lundi 27 juin 2016

le pingouin nihiliste

Yann Kerninon est un philosophe. Yann Kerninon n'est pas un sophiste ni un spécialiste de l'herméneutique (interprétation et fréquent branlage de nouille sur des textes érudits).  
Yann Kerninon est un philosophe qui met en pratique la philosophie dans sa vie et qui écrit ses pensées, son expérience dans ses livres.
L'odyssée du Pingouin cannibale (publié chez Buchet-Chastel en 2015) traite de l'absurde, du nihilisme. Pour Yann Kerninon, le but n'est pas de sortir de l'absurde, mais de parvenir à y rester. En d'autres termes, comment survivre alors que le délire, l'ennui, la disparition de tout repère sont devenus la marque de fabrique de notre époque insensée ?

"Dieu est mort. Ce n'est pas une opinion, c'est un fait".../..."Nous avons plein pouvoir sur le monde, nous maîtrisons l'atome et bientôt nous jouerons aux légos avec la génétique. 
Pour autant, nous échouons lamentablement à donner un sens à notre monde dont nous sommes les seuls à assumer la responsabilité" .../...Pourtant, nous ne réenchanterons pas le monde. Nous ne ferons pas le plein du sens comme nous faisons le plein d'essence dans une station service. Nous ne donnerons pas sens comme un dieu le ferait. Le sens nous est donné, toujours de l'extérieur et par une transcendance , c'est à dire par quelque chose de plus haut que nous , au nom duquel nous pouvons dire et expérimenter que ce que nous faisons a un sens (p25). 

Pour découvrir le sens qui nous transcende, nous dépasse et nous enthousiasme et faire l'expérience de notre "être" au sens Heideggerien, nous devons nous concentrer sur ce qui "nous est le plus proche", c'est à dire notre expérience personnelle du monde sur un mode poétique . L'expérience poétique "est toujours l'expérience du réel par excellence, une expérience que chacun, même s'il n'est pas poète , peut faireCar la poésie, ce n'est pas 'écrire des poèmes', c'est avant tout éprouver un émoi, faire une expérience, recevoir le monde, le réel, la vie, l'autre en plein cœur ou en pleine figure, justement par delà les discours abstraits de la philosophie moderne, de la religion, de la politique."


"Nous naissons complexes, c'est à dire enroulés, masquant notre propre secret, recelant notre propre potentiel. Notre milieu, notre éducation, notre société nous masquent de plus belle à notre être. C'est à nous qu'il appartient de le révéler, de travailler à son dévoilement dans le réel, dans ce monde. Une telle révélation fait sens dans le non sens. (p106)

Le désir profond de de Yann Kerninon, est celui de produire des miracles. Pour sauver le monde et avant tout se sauver lui même. "mais les miracles, ça se fabrique, ça nécessite juste une énergie infinie que parfois on n'a pas"(cf p34) car "Le réel est toujours décevant. mais le réel est aussi tout ce que nous avons".

Page 119 Yann Kerninon formule donc son principe :

1. ce qui donne du sens à la vie est l'accomplissement de l'être.
2. L'accomplissement de l'Etre, c'est l'accomplissement des miracles.
3. Le sens de la vie consiste donc à accomplir des miracles.

A mi-chemin entre l'irréel qui rend fou et et le réel qui broie, il y a le miracle.
Comme je n'ose m'adonner au culte de la performance ou réveiller le surhomme qui sommeille en moi, je reformulerais plus modestement ce principe par  "Faisons quelque chose de ce qui nous arrive"
En tout cas, l'histoire de Kerninon et de son groupe de "fuck metal pingouin" sonne juste. C'est un beau texte de philosophie vécue écrite dans un style direct et vivant.
Recommandé chaleureusement par emagicworkshop !

Ozias


Cannibal Penguin: miracle réel et expérience fuck métal  
Plus classique (quoique..)

dimanche 5 juin 2016

démocratie tabou

Ce post est un résumé des idées exposées par José Saramango (écrivain portugais prix Nobel de littérature 1998) dans un article paru en 2004 : "Que reste t'il de la démocratie".

