D'après les deuxième et troisième principe de la thermodynamique, sous l'effet d'un gradient d'entropie (constitué par l'énergie du soleil et la Terre qui reçoit cette énergie), certaines formes d'organisation ont tendance à remplacer le chaos. Même si cela ne nous dit pas pourquoi au commencement était quelque chose plutôt que rien, cela peut expliquer le commencement de la vie sur terre. Aujourd'hui, les scientifiques s'accordent à dire que toute la vie actuelle découle d'une vie antérieure, qui est devenue progressivement plus complexe et s'est diversifiée grâce au mécanisme d'évolution par sélection naturelle décrit par Charles Darwin.
Ainsi, les proto-cellules seraient apparues il y a environ 4 milliard d'années suivies par l'entrée en scène de structures de plus en plus complexes Premières cellules sans noyau (ou procaryotes, dont les bactéries) 3,8 milliards d’années ; Photosynthèse 3,5 milliards d’années; Premières cellules individuelles à noyau (ou eucaryotes) 2 milliards d’années; Premiers organismes multicellulaires 700-600 millions d’années; Premiers systèmes nerveux 500 millions d’années; Poissons 500-400 millions d’années; Plantes 470 millions d’années; Mammifères 200 millions d’années; Primates 75 millions d’années; Oiseaux 60 millions d’années; Hominidés 14-12 millions d’années: Homo sapiens 300 000 ans
Homéostasie. Au commencement la vie s'est déployée sans mot ni pensée, sans sentiment et sans raison, sans esprit ni conscience. Pourtant les organismes élémentaires ont dès le commencement dû savoir 'détecter' les éléments de leur environnement bénéfiques à la poursuite de leurs existences. Cette 'intelligence' implicite obéissait aux règles de 'l'homéostasie' qui doivent garantir à la cellule tel ou tel niveau de température, de pH ou de nutriments. l'homéostasie est un ensemble complexe de mesures régulatrices qui a rendu la vie possible à l’époque des tout premiers organismes unicellulaires.
Quelque 3,5 milliard d'années plus tard, avec les organismes multicellulaires et multisystèmes (comme les poissons), de nouveaux outils de coordination sont apparus : les systèmes nerveux qui se sont mis à gérer des actions, à engendrer des images, à représenter des modèles (patterns) à établir des cartes. Le système nerveux a rendu possible l'existence de l'esprit. L'esprit requiert un système nerveux et la création de représentations et d'images. Les images mentales composent un flux incessant et se prêtent à des manipulations qui génèrent de nouvelles images. Le système nerveux et l'esprit ouvrent la voie au sentiment et à la conscience.
Les systèmes nerveux permettent des niveaux de coordination fonctionnelles requis par les organismes multicellulaires pourvus de systèmes différenciés (respiratoires, digestifs, reproductifs etc ). Les systèmes nerveux permettent aussi de confier à la mémoire les connaissances représentées dans les images, ce qui permet la réflexion et le raisonnement et la construction de symboles. La conscience requiert de nombreuses interactions entre le cerveau proprement dit et les sensations produites par les organes du corps.
Antonio Damasio imagine 3 stades d'évolution distincts et consécutifs. Le premier porte la marque de l'être (bactéries), le second celui du ressentir (ex: les méduses qui peuvent se déplacer), le troisième celui du connaître au sens général du terme (les poissons, les mammifères etc ). Les étapes de l'être, du ressentir et du connaître peuvent être associés à des systèmes anatomiques et fonctionnels distincts qui cohabitent encore en chacun de nous. Autrement dit, 'je pense donc je suis', mais la réciproque n'est pas vraie. De nombreux organismes 'sont', mais ne sont pas capables de penser.
Etre précède sentir. Au premier stade de l'existence (celui des bactéries) il n'y a rien que nous puissions appeler capacité explicite de sentir ou de connaître. Le système nerveux est le point de départ de l'esprit et les sentiments sont les premiers phénomènes mentaux intégrés par l'esprit. Pour Antonio Damasio, les sentiments permettent à un organisme d'éprouver sa propre vie. Les sentiments sont des expériences mentales qui donnent la connaissance de la vie dans notre corps et par l'appropriation de cette perception les sentiments rendent cette connaissance consciente. Les sentiments sont un équivalent mental de notre organisme physique. Les sentiments sont ancrés dans notre charpente corporelle (intéroception) et ils jouent un rôle capital dans la création du 'soi' qui est un processus mental animé par l'état de l'organisme. La douleur est la forme la plus élémentaire de sentiment éprouvée. A la différence des perceptions du corps conventionnelles (vue, ouïe, etc ), les sentiments sont des hybrides, et tiennent tout autant du corps et de l’esprit. Le véritable objet des sentiments est situé à l'intérieur de celui qui perçoit. Les sentiments incitent l'esprit à agir en accord avec les signaux positifs ou négatifs de leurs messages. Les sentiments comblent naturellement le vide qui séparait le corps physique des phénomènes mentaux. Pour Antonio Damasio ces sont les sentiments qui chevillent les représentations mentales aux états physiques d'un organisme rendant ainsi évidentes l'identification de soi et l'apparition de la conscience.
