'Mark Ryden est le chef de file des nouveaux surréalistes américains. Il puise son inspiration dans ses souvenirs d’enfance et crée des paysages enchantés aux couleurs pastels, peuplés d'enfants aux allures de poupées perverses, d'animaux aussi mignons que mutilés, et de monstres comiques ou terrifiants' (wikipédia).Ses tableaux ont le ton et la précision des vanités baroques, dans lesquelles la viande constitue un thème de premier choix. 'J'aime peindre la viande parce que la viande revêt de multiples signification auprès des gens. Il y a en effet beaucoup de raisons à cela. Nous sommes des créatures de pure energy et "la viande" est ce qui nous garde vivant. Je me demande souvent par quels processus "la viande" qui a été le corps d'une créature vivante devient une "substance" inanimée que nous traitons comme une chose et sans être conscient de ce qu'elle a pu être. Récemment l'artiste autrichien Flatz a créé l’événement en jetant une vache morte sur Berlin depuis un hélicoptère. https://www.youtube.com/watch?v=MBuV3clz4jY
Inside Sue. Mark Ryden
Bien que je ne sois pas très fan d' "art brutal", il est intéressant de voir qu'un protecteur des
animaux qui voulait s'opposer juridiquement à cette performance a été débouté pour la bonne raison que la vache est considérée, au vu de la loi, comme de la nourriture et non comme un animal. Je trouve cela fascinant. A quel moment exactement un animal devient il viande ?
La bible nous dit "Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. " Voici qui est bien curieux. Drôle de rituel que celui des catholiques qui chaque dimanche partagent le corps du Christ en communion. L'interprétation littérale de l'eucharistie est une source infinie de visions oscillant entre l'humour et l'horreur.
Meat shop. Mark Ryden.
Il y a une horreur intrinsèque à l'industrie de la viande: le sang, l'éviscération, l'inhumaine boucherie. La plupart d'entre nous, par leur appétit pour la viande, participent à ce massacre. Sue Coe , artiste anglaise militante de la cause animale, explore avec puissance ce thème dans son travail et ses écrits.
Sue Coe. Lete concentration camp.
Sue Coe. Modern man followed by the ghosts of his meat.
Dans son art Mark Ryden, lui,ne porte pas de jugement direct ou personnel sur la consommation de la viande mais il s'interroge et nous questionne sur le paradoxe qu'il y a à ne pas chercher à savoir ce que cachent nos steaks: "Je me se demande ce nous ferions si nous devions nous même tuer les animaux que nous consommons." Mark Ryden. Traduction approximative Ozias. 'Ryden ne critique pas le fait de consommer de la viande, il aime en manger lui même. Il est intrigué par son aspect, par la signification qu'elle revêt dans le cycle de la vie, par le fossé entre la consommation de la viande et sa préparation : l'acte de savourer un hamburger juteux se situe à des années lumière du moment où la génisse est entrée à l'abattoir et a ressenti la décharge électrique du pistolet assommoir pressé contre son front.' (Mike Mc Gee) Mark Ryden own words In english
Quelques images, quelques vers de grands poètes. Images sépia du temps passé. Correspondances et mystères.
Rimbaud Arthur, 30 ans.
Rêvé pour l'hiver (7 Oct. 1870)
L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose Avec des coussins bleus. Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace, Grimacer les ombres des soirs, Ces monstruosités hargneuses, populace De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée... Un petit baiser, comme une folle araignée, Te courra par le cou...
Et tu me diras: "Cherche!" en inclinant la tête, Et nous prendrons du temps à trouver cette bête Qui voyage beaucoup...
La mort des amants . (Baudelaire 1857) Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de ROSE et de BLEU mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Marcel Proust sur son lit de mort. 1922, par Man Ray.
Antoine Watteau (poèsie de Marcel Proust)
Crépuscule grimant les arbres et les faces, Avec son manteau bleu, sous son masque incertain ; Poussière de baisers autour des bouches lasses... Le vague devient tendre, et le tout près, lointain.
