ont donc pas vraiment vue.
Elle restait d'ailleurs tout aussi invisible lorsqu'on essayait de la déceler en mesurant l'activité cérébrale à l'aide d'électrodes posées sur le cuir chevelu de mourants : au moment fatidique, cette activité semblait tout simplement s'éteindre. Une expérience publiée en 2013 avait bien montré que le cerveau des rats pouvait rester actif jusqu'à trente secondes après l'arrêt cardiaque, mais aucune étude semblable n'avait été réalisée chez l'humain. Sauf que Jens Dreier et ses collègues ont eu les moyens d'aller plus loin, et de réaliser des mesures d'une incroyable sensibilité.
DES ÉLECTRODES DANS LE CRÂNE :
Les scientifiques se sont penchés sur neuf individus, tous entrés en soins intensifs à la suite de blessures cérébrales, qui faisaient déjà l’objet d’un monitorage neurologique lourd permettant de suivre leur évolution : les électrodes n’étaient pas simplement placées sur le cuir chevelu, mais directement sous la dure-mère, l’une des couches séparant le crâne et le cerveau, ou encore dans le cortex. "Lorsque tout espoir de survie s’est envolé, les familles ont accepté que l’enregistrement soit poursuivi jusqu’aux derniers instants" , confie Jens Dreier. Qui a donc pu enregistrer, en direct, leur activité cérébrale au moment précis de leur décès. Des moments terriblement personnels qui nous concernent maintenant tous tant ils sont riches d'enseignements. "Ces électrodes ont pu enregistrer de très basses fréquences, et éclairer le processus de mort cérébrale comme jamais auparavant , commente, admiratif, Stéphane Marinesco, responsable du Centre de recherche en neurosciences de Lyon. Cet événement dure plusieurs minutes et traverse des phases très différentes. C'est une très belle découverte."
Alors ? À quoi ressemble donc la mort ? Que se passe-t-il lors du moment fatal ? Le processus s'enclenche presque immédiatement après le dernier battement de cœur, lors de la chute drastique de la pression artérielle. "À ce moment, et en tout point du cerveau simultanément, on observe une chute de l'activité neuronale , révèle Jens Dreier. L'apport en oxygène, véhiculé par le sang et dont les neurones dépendent, n'est plus assuré. C'est un peu comme si ces cellules se rendaient compte de ce problème et décidaient d'arrêter de fonctionner pour ne pas consumer leur énergie."
Un flash issu d'une réaction neuronale en chaîne
Dès la chute de la pression artérielle, le cerveau réduit son activité afin d'économiser son énergie (courbe du haut). Après quelques minutes, certains neurones larguent en masse un neurotransmetteur, que leurs voisins vont absorber, déclenchant une réaction en chaîne (à droite). Un ultime flash d'activité cérébrale (visible sur la courbe du bas) se répand ainsi dans tout le cerveau.
VAGUE DE DÉPOLARISATION MASSIVE
Cet état d'économie d'énergie, comparable à une hibernation, peut durer deux à trois minutes environ. "Et surtout, aucune des cellules n'est endommagée à ce stade, continue le chercheur : si la circulation sanguine est rétablie, les neurones n'en garderont pas de séquelles." En clair, à cet instant, on peut encore revenir du côté de la vie…
Sauf que, pour maintenir leur intégrité, les neurones sont obligés de puiser un peu dans leur réserve d'énergie. Celle-ci se réduit donc lentement, mais inexorablement, jusqu'à ce qu'à un moment particulier, une vague apparaisse…
"En un point donné du cerveau, on ne sait pas exactement où - il pourrait même y avoir plusieurs points origines -, il se produit ce qu'on appelle une propagation de dépolarisation massive" , éclaire Jens Dreier. Soumis au stress et manquant d'énergie, certains neurones épuisés par leur effort de préservation lâchent prise : ils larguent alors en masse dans le milieu extra-cellulaire du potassium et du glutamate, un neurotransmetteur, relâchant d'un coup la tension électrique de part et d'autre de leur membrane.
Or, ces molécules vont elles-mêmes déclencher une même dépolarisation chez les neurones voisins. S'ensuit alors une réaction en chaîne tous azimuts, de neurone en neurone, à une vitesse estimée à environ 50 µm/s, comme un signal nerveux brouillé. "Cette vague ne semble pas cantonnée au cortex cérébral, mais envahit aussi le striatum, l'hippocampe et le thalamus, par exemple" , pointe Jens Dreier.