Lorsque l'être et le ressentir sont structurés et opérationnels, il sont prêts à accueillir le savoir. Les cartes et les images engendrées sur la base des informations sensorielles deviennent alors les composants les plus abondants et les plus divers de l'esprit, aux côtés des sentiments continuellement présents et liés à ces sensations. La mise en place coordonnée des trois types de traitements - Etre, ressentir et savoir - permet aux images d'être connectées à notre organisme. L'expérience du Soi peut alors émerger. La conscience est un produit de l'évolution .
Notre esprit est rempli d'images. Certaines images sont le fruit de la perception de nos sens, mais la plupart d'entre elles sont des images hybrides produites par la relation qu'entretient le cerveau avec le monde à l'intérieur du corps. La conscience est un ensemble d'images (cartes, représentations, savoirs), de sentiments (perceptions de l'état du corps) ainsi que de l'évidence que ces phénomènes nous sont propres. Etre capable de conscience c'est être conscient du contenu de notre esprit. Le champ d'intervention des organismes dotés d'esprits conscients s'étend. Ils ont plus de dispositions à exploiter dans leur lutte pour la vie. La conscience élargit leur horizon et leur habitat.
Ozias, d'après des extraits de 'Sentir et savoir'
https://waitbutwhy.com/2017/04/neuralink.html#part1 |
Quelques définitions trouvées dans le livre:
Homéostasie : le processus qui maintient les paramètres physiologiques d’un organisme vivant (température, pH, niveaux de nutriments, fonctionnement des viscères, etc.) dans la fourchette la plus propice à son fonctionnement optimal et à sa survie. (Le terme « allostasie » est proche, mais bien distinct : il fait référence aux mécanismes que l’organisme utilise lorsqu’il cherche à rétablir l’homéostasie3 .)
Émotions : ensembles d’actions internes involontaires et concomitantes (contractions des muscles lisses, changements du rythme cardiaque, de la respiration, des sécrétions hormonales, des expressions faciales, de la posture, etc.) déclenchées par des événements perceptifs. Les actions émotionnelles visent en général à soutenir l’homéostasie, pour faire face à une menace (par la peur ou la colère), signaler une réussite (via la joie), etc. Nous pouvons également produire des émotions lorsque nous nous remémorons des souvenirs.
Sentiments : les expériences mentales qui suivent et accompagnent divers états de l’homéostasie au sein de l’organisme. Ils peuvent être primaires (sentiments homéostatiques : la faim et la soif, la douleur et le plaisir) ou provoqués par des émotions (sentiments émotionnels : la peur, la colère, la joie, etc.) .
L’affect est l’univers de nos idées, transmué en sentiments. On peut également penser les sentiments en termes musicaux : ils sont en quelque sorte la partition musicale qui accompagne nos pensées et nos actions
Esprit Notre esprit est constitué de convois d’images de toutes sortes, qui se succèdent dans le temps : certaines nous donnent la vue et le son ; d’autres sont des fragments de sentiments. Nous savons également que les images dominantes se présentent généralement comme un « schéma » (pattern) : un motif géométrique et spatial où les éléments sont disposés en deux dimensions ou plus. Cette spatialité est au cœur de ce qu’est un esprit. L’esprit conscient aide l’organisme à identifier clairement les éléments nécessaires à sa survie – à se frayer un chemin parmi les besoins grâce aux sentiments. En fonction de l’intensité des sentiments en question, il arrive souvent que la conscience exige, voire impose une réponse aux besoins identifiés.
Conscience la conscience est un état d’esprit enrichi. Cet enrichissement consiste à inclure dans les processus continus de l’esprit des fragments d’esprit supplémentaires. Ces fragments d’esprit supplémentaires sont faits du même matériau que le reste de l’esprit – ils relèvent du domaine de l’image – mais, grâce à leur contenu, ils annoncent clairement que tous les contenus mentaux auxquels j’ai actuellement accès m’appartiennent, sont à moi, sont en train de se déployer au sein de mon organisme. La conscience est un rassemblement de connaissances assez nombreuses pour engendrer – automatiquement, et au beau milieu du flux d’images – l’idée que ces images sont à moi, sont en train d’être produites au sein de mon organisme vivant, et que l’esprit… eh bien, est à moi lui aussi. Finalement, la conscience est la propriété de soi.
Intelligence la capacité à opposer des solutions satisfaisantes aux problèmes posés par la vie – qu’il s’agisse de se procurer les ressources énergétiques élémentaires telles que les nutriments ou l’oxygène, de contrôler le territoire et de se défendre des prédateurs – et à développer des stratégies susceptibles de surmonter ces problèmes – confrontation ou coopération sociales, par exemple.
Une brève histoire de l'évolution de l'esprit selon E.Musk https://waitbutwhy.com/2017/04/neuralink.html#part1
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