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dimanche 18 août 2019

Techno et Transe

Château Perché 2019 (Photo Ozias)
Un article trouvé sur Traxmag que je vous propose tel quel car je le trouve très juste :

Si on parle souvent de transe pour qualifier un set ou un morceau, est-il possible de connaître une expérience spirituelle en écoutant de la techno (au sens large) ? Ouvre-t-elle des portes mentales et si oui, où mènent-elles ? Nous sommes partis à la rencontre de psychanalystes, musicothérapeutes, hypnothérapeutes et même une chamane pour crocheter les portes de la perception.

Par Michael Pécot-Kleiner


On appelle ça communément "une perche". Le jour se lève et ça fait maintenant un paquet d'heures que je suis en train de danser devant les caissons de ce sound-system. Corps et esprits hypnotisés, l'équivalent d'une pharmacie dans le porte-pipe, mes coordonnées spatio-temporelles sont en vrac. Des visions existentielles remontent à la surface. Les nœuds se défont. Je rouvre les yeux : à côté de moi, d'autres ont également réservé leur billet pour l’Interzone...

Cette expérience maintes fois répétée – de mes premières free parties au milieu des 90’s aux afters actuels en banlieue parisienne – m'a toujours fait sentir qu'il y avait dans la musique électronique une puissance supérieure au simple consumérisme « hédoniste ». Une puissance presque mystique, qui permet de se reconnecter à un ailleurs encore mal déterminé. Une puissance qui confine à l'état de transe, qui n'est pas sans rappeler les rituels sacrés des peuples premiers. La question se pose dès lors : les teufs techno sont-elles une résurgence de ces cérémonies collectives, qui paraît-il, sont vieilles comme le monde ? Plus pertinemment : dans nos sociétés hypermatérialistes, offrent-elles la possibilité d'une transe moderne ?



La transe comme passage

Revenu sur Terre, il est temps de se documenter. Si tout le monde utilise le mot "transe", en réalité, je ne sais pas exactement ce qu'il signifie, ni ce qu'il décrit. Le bouquin de Georges Lapassade (La Transe, 1990) m'aide à y voir plus clair. J'y apprends qu'étymologiquement, "transe" vient du latin transire, qui signifie "passer". Plus précisément, passer d'un état à un autre, d'un état "normal" à un état "second". Ce que je capte sans trop de mal.


« Quelles que soient la latitude ou l'époque, l'être humain éprouve le besoin de se relier – par l'induction de drogues, de danse et de musique répétitive – à des réalités différentes. »


Ces états seconds, redéfinis par les psychologues américains dans les années 60 comme "états modifiés de conscience", se caractérisent par un changement qualitatif de la conscience ordinaire, de la perception de l'espace et du temps, de l'image du corps et de l'identité personnelle. Ce changement suppose une rupture, produite par une induction. Historiquement, ce phénomène – aussi bien psychologique que social – a semble- t-il toujours été là : on le retrouve dans les Dionysies de la Grèce antique, où les Ménades (prêtresses de Dionysos) célébraient leur dieu en se cartonnant avec du vin coupé à l'amanite tue-mouches ; les cérémonies, vieilles de plus de 2 000 ans, des Indiens d'Amazonie, qui communiquent avec les esprits en buvant du yagé/ayahuasca ; les rites ancestraux des chamans de Sibérie ; les danses thérapeutiques et extatiques de l'Inde, etc.. Bref, quelles que soient la latitude ou l'époque, l'être humain éprouve le besoin de se relier – par l'induction de drogues, de danse et de musique répétitive – à des réalités différentes. Mais en quoi, justement, la techno et ses orgies (et là je parle de la vraie techno, la pure, la magique, celle jouée dans des espaces libres, et non la soupe commerciale de "discothèque") peuvent-elles constituer un passage vers ces dimensions autres ?

Un retour au stade fœtal


« La techno provoque l'état de transe par l'essence même de sa construction : un premier rythme simple et confortable, puis l'arrivée d'autres rythmes et/ou sons plus élaborés qui se superposent. Le cerveau ne parvient plus parfaitement à trier, ce qui provoque une sorte d'ivresse. »


Je me souviens, un soir de redescente, être tombé par hasard sur un docu fort intéressant appelé Free party, en deçà du bien et du mal. Dans ce documentaire datant de 2003 et signé Pascal Signolet, la psychanalyste freudienne Charlotte Herfray y décrypte la musique techno (et ici plus particulièrement la tribe) comme une possibilité de revenir à un temps anténatal : pour elle, la pulsation répétitive des basses évoque les battements du cœur maternel et renvoie directement aux sons entendus lorsque nous étions au stade fœtal. Cette ultime régression permet ainsi un lâcher-prise efficace avec le monde "quotidien" et constitue le terrain idéal d'une transe hypnotique.

Suivant cette piste, je contacte le musicothérapeute Loup Bosh y Palmer afin d’approfondir cette hypothèse. « La techno provoque l'état de transe par l'essence même de sa construction : elle est souvent composée d'un premier rythme simple et confortable dans lequel on s'installe comme dans un cocon, explique-t-il. Puis cette construction progresse vers une complexification avec l'arrivée d'autres rythmes et/ou sons fluides plus élaborés qui, au lieu de résonner par les harmoniques, se superposent de manière isolée. En conséquence, le cerveau reçoit pas mal d'informations sonores qu'il ne parvient plus parfaitement à trier, ce qui provoque une sorte d'ivresse. Enfin, la pulsation de base reste comme un fil conducteur qui nous rattache à la réalité. Ce qui nous permet de savoir que l'on est “ailleurs” car on aperçoit (de loin) cette première réalité de départ. » Et de conclure en approuvant la théorie de Charlotte Herfray : « La techno joue en effet avec des types de sons que l'on découvre au stade embryonnaire, l'oreille étant le premier sens à se développer. C'est pourquoi on peut lui trouver quelque chose de primal, d'hypnotique. »



De l’autre côté du miroir


La techno est donc une clé, mais vers quoi nous mène-t-elle ? Qu’y a-t-il de l'autre côté de la porte ? Le rendez-vous est pris avec Corine Sombrun, ancienne reporter pour la BBC, auteure de nombreux livres sur le chamanisme, elle-même devenue chamane après une initiation de plus huit ans aux frontières de la Sibérie. Fait remarquable : elle contribue depuis onze ans à l'avancée de la recherche sur les états de conscience modifiée en neurosciences, en collaborant avec l’Inserm et l'Alberta Hospital au Canada. Personne ne me semble mieux placée pour faire avancer mon enquête que cette experte de la transe.

