jeudi 13 avril 2017

je m'isole

Je sors ce soir (MD). 
D'abord je me demande un peu pourquoi, puis j'ai chaud dans les mains, et ensuite tout mon corps transpire. Puis autour de moi tout se dilate, les sons deviennent lointains et je fonds. Ne pas bouger dans la chute, attendre un peu. 
Alors tout se remet en place et je sens la musique dans les pieds et jusque au bout des doigts. Et je danse. Je danse et alors sort de moi un autre que je suis. La danse est une évidence. C'est bon de sentir que je ne suis pas vide. Plein phares, je cherche d'autres avec qui me connecter.  
Je danse jusqu'à avoir des crampes dans les pieds, jusqu'à n'avoir plus rien à dire. 
Au matin je rentre seul. Il me faut deux jours pour récupérer.

Le sur-lendemain :
-Salut, tu es allé au concert de JiPé samedi  soir ? 
-Non, j'étais à la nuit de la rave
-Ah oui, ma fille y est allée aussi. Le lendemain elle avait l'air fatiguée. Je me demande bien ce qu'elle peut faire là bas.
- ...[courbatures dans la mâchoire]

Dans ma chambre (DXM).
C'est le week-end. Je me couche au milieu de la nuit, tranquille, immobile et bien dissocié.  J'ai mis le casque sur les oreilles. Au programme des mix techno et surtout dark-house, dark-dubstep.
Les rêves arrivent. Tiens, cette fois je viens de mourir et ça me réveille. Dans la chambre je flotte, et je ne retrouve plus mon corps. Heureusement, "Dont be afraid, we are protected" dit la musique. Une autre fois je parle couramment une langue que je ne comprends pas. Et voilà que maintenant je ne sais même plus écrire la lettre E, comment écrire TigrE ?  
Une autre nuit je suis l'aiguille sur mon corps disque microsillon qui tourne comme une vie. Avec le matin ces délires prennent fin et il est l'heure de déjeuner.

(1p-LSD).
Gobé un peu moins d'un buvard. D'abord physiquement agréable, puis sensation de 'speed' au niveau du ventre, comme une tension. Mon 'cerveau d'en bas' ne semble pas apprécier le produit. Pas d'hallucination sonore, visuellement rien de bien spectaculaire non plus à part les pierres du mur d'en face qui se couvrent d'une sorte de mousse brillante. Comme je suis parcouru de tensions nerveuses dans l'abdomen et que mon corps a du mal à réguler les impressions de chaud et de froid (effet classique des psychédéliques), sans me poser de question je laisse le ventre et le cœur gérer mon métabolisme tandis que je focalise mon attention sur ce qui se passe dans ma tête. Cette dissociation, facile avec les psychédéliques, me donne à croire que le corps et l'esprit sont deux entités distinctes. Physiquement, je ressens mon corps posé comme un tas dans le lit  tandis que mon esprit rejoint un espace grand comme un ciel fait de formes colorées qui rappellent les photos des galaxies. L'ectoplasme de mon esprit s'y dissout et je m'y disperse. De nouvelles pensées, discordantes et qui ne semblent pas les miennes prennent alors place entre mes oreilles. Étrange sentiment de m'être perdu, dissout dans l'éther. Je laisse faire...  
J'ai trouvé ce trip dissociatif, avec un passage intéressant mais suivi d'une descente trop longue et fatigante malgré l'aide de l'alprazolam.


Ces expériences sont une cause d'isolement autant que la conséquence de me sentir trop souvent sans réponse, sans retour ou sans un signe. Seul aussi d'être en constant décalage par mes goûts ou mon âge. Ce que je fais ne compte pas, ce que j'écris met mal à l'aise et je reste sans retour, ni personne pour échanger. Trop de mails sans réponse, d'invitations qui tombent à plat, d'images sans commentaires de la part de ceux qui me côtoient. Le sentiment d'incompréhension et le silence conduisent à l'isolement. 

J'ai pensé en anglais que "from pyschonaut to psychopath there is a path" et je pense qu'en français on pourrait traduire ça par "la came-isole". Pourtant mes cheveux poussent et je ne sais pas toujours pas avec qui partager ma situation, alors  je continue doucement, et je ne bois pas, et je ne fume pas.


Merci pour votre lecture, vos mots



"L'intoxiqué s'épanouit jalousement dans un monde qui n'a plus de sens que pour lui et réduit à leur strict minimum les communications extérieures. Il va à l'essentiel; il est souvent à se taire. Les autres se détournent de lui sans qu'il souffre de solitude. Isolé sur les cimes, ce qu'il aperçoit dans la vallée de larmes en contrebas, ne lui laisse au coeur aucun regret. La scission a eu lieu 

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