D'après le droit constitutionnel la démocratie est une organisation par laquelle "l'origine et l'exercice du pouvoir politique incombent au peuple, cette organisation permettant au peuple de gouverner par le biais de ses représentants élus". Mais le fait que la démocratie puisse être définie avec beaucoup de précision ne signifie pas qu'elle fonctionne réellement.
En réalité, aussi loin que l'on remonte dans le temps, les riches ont toujours été moins nombreux que les pauvres et pourtant les riches ont toujours gouverné le monde ou tenu ficelles de ceux qui gouvernaient.
En démocratie, la masse des pauvres appelée à voter n'est pas appelée à gouverner car ils ne disposent pas des moyens pour modifier l'organisation et l'univers des riches qui les dominent, les surveillent et les étouffent.

Les instances du pouvoir politique tentent de dévier notre attention d'une évidence : à l'intérieur même du mécanisme électoral se trouvent en conflit un choix politique représenté par le vote et une abdication civique. Au moment précis où le bulletin est introduit dans l'urne, l'électeur transfère dans d'autres mains, sans autre contrepartie que les promesses de la campagne électorale, la parcelle de pouvoir politique qu'il possédait en tant que citoyen..../... Ainsi le droit de vote, expression d'une volonté politique, est en même temps un acte de renonciation de cette même volonté, puisque l'électeur la délègue à un candidat.

De façon flagrante, on ne compte plus les alternances politiques apparemment radicales qui ont comme effet des changements de gouvernement, mais qui ne sont pas accompagnées de transformations sociales, économiques et culturelle aussi fondamentales que le scrutin le laissait supposer. En effet, que le gouvernement se prétende gouvernement "socialiste" ou "libéral" ou "social démocrate" n'a pas tant d'impact sur le changement car le Pouvoir, le vrai pouvoir se trouve ailleurs, c'est le pouvoir économique. L'expérience confirme qu'une démocratie politique qui ne repose pas sur une démocratie économique et culturelle ne sert pas à grand chose. Méprisée et reléguée au dépotoir des formules vieillies, l'idée d'une démocratie économique a laissé place à un marché triomphant jusqu'à l'obscénité. Et à l'idée de démocratie culturelle s'est substituée celle d'une massification des cultures laminée par la prédominance américaine.
En termes plus clairs, les peuples n'ont pas élu leurs gouvernements pour que ceux-ci les "offrent" au marché. mais le marché conditionne les gouvernements pour que ceux-ci leur "offrent" leurs peuples. A notre époque de mondialisation libérale, le marché est l’instrument par excellence de l'unique pouvoir digne de ce nom: le pouvoir économique et financier. Celui -ci n'est pas démocratique puisqu'il n'a pas été élu par le peuple, n'est pas géré par le peuple et n'a pas pour finalité le bonheur du peuple.

Aujourd'hui la prétendue démocratie occidentale est entrée dans une étape de transformation rétrograde qu'elle est incapable d'arrêter et dont les conséquences prévisibles seront sa propre négation
.../. Il faut cesser de considérer la démocratie comme une valeur acquise, définie une fois pour toute et à jamais intouchable. Remettons la en cause dans tous les débats. Purifier les eaux de la rivière qui traverse la ville ne sert à rien si le foyer de la contamination se trouve à la source.

Source : Le Monde Diplomatique. Manière de voir. "Penser est un sport de combat". Octobre-Novembre 2014. p39.

Exemple : Une semaine avant le 1er tour des présidentielles de 2012, François Ruffin rencontrait un financier.Lui promettait : Hollande devra tromper le peuple. Et prophétisait qu'avec la finance, organisée, il casserait le CDI.
Quatre ans plus tard, voilà la Loi Travail !

mercredi 25 mai 2016

Hans Fallada morphine Berlin 1925

Hans Fallada est un écrivain allemand  né en 1893 sous le nom de Rudolf Ditzen. Morphinomane et alcoolique, il mourut en 1947. Son roman "Seul dans Berlin" écrit en 1946 est devenu un best-seller mondial dont l'adaptation cinématographique doit sortir bientôt.
L'histoire ci dessous illustre fidèlement la nouvelle "Sachlicher Bericht über das Glück, ein Morphinist zu sein " ("Rapport objectif sur le bonheur d'être morphinomane") écrit dans les années 20.





Extrait de : "Hans Fallada vie et mort d'un buveur'. Roman graphique Jacob Hinrichs 
Denoël 2015.
Réalisé d'après le "Short treatrise on the joys of morphinism' Hans Fallada. 1925.

Lire aussi : http://sansdire.blogspot.fr/2016/05/le-buveur.html

et peut être aussi :  

http://www.streetpress.com/sujet/1463153023-drogue-paris-crack-skenan

http://www.liberation.fr/debats/2016/10/26/ein-reich-ein-dope-ein-fuhrer_1524482#link_time=1477656995

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2013/07/la-vie-anterieure.html

lundi 16 mai 2016

Je sors ce soir

Rave party :

A l'arrivée, la Maison Condés assurait l'accueil sur la route. Plusieurs estafettes, brigades cynophiles et chiens surexcités jappaient sur des camions de teufeurs arrêtés dans la montée. Sur place, ambiance cool et festive, bonne sono, beaux éclairages. Les gens sont souriants, cools, agréables. Pourtant, à mon âge, ça manque un peu de confort. D'endroits où poser son cul, de toilettes décentes, d'abris du vent et du froid. Chaises longues et couvertures auraient été bienvenues. D'ailleurs dès 11h l'espace chill-out était blindé. Après 2h de danse et un abus de Red-Bull, les crampes se sont mises de la partie. Bien perché, j'ai besoin de confort.

Les stands de bouffe étaient bien moyens : Merguez/chipo ou crêpes salées/sucrées. Pas grand chose pour les vegans. La file d'attente est longue sur les stands. Pas de serviettes pour la crêpe, pas la patience d'attendre un thé chaud et pas de lavabos. De toute façon, avec le Pass-bracelet qu'on avait scotché au poignet, se laver les mains n'était pas recommandé. Pas très new-age tout ça.
Tout au fond du site, le stand de réduction des risques (keep smiling ?) propose kits d'injection, kits pour fumer, pailles à usage unique, préservatifs pour fille et des sac à crottes pour chien (enfin non, pas le dernier je crois).
Devant la musique y'a des filles qui dansent très bien. Au milieu des danseurs un groupe cherche à la lumière d'un portable un ecta sur le sol. 

Le retour à vélo sous la voie lactée est tout simplement grandiose.

rave party 1
rave party 2

Nightclubing

ça commence vers minuit avec un warm-up inspiré mais interminable. Le show ressemble à du  Kraftwerk, mais en plus dansant. Pas de teufeurs ici. A mes pieds, mes ' Nike concept 2.0' sont carrément à leur place.
Moi, je ne sais pas trop quel est mon statut ici... chroniqueur peut être ?
Les danseurs se repèrent, s'évaluent, s'imaginent. Je suis hors jeu, enfin, hors concours. Comme la musique est forte, pour se parler et s'entendre les gens se touchent de la main, du bras.
Jusque sur la piste, les SMS ne cessent. Danse avec ton smartphone, une fille sur les épaules, vite un selfie et hop sur FB.
Les toilettes débordent de monde, et pas que.
Dans la salle c'est un peu Ibiza. Sans message ni projet, mais le son est excellent. Plaisir du son, des basses de la danse, des danseurs. Comme le disco, mais plus appuyé quand même.
Plus tard dans la soirée, ça pègue sous les pieds et des fois aussi ça glisse. Ici un pied colle et l'autre glisse.
La queue au bar, la queue aux toilettes et la queue au fumoir.
Au retour, l'aube est remplie d'oiseaux.

Night clubbing