Toute juste revenue d'Alaska, je la rencontre dans un petit bar à Pigalle. Je décide de lui montrer deux vidéos illustrant la transe propre à la techno. La première se déroule lors d'un lever de soleil au Boom Festival en 2014, la seconde au Shambala en 2008. En visionnant ensemble ces corps extasiés par les produits et les heures de danse, je lui demande s'il existe des similitudes avec les rituels chamaniques traditionnels. Pour elle, pas de doute, « il y a la même utilisation de la musique pour provoquer un état qui va permettre de se sentir plus "grand que soi". De sortir du "je". Du coup, on a cette notion d'ego qui fond un peu, et on se sent plus reliés. On prend donc le plaisir de danser ensemble et d'arriver dans cet état qui fait que 1/ on se sent moins limité, et 2/ on est en connexion avec les autres. »



« Quand on entre en transe, il y a comme un shift entre les deux hémisphères de notre cerveau. On devient plus perceptif. Il y a quelque chose de sain là-dedans. »


Mais, très concrètement, que se passe-t-il dans nos cerveaux à ce moment-là ? « Il y a comme un shift entre les deux hémisphères. Habituellement, c'est le cerveau gauche (la pensée analytique, ndlr) qui l’emporte sur le droit (émotion, perception, intuition, ndlr). Dans ces états-là, c'est l'inverse. Du coup, l'interface cérébrale filtre les informations d'une manière différente. On est dès lors plus perceptif. Le corps, quant à lui, peut rentrer dans des processus mettant en place des réponses et des systèmes de régulation que lui seul connaît. Tu vas te mettre à faire un geste plutôt qu'un autre, un cri plutôt qu'un autre. Et ces gestes, ces cris, tu ne les décides pas. C'est notre corps, son intelligence, qui les génère. Ça doit probablement libérer des processus d'auto-guérison, de réparation, des processus que l'on ne connaît pas encore aujourd'hui. Il y a quelque chose de sain là-dedans. »

Cependant, les similitudes s'arrêtent là. Corine Sombrun m'apprend que cette "transe techno" ne constitue en réalité qu'une première étape, une condition de possibilité à la transe chamanique. Que cette dernière est le fruit d'un long travail d'initiation, de discipline, d'apprentissage, afin de parvenir à des niveaux de perception plus élaborés. Et surtout, dans la transe chamanique, « il y a toujours un but. Et le but, dans les tribus sibériennes, ce n'est pas de danser, c'est d'obtenir des réponses qui vont être utiles à la communauté. »



La transe moderne n’a pas de tête


Sans réelle intention, non codifiée socialement, non encadrée par un enseignement spirituel, la transe techno est chaotique. Elle est une ébauche, un brouillon, un poulet sans tête. Une transe sauvage, en somme. Mais ne gagne-t-elle pas par là quelque chose d'autre ? Un nouveau point de vue vient prolonger mes recherches, celui de Dominique Padoux, médecin psychiatre, hypnothérapeute, influencé par le très incisif psychanalyste François Roustang et grand connaisseur en matière de psychonautisme. Selon lui, justement, c'est le fait de ne pas avoir de but qui confère à cette transe toute sa modernité : « Une transe qui désigne officiellement un objectif et qui a déjà constitué le système d'interprétation qui va permettre de dire que si l’on a vu telle chose, ça veut dire telle autre, pour moi, c'est illusoire. Pourquoi ? Parce que nous sommes, et depuis un moment déjà, TOUS des déracinés. Nous n'avons plus de tête. Alors essayer de s'en greffer une autre, une tête de chaman péruvien, c'est une illusion. Pour moi, la transe moderne est plus féconde précisément parce qu'elle n'a pas de tête, et qu'elle laisse chacun totalement libre de ce qu'il va lui arriver, de ce qu'il va en faire. Le principal, pour moi, est l'expérience de la ressaisie de son individualité essentielle en même temps que le rafraîchissement de cette expérience que nous faisons partie du monde. Et ça, s'il n'y a que ça, sans aucune vision, sans rien d’autre, c'est déjà colossal. »

Comparant la musique techno à la voix de l'hypnothérapeute, Dominique Padoux qualifie l'émerveillement de la transe de découverte de soi-même comme « totalement non conditionné ». Et l'accepter, « ça change le rapport au monde. Ça dénoue. Ça crée une sensation de décrispation générale par rapport à tout ce qui fait souffrir. » Enfin, quand je le questionne sur la juste manière de décoder son voyage, la réponse est lapidaire : « Il n'y en a pas, et personne ne pourra le faire à votre place. Les clés, elles sont en vous. »

Ni religion, ni spiritualité, la transe "techno", bordélique et bancale à souhait, offre donc à sa manière une ouverture, grâce à sa capacité magique à nous relier avec un inconnu, qui finalement, n'est pas si éloigné de nous. Un seul mot de désordre : expérimentez.






mercredi 12 juin 2019

Overdoses

Ph.Seymour Hoffman 46ans.
Overdose février 2014.
Toutes les OD (Over-Doses) ne sont pas mortelles. On estime que sur 20 cas d'OD, moins d'un est mortel*.
La plupart des gens qui meurent d'OD décèdent moins de deux heures après avoir consommé, quelque soit le mode de consommation. Lorsqu'une personne commence à avoir des signes d'OD, il est donc presque toujours encore possible de la sauver.

Une idée a longtemps contribué à tuer des usagers de drogues aussi sûrement que l'overdose elle même : La certitude que la police allait être sur les lieux avant ou en même temps que les secours.
Dans les faits, la venue de la police n'est pas automatique. En revanche, vous risquez à coup-sûr des poursuites pour non-assistance à personne en danger s'il est démontré que vous avez sciemment renoncé à prévenir les secours en cas d'overdose mortelle.
Autre chose importante à garder en tête : si la police venait sur les lieux d'une overdose, son objectif serait de constater les infractions. La seule infraction qui puisse vous mettre en danger est celle qui concerne la vente ou l'administration du produit à la personne qui a fait l'overdose (l'homicide involontaire peut être retenu). 