La mascarade, autre lointain mélancolique, Fait le geste d'aimer plus faux, triste et charmant. Caprice de poète - ou prudence d'amant, L'amour ayant besoin d'être orné savamment - Voici barques, goûters, silences et musique
Le lac Edgard Poe. Traduction de Stéphane Mallarmé
Au printemps de mon âge ce fut mon destin de hanter de tout le vaste monde un lieu, que je ne pouvais moins aimer, — si aimable était l’isolement d’un vaste lac, par un roc noir borné, et les hauts pins qui le dominaient alentour.
Mais quand la Nuit avait jeté sa draperie sur le lieu comme sur tous, et que le vent mystique allait murmurant sa musique, — alors — oh ! alors je m’éveillais toujours à la terreur du lac isolé.
Cette terreur n’était effroi, mais tremblant délice, un sentiment que, non ! mine de joyaux ne pourrait m’enseigner ou me porter à définir — ni l’Amour, quoique l’Amour fût le tien !
La mort était sous ce flot empoisonné, et dans son gouffre une tombe bien faite pour celui qui pouvait puiser là un soulas à son imagination isolée — dont l’âme solitaire pouvait faire un Éden de ce lac obscur.
Sous le règne de Louis XIV, l'écrivain et prêtre François-Timoléon de Choisy a passé une partie de sa vie habillé en femme, courtisé(e), apprécié(e) ou moqué(e). "L'envie d'être belle me prit avec fureur; je fis faire des habits magnifiques, je remis de beaux pendants d'oreilles...Les rubans, les mouches, les airs coquets, les petites mines, rien ne fut oublié...Je croyais être aimable, et je voulais être aimée." L'abbé de Choisy, auteur de ces lignes fut écrivain, académicien, diplomate, mais aussi prêtre. En vivant en femme, en entretenant des liaisons avec les deux sexes, il reçoit bien parfois des moqueries et des lettres anonymes, ses frasques font l'objet d'un écho dans une gazette, il est gentiment brocardé par les chansonniers, il entend des chuchotements à l'église mais protégé et heureux de se donner en spectacle, il ne s'en souciera guère. L'abbé passera la seconde moitié de sa vie en historien prolixe. Son grand oeuvre est une histoire de l'Eglise rédigée en 5000 pages et onze volumes. D'Alembert lui prête ce bon mot "j'ai écrit, grâce à Dieu, l'histoire de l'Eglise; il me reste présentement à l'étudier". Ce sera son journal dans lequel il assume pleinement son propre plaisir qui lui assurera la postérité. Jusqu'à ses derniers jours, il travaille chez lui habillé en femme. Il s'éteint octogénaire en 1724. Sources: Libération 12 août 2014http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2079262/f5.image http://www.racontemoilhistoire.com/2014/05/13/labbe-fanfreluche-lhistoire-du-cure-se-maquille/ Charles-Geneviève-Louis-Auguste-André-Thimothée d'Eon de Beaumont, dit Chevalier d'Eon est né le 5 octobre 1728 . Trois prénoms féminins, pour 3 masculins, disent toute l'ambiguïté du personnage. Le chevalier d'Eon est Espion de son état. Pour des raisons professionnelles, il lui arrive à d'Eon de sortir de chez lui déguisé en femme. Mais il prend goût au jeu et lorsqu'en, deuxième partie de carrière l'attention du roi, mais aussi des anglais, se détourne de lui, le Chevalier supporte bien mal ce désintérêt soudain et il multiplie les provocations se promenant désormais travesti en femme. Progressivement, les rumeurs vont se multiplier à travers l'Europe sur le sujet de son identité sexuelle, conduisant même certains à lancer des paris. Le silence de l'intéressé qui ne démentira jamais ces rumeurs ne fera qu'amplifier le doute qui se transformera alors chez beaucoup en une certitude : le chevalier est une femme. Le chevalier d'Éon choisira sciemment de signer une proclamation dans laquelle il annonce être de sexe féminin. Le roi Louis XVI lui imposera en échange d'une rente à vie de porter des vêtements féminins jusqu'à la fin de ses jours ce qu'il fera pendant plus de trente années. Destitué de tous ses titres militaires, il finira sa vie dans la misère en tant que saltimbanque et ce n'est qu'après sa mort et son autopsie en 1810 que beaucoup comprendront enfin que le chevalier d'Éon était un homme.
"Je soussigné [Th Copeland] certifie que j’ai inspecté et disséqué le corps du chevalier D’Eon en présence de M. Adair, de M. Wilson, du père Elysée, et que j’ai trouvé les organes mâles de la génération parfaitement conformés sous tous les rapports.
Plus près de nous, en mai dernier, Conchita Wurst, la drag-queen autrichienne à la barbe taillée en forme de cœur a remporté le concours Eurovision de la chanson début mai. Conchita Wurst (Tom Neuwirth) sait que son statut de femme à barbe peut choquer, que certains la perçoivent comme une bête de foire, cousine de Quasimodo plus que de Mona Lisa. "Es ist mir Wurst !" ("Cela m'est égal !") s'exclame la nouvelle Queen d'Autriche. "C'est exactement la raison pour laquelle j'ai choisi "Wurst". Homme ou femme, barbu ou non barbu, cela n'a aucune importance, explique-t-elle. Nous sommes tous des êtres humains."
Pour Tom S'habiller en femme est un plaisir ancien et "un hommage aux femmes". Et en particulier à sa mère, dont il s'est récemment fait tatouer le visage sur le dos.
Hermaphrodite. Le Bernin.
Le fantasme de l'androgynie est vieux comme le monde. Platon affirmait déjà que les sexes sont la trace de la blessure infligée par Jupiter pour punir les hommes de leur révolte contre les dieux. Pour certains humanistes de la renaissance l'hermaphrodite, puisqu'il est idéal d'unité perdue, est la créature la plus aboutie au niveau philosophique et alchimique. Le XIXe siècle s'est intéressé avec insistance à la question de l'hermaphrodisme et de l'ambiguïté sexuelle. Au XIXème siècle la photographie, se donne pour but l'archivage des races, des formes humaines et des mutations du corps et voici les photographies sans pitié de Nadar (1820-1910) concernant l'hermaphrodisme.
L'hermaphrodite occupe ainsi dans nombre de champs de savoir une place stratégique et déstabilisante, parce qu'il oblige sans cesse à penser la frontière des sexes : le discours médical s'interroge sur l'origine et la nécessité de la distinction sexuée ; le droit, en ayant à statuer sur l'identité sexuelle, impose avec hésitation une définition complexe à partir d'éléments anatomiques et/ou du comportement social (différenciant ainsi le sexe et le genre).
J'aime bien les images. Les images sont agréables à regarder, faciles à retenir et plus rapides que les mots. Pour le plaisir, quelques compositions maison.
Inspirez ou soufflez, c'est selon... La libération ne vient pas toujours d'où on l'attend.
Sigmung Freud et William.S Burrough sont dans un bateau... Le psychonaute est il toxicomane ou introspecteur ?
Quand le wanderer solitaire de Caspar David Friedrich découvre la tour de Babel de Pieter Bruegel
Lolita Lempicka. Enviergement1.
Lolita Lempicka. Enviergement2.
Bestabée au Bain revue par un regardeur de Rembrandt.
Voir et être vu (Décembre 2013)
Bithérapie interféron (les seringues) et ribavirine (les cachets roses). Décembre 2011
Au Japon durant l'ère Edo (XVIIème siècle) les marchands d'accessoires érotiques vendent des cordelettes desséchées qu'il faut tremper dans l'eau chaude pour les assouplir puis nouer autour du sexe, en un laçage esthétique proche du bondage. Ces lanières végétales prennent au contact des muqueuses une consistance si moelleuse qu'il s'en vend toujours aujourd’hui dans les catalogues de sex-shops. Leur nom 'zuiki'a curieusement été traduit en français par 'lanières de bardane'. Il semblerait que ce soit une erreur car la pauvre petite bardane (gobo en japonais) est une plante bien trop fragile pour que l'on puisse faire des noeuds avec. Le mot zuiki désigne en réalité la tige de taro bien plus capable de résister aux assauts amoureux. Les zuiki se présentent sous la forme d'une cordelette qu'il faut nouer autour de son pénis , en spirales entrecroisées. Le but est d’épaissir généreusement la
hampe, mais aussi de lui donner une consistance plus rapeuse augmentée d'une option point G. Le 'zuiki' , mot qui signifie aussi extase en japonais, est prétexte à d'innombrables poèmes satiriques mettant en scène des moines qui convertissent de jolies veuves aux délices de la religion par la découverte de quelques commotions mystiques. Le seul défaut du higo-zuiki (Higo est le nom de la région productrice de 'lanières érotiques') est qu'il arrive que ces lanières se dénouent 'in situ' dans le feu de l'action. Pour pallier la maladresse de certains hommes incapables de nouer correctement la lanière sur leur pénis, ou trop pressés pour perdre un temps précieux, les commerçants vendent donc des 'higo-zuiki' prêt à porter, c'est à dire des corsets péniens joliment tressés en diamant, en losange, ou en carapace de tortue, qui se portent à la façon de préservatifs. Au XVIIème siècle on les appelle "bateau pour sauver la vie" car ils permettent d'affronter stoïquement les éléments déchaînés.
Pour rester à flot, certains amants poussent la délicatesse jusqu’à faire jouir leur partenaire à l'aide de godemichés en tige de taro. Ces répliques de phallus tressés existent encore de nos jours.
Après cette introduction, quelques Haiku bien tournés qui restent bien dans le sujet : Chose bien naturelle son gode elle a trempé dans du saké chauffé A Yoshihô comme venant laver des bardanes les dames clientes Mari d'Echizen appelant à son secours la province de Higo Echizen est une province au nord de Kyoto. les miliataires de cette province protégeaient la pointe de leurs lances avec une sorte de bonnet en peau d'ours. Par analogie de forme le mot Echizen est venu à signifier l'état de phimosis ou celui qui en est atteint. Higo est la province qui produit les higozuiki.
La chaleur de l'eau comme les forgerons la maîtrisent les dames du palais (La qualité d'une lame de sabre forgée dépend en grande partie de la température de l'eau où se font les trempes successives). A la nuit profonde c'est trop chaud, c'est trop tiède dit la dame du palais Dans les cas d'urgence à froid elles en font usage les dames du palais
Crédits : Les objets du désir au Japon. Agnès Giard. Drugstore. Glénat 2003. Haiku érotiques. Traduits et présentés par Jean Cholley. Picquier Poche 2002 http://www.paraverse.org/picsenryu.htm
La chair est triste hélas, et la carne où l'on s'incarne il faut bien vivre avec. La dire ou la montrer, c'est autre chose tout est question de lieu et d'époque. De Rubens à nos jours, quelques images du mystère de la chair, fait d' horreur et de délectation.
Car elle ne se commande pas, l'érection est à la fois servitude et liberté. "Le célèbre geste d’Adam couvrant son sexe d’une feuille de figuier s’explique, selon saint Augustin, non pas par le simple fait qu’Adam avait honte de sa présence, mais par le fait que ses parties s’agitaient sans son consentement. Le sexe en érection est l’image de l’homme révolté contre Dieu. L’arrogance du sexe est le chatiment et la conséquence de l’arrogance de l’homme. Le sexe incontrôlé de l’homme est à l’image de ce qu’Adam fut à l’égard de Dieu : un rebelle."— Michel Foucault, “Sexualité et solitude”
Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs nommaient phallos. Du sexe masculin dressé, c'est-à-dire du fascinus, dérive le mot de fascination, c'est-à-dire la pétrification qui s'empare des animaux et des hommes devant une angoisse insoutenable. Les fascia désignent le bandeau qui entourait les seins des femmes. Les fascies sont les faisceaux de soldats qui précédaient les Triomphes des imperator. De là découle également le mot fascisme, qui traduit cette esthétique de l'effroi et de la fascination. (d'après Pascal Quignard Le sexe et l'effroi). A Rome ou à Athènes, l'idéal du citoyen mâle est de se réserver les rôles "actifs" dans la relation sexuelle. "Il y a, d'un côté, ceux qui pénètrent; de l'autre, tous les autres, ceux qui ne possèdent pas le pouvoir, ceux qui sont pénétrés - les femmes, les garçons, les esclaves", indique Géraldine Puccini-Delbey. (Photo Herman Puig).
Nadia Lee Cohen
Le vrai laisser-aller La médecine explique que contrairement à ce qu’on croit, avoir un sexe flasque, c’est tout un travail : « S’il n’y avait pas un système qui tenait les artères de la verge fermées, on banderait toute la journée. C’est un phénomène physiologique, une stimulation permanente, conditionnée par des récepteurs chimiques et qui maintient la verge au repos. Cette stimulation permanente va disparaître s’il y a des sollicitations qui arrivent : ce peut être le pantalon qui frotte, un désir qui vient, des caresses. » Bref, résume-t-il :« La situation normale est que les muscles lisses du pénis sont contractés pour que la verge reste flaccide. La nuit, lors des phases de sommeil paradoxal ; l’action chimique constrictive disparaît et la musculature se relâche laissant les artères se dilater pour remplir la verge de sang. » «Nous savions déjà que la libération d’oxyde nitrique chimique, un neurotransmetteur produit dans le tissu nerveux, déclenche une érection en relâchant les muscles qui permettent au sang de remplir le pénis. ../....«Aujourd'hui, nous constatons que l'oxyde nitrique n'est pas seulement un déclencheur, mais l’initiateur de tout un processus cyclique qui continue à produire des ondes de neurotransmetteur dans le complexe nerveux du pénis», nous dit le Docteur Burnett.
Plus poétiquement Victor Hugo appelait joliment les érections matinales « les matins triomphants ». « Quand on est jeune, on a des matins triomphants ; Le jour sort de la nuit comme d’une victoire. »
La demi-molle.
Marion Fayolle
La verge, c’est comme la Garde nationale : soit au repos, soit au garde à vous et prête à entrer en action, pas de demi-mesure ! Non, il n’y a pas d’autre usage suggéré ou envisagé. Et je ne parle même pas de l’iconographie culpabilisante et dramatique de ces pages : compatissez avec ce pauvre gars qui se prend la tête dans les mains, consterné parce que concerné par les troubles de l’érection… Dans les zones intermédiaires, il y a du plaisir
Stop ! En maths, on dirait que l’érection est une fonction continue, pas une fonction discrète. En gros : il n’y a pas quelques stades bien définis et clairement identifiés (repos, mollasson, rigide), mais toute une palette de zones intermédiaires. Et dans ces zones intermédiaires, il faut bien se dire que non seulement il n’y a pas de honte, il y a du plaisir ! Avec les dents pendant une gâterie, par exemple, on ne risque pas de rayer le casque, il est plus mou ! On peut même mordiller, malaxer, enrouler... non, pas faire un nœud. Semi-bander, c’est déjà le début du bonheur. On ressent la chaleur et le trouble doux de l’excitation sans que ce soit un raz-de-marée. La demi-molle est printanière, modeste et érotique. Elle s’amuse d’un rien. Elle badine. Elle taquine. On survalorise trop le braquemart raide, et on oublie que le sexe sous forme de coït (inséré dans le ou les orifices idoines), ça connaît un avant plus ou moins crescendo, mais aussi un après. La bandaison, même incomplète, ne se commande pas. Mais elle s’apprivoise ! Se laissant aller à la rêverie érotique, l’escalade commence dans le pantalon et on se sent vivre. C’est de l’amusement, on peut chercher la stimulation, le frottement discret, le regain d’excitation sans chercher la complétion. Non, ça n’ira pas au bout. Mais c’est bon quand même ! Sans enjeux. Sachons valoriser la demi-molle à l’heure somnolente de la sieste. Laissons-nous un peu aller, c’est l’été.
Notons pour finir qu'en médecine légale, la présence d'une érection terminale (post mortem) est un indicateur d'une mort très probablement rapide et violente.