samedi 14 décembre 2013

Le goût des mots.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes:
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges:
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -


A. Rimbaud


Françoise Héritier s'interroge sur la langue, le "goût des mots" et  le sens que chacun donne leur donne. Le sens caché des mots. Son propos est de montrer  que notre corps, notre histoire sont au centre du langage. 
Par exemple, Rhododendron évoque pour elle un dragon bouffi avec trop de pattes et pas assez de feu. Une sorte de bouledogue ventru et boudiné qui, du bout de sa laisse, menace mais ne mord pas.  Miracle, est un mot qui racle, et c'est un peu dur à avaler... etc.
Ainsi, chacun peut mettre derrière les mots quelque-chose qui lui est propre. Au cours d'une conversation, d'un dialogue, c'est comme si on parlait la même langue mais que chacun entende une langue différente. La Tour de Babel est en nous constamment et partout. 
L'artifice du langage figé dans un code est fait pour nous permettre de vivre en société, ensemble. Cependant, même si on cerne au plus près une vérité collective, il existe à chaque fois des glissements qui font que ce n'est pas la même chose qui est entendue. C'est une erreur de croire que l'on se comprend toujours tout intégralement et en totalité.  Il y a toujours un espace flou qui tient à la singularité de chacun, à son histoire, à son éducation, à ses souvenirs. Jamais personne n'entendra la même chose que quelqu'un d'autre.
Chacun se glisse dans les mots à sa manière. en étant confronté à une double nécessité. Celle du bonheur d'être seul à donner tel sens à tel mot et également celle du bonheur à entrer dans les vieilles pantoufles que sont les lieux communs, les expressions toute-faites. Avec les vieilles expressions je sais qu'on va se comprendre de suite. Avec le sens que je donne aux mots, je conserve l'intégrité du paysage en moi.
Donner de la valeur à ce que l'on a vu, dit, aimé comme à ce qu'on est en train de dire, c'est se reconnaître la capacité à se créer un monde intérieur. La 'parlure', ce dialogue que nous entretenons avec nous même, avec nos mots, nous donne conscience d'être et estime de nous.

Alors, Goûtons les mots, aimons les et aimons nous  !

Ozias
http://www.franceinter.fr/emission-lheure-des-reveurs-francoise-heritier
PS: Françoise Héritier est professeur honoraire au Collège de France. Elle a été directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et présidente du Conseil national du sida. 

"Je suis entouré de mots dans une forêt bruissante où chacun se démène pour attirer l'attention et prendre le dessus, retenir, intriguer, subjuguer, et chacun aspire à ces échappées belles. Comme si on les sortait de leur prison. On entre dans le domaine de la joie pure. Tous ces mots qui dansent, se déhanchent, se désintègrent, ondulent autour de moi et m'entraînent dans la grande ronde de la fantaisie première. Avec le bricolage surprenant et inattendu des figures qui surgissent alors, on entre dans le grand capharnaüm de la liberté créatrice où tout est permis. […] En jouant avec les mots, je recrée la jouissance de Babel, comme le fait l'enfant qui ne veut pas choisir entre son désir de comprendre exactement ce qui se passe et ce qui se dit autour de lui, et la tentation constante du merveilleux ésotérique auquel il est seul à conférer un sens. […] Les sons sont porteurs de sens. À nous d'en tirer parti pour créer un monde qui nous confronte sans cesse à la myriade étonnante de corrélations compliquées qui s'établissent entre les sons, les couleurs, les saveurs, les odeurs, les touchers, les perceptions intimes et viscérales, les émotions et la pensée consciente. Nous avons ce trésor à explorer plus avant et nous le laisserions en friche ? On ne sort pas du jeu. On l'alimente, comme le feu." (Françoise Héritier, Le goût des mots, éditions Odile Jacob)

Pour illustrer, juste après, un texte de COLETTE, « Le curé sur le mur », La Maison de Claudine, 1922.

