1994, Pub Benetton avec boat-people albanais |
"La sorcellerie capitaliste" (2005) est un ouvrage dans lequel Philippe Pignarre (éditeur) et Isabelle Stengers (philosophe) réfléchissent aux possibilités de nouvelles formes d'action politiques permettant de s'armer contre la paranoïa et la dépression face au néo-libéralisme dominant.
C'est un livre dense et passionnant qui met en oeuvre une pensée complexe mixant politique, philosophie et épistémologie.
L'ouvrage analyse en premier lieu comment tient le capitalisme et aussi comment il nous tient.
Pour les auteurs le capitalisme est un "flux réorganisateur mouvant", qui nous est asséné comme une rationalité purement économique qui rendrait inutile la politique. Ils qualifient le capitalisme de "système sorcier" dans le sens où toute résistance semble impossible puisqu'elle nous confronte à des "alternatives infernales". Exemple : " Vous voulez augmenter les salaires ? renforcer la législation protégeant les salariés contre les licenciements ? Mais vous allez provoquer la fermeture des usines, accélérer les délocalisations et mettre les gens au chômage". Cela peut se résumer par : « Vous agissez pour une chose mais les conséquences seront pires. » Ces alternatives infernales capturent notre envie de penser, de poser des questions, elles nous envoûtent.
"La sorcellerie capitaliste" nous rappelle que la science n'est pas une victoire de la raison sur l'opinion, le progrès n'autorise pas la simplification. Le pragmatisme est un art des conséquences, un art du "faire attention" qui s'oppose à la philosophie de l'omelette justifiant les œufs cassés.
Comme le disait Deleuze vers les années 80: " La gauche a besoin que les gens pensent et son rôle est de découvrir les problèmes que la droite veut à tout prix cacher".
Il s'agit aujourd'hui de "penser par le milieu" , c'est à dire moins en termes de problèmes à résoudre que de de problèmes qui rassemblent. Ainsi, il s'agit plus d’intéresser des partenaires que de convaincre. Reconquérir une autonomie créatrice pragmatique plutôt qu’échafauder des théories alternatives qui prêtent le flanc aux critiques et divisent.
Par exemple, contester une appropriation injuste plutôt que le droit de propriété en général. Ou, autre exemple de prise de position pragmatique et subversive : "Si l'état est mobilisé pour imposer les monopoles commerciaux liés aux brevets de l'industrie pharmaceutique, pourquoi n'aurait il pas le droit d'intervenir, en contrepartie, sur les prix publics des médicaments ?"
Les auteurs ne prétendent pas donner de remèdes miracles mais d'être des « jeteurs de sonde » pour qui la question reste « peut-on ici passer et comment ? » ce qui implique de toujours faire attention aux circonstances, penser local et intéresser des partenaires.
A lire à propos de la sorcellerie capitaliste:
http://attac.valenciennes.free.fr/sorcellerie.php
Mona Chollet, « Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, La Sorcellerie capitaliste – Pratiques de désenvoûtement, La Découverte, 230 pages » [archive] [PDF], sur ecole-lacanienne.net
Francis Juchereau, « La Sorcellerie capitaliste – pratiques de désenvoutement » [archive], sur lecerclegramsci.com, 2 février 2016 .
Didier Muguet, « La Sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement » [archive], sur ecorev.org, 2006.
Roman d'une aliénation (1943) : http://sansdire.blogspot.fr/2016/02/lhomme-au-marteau.html?view=flipcard
Nouvelles sociologies et enjeux actuels de la critique sociale émancipatricehttp://www.revuedumauss.com.fr/media/PCORC.pdf
Excellent article de fond https://lundi.am/Entretien-avec-Josep-Rafanell-i-Orra
Compléments
Aurélien Berlan, Mathieu Rivat et Isabelle Stengers, « Le prix du progrès : Discussion avec Isabelle Stengers sur les sorcières néopaïennes et la science moderne » [archive], sur jefklak.org .
Catherine Lalonde, « Un grain de sable dans le rouage capitaliste » [archive], sur Le Devoir, 31 octobre 2016 .
Marc Lenglet, « Isabelle Stengers, Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient », Lectures, 2009 (lire en ligne [archive]).
Lien externe
Thomas Berns, « Retenue capitaliste et spéculations anticapitalistes » [archive]
à propos des sorcières https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/sorcieres-44-sorcieres-nature-et-feminismes
Didier Muguet, « La Sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement » [archive], sur ecorev.org, 2006.
Roman d'une aliénation (1943) : http://sansdire.blogspot.fr/2016/02/lhomme-au-marteau.html?view=flipcard
Nouvelles sociologies et enjeux actuels de la critique sociale émancipatricehttp://www.revuedumauss.com.fr/media/PCORC.pdf
Excellent article de fond https://lundi.am/Entretien-avec-Josep-Rafanell-i-Orra
Compléments
Aurélien Berlan, Mathieu Rivat et Isabelle Stengers, « Le prix du progrès : Discussion avec Isabelle Stengers sur les sorcières néopaïennes et la science moderne » [archive], sur jefklak.org .
Catherine Lalonde, « Un grain de sable dans le rouage capitaliste » [archive], sur Le Devoir, 31 octobre 2016 .
Marc Lenglet, « Isabelle Stengers, Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient », Lectures, 2009 (lire en ligne [archive]).
Lien externe
Thomas Berns, « Retenue capitaliste et spéculations anticapitalistes » [archive]
à propos des sorcières https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/sorcieres-44-sorcieres-nature-et-feminismes