Il est donc indispensable de prévenir les secours le plus vite possible quand on constate des symptômes d'OD. D'abord parce qu'en pratique laisser mourir quelqu'un expose à plus de risques de poursuites judiciaires, et surtout pour pouvoir continuer à se regarder dans la glace
Avec les drogues, le risque zéro n'existe pas mais avec quelques bons réflexes, un peu de Naloxone et un kep's de courage on peut sauver la vie d'un pote.


OD d'antan.

Sergio: Sergio buvait beaucoup et s'envoyait de gros taquets d'héro. Quand il piquait trop du zen, quand il virait au bleu, on le faisait marcher**, on lui collait des claques**. Mais cette fois, même après plusieurs tours de cour effectués sous le regard discret des voisins, on le perdait. Retour donc aux 15m² du studio qui nous abritait et en avant pour le bouche à bouche en attendant les secours. Pour moi c'était une première, mais j'ai vite réalisé qu'il fallait boucher le nez pour que l'air puisse entre dans les poumons. Finalement Sergio a récupéré et on est resté les meilleurs amis du monde jusqu'à sa mort, bien prématurée.

Rachid: Rachid ne buvait pas, mais il shootait l'héro.  Je n'étais pas avec lui ce soir là, mais voilà ce qui s'est passé. Après un gros shoot il s'est mis à comater grave. Bien sûr on l'a fait marcher et on lui a mis des claques , mais sitôt réveillé, il s'est mis à engueuler tout le monde autour de lui de ne pas l'avoir laissé sur sa Planète et d'avoir gâché le meilleur shoot de sa vie. Plus tard, quand il me racontait cette histoire, quand il relatait son regret d'avoir été réveillé, il était si éloquent qu'il en devenait presque convaincant.
Je l'ai perdu de vue quelques années après, et depuis, je me demande ce qu' il est devenu.

Lazare : Je ne me souviens pas de son prénom, appelons le Lazare.  Junkie il était, et même parfois il vendait un peu d'Héro. Un jour il disparut du bar de la Cloche où on se retrouvait. On contacte alors ses parents pour demander de ses nouvelles. Ils nous ont dit qu'il venait de succomber à une overdose et que jamais plus on ne le verrai. Deuil...
Quelques mois plus tard, en entrant au bar de la Cloche, Alleluhia !  je tombe face à Lazare, en pleine forme, et tout ressuscité !
Sur injonction de ses parents, qui avaient raconté cette édifiante -et sans doute vraie- histoire d'overdose, Lazare avait passé quelques semaines de réhab' auprès du 'Patriarche', suite à quoi il avait repris le cours de sa vie.
Là, au bar de la Cloche, Lazare réapparaissait bien vivant, soigné, mais pas totalement guéri je crois.

Moralité : prenez soin des autres comme de vous, et n'oubliez pas de respirer 

Photo Lola Zillha

Comme si vous y étiez :
https://www.vice.com/fr/article/a33kd5/voici-precisement-ce-qui-se-passe-quand-vous-faites-une-overdose
(*) source : Overdoses Tome1. Livret ASUD
(**) les OD décrites ici ne sont pas toutes fraîches et depuis les pratiques ont évolué. Faire marcher, tenir éveillé en donnant des claques était ce qui se pratiquait en ces âges farouches. 
En réalité il ne faut pas essayer de faire marcher la personne. Elle risque de tomber. En cas de gobage (MDMA, speed, etc)  l'augmentation du rythme cardiaque peut accélérer l'absorption du produit dans les intestins et sa diffusion dans le cerveau.
Ne pas donner des claques à la personne. Cela est utile que pour s'assurer de son état et savoir si elle dort ou si elle est inconsciente (crier le nom, pincement des oreilles ou des pommettes, frotter fort le sternum -os du milieu du thorax). A partir de l'instant où la personne est inconsciente, cela ne changera rien à son état. Ce temps devrait être utilisé pour inoculer de la naloxone (si vous en avez), appeler les secours, ou faire les gestes de premiers secours, si vous les connaissez.


Articles du blog sur des sujets connexes :
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https://emagicworkshop.blogspot.com/2017/08/pourquoi-tu-fais-ca.html

https://overdoselifesavers.org/


dimanche 26 août 2018

Goa trance

Fantasme de vieux baba : danser sur de la trance à Goa sous les étoiles. Cet été, j'ai essayé et je vous raconte mon expérience.

Petit rappel historique :
Goa est un petit état de l'ouest de l'Inde le long de la mer d'Arabie. Vers la fin des années 60 le village d'Anjuna (état de Goa) est devenu un point de rencontre des hippies du monde entier. Puis dans les années 1970 et 1980 l'afflux de touristes a diminué  mais un noyau dur est resté à Goa, se concentrant sur le développement de la musique tout en pratiquant d'autres activités comme le yoga et la méditation. 
Au début des années 90, on commence à parler de la trance Goa qui est un style musical inspiré de la new wave de New Order, de la musique industrielle, de l'acid house et du rock psychédélique  de Steve Hillage et Ash Ra Tempel. La musique ethnique orientale a également servi de source d'inspiration.
Dans les années 2000, de nombreux jeunes israéliens qui allaient décompresser à Goa après leur service militaire ont pris goût à la trance puis répandu et exporté la Trance dans leur pays et le monde entier. Vini Vici est un exemple de  trance Goa made in Israël parmi les plus connus.

Goa by day
Cet été, à l'occasion d'un v
oyage en Inde, je suis donc passé par Goa (North) pour voir ce que c'est, et ce qui reste de cette histoire. Le guide du routard prévient : Goa en pleine mousson, c'est un peu la Riviera en hiver. En effet, je ne me suis pas baigné (mer agitée), je n'ai pas bronzé (nuages). Pourtant même si beaucoup de restaurants, de boutiques, qui pullulent  dans ce secteur super touristique sont fermés en cette saison il reste de la vie,  des vacanciers indiens, quelques fêtards, et sur la plage, plus de chiens en goguette que de touristes occidentaux.  

Sur place, ce que l'on voit de jour, ce sont les shacks. Les shacks sont des paillotes  qui donnent sur la plage. On peut y manger à toute heure, boire un coup (l'état de Goa permet la consommation d'alcool en public). Bien installés sur des terrasses en gradin qui donnent sur la mer il fait bon y fumer un houka (narguilé) les doigts de pied en éventail en attendant le coucher du soleil. La photo ci dessous montre les shacks de la plage d'Anjuna.