À huit ans, j'étais curé sur un mur.
Le mur, épais et haut, qui séparait le jardin de la basse-cour,et dont le faîte, large comme un trottoir, dallé à plat, me servait de piste et de terrasse, inaccessible au commun des mortels. Eh oui, curé sur un mur. Qu'y a-t-il d'incroyable? J'étais curé sans obligation liturgique ni prêche, sans travestissement irrévérencieux, mais, à l'insu de tous, curé. Curé comme vous êtes chauve, monsieur, ou vous, madame,arthritique.

Le mot «presbytère» venait de tomber, cette année-là, dans mon oreille sensible, et d'y faire des ravages. « C'est certainement le presbytère le plus gai que je connaisse... » avait dit quelqu'un. Loin de moi l'idée de demander à l'un de mes parents : « Qu'est-ce que c'est, un presbytère ?» J'avais recueilli en moi le mot mystérieux, comme brodé d'un relief rêche en son commencement, achevé en une longue et rêveuse syllabe... Enrichie d'un secret et d'un doute,je dormais avec le mot et je l'emportais sur mon mur. «Presbytère ! » Je le jetais, par-dessus le toit du poulailler et le jardin de Miton, vers l'horizon toujours brumeux de Moutiers. Du haut de mon mur, le mot sonnait en anathème : « Allez ! vous êtes tous des presbytères ! » criais-je à des bannis invisibles. Un peu plus tard, le mot perdit de son venin, et je m'avisai que « presbytère» pouvait bien être le nom scientifique du petit escargot rayé jaune et noir... Une imprudence perdit tout, pendant une de ces minutes où une enfant, si grave, si chimérique qu'elle soit, ressemble passagèrement à l'idée que s'en font les grandes personnes...
- Maman ! regarde le joli petit presbytère que j'ai trouvé !
- Le joli petit... quoi ?
- Le joli petit presb…
Je me tus, trop tard. Il me fallut apprendre - « Je me demande si cette enfant a tout son bon sens… » - ce que je tenais tant à ignorer, et appeler « les choses par leur nom... »
- Un presbytère, voyons, c'est la maison du curé.
- La maison du curé… Alors, M. le curé Millot habite dans un presbytère ?
- Naturellement. .. Ferme ta bouche, respire par le nez... Naturellement, voyons…
J'essayai encore de réagir... Je luttai contre l'effraction, je serrai contre moi les lambeaux de mon extravagance, je voulus obliger M. Millot à habiter, le temps qu'il me plairait, dans la coquille vide du petit escargot nommé « presbytère… »
- Veux-tu prendre l'habitude de fermer la bouche quand tu ne parles pas ? A quoi penses-tu ?
- À rien, maman...
…Et puis je cédai. Je fus lâche, et je composai avec ma déception. Rejetant le débris du petit escargot écrasé, je ramassai le beau mot, je remontai jusqu'à mon étroite terrasse ombragée de vieux lilas, décorée de cailloux polis et de verroteries comme le nid d'une pie voleuse, je la baptisai « Presbytère », et je me fis curé sur le mur.

mercredi 11 décembre 2013

Plonk et Replonk. Humour.


Plonk et Replonk. Ce pseudonyme inspiré du son d'une enclume rassemble les frères Jacques et Hubert Froidevaux. Reconnus "d'inutilité publique" depuis 1997 ces "Artistes artisans" sont des suisses poètes qui bidouillent des cartes postales anciennes, des livres des films ou encore des objets. Bref, "tout ce qui donne du sens -et de la poésie- à l'existence".

Visite !

Poésie.


Dérision.





"En France, il faut prendre garde aux catholiques. Le mur du couvent sur lequel nous avons ajouté l'inscription Nique ta mère supérieure n'a pas été du goût de tout le monde. En suisse, en revanche, on peut bouffer du pape. Mais il ne faut pas toucher aux chiens."



