mercredi 7 mai 2014

Le blog : Narcisse sans Echo

Salvador Dali. Narcisse.
Écho était une nymphe qui ne pouvait plus se servir de sa voix, sauf pour répéter les derniers mots qu’elle avait entendus. Un jour, Narcisse se perdit en forêt et dit : "est-ce qu’il y a quelqu’un ?". Écho répondit : "il y a quelqu’un". Narcisse appela : "réunissons-nous" et Écho répliqua : "unissons-nous". Écho tomba alors amoureuse de Narcisse, mais il la rejeta. Le cœur brisé, elle se laissa dépérir, jusqu’à ce qu’il ne reste d’elle que sa voix. 

C'est une chose surprenante que de blogger sur la toile sans que personne autour de vous n'y prête attention. C'est comme si je téléphonais depuis une cabine remplie des gens que je connais. Je veux leur parler, mais ils ne décrochent jamais. Voilà ce que je fais depuis trois ans. Trois ans de blog au cours desquels j'essaie de saisir et de donner une forme à ce qui me fait vibrer, ce qui me questionne, ou ce que je ressens.
Bien sûr les centaines de visites quotidiennes que je reçois sur ce blog me donnent le désir et l'énergie de continuer, mais l'assourdissant silence de mon entourage me fait parfois mal au foie. C'est comme une gêne nauséeuse qui me prend au corps quand je me mets à y penser. 
En effet, si ce qui compte pour moi n’intéresse pas mes proches, cela signifie que ce que je peux leur dire,  et par là ce que je suis, ne présente pas grand intérêt . Mon propos semble inintéressant, ou pas montrable, ou pas racontable ou inapproprié, obscène au sens propre. (l'origine du mot obscène serait le mot latin obscena, ce qui ne peut être montré sur scène).
Pas concernés les proches et en tout cas sans voix. (Non, sauf une quand même - Merci ! -). 
Peut être craignent ils en ouvrant ces pages d'être contaminés par un virus transmis d'un simple clic.
Piero Giadrossi. Installation.
Le premier corollaire de cette indifférence, ou de ce déni, est de tenter de comprendre ce qui de moi compte, ou ne compte pas pour mes proches. Certainement beaucoup de choses et très fondamentales telles que présence, existence et santé. Mais à côté de ça, il semble que ce qui me plait ne suscite pas d'intérèt,  ou n'intéresse pas ceux que je côtoie, ou ne constitue pas un sujet de conversation abordable. Toute cette partie de moi, celle du blog, semble insignifiante ou  pas importante et reste sans écho en tout cas . Bien sûr, ce que je dis n'intéresse pas forcément, et forcément n’intéresse pas tout le monde, mais le fait que autour de moi personne ne soit juste curieux de mes délires (nombreux) ou de mes réflexions parfois intimes m'a montré que  je ne compte pas autant que je croyais et que ce qui est important pour moi ne l'est pas pour les autres. Cette absence de curiosité blesse mon narcissisme à tel point que je n'ai même jamais osé en demander la cause de peur que ...De peur que l'on me réponde je ne sais pas quoi.

Le second corollaire est que si mes proches, bien qu'aimants se montrent dénués de curiosité pour les sujets qui me tiennent à cœur, alors cela doit signifier que très probablement  je présente le même travers à leur égard et de façon plus générale, envers autrui.  L'intérêt , que je ressens naturellement pour mes pensées et les centres d’intérêt qui me sont propres ne doit être en réalité qu'une manifestation de mon narcissisme. Si je fais le postulat que les autres sont - par construction - plus ou moins semblables à moi, cela veut dire que, tout comme eux, je dois me comporter en autiste envers ce qui compte à leurs yeux et générer chez eux des frustrations semblables à celles que je connais et décris ici. Je nous vois donc ni prêts à en sortir, ni près de la sortie !

Bref,  de ces sentiments d'indifférence joints à ceux d'incommunicabilité résulte un tableau plutôt déprimant et un rien désespérant pour ce qui touche la communication  autour de moi. Je me console en me disant que mes proches évitent mes bloggeries  car ils n'ont tout simplement pas envie de parler, ni d'entendre parler de maladie et de mes états d'âmes.
En même temps, me trouvant parfois seul sur le chemin, le sujet de la difficulté à partager l'intime est devenu un de mes 'dadas' et a déjà fait l'objet de plusieurs articles sur emagicworkshop cités plus bas.

Surtout, surtout, merci à vous, lecteurs internautes inconnus ou pas qui découvrez ou qui suivez ce blog  et qui êtes ma raison de continuer.

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2013/04/de-la-difficulte-de-partager-lintime.html

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2013/01/bonjour-ca-va.html

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2013/07/regrets-eternels.html

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2013/05/letranger-exprimer-lindicible.html

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2012/09/la-metaphore-de-la-metamorphose.html

2 commentaires:

  1. Poignant !
    Une lettre aux absents dans une bouteille jetée à la mer !
    Lara Tatiana

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  2. se dire les choses tel qu'on les resent au fond , tout profond de sois même peu des fois faire changer le regard des autres, trop souvent ceux et celles qu'on aime, se protègent contre nous quand on leur CRIE dessu qu'on va pas bien, alors très vite ils se disent entre eux: "il/elle ne veut pas en parler..." PARLER de quoi?? de dire qu'on va mal? alors qq eux vont y changer? ils ne sont pas dans ce corp. Alors les seuls qui peuvent vraiment nous comprendre sont souvent que les mots, et les maux exprimé par la rafalle de lettres qui forment nos pensés écrite.....

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