Alignement des shacks (premier plan Lilliput, Pirates, au fond UV café) sur la plage d'Anjuna

Liliput café, Anjuna beach

Goa by night
Pour ce qui est d'une soirée, le mieux est de trainer du côté  d'Anjuna et de repérer les affiches ou bien, d'aller sur le site Whatsupgoa http://www.whatsupgoa.com/GoaParty/search.php.
 Les shacks sont sur la plage, et la plage d'Anjuna est à 500m du centre du village. Les chauffeurs de Touktouk ne savent pas forcément vous mener à bon port donc il vaut mieux prendre une frontale pour marcher jusqu'au schack dans la nuit, ou pour en revenir.
Sur la plage, chaque établissement propose un style de techno different. ce soir là, c'etait Trance au UV, Acid au Pirates, House au Lilliput. La soirée commence au coucher du soleil (20h) et se prolonge tant qu'il reste des danseurs. 
Les tables de mix, le sound system sont installés sur la terrasse du shack. Selon les schacks c'est un lieu couvert ou abrité d'une simple voile, qui permet de danser en plein air, sous les étoiles. La musique s'entend aussi de la plage où sont installés des chaises et des tables. Ce vendredi soir de basse saison, la soirée s'est animée vers minuit. 
Très peu d'occidentaux, quelques meufs, quelques gais. Des indiens fêtards venus danser, draguer, s'amuser. De temps en temps le niveau de la musique baisse à la demande de la police, puis remonte 'doucement', mais sûrement. Globalement, le son est moins fort que dans une soirée d'ici. Sur la piste de danse, les pétards tournent, mais le niveau de qualité des produits que j'ai goûtés m'a rappelé celui des années 70 en France. Au chill-out, situé juste au dessus de la piste et qu'on atteint par un escalier branlant, ça coupe, ça pile, ça sniffe, et ça fume dans une ambiance décontractée où il est agréable de faire connaissance.
Le vrai kif, c'est la brise marine à 28°C idéale pour danser sous les étoiles dans le décor de la plage. La variété de l'offre (3 programmes en 500m de plage) et la bonne teneur de la musique font le reste.
Pour la soirée le prix d'accès à la terrasse est de 500 roupies (6€), au bar, compter 3€ pour une bière, 4€ pour un alcool. 
Alors, si vous passez par là allez y de ma part et ... vive la Trance !.

Aperçu warm-up :
https://www.facebook.com/ozias.myssos/videos/1533763443437226/
 https://www.facebook.com/ozias.myssos/videos/1534075383406032/

Notes de terrain:



Anjuna beach: Pirate's club
Anjuna's beach : 3 commerçantes
Before, au Lilliput shack.
à l' entrée du UV café
Bonus : Images du bon vieux temps de Goa  https://untoldstory.in/travel/35-pics-goa-shows-hippie-paradise/
https://www.mushroom-magazine.com/the-history-of-a-colourful-culture/

Se renseigner :
http://www.whatsupgoa.com/GoaParty/search.php
https://www.facebook.com/GoaTranceFestivals/

Autre chose : Dharma transe 
https://blog.unfamousresistenza.fr/lire/articles/resistenza-moves/dharma-techno-la-surprenante-rencontre-entre-meditation-et-musique-techno/
 

jeudi 8 mars 2018

la connaissance par les gouffres


La connaissance par les gouffres est un livre de Henri Michaux (Poète) paru en 1961. L'auteur y explique que, en fin de carrière (de 55 à 60 ans),  "il a expérimenté la plupart des démolisseurs de l'esprit et de la personne que sont les drogues hallucinogènes, l'acide lysergique, la psilocybine, une vingtaine de fois la mescaline, le haschich quelques dizaines de fois, seul ou en mélange, à des doses variées, non seulement pour en jouir, surtout pour les surprendre, pour surprendre des mystères ailleurs cachés". (Sic p179)

Le bouquin est une suite de trip reports, écrits en bon style distancié certes, mais qui au final ne livre pas grand chose de nouveau. Dans son essai Michaux précise rarement dans quelles conditions il fait son expérience. Est il seul ? avec des amis ? sont ils là en observateurs, en consommateurs ? Ni le set (son état d'esprit) , ni le setting (son environnement) sont clairement décrits. On note qu'en cas de 'bad trip' il téléphone à un ami, qui téléphone à un médecin (Misérable Miracle).
Michaux est un psychonaute prudent (ce qui avec les drogues est une qualité) qui voyage toujours avec une double casquette : celle du trippeur et celle du contrôleur.  Il souhaite découvrir une autre conscience, mais sans jamais perdre la sienne, celle de l'observateur.
Il explique à longueur de page ses luttes avec les effets des drogues, ses difficultés avec l'écriture lorsqu'il est intoxiqué, et finalement son refus de lâcher prise. Il circonscrit l'usage des hallucinogènes à l'expérimentation d'états mentaux qu'il assimile à la psychose. Comme disait Cioran à propos de son ami poète, c'est "Un ermite qui connait l'heure des trains" .
Finalement  à la lecture des récits Michaux on a presque du mal à différencier les effets du Cannabis de ceux de la Psilocybine, ce qui n'inspire guère confiance. Pour ce qui concerne la mescaline, je n'ai eu qu'une expérience, mais ne demande qu'à me perfectionner.

Quelques notes intéressantes quand même, comme ici à propos du haschich :

A propos des visions géométriques (p23) :
" Dans le chanvre je voyais plutôt des formes élancées .../...Formes fluettes, inimaginablement effilées. Une multiple verticalité grêle, à la base étriquée. Ce n'est pas l'Orient qui donnait ces formes, si exagérément minces, effilées. C'étaient ces formes amincies qu'avaient vues et tenté de copier les architectes orientaux, persans et arabes. Le chanvre a fait "les minarets", en a montré la direction à des gens qui l'ont suivie qu'à moitié ou plutôt au dixième."
En illustration, le plafond de la mosquée de Samarcande, qui pourrait bien être inspiré de visions cannabiques.