"Faire des cartes postales, ce n'est pas faire de l'art contemporain .../... Nous sommes les fers de lance du néo mouvement de l'art Temporain, né en réaction à l'art Contemporain, déjà devenu obsolète et pompier".

Le site Plonk et Replonk : http://www.plonkreplonk.ch/

Confession vraie, je viens de subir une intervention chirurgicale à l'abdomen, l'humour fendard de ces plonkeries m'interdit de continuer ce post par crainte d'un  craquage de cicatrice par suites d'un fou-rire.
Continuez la visite sans moi. Sens de la visite 

Sincèrement et à Bientôt,
Ozias


Crédits: Artension Mars-Avril 2012.

vendredi 6 décembre 2013

Scandales au musée

 L'art c'est l'émancipation de l'esprit. 
Aborder des créations artistiques sous l'angle de la controverse permet de saisir une époque, ses tabous, ses peurs et ses aspirations les plus secrètes.

Ainsi, quand au XVIIème siècle, Vélasquez peint le pape Innocent X,  plutôt que le pontife il peint l'homme qui avait comme maîtresse la veuve de son frère aîné. Le tableau est violent. Du rouge, du sang et un blanc loin d'être immaculé.Le regard est dur, presque féroce. Les lèvres fines et pincées. Ce pape menaçant est aussi un homme vieux et solitaire. Vélasquez  a réalisé ce magnifique portrait avec courage, avec lucidité et sans hypocrisie. Scandaleuse réalité !
Vélasquez: Le portrait d' Innocent X


Maurizio Catellan. La Nona Hora.1999.
Maurizio Catellan. Him. 2001.


                                                                                                  
          Encore une histoire de pape, mais cette fois racontée par Maurizio Catelan en 1999. Les reins brisés par la chute d'une météorite, le pauvre Jean-Paul II apparaît faible, fragilisé et finalement inapte à honorer ses fonctions. 

'Him' représente un Hitler hyperréaliste de la taille d'un enfant et en prière à genoux. Miniaturisation et humanisation. Cette oeuvre a fait scandale en 2012 lorsqu'elle fut exposée à l'occasion d'une rétrospective Maurizio Catellan en plein coeur de Varsovie."une provocation insensée qui insulte la mémoire des victimes juives des nazis*". Il est vrai que de nos jours le scandale est souvent synonyme de succés. "Je choque dont je suis" pourrait être la devise de beaucoup d'artistes contemporains dont Maurizio Catellan fait peut être partie.


Ai Weiwei. 'Juin 1994'. 121x155cm.
Ai Weiwei a commencé sa carrière comme artiste officiel chinois et et la continue en tant que contestataire officiel du régime. Inquiété par le gouvernement chinois is continue son combat artistique, social et politique. 'Juin 1994'. Cette photographie marque le cinquième anniversaire du massacre de Tiananmen. Tiananmen, le célèbre portrait de Mao, les soldats qui patrouillent et la culotte de Lu Qing, compagne de Weiwei. En 2011 son atelier fut détruit et Weiwei fut emprisonné. http://aiweiwei.com/

Oleg Kulik est un artiste plasticien russe né à Kiev en 1961. Il est particulièrement connu pour son travail sur l'animalité de l'homme. Selon lui, il ne faut pas que nous nous enfermions dans notre humanité. Dns la série 'Family of the future' Kulik réveille la bête qui sommeille en lui laissant son instinct reprendre le dessus, d'où le caractère zoophile de certains clichés.  En 2008 ses images sont censurées à cause de leur caractère violent, pornographique ou contraire à la dignité humaine'. Ces censeurs ne devaient pas savoir que Kulik disait de lui : 'Je n'ai jamais été un homme'.
Oleg Kulik. saint Sébastien aux oies.

