vendredi 9 décembre 2016

la loi du marché

Le sofosbuvir (commercialisé sous la marque Sovaldi par la firme américaine pharmaceutique Gilead Sciences est une molécule, développée par Pharmasset comme médicament pour le traitement de l'hépatite C.
La firme californienne
 Gilead a racheté Pharmasset en 2011 pour 11 milliards de dollars tandis que les coûts de développement de la molécule de Sofosbuvir sont eux estimés à 62 millions de dollars. Excellente affaire donc pour Pharmasset, mais aussi pour Gilead qui a déjà vendu pour plus de 30 milliards de dollars de Sovaldi.

Aux USA, le prix d'un comprimé en 2014 a été fixé à 1000 dollars, ce qui fait revenir la cure de 12 semaines à 84 000 dollars. En France la cure de 12 semaines coûte 41 000 € par patient (novembre 2014). En 2014-2015 les dépenses publiques de traitement de l'hépatite C s’élevaient en France à 1.3 milliards d'Euros. 
Le prix de vente n'a donc rien à voir avec le coût de développement. Il est établi par négociation entre les états (rembourseurs) et le laboratoire pharmaceutique qui définissent un "prix socialement acceptable".
Dans ces négociations, les labos pharmaceutiques menacent les états de pénurie de livraison, de délocalisation des activités et jouent sur les remises accordées. Les états eux décident de l'autorisation de mise sur le marché, du déremboursement des médicaments, (le Royaume Uni refuse de rembourser si les prix sont trop élevés), et  disposent même de la possibilité de casser juridiquement le brevet pour ouvrir le marché aux génériques. Ainsi, en Algérie, les laboratoires Beker produisent un générique du Sofosbuvir commercialisé 30 fois moins cher mais ce générique est illégal en France où Sovaldi est protégé par brevet jusqu'en 2024.

Les prix exorbitants sont justifiés par la financiarisation de l'industrie pharmaceutique et non par les coûts de développement (environ 15% du Chiffre d'affaire) , ce que dit bien Eric Baseilhac de Gilead "L'innovation thérapeutique vient de la capitalisation. Pour pouvoir investir les firmes doivent donc avoir des niveaux de rentabilité élevés" En d'autre termes, les firmes pharmaceutiques prennent les systèmes de remboursement pour des vaches à lait pour le plus grand profit de leurs investisseurs. 
Le prix du médicament est le prix que le système social est capable de payer. Sachant qu'en France  l'enseignement post universitaire est financé à plus de 90% par les labos pharmaceutiques on sent que les lobbys sont omniprésents et que le système n'est pas prêt de changer sans une forte pression sur l'industrie pharmaceutique. 
Sources :
http://www.arte.tv/guide/fr/068399-011-A/vox-pop  (début à 7mn)

Autre cas intéressant, celui du Victrelis introduit en 2011 dans les tri-thérapies qui ont précédé l'arrivée du Sofosbuvir : http://www.liberation.fr/societe/2014/06/03/merck-attaque-pour-mauvais-traitement_1032966
http://hepatites.net/index.php?name=PNphpBB2&file=printview&t=22766&start=0

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