A propos du rire (p25) :
" Rire. Commun à tous les hallucinogènes. Les rires interminables que provoque le chanvre sont célèbres et facilement reconnaissables. Le rire fait abandonner des positions de trop de contraintes. Dans le haschich, le rire vient après une sorte de sinuosité, extrêmement déliée, qui est à la fois comme une onde, comme un chatouillement et comme un frisson et comme les marches d'un escalier très raide. Desserrages brusques. Le comique vient ensuite. Il ne tarde pas. L'imagination, tout l’intéresse. Tout la pique, aussitôt amusée à broder, fabuler, placer et déplacer. L'une entraînant l'autre, ce sont alors des rires interminables, des cascades de relâchement qui ne relâchent rien du tout, et le rire, toujours en course, après un instant de halte pour retrouver le souffle, reprend, impossible à assouvir. Rire sur courroies d'entraînement. Rire sans sujets de rire. Des sujets on en trouve au début. Ensuite l'imagination se lasse mais le rire court toujours.
[Le rire] exprime particulièrement la prodigieuse absurdité de tout, à la fois métaphysiquement et (par le chatouillis) très physiquement ressentie "

A propos de la psilocybine (p64-66):
Moins forte que la mescaline ou que l'acide lysergique, la psilocybine est étonnante par les transformations intérieures. On peut après cela songer sans divagation aux pilules à moraliser, peut être aux pilules à mathématiques..../... 
Une drogue, plutôt qu'une chose, c'est quelqu'un. Le problème est donc la cohabitation..../... Questionné sur le champignon [la psilo] ,, un indien du Mexique disait d'une phrase : "Il conduit là où est Dieu"". Il acceptait l’entraînement, il retournait volontairement avec élan et soumission à l'adoration suivant la religion de ses pères. Pour moi, la religion de mon adolescence n'étant plus dans mon horizon actuel [l'auteur n'est plus croyant], j'étais gêné comme d'une piété d'autrefois , je faisais le sourd, je contrecarrais ce mouvement et le mettais incessamment en échec..../...Le plus grand prodige me paraissait d'être conduit par un champignon, et qu'un champignon voulût ma bonne conduite et me voulût bien pensant.
.../...Il faut savoir établir de bonnes relation avec une drogue nouvelle venue. Je ne suis pas assez liant. Rencontre assez ratée."

A propos de la folie, et des 'situations gouffres' (p180):
" Il [Henri Michaux] sait maintenant, en ayant été la proie et l'observateur [des situations gouffres dues à la drogue], qu'il existe un fonctionnement mental autre, tout différent de l'habituel, mais fonctionnement tout de même. Il voit que la folie est un équilibre, une prodigieuse, prodigieusement difficile tentative pour s'allier à un état disloquant, désespérant, continuellement désastreux, avec lequel il faut, il faut bien que l'aliéné fasse ménage, affreux et innommable ménage."

Michaux Henri, poète et psychonaute  "Un ermite qui connait l'heure des trains"

 Un lien pertinent sur les report-trips de Michaux :
 http://www.arllfb.be/ebibliotheque/communications/emmanuel120507.pdf


Articles connexes dans ce blog :
https://emagicworkshop.blogspot.fr/2015/10/psychonautisme.html
https://emagicworkshop.blogspot.fr/2017/01/dxm.html
https://emagicworkshop.blogspot.fr/2017/05/lsa-mystique.html

vendredi 16 février 2018

spiritualité athée

Mandala, par Jyco
Ni dieu ni maître, une spiritualité pourtant. Est-ce possible ?

Voici donc, (ci-dessus), la question que je me suis posée suite aux réactions d'amis avec qui je partageais des posts décrivant des expériences 'non rationnelles' et pouvant être qualifiées de 'mystiques' faites avec la prise de LSA,  la technique du rebirth
ou plus récemment avec la prise de DMT .
Avec la plupart de mes amis, qui sont athées, ou rationalistes, ou matérialistes, il n'est pas facile d'aborder la question de la spiritualité sans être soupçonné d'admettre que 'quelque chose nous dépasse' qui laisse présager l'existence de quelque Dieu ou de quelque forme de transcendance. Et pourtant, on peut avoir fait l' expérience de la spiritualité sans se croire pour autant prophète qui transmet une parole sacrée.  Nietzsche  lui même disait : "Je suis mystique et je ne crois en rien".

En réalité, je suis agnostique, je crains toutes les religions qui, en vertu de dogmes différents, ont toutes su massacrer mais qui visiblement n'ont jamais changé profondément ni les comportements humains ni la nature humaine. En effet, au final, comment prétendre qu'un bouddhiste serait meilleur homme qu'un musulman ou un chrétien...?. 
Je suis également opposé à toute forme de transcendance athée que celle ci soit technocratique (comme le transhumanisme) ou romantique (comme le mythe du bon sauvage, ou de la loi de la jungle, ou du retour à la terre  etc..).

Même si j'ai pu faire, comme beaucoup d'autres, l'expérience de la spiritualité  cela ne m'a jamais paru prouver l'existence d'une forme de transcendance devant laquelle se prosterner ou se soumettre.
J'avais pourtant du mal à concilier expérience mystique, agnosticisme et réflexion politique, et surtout à trouver comment en parler, mais dernièrement la lecture de "L'esprit de l'athéisme" de André Comte-Sponville m'a rassuré sur le fait que les athées ne sont pas condamnés à vivre sans spiritualité. 
Extraits du chapitre 3 : "Quelle spiritualité pour les athées" ?

André Comte-Sponville part du fait que : " Que nous croyions en dieu au surnaturel ou au sacré  ou pas,  nous serons confrontés à l'immensité donc à l'infini, à l'éternité, à l'absolu et à nous même".(p147) - à l'expérience du sentiment océanique-. Pour lui, "Que tout esprit soit corporel, ne constitue pas une raison pour cesser de s'en servir , ni pour le vouer exclusivement à lire des cartes routières ou passer des commandes sur Internet."(p150).  
Historiquement, "Comme la spiritualité socialement observable en occident fut pendant des siècles celle du christianisme , on a fini par croire que "spiritualité et "religion" sont synonymes" (p151).  
 Quoi de plus ennuyeux, de plus limité, de plus vain que le moi ? Le réel est plus intéressant, plus vaste, plus varié. La spiritualité est le contraire de l'introspection. c'est une blessure narcissique qui agrandit l'âme (p158). Le silence éternel de ces espaces infinis m'apaise (p161).
Quant au mysticisme, "Il y a assurément de l'indicible, et quand il se montre, c'est le mystique" d'après Wittgenstein. Dans les faits, l'expérience mystique atteint l'unité avec le réel que vise la spiritualité.
Même si la réalité et la perfection sont une même chose, qu'il n'y a ni bien ni mal, cela n'empêche pas de se construire une éthique (p189). C'est parce que l'univers ne propose aucune politique (puisqu'il les contient toutes), que nous sommes tenus, nous d'en choisir une. Cela ne relève pas d'une expérience mystique, car la mystique n'est pas tout. Ne comptons donc pas sur l'absolu pour combattre l'injustice à notre place. Mais pas davantage sur la politique pour tenir lieu de spiritualité. ((p192)

"La vérité n'obéit à personne. C'est en quoi elle est libre et libératrice. Et comme il n'y a rien d'autre que la vérité, elle ne commande pas. Nous voilà sans dieu ni maître." (p197)
...OUF !