Que Voyez vous dans l'image ci dessous? Un phallus ? C'est bien là ,le scandale. 
Pourtant l'artiste assure n'avoir représenté qu'une femme, simplifiée à l’extrême. L'histoire commence avec la princesse Marie Bonaparte que l'artiste représente penchée sur son miroir dans une sculpture aujourd'hui disparue. Partant de cela, Brancusi tente, conformément à son style, de simplifier la forme à l’extrême, de la purifier. Pendant cinq ans, il polit son oeuvre pour la réduire à cet essentiel qui l'obsède. En 1920, l'oeuvre exposée au salon des indépendants déclenche le scandale, est retirée de l'exposition puis réhabilitée grâce au soutient de 70 artistes et personnalités de l'époque. Personnellement, ça me fait penser à quelque robinetterie princière. Je vous laisse juger.
Constantin Brancusi. Princesse X. 1915-1916.

Balthus, Artiste majeur du XXème siècle et hautement reconnu de son vivant écrit à propos de la 'Leçon de guitare' : "Je veux déclamer au grand jour, avec sincérité et émotion, tout le tragique palpitant d'un drame de la chair, proclamer à grands cris les lois inébranlables de l'instinct" (lettre à Antoinette de Watteville, sa future femme). Balthus s'autocensura ensuite et refusa de montre cette ouevre en public. Le MOMA (à New York) en devint propriétaire, mais certains donateurs influents firent pression quatre années durant pour que ce tableau disparaisse du fond. Elle fut donc vendue et se trouve aujourd'hui dans une collection privée, à l'abri de tout jugement.
Balthus. La leçon de guitare.

"Kissing Policemen" du collectif russe Blue Noses fut qualifié par le ministre de la culture, Alexandre Sokolov, de "photographie pornographique" et de "provocation politique". En Russie, l'homosexualité est dépénalisée depuis 1993 mais, dans les faits, elle est peu tolérée et l'état conserve une attitude rétrograde face à ce sujet. Cette photo est un manifeste, et aussi un hommage au celèbre "Gay Bobbies" du street artist Bansky. 
Blue Noses. Kissing policemen.

Cloaca, dont il existe aujourd’hui huit versions, est une machine qui reproduit le système digestif. Lorsqu’elle est exposée, Cloaca est alimentée et produit des fèces. Wim Delvoye a imaginé cette machine et a collaboré avec des ingénieurs et des scientifiques pour la réaliser. Ces machines ne sont pas à vendre. C’est leur production qui est à vendre. Cloaca fonctionne comme une entreprise dans le sens où Wim Delvoye émet des obligations sur celle-ci. Cloaca est ainsi cotée en bourse, et les obligations engendrent des dividendes annuels pour les détenteurs. http://www.wimdelvoye.be/
Cloaca. Win Delwoye.

Notons aussi, et cela n’est pas anodin, que Cloaca, a son propre site internet :www.cloaca.be . Le visiteur peut y voir les obligations de Cloaca, des photos des différentes versions de la machine et pouvait y commander des étrons emballés sous vide et estampillés du logo Cloaca, le premier par exemple, détournant ceux de Ford et de Coca Cola. Le visiteur y trouvera également des informations sur les expositions passées et biographiques, ainsi que des articles sur Cloaca, téléchargeables. On peut se risquer à avancer que la partie la plus intéressante est la partie appelée « As seen on TV ! ». Elle consiste en des témoignages d’acquéreurs d’étrons de Cloaca, à la manière des publicités pour les régimes miracles et autres objets indispensables à la ménagère. Il nous est dit que cet investissement à bel et bien changé positivement la vie de ces collectionneurs d’art. Il est annoncé au visiteur du site internet que les collectionneurs, grâce à leur merde, ont de meilleures relations avec les autres, une meilleure sexualité, une meilleure vie, une plus grande confiance en eux et sont plus riches ! Ces cacas sont ainsi présentés comme des fétiches, gris-gris, faisant office de véritable baguette magique censée changer, et ici au sens premier, la merde en or. Pour le commun des mortels, la marchandise suprême, objets de tous les désirs serait une belle voiture ou un écran plasma, voire un solitaire, mais ici la merde se veut objet de désir pour les collectionneurs d’art. Et elle y parvient dans le sens où c’est une preuve de goût aujourd’hui, de la part des collectionneurs d’avoir un étron produit par Cloaca. D’une part car en en possédant un, le collectionneur montre qu’il sait apprécier le travail de Wim Delvoye, et ainsi, prouve qu’il est ouvert d’esprit, intelligent et cultivé. D’autre part, car cela montre qu’il sait investir dans des artistes dont la côte va grimper. En plus de la plus value sociale, il en dégagera donc une plus value financière, car son étron lui permettra d’en dégager des bénéfices s’il décide de s’en séparer. Grâce à Wim Delvoye et à Cloaca, la merde, et pas de la merde d’artiste, de la merde produite par une machine à merde cotée en bourse, devient objet de désir et de spéculation pour les collectionneurs d’art, c’est-à-dire, quelques-unes des personnes les plus riches et les plus influentes de ce monde.