Ce processus n'est pas à proprement parler un flash, il l'est certes en intensité, sauf qu'il semble durer une dizaine de minutes (voir courbes) - il ressemble plus de ce fait à une irradiation de chaleur et d'énergie, un grand incendie. Et il fait des ravages, car c'est bien à travers lui que la mort porte le coup de grâce. "Le potassium largué rend le milieu extracellulaire hautement toxique , explique Stéphane Marinesco. À un moment donné les neurones meurent et il n'est plus possible de revenir en arrière. Cette nouvelle information chamboule la notion de mort cérébrale, la fait même reculer de plusieurs minutes et identifie son signal terminal. La mort ne se déploie pas dans un silence cognitif, mais dans une longue et fabuleuse explosion !" Et le point de non-retour se situe quelque part dans cette vague, lorsque le milieu est devenu trop toxique pour les neurones.
LA LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL ?
Et les NDE ? Car si la circulation sanguine est rétablie à temps, l'activité neuronale restaurée et le milieu extra-cellulaire lavé, il ne resterait finalement de cette étrange vague que les ressentis qu'elle pourrait provoquer ! De quoi expliquer l'origine des sensations et des visions que tant d'individus partagent face à la mort ?
"Nous entrons ici dans le domaine de l'hypothèse, mais c'est une possibilité en effet , répond Jens Dreier. Des vagues de dépolarisation, un peu différentes, car cette fois-ci réversibles, traversent le cerveau dans d'autres circonstances, comme lors d'une migraine avec aura. La particularité de ces migraines, c'est qu'elles sont accompagnées d'hallucinations, notamment visuelles avec, par exemple, l'apparition de taches lumineuses ou encore d'un tunnel."
Même sentiment de la part de Stéphane Marinesco : "C'est impossible à dire, mais, en effet, un faux signal, selon sa position dans l'encéphale, pourrait provoquer toutes sortes de ressentis différents."
On peut donc spéculer sur l'effet de cet ultime état d'excitation s'il atteint la jonction temporo-pariétale, dont le dysfonctionnement semble engendrer des expériences "hors du corps". Ou encore l'hippocampe et les diverses régions corticales impliquées dans la mémoire. Idem pour la lumière au bout du tunnel : ne serait-elle alors que l'effet illusoire d'un signal factice, et non les premières lueurs d'un au-delà chaleureux ? Cela ne la rendrait en un sens que plus réelle…
Quoi qu'il en soit, la mort, loin d'être ce souffle noir qui éteint la bougie de la vie, ressemble pour de vrai à une tempête sous le crâne. Tel est son véritable visage cérébral. Que chacun d'entre nous peut aujourd'hui entrapercevoir sans se faire voir, grâce à cette incroyable découverte. Un avant-goût, avant de l'expérimenter à son tour un jour ou l'autre, le plus tard si possible…
L'espoir de mieux traiter les chocs cérébraux :
"Si on trouve un moyen de détecter facilement, c'est-à-dire avec des méthodes non-invasives, cet ultime sursaut d'activité du cerveau, alors les applications thérapeutiques possibles seront extrêmement nombreuses !" , promet Jens Dreier (université Charité, Berlin). Déjà, cela permettrait de surveiller plus intensivement l'état du cerveau des individus en soins intensifs, victimes d'hémorragie cérébrale ou d'AVC, et de réagir rapidement en cas d'apparition du flash. "Certains médicaments pourraient directement stopper la vague de dépolarisation, ou du moins limiter sa propagation à la plus petite région possible" , continue le chercheur. "Mais on peut imaginer d'autres moyens d'en contrer la finalité, par exemple en augmentant la pression artérielle, offrant ainsi un regain d'énergie aux neurones et la possibilité de reprendre une activité normale. Car n'oublions pas que ce n'est pas le flash lui-même qui est létal, mais la toxicité qu'il génère dans le milieu extra-cellulaire, que les neurones peuvent nettoyer." Et cette découverte pourrait avoir un effet plus fondamental encore : celui de redéfinir complètement la notion de mort cérébrale, vue aujourd'hui comme une simple cessation de toute activité. "Certains pays estiment qu'après 4 minutes de silence de l'électroencéphalogramme, le cerveau peut être considéré comme mort , assure Jens Dreier. Notre étude montre pourtant que ce n'est pas le cas. "
Si vous souhaitez en savoir plus sur LES NEUROSCIENCES, rejoignez nos experts en Neurosciences ICI : 👍 >>> https://cutt.ly/je-decouvre 👍

2 commentaires:

  1. concernant la mort,la camarde j'ai vécu serrée tout contre elle pendant plusieurs dizaines d'années...Personne n'a pas pu "m'aider" à penser "ça" et je sentais la trouille quand j'évoquais ma disparition possible.petit à petit le cercle s'est élargi jusqu' à disparaitre ;et j'ai préféré cette solitude à leurs peurs.

    RépondreSupprimer