Ozias

André Comte-Sponville. L'esprit de l'athéisme. Introduction à une spiritualité sans Dieu.  
Albin Michel 2006

Épilogue (Alfred de Vigny) :

À voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse.
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse

vendredi 5 janvier 2018

Steve Jobs

La mort
"Me souvenir que je vais bientôt mourir est l'outil le plus important que je possède pour m'aider à prendre de grandes décisions dans la vie. C'est le meilleur moyen que je connaisse pour éviter le piège qui est de penser qu'on a quelque chose à perdre. Vous êtes déjà à nu. Il n'y a aucune raison de ne pas suivre votre cœur.

Personne ne veut mourir. Même les gens qui veulent aller au paradis ne veulent pas mourir pour y arriver. Et pourtant la mort est la destination que nous partageons tous. Et c'est très bien ainsi, parce que la mort est la meilleure invention de la vie. C'est l'agent du changement. Elle balaie ce qui est vieux pour laisser place à ce qui est nouveau. Là, tout de suite, ce qui est nouveau, c'est vous. Mais un jour, dans assez peu de temps, vous deviendrez ce qui est vieux et vous serez balayés. Désolé d'être aussi radical, mais c'est la vérité.

Votre temps est compté, alors ne le gâchez pas à vivre la vie de quelqu'un d'autre. Ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition. Ils savent déjà, d'une certaine manière, ce que vous voulez devenir."


12 juin 2005, discours du fondateur d’Apple devant les étudiants de l’université Stanford.

L'acide :

Cela peut sembler assez difficile à croire, mais lors d'interviews avec le Pentagone précédant une visite au Président, Steve Jobs a admis avoir pris du LSD à 15 reprises entre 1972 et 1974. Il a déclaré aux officiels du Pentagone qu'il n'avait pas de mots pour décrire cette expérience, mais que « le LSD était une expérience positive qui a changé ma vie », et qu'il ne regrettait pas du tout sa décision d'en consommer.

Cette information s'est largement répandue après son décès dû à un cancer du pancréas, grâce à la loi sur la Liberté de l'Information, mais Steve ne faisait pas un grand secret de sa consommation auprès de son entourage. Il était profondément affecté par cette expérience, et bien qu'il n'ait pas pas été un défenseur proéminent du LSD, il pensait que c'était dans l'intérêt de tous d'essayer le produit.


“Taking LSD was a profound experience, one of the most important things in my life. LSD shows you that there’s another side to the coin, and you can’t remember it when it wears off, but you know it. It reinforced my sense of what was important—creating great things instead of making money, putting things back into the stream of history and of human consciousness as much as I could.”



Né hors mariage d'un père syrien, et adopté :

Le père de Steve Jobs, Abdul Fattah Jandali était issu d'une famille de la ville de Homs, ravagée récemment par la guerre civile en Syrie. Musulman non-pratiquant, il avait quitté dans un premier temps la Syrie pour le Liban, qu'il avait fui en raison de l'agitation politique en cours à l'époque. Il est aujourd'hui âgé de 85 ans et vit dans le Nevada, précise The Independent. Avec sa compagne, Joanne Carole Schieble, d'origine suisse-allemande, il avait été contraint par les parents de cette dernière de faire adopter celui qui deviendra Steve Jobs. Le père de la jeune femme avait interdit à sa fille de garder l'enfant, né hors mariage d'un père musulman.

Steve Jobs a été élevé par un couple d'américains, Paul et Clara Jobs, qui l'ont adopté. Steve Jobs ne cherchera jamais à reprendre contact avec son père biologique. Les origines syriennes de Steve Jobs avaient été révélées au grand public en 2015 alors que la crise des réfugiés prenait de l'ampleur.

lundi 18 décembre 2017

rebirth

Ce matin, séance de rebirth, avec un groupe de développement personnel. Allongé sur un tapis, sur le dos,  j'inspire:  ventre... poitrine... clavicules, puis j'expire vivement par la bouche et j'enchaîne selon le rythme donné par mon partenaire, assis sur son zafou. 
Après quelques minutes mes avant-bras sont comme paralysés et deviennent douloureux. Mes pouces, en particulier, ne fonctionnent plus. Alors je lève les bras et je commence à faire bouger mes avant-bras, mes poignets, mes mains, comme si je dansais. Puis la danse se précise, se fait transe puis extase. Je sens aussi ma bouche se contorsionner en grimaces inconnues et cela me détend extraordinairement les traits du visage. Je sens la présence d'une Energie, partout autour de moi qui me traverse et me connecte avec tout ce qui existe. Je ressens aussi la joie essentielle, immense de faire partie du vivant. 
Le dos au sol, yeux fermés, mes bras et mes jambes dansent puis je m'étire et j'étends à fond bras et jambes, mains et pieds.  Peu à peu je suis comme possédé mais pas inconscient. Je ne fais pas de bruit et je fais attention à ne pas heurter de mes mouvements mon partenaire qui assis près de moi suit ce que je fais et rythme ma respiration. Je retrouve la position d'un bébé couché sur une table de naissance. Dans la posture de 'la table' mes mains et mes pieds au ciel comme des antennes  pour capter  l' émission d'Energie. Je me sens connecté à une lumière blanche et crue qui s'étend tout autour de moi. Mes bras me semblent ecchymosés, et grêles comme ceux d'un nouveau né. Peu importe car tout en moi est joie et énergie. Je pense à ma mère qui m'a donné la vie, à son travail et ses souffrances. Je pleure, je ris et je la remercie du fond du cœur. Sentiments d'élévation, d'harmonie, de joie et de gratitude envers la vie. Sentiment de victoire aussi de m'être autorisé à aller aussi loin. A la fin de la séance je reviens à moi tout rayonnant et chargé d'énergie...

Tout au long de la semaine qui a suivi  j'ai ressenti de fortes courbatures aux avant-bras.
Dans mon lit, j'ai aussi tenté de refaire du rebirth . Mais après une dizaine d'inspirations fortes, s'ensuit une légère perte de connaissance qui interrompt automatiquement le processus. La présence d'un partenaire qui rythme la respiration et qui encourage, et celle d'une musique appropriée semblent deux facteurs clé de succès pour atteindre le stade de la transe.

Par rapport à un trip chimique, je me demande lequel des deux est le plus dangereux. Bien sûr, avec le rebirth on ne risque guère de s'empoisonner, mais on peut se poser des questions sur son état de santé mentale. Par exemple, pourquoi cet exercice a t'il eu beaucoup plus d'effet sur moi que sur les autres ? La cloison entre délire et conscience serait elle si fragile  ? Serais-je en train de ' perdre le contrôle' ? 
Les risques de tomber sous influence du groupe avec lequel on pratique, ainsi que les risques d'interprétation abusives ou de dérives sectaires sont également plus élevés que si l'on s'en tient à l'absorption d'un produit. Quoique...
Avec le LSD, le LSA ou les substances que vous préférez, les visions, les révélations peuvent être de même nature, mais restent finalement plus explicables et plus 'attendues'. Même si elle n'a pas objectivement plus de 'réalité', cette expérience de rebirth que j'ai produite naturellement, sans dopage, s'apparente encore plus à une connaissance, une révélation que ce que ce l'on peut vivre ou voir au cours d'un trip chimique.  D'ailleurs, si les grands mystiques avaient usé de drogues, ils auraient perdu toute leur crédibilité. La façon dont a tourné cette expérience ne peut être attribuée au conditionnement du groupe, qui est très hétérogène et que je ne fréquente pas régulièrement . Personnellement, je suis agnostique, et nullement porté sur l'ésotérisme ou les philosophiques orientales.
Même si je ne peux m'empêcher de penser que les sensations et les visions que j'ai eues par rebirth sont comme un 'replay' d'hallucinations déjà entrevues avec des psychotropes, cet épisode s'ajoute aux histoires de vie qui me construisent.

Joyeux Noëls et happy rebirth to you  !
Ozias

PS: Quelques prérequis pour un rebirth réussi. Pouvoir contrôler sa respiration avec une inspiration ventre, thorax, clavicule (inspiration par le nez suivie d'une expiration rapide par la bouche sans temps d'apnée).
La pratique de la danse permet de s'exprimer physiquement et d'échapper à la paralysie entraînée par la sur-oxygénation. Accepter de lâcher prise enfin, car si l'on ne se laisse pas aller à ce qui vient, le processus se bloque, de la même façon, que l'hypnotisme ne peut fonctionner que si on l'accepte ou si l'on baisse la garde. Ce dernier point demande à être en confiance et affranchi du regard des autres. Eviter par exemple de se demander si les grimaces qui viennent de si loin et qui font tant de bien sont à notre avantage ou pas. Ne pas avoir peur de passer pour un illuminé lors de la phase de restitution de l'expérience.

à lire, à voir également sur ce blog :



http://emagicworkshop.blogspot.fr/2017/05/lsa-mystique.html

https://emagicworkshop.blogspot.fr/2018/02/spiritualite-athee_16.html

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2016/07/naissances.html

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2015/10/nde.html

http://emagicworkshop.blogspot.fr/2015/10/psychonautisme.html


vendredi 25 août 2017

Pourquoi tu fais ça ?

Perché
Nuit des Perséïdes, extérieur nuit. Descente de calvaire sous la nuit étoilée suite à un abus d'excès. 
Au ciel descendent des myriades de lampes oranges suspendues comme à un dôme. Dans ma tête les idées, et des mondes se télescopent à la vitesse du son. 
Je ne peux plus marcher, car je suis beaucoup trop haut trop grand, et j'ai perdu tout équilibre. Je ne peux peux plus parler, car ça ne sert à rien puisque je n'ai rien à dire. Mes gestes sont gauches et n'ont plus de sens. Je me laisse guider et je me demande bien si je suis top raide ou bien victime d'un AVC. 
Entièrement dépendant de mes porteurs sobres et attentionnés, je pense que cela peut être le début du reste de ma vie. Je comprends mieux alors ces amis que j'ai croisés, pendus au bras de leur conjoint et incapables de parler ...jusqu'à la fin.
A l'issue de cette méditation  je récupère. Finalement  je grimpe aux escaliers puis dans le lit tu me demandes 'pourquoi tu fais ça ?'  (trad:  pourquoi tu te perches ?)

De la même façon que l'on ne pourra jamais faire aimer la pêche ou le vélo, et pas plus qu'une douzaine de preuves de l'existence de Dieu ont converti agnostiques et athées, je ne peux trouver de réponse convaincante (pour toi) et efficace ( pour moi) à ton  'pourquoi tu fais ça ?' Quelques éléments de réponse pourtant, juste pour se clarifier les idées, et se souvenir pour une prochaine fois.

Thèse : Les paysages intérieurs ne sont jamais ni mainstream, ni préfabriqués. Toujours surprenants, plus réels et plus engagés que ceux des parcs d'attraction ou des films. Ce que je vois, ce que je ressens est personnel, inattendu sans rien de préfabriqué ni de téléphoné. Le produit offre un moyen facile de s'arracher à la déchéance de l'impersonnalité. La consommation comporte un sentiment de liberté aliénée mais inaliénable et la joie de la transgression.

Les promenades psychédéliques sont une forme de phénoménologie de l'esprit, un moyen de vivre des expériences et d'explorer des contenus de conscience. Une porte entrouverte entre le rêve et la conscience. La clé d'une grande antichambre dans laquelle les tendances psychiques se pressent, tels des êtres vivants. Ce peut être un moyen de connaissance de soi, d'ouverture au monde et même de révélation. 
Autrement dit, une manière de penser hors de la boîte.
Plus souvent, ces 'rêveries' sont un moyen de mieux 'voir' la musique, de rentrer dans la danse, de retrouver mon corps jeune et d'être heureux simplement en dansant avec les autres, la tête dans les étoiles. Je fais ça pour me sentir vivantEt alors..., pourquoi serait-ce mieux de rabâcher devant la télé que de faire de nouvelles expériences ?

Antithèse :  La drogue est un plaisir solitaire et égoïste. C'est un moyen d'échapper ou d'éviter de subir les frustrations inhérentes aux relations humaines. La consommation de psychotropes pallie certaines difficulté à interagir et à agir avec les autres. Peut être que je fais ça parce que je suis persuadé que je ne sais rien faire avec les autres. 

Synthèse : Un extrait de la lettre que Simone Weil (militante et mystique 1909-1943) écrivit à Joë Bousquet (opiomane et poète surréaliste 1897-1950) en mai 1942.
"Chez tous ceux que le mal a touchés, la racine du mal, c'est la rêverie. Elle est l'unique consolation, l'unique richesse des malheureux, l'unique secours pour porter l'affreuse pesanteur du temps; un secours bien innocent, d'ailleurs indispensable. Comment serait il possible de s'en passer ? Elle n'a qu'un inconvénient, c'est qu'elle n'est pas réelle." .../... "Mais il faut reconnaître la rêverie pour ce qu'elle est; en même temps qu'on est soutenu, ne pas oublier un instant que sous toutes ses formes, les plus respectables en apparence par la puérilité, les plus respectables en apparence par le sérieux et par les rapports avec l'art, ou l'amour, ou l'amitié (et pour beaucoup la religion), sous toutes ses formes sans exception elle est le mensonge. Elle exclut l'amour. L'amour est réel."

En conclusion, la parole de Joë Bousquet à propos de Simone Weil : "Simone reposait dans des pensées qui m'ôtaient le repos"...

Ite missa est !
Oz

mercredi 17 mai 2017

LSA mystique

Argyreia nervosa. fleur et feuille.
L'Argyreia nervosa est une plante  «enthéogène», ce qui signifie qu'on est en présence d'une plante génératrice d'un
sentiment divin à l'intérieur de soi ou permettant d'entrer en contact avec le divin.

Curieux de ces choses, j'ai fait l'essai un dimanche, à minuit...
Avec 4 graines, couché dans le noir sans bouger à écouter du psybient au casque,  le résultat est impressionnant, très introspectif et plutôt couillu comme trip. Le LSA,  principe actif de l'Argyreia nervosa qui est une sorte de LSD, est comme un billet pour le voyage astral . J'étais là où pas, j'étais multiple. Je dirais presque qu'au cours des 6 heures de trip le voyage astral faisait mine d'excursion et j'ai vu des choses si belles qu'il vaut mieux ne pas mettre de mots dessus. Cela ne pourrait qu'être cause d'incompréhensions ou de moqueries.  

J'ai pu découvrir, mais surtout percevoir la dimension spirituelle de l'existence. J'ai aussi exploré un continuum entre les morts et les vivants. Les morts ne sont pas perdus. Ils ne sont plus, mais ils ont existé et ça c'est pour toujours. J'ai pensé: morts ou vivants ceux qu'on aime sont toujours là, c'était très rassurant. De passage chez les morts j'ai retrouvé un collègue disparu le mois dernier (emporté par une  SLA !) Il me parle, sourit, me dit de passer quand je veux. Il y avait aussi mes grands parents. Parmi les vivants je voyais clairement ceux qui m'aiment et qui comptent, des femmes surtout, mes fils.
J'ai ressenti l'Energie aussi distinctement qu'on entend chanter les oiseaux, évidente comme la chaleur du soleil. Quelque part à l'intérieur de moi, au dessous du nombril, il y avait la présence physique évidente d'une chose chaude, forte et vivante et qui bat. Le Hara ?
Sur mon corps ruisselaient des fluides subtils qui protègent, qui vibrent. Sans eux la matière devenait triste, froide, morne. Ces fluides, cette 'Energie' semblaient faits d'instants de vie que nous accrochons à la réalité du monde que nous traversons. Cette Energie nous anime, elle est indestructible. Elle est partout, mais elle est mouvante, on peut la perdre et devenir froid, inanimé, vide.
C'est ce qui m'est arrivé en pleine extase : sur le coup des 3h/4h du matin la musique s'arrête car mon téléphone surchauffe (lui aussi !). Débarqué en plein voyage astral je me retrouve dans mon lit avec un mal au bide carabiné, incapable d'avaler une gorgée d'eau, à la limite du malaise me demandant si j'allais passer la nuit ou si j'allais passer cette nuit...Bien que prêt à partir ce jour ou à y rester sans poser de question, la perspective de l'hospitalisation ou du trépas me paraissait inconvenante pour un dimanche matin en famille et ça me chiffonnait grave.
Après un malaise vagal (ou plus), un maalox et une pointe d'alprazolam j'ai pu reprendre le cours de mon trip, et retrouver, en voyant le jour poindre, cette différence, cette essence immatérielle qui change le vide en plein. C'était comme une poussière, une couleur iridescente comme la robe du calamar, une présence qui se pose sur les choses et les rend vivantes, et qu'il faut retenir. Cette vie c'est à nous de la cultiver, de la protéger. J'ai pensé "l'Energie existe, ne l'oublions pas, cultivons la". 

Ozias

Une thèse au sujet du LSA :
http://docnum.univ-lorraine.fr/public/SCDPHA_T_2004_SCHMUCK_PIERRE.pdf

PsychonautipsLe LSA ça n'est pas un trip récréatif  soigner le setting car gros risque de bad !!!  Avec  4 graines les effets se sont fait sentir après 30mn/1heure durée environ 6h. Je n'ai pas vu venir la montée. Ensuite, compter un jour de récup'. 
Les graines rendent malade (mal au ventre, nausées, malaises vagaux, suées, respiration difficile). Prévoir, Maalox, Vogalène, anxiolitique, certificat médical et directives anticipées à jour !
Cette nuit j'ai été calamar aussi. Je bats des nageoires, j'essaie mes tentacules...
Bonus : Continuum morts-vivants, quelque chose de ce goût là : https://www.youtube.com/watch?v=1-0UuvRui40

a propos de chamanisme http://www.inspir.be/?page_id=2792 

Livre des morts http://www.faena.com/aleph/articles/leonard-cohen-narrates-the-history-of-the-tibetan-book-of-the-dead/