Crédits: Le Musée des scandales. L'art qui fâche. Eléa Baucheron. Diane Routex.



* Centre Simon-Wiesenthal

mardi 26 novembre 2013

Francis Bacon, l'effroyable viande*

Francis Bacon. Autoportrait à l'oeil blessé.
'Un triptyque de Bacon vendu pour 142 millions de dollars'
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters | 13.11.2013 à 03h21

Au delà de sa valeur marchande, que nous dit la peinture de Bacon, en quoi nous touche t'elle  ? 
'La peinture de Francis Bacon (1909-1992) est angoissante. Elle nous met mal à l'aise. Elle montre une viande à l'état brut qui nous rappelle notre condition. Mais, elle est surtout sans concession comme pour dire que le corps n'est que le vestige de la viande'.
Dans ses tableaux, Francis Bacon nous dit : "Nous sommes de la viande, nous sommes des carcasses en puissance".  

Francis Bacon va plus loin que le corps, il cherche à faire parler la chair. Il étudie les sensations de la chair. La chair, c'est la matière du corps. Tout comme la peinture est la matière du tableau ou la pierre celle de la sculpture. La chair constitue la matière du corps vivant. Maintenant comment en exprimer les sensations? Francis Bacon interroge la chair en la tordant, en la crispant. Il tape dans la chair pour en apercevoir les tensions, les forces qui s'exercent contre elle. Ses figures sont contorsionnées, elles sont à la limite de se briser les os, la chair est abîmée, malmenée, presque torturée. Il est important d'ajouter que Francis Bacon ne peint pas des personnages, il ne représente pas une histoire, il n'est en aucun cas figuratif. Il est dans l'expression pure d'une figure faite de chair. Sa figure c'est la chair. On pourrait dire qu'il a personnifié la chair pour le comprendre d'un point de vue illustratif. "


Francis Bacon peint le corps.

Francis Bacon. Portrait de Henrietta Moraes.1963.
"Je te frapperai, sans colère et sans haine, comme un boucher, comme Moïse le Rocher" Baudelaire. Héautontimorouménos. Fleurs du mal.


Estampe.
 "Si une chose est transmise directement, les gens sentent cela comme horrifiant. Ils ont tendance à s'offenser des faits, de ce qu'on a l'habitude d'appeler 'Vérité'." 


Etude pour le corps humain. 1949.

Innocent II. Velasquez.1650
"Ce que je veux faire, c'est déformer la chose et l'écarter de l'apparence, mais dans cette déformation la ramener à l'enregistrement de l'apparence". Francis Bacon.

Francis Bacon ne peint pas l'horreur, il peint le cri.

