mercredi 12 octobre 2016

Drogues: vers la fin du tout répressif ?

La guerre contre la drogue est ouvertement déclarée depuis plus de cinquante ans. La convention de 1961 établit un système universel pour limiter la production, la distribution et la consommation de stupéfiants à un usage uniquement médical et scientifique. Elle est axée sur les substances à base de plantes comme la coca, le cannabis et le pavot.
Dix ans plus tard en 1971, une deuxième convention étend ce système à plus de 100 substances psychotropes.
La dernière convention, en date de 1988, renforce l'obligation des sanctions pénales des états pour réduire la production, le trafic et une consommation en hausse continue. L'approche est basée sur la prohibition et la répression est mise en oeuvre par des organismes internationaux tel l'ONUDC, le CDS et l'OICS, puis relayée par les états.

Le 24 Mars 2016 la commission  globale des politiques en matière de drogues composée d'ex-présidents du Brésil, du Portugal, du Chili, de la Colombie, de la Pologne , de la Suisse et de personnalités telles que Kofi Annan  publie "Ending the war on drugs". La commission dénonce l’échec de la politique de contrôle répressive des drogues.
En effet, le nombre d'usagers des principales drogues (cocaïne, opiacés, cannabis) a augmenté de 36% entre 1998 et 2013 alors que la population mondiale a augmenté de 20% (chiffres ONU).

Second constat, en raison de la criminalisation de leur pratique, les consommateurs mettent leur santé en danger: achat de drogues frelatées, injections à risque facilitant la transmission des virus. Ainsi, 30% des injecteurs russes seraient infectés par le VIH. De plus le nombre de victimes 'collatérales' (règlements de compte) et d'incarcérations ne cesse d'augmenter.

La commission rappelle aussi le coût de cette guerre que Georges Sorros  résume en disant "War on drugs is a 1Trillion$ failure". et encore, ce chiffre ne concerne que les USA !

Dernier constat d’échec : la prohibition a favorisé la prolifération des organisations mafieuses et criminelles. Le  chiffre d'affaire annuel du trafic de drogue est estimé à 300-400 milliards.

La commission Globale de Politique en matière de drogues suggère donc de nouvelles approches moins destructrices, moins coûteuses. Elle recommande notamment la dé-criminalisation pour usage et possession
Elle recommande également aux états d'intervenir sur les marchés pour les organiser au lieu de les laisser aux mains des trafiquants.

La publication de  "Ending the war on drugs" a eu lieu en mars dernier, juste avant la session extraordinaire de l'assemblée générale des nations unies sur les drogues. Evènement rare puisque la dernière assemblée remontait à 1998.
Finalement, même s'il laisse entrevoir la possibilité d'un début d'ouverture, le résultat des courses est bien timide : 
« Nous devons fonder nos décisions sur la recherche, les données et les preuves scientifiques. Et nous ne devons pas hésiter à adopter de nouvelles idées et de nouvelles approches, même si elles peuvent parfois remettre en question les hypothèses traditionnelles » (Déclaration de M Eliasson -vice secrétaire des nations unies).

Patience, patience ...


http://www.lemonde.fr/addictions/article/2016/03/01/drogues-l-onu-prone-la-fin-du-tout-repressif_4874332_1655173.html

http://www.globalcommissionondrugs.org/wp-content/uploads/2012/03/GCDP_WaronDrugs_FR.pdf

http://sos-addictions.org/blogs-dexperts/sex-drugs-and-rockn-roll/prohibition-des-drogues-le-debut-de-la-fin

Sources : "Le système de contrôle des drogues peut il changer ?". Stéphanie Loridon. JFP 43. Erés 2016.

http://www.internetactu.net/2017/01/11/drogues-nouvelles-recherches-nouveaux-produits-et-nouveaux-risques/

Perspectives socio-anthropologiques sur l'usage des drogues

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire