La Métamorphose. Franz Kafka . Résumé:
Franz Kafka |
Ses parents pleurent et s’effondrent, pris entre la vision de leur fils métamorphosé et une photo du “bon fils”, en tenue militaire, intégré dans la société. Sa soeur a de la pitié pour lui, elle cherche à savoir ce qu’il préfère manger, sans pour autant oser le lui demander. Elle pousse différents aliments devant lui pour voir ce qu’il va manger, comme on le ferait avec un animal. Mais très vite, cette commisération se transformera en devoir, dont elle tire un certain orgueil, puisqu’elle réagira violement le jour où sa mère prendra sa place. Elle ne parle plus à son frère, devenu monstrueux, mais fait son devoir de soeur afin qu’on ne puisse pas lui reprocher son rejet et son dégoût. Elle sauve les apparences, mais ne fait rien pour essayer de sauver son frère. La mère de Gregor, elle, ne peut plus supporter la vue de son fils, elle lui est trop douloureuse. Son père réagit avec violence, allant jusqu’à lui lancer des pommes dont une se fichera dans son dos, sans qu’on le soigne. La famille est persuadée que Gregor n’entend et ne comprend plus rien, qu’il est inaccessible à toute raison, à toute parole, alors que celui-ci observe tout et continue à ressentir des choses. Pas une seule fois, la famille n’essayera d’atteindre Gregor. Son étrangeté est trop radicale à leurs yeux pour qu’ils osent aller vers lui. Ils ne peuvent pas imaginer qu’ils ont encore quelque chose en commun. On le maintient en vie, caché, mais on ne lui parle pas. La peur et le mépris, voilà tout ce que Gregor suscite. Pourtant, il n’a pas perdu sa sensibilité.
Cette famille qu’il faisait vivre auparavant, qui était fière de lui, lui tourne le dos parce qu’il n’est plus le bon fils. Pour eux, ce monstre n’est plus leur fils ou frère, Gregor a disparu il faut se débarasser de l’animal qui les encombre. Toute la famille sera soulagée à la mort de Gregor. Celui-ci, blessé par la pomme toujours fichée dans son dos et les mots de sa famille qui rêve d’une vie sans lui, se laisse mourir, sans doute par désespoir mais aussi culpabilisé. Cette famille qui, depuis la transformation de Gregor, a dû reprendre les choses en main pour faire vivre le ménage, va s’épanouir une fois qu’il ne sera plus là. Ils seront plus légers, et débarassés de la honte, pourront songer à marier leur fille.
Cette histoire est avant tout le drame d'un silence. Silence de Gregor qui ne peut expliquer ce qui lui arrive et n’ose exprimer ses sentiments, silence de la famille qui ne veut pas essayer de le comprendre, qui a peur et préfère reléguer leur proche dans une altérité radicale où il ne ressentirait rien et n’aurait besoin d’aucune commisération, d’aucune parole, d’aucune affection. Silence envers la société, à laquelle il ne faut pas demander d’aide ni montrer Gregor pour ne pas provoquer de scandale .
(extraits de http://blogschizo.wordpress.com/2011/07/03/la-metamorphose-de-kafka-je-suis-le-cancrelat/ par Lana)
Voici donc une nouvelle courte (150 pages), à la fois réaliste et fantastique, une réflexion sur la différence, la maladie. Discrimination, hontes, silences on retrouve ici des thèmes qui font de l'hépatite une maladie connotée et aussi lourde à porter qu'à traiter.
Profond, lucide, génial, et sombre. Kafkaïen.
La métamorphose de Kafka décrit principalement les transformations que la maladie de Gregor induit dans son entourage. Plus encore, « Par son ambivalence, la nouvelle de Kafka donne à éprouver, en situation, et dans leur réversibilité même, tous les arguments pro et contra que l’on trouve aujourd’hui mobilisés sur la question de l’euthanasie et des décisions d’interruption de la vie » (Frédérique LeichterFlack).
Pour compléter ce tableau voici un autre un texte qui montre 'de l'intérieur' l'isolement et les sentiments que suscite une maladie 'qui fait désordre'. Devinette: Qui selon vous a écrit ces mots et de quoi parlait il ?
Ô vous ! hommes qui me tenez pour haineux, obstiné, ou qui me dites misanthrope, comme vous vous méprenez sur moi. Vous ignorez la cause secrète de ce qui vous semble ainsi, mon cœur et mon caractère inclinaient dès l'enfance au tendre sentiment de la bienveillance, même l'accomplissement de grandes actions, j'y ai toujours été disposé, mais considérez seulement que depuis six ans un état déplorable m'infeste, aggravé par des médecins insensés, et trompé d'année en année dans son espoir d'amélioration. Finalement condamné à la perspective d'un mal durable (dont la guérison peut durer des années ou même être tout à fait impossible), alors que j'étais né avec un tempérament fougueux, plein de vie, prédisposé même aux distractions offertes par la société, j'ai dû tôt m'isoler, mener ma vie dans la solitude, et si j'essayais bien parfois de mettre tout cela de côté, oh ! comme alors j'étais ramené durement à la triste expérience. .../... Pardonnez-moi, si vous me voyez battre en retraite là-même où j'aurais bien aimé me joindre à vous. .../... Je dois vivre comme un exilé, à l'approche de toute société une peur sans pareille m'assaille, parce que je crains d'être mis en danger, de laisser remarquer mon état – c'est ainsi que j'ai vécu les six derniers mois, passés à la campagne sur les conseils avisés de mon médecin.../... C'est ainsi que j'ai mené cette vie misérable – vraiment misérable ; un corps si irritable, qu'un changement un peu rapide peut me faire passer de l'euphorie au désespoir le plus complet – patience, voilà tout, c'est elle seulement que je dois choisir pour guide. .../...
Il s'agit de Ludwig van Beethoven qui exprimait le mal être dû à sa surdité dans son 'Testament de Heiligenstadt'. C'était le 6 octobre 1802. Ce jour là, Beethoven a exprimé ce que beaucoup de malades ressentent des effets secondaires 'sociaux' de leur affection.
Maestro, s'il vous plait !
Ozias
(extraits de http://blogschizo.wordpress.com/2011/07/03/la-metamorphose-de-kafka-je-suis-le-cancrelat/ par Lana)
Voici donc une nouvelle courte (150 pages), à la fois réaliste et fantastique, une réflexion sur la différence, la maladie. Discrimination, hontes, silences on retrouve ici des thèmes qui font de l'hépatite une maladie connotée et aussi lourde à porter qu'à traiter.
Profond, lucide, génial, et sombre. Kafkaïen.
La métamorphose de Kafka décrit principalement les transformations que la maladie de Gregor induit dans son entourage. Plus encore, « Par son ambivalence, la nouvelle de Kafka donne à éprouver, en situation, et dans leur réversibilité même, tous les arguments pro et contra que l’on trouve aujourd’hui mobilisés sur la question de l’euthanasie et des décisions d’interruption de la vie » (Frédérique LeichterFlack).
Pour compléter ce tableau voici un autre un texte qui montre 'de l'intérieur' l'isolement et les sentiments que suscite une maladie 'qui fait désordre'. Devinette: Qui selon vous a écrit ces mots et de quoi parlait il ?
Ô vous ! hommes qui me tenez pour haineux, obstiné, ou qui me dites misanthrope, comme vous vous méprenez sur moi. Vous ignorez la cause secrète de ce qui vous semble ainsi, mon cœur et mon caractère inclinaient dès l'enfance au tendre sentiment de la bienveillance, même l'accomplissement de grandes actions, j'y ai toujours été disposé, mais considérez seulement que depuis six ans un état déplorable m'infeste, aggravé par des médecins insensés, et trompé d'année en année dans son espoir d'amélioration. Finalement condamné à la perspective d'un mal durable (dont la guérison peut durer des années ou même être tout à fait impossible), alors que j'étais né avec un tempérament fougueux, plein de vie, prédisposé même aux distractions offertes par la société, j'ai dû tôt m'isoler, mener ma vie dans la solitude, et si j'essayais bien parfois de mettre tout cela de côté, oh ! comme alors j'étais ramené durement à la triste expérience. .../... Pardonnez-moi, si vous me voyez battre en retraite là-même où j'aurais bien aimé me joindre à vous. .../... Je dois vivre comme un exilé, à l'approche de toute société une peur sans pareille m'assaille, parce que je crains d'être mis en danger, de laisser remarquer mon état – c'est ainsi que j'ai vécu les six derniers mois, passés à la campagne sur les conseils avisés de mon médecin.../... C'est ainsi que j'ai mené cette vie misérable – vraiment misérable ; un corps si irritable, qu'un changement un peu rapide peut me faire passer de l'euphorie au désespoir le plus complet – patience, voilà tout, c'est elle seulement que je dois choisir pour guide. .../...
Il s'agit de Ludwig van Beethoven qui exprimait le mal être dû à sa surdité dans son 'Testament de Heiligenstadt'. C'était le 6 octobre 1802. Ce jour là, Beethoven a exprimé ce que beaucoup de malades ressentent des effets secondaires 'sociaux' de leur affection.
Maestro, s'il vous plait !
Ozias