Le portrait original du Pape Innocent II par Velasquez est empreint d'une grande violence. Dépourvu de miséricorde, ce pape menaçant est aussi menacé par son propre corps. Trois siècles plus tard, Francis Bacon, obsédé par cette image transforme le souverain pontife de Velasquez en un pape hurlant qui semble précipité en enfer. Bacon a été sensible à a la force dénuée d'hypocrisie de ce portrait.


Le pape Innocent X. (Thème fréquent d'après le tableau de Velasquez).
Fragments d'une crucifixion.
Triptyque. 1949.
Crédits :
Philippe Sollers. Les passions de Francis Bacon. Gallimard 1996.
http://tousviandes.blogspot.fr/2013/07/boeufs-ecorches-ou-la-sensation-de-la.html
*Bacon, l'effroyable viande. Alain Milon. Encre Marine.

Pour les curieux, un film de Georges Franju 1949. 'Le sang des bêtes'. Musique de Joseph Cosma.

jeudi 21 novembre 2013

Lou Reed, mort du foie.

Lou Reed. Automne 2013.
Lou Reed, chanteur underground, poète maudit et photographe ignoré est mort à 71 ans des suites d'une hépatite virale. Intraveineuses, hépatite C, alcool, transplantation hépatique… un calvaire classique et tragique mais un parcours exceptionnel où Lou reed fut successivement Rockeur, acteur (Brooklyn Boogie), écrivain , poète (Traverser le feu), et photographe (Rimes Rhymes).  
Lou Reed nait en 1942, à Brooklyn d'une famille juive, middle class. Au cours de l'été 1958, ses parents lui font subir 24 séances d'électrochocs pour le guérir de ses pulsions homosexuelles. Insomnies, dépression. Etudiant, Lou Reed aime Ornette Coleman, William Burroughs, Bo Diddley et  Kierkegaard. En 1962, à l'université de Syracuse, il fait une rencontre décisive, celle de son professeur Delmore Schwartz, poète beat, essayiste, défoncé et alcoolique.

L'année suivante, à Harlem, il se shoote à l'héroïne et probablement attrape son hépatite en partageant des seringues contaminées. Il passe une licence de lettres, compose "Heroin", gratte dans les bars du Village, découvre la Dream House, les expériences radicales de La Monte Young, pionnier de la musique minimaliste, grâce à John Cale. C'est avec lui qu'il fonde le Velvet Underground ( titre d'un livre de Michael Leigh sur les pratiques sexuelles transgressives). 

Le Velvet Underground ne trouvera pas le succès, mais restera comme un des groupes les plus inventifs de toute l'histoire du rock, à la portée aussi grande que celle de Bob Dylan. Avant de quitter ce groupe le 23 août 1970, Lou Reed aura traversé une des périodes les plus marquantes de sa vie, dominée par sa collaboration avec Andy Warhol

En 1972 David Bowie produit l'album Transformer (1972), véritable manifeste gay du rock, dont est tiré « A Walk On The Wild Side ». Ce titre devenu légendaire, avec ses choristes et son solo de saxophone, reste le seul véritable grand succès de sa carrière. Cet excellent album contient les classiques : « Perfect Day » , « Vicious » et « Satellite Of Love ». 



En 1973 Lou Reed  âgé de 37 ans triomphe. Il connaît pourtant une grave crise personnelle : furieux de s'entendre accuser d'avoir copié David Bowie, il se fâche avec celui-ci. Après avoir brusquement quitté sa femme, qui tente de se suicider, il se retrouve seul. Un des sommets artistiques de la carrière de Lou Reed naîtra d'une des périodes les plus noires de sa vie. Avec le producteur Bob Erzin, alors âgé de 24 ans ; il conçoit un projet ambitieux : Berlin. un album, qui serait un film pour les oreilles. Ce disque romantique narre l'histoire de la déchéance extrême d'un couple drogué, dépressif et suicidaire à Berlin-Ouest. A la fois sinistre et sublime, terrifiant et grandiose, Berlin (1973) est une remarquable réussite artistique. Il est pourtant fustigé par une grande partie de la critique et boudé par le public, habitués à des thèmes plus faciles. Lou Reed en est profondément blessé : se sentant abandonné de tous, il se drogue plus que jamais, substituant à l'héroïne la méthédrine  et l'alcool.


Depuis, Lou Reed réapparaît  comme un nouveau personnage, auquel il restera associé de manière indélébile : celui d'un mort-vivant décadent, d'apparence squelettique, sarcastique à l'extrême. En 1978, Alcoolique, il s'isole dans sa maison, et ce ne sera qu'avec les réunions quotidiennes d'une association d'anciens toxicomanes anonymes qu'il parviendra en 1981 à se sortir des drogues et de l'alcool.En 1992 il écrit : "J'ai essayé de me débarrasser de la drogue en buvant, mais ça n'a pas marché."

Le temps passant, Lou Reed  était devenu un paradoxe vivant. C’était aussi un dossier hors du commun, le reflet des errances et des performances de la médecine moderne. Méchamment électrochoqué dans l’enfance sur prescription psychiatrique, il avait aussi longtemps pris toutes sortes de médicaments. Il  expliquait qu'il en prenait parce que, au XXe siècle et dans les villes, on ne pouvait pas ne pas en prendre si on voulait se tenir debout; debout comme l’homme l’est depuis les cavernes. Le temps passant la plupart de ses amis proches étaient morts du sida, ou du cancer. Inspiré par le décès de plusieurs amis, il a cherché à transmettre dans Magic And Loss (1991), un message de réconfort à tous ceux qui sont touchés par la maladie et la disparition d'un proche. Il est alors fait officier de l'ordre des Arts et Lettres par le ministre de la Culture Jack Lang.

Drogué, alcoolique puis métamorphosé par l’amour, le régime et le TaI Chi Lou Reed fit et fera durablement rêver. Lou Reed ne cachait pas sa bataille contre son hépatite C. Transplanté du foie en avril 2013, il avait repris espoir comme beaucoup de malades, mais malheureusement, les complications de la greffe lui furent fatales.


Lou reed est mort du foie. Les maladies du foie sont des maladies de pauvres ou de marginaux, comme les maladies du coeur sont des maladies de riches.
Aujourd'hui, Lou Reed est plus que jamais underground.

Ozias

Jardin italien. Rimes & Rhymes. Lou Reed.

vendredi 15 novembre 2013

Érotique brut art.

Art brut, des représentations amoureuses affranchies des conventions culturelles.

Ann Van der Linden
Celine Malépart. Le chat du milieu.
Friedrich Schroder Sonnenstern.
Dominique Cauvé. Effusion amoureuse 3247.

Hubert Duprilot
Eric Demelis. La branleuse et ses deux filles.


Jean Kiboi. Animo Chô.

Jean Rustin.
Marinela Pelosi.
Ody Sabran
Royal Robertson.
Stephff tribal. Orgasm 7.
Antoine Rigal.
Kler. Retour sur l'origine.

dimanche 10 novembre 2013

Bon goût - Mauvais goût.

CATEGORIE MAUVAIS GOUT.





http://www.tdg.ch/vivre/societe/calendrier-sexy-cercueils-polonais/story/19367583


La femme de fer.  Klub des loosershttps://www.youtube.com/watch?v=xlmHggsWyIU


Chantal. Apoplexiehttps://www.youtube.com/watch?v=zV3UlejU7fI

CATEGORIE BON GOUT.

Le noces de Figaro. Mozart. J.H Gardiner https://www.youtube.com/watch?v=fxm0lkoSMU4

Girl from Ipanema. Stan Getz and João Gilberto. https://youtu.be/c5QfXjsoNe4
Hiroshi Sugimoto. Méditerranée.
Merci de vos votes et vos commentaires. Ozias.