vendredi 26 juin 2015

La grande santé

Pietà. Dernière oeuvre de Titien
La grande santé, selon Nietzsche, c’est savoir accueillir le tragique de l’existence. La grande Santé est également le titre d'un livre de Olivier Razac paru en 2006. C'est aussi le titre du récit de Frédéric Badré dernièrement paru aux éditions du Seuil. En 2012, Frédéric Badré, peintre et littérateur apprend qu'il est atteint de SLA, une maladie neurologique dégénérative qui lui fait perdre peu à peu l'usage de ses muscles, de son corps. Dans son livre il raconte comment il s’accommode de sa maladie, et l'usage qu'il en fait. "Mon corps se suicide. J'ai beau me trouver en complet désaccord avec lui, je vois bien qu'il ne se range pas à mes raisons." Malgré «lui» il apprend à vivre "avec lui". Il nous parle de la force vitale qui s'éveille au fur et à mesure que la maladie progresse. D'où ce titre "La grande santé". Sa démarche rappelle Nietzsche dans 'Ecce homo': « La maladie me libéra lentement : elle m’épargna toute rupture, toute démarche violente et choquante. […] La maladie me conféra du même coup le droit à un bouleversement complet de toutes mes habitudes : elle me permit, elle m’ordonna l’oubli ; elle me fit le cadeau de l’obligation à la position allongée, au loisir, à l’attente et à la patience…Mais c’est cela qui s’appelle penser » .
Edward Watson interprétant Gregor Samsa

Tout au long de son livre Frédéric Badré partage avec nous ses trésors artistiques et particulièrement sa lecture de 'La métamorphose' de Kafka par laquelle il aborde la question délicate des rapports du malade avec son entourage.

Frédéric Badré nous le dit: "Ce que je ne peux pas partager [avec mon entourage], c'est la monstruosité."
Gregor Samsa, monstrueux héros de Kafka métamorphosé du jour au lendemain en cafard, est une métaphore douloureuse de la séparation avec le monde qu'impose le changement de la maladie. 
"La métamorphose met en scène la violence des rapports familiaux" et montre aussi la façon dont "l'étrangeté trouve sa place dans la normalité".  

p131 "Grégor ne se voit pas comme un gros scarabée. Dans sa tête il reste le Grégor qui aime sa famille, son travail et qui voudrait payer les études de sa soeur". p134 "Comme Grégor, qui ne sait plus vraiment, en son for intérieur, s'il est un homme ou un scarabée, je risque à mon tour de perdre mes repères." p135 "après l'insignifiance, voici venu [Pour Grégor] le stade du bouc émissaire. On n'hésite plus à le brutaliser. Une godasse vient blesser sa carapace. Clopinant, Grégor se réfugie dans son antre poussiéreux, réduit à presque rien." 
Puis dans la vraie vie p138 "La vie suit son cours. Papotages, rires, disputes aussi, discussions sur les activités des uns et des autres. Je les regarde comme Grégor écoute le récital de violon de sa soeur. Je participe intérieurement aux conversations. Je lance des phrases qui ne sortent pas de ma bouche. Elles se brisent sur cette cage de verre invisible qui m'enferme. Une analyse remarquable qui met en évidence la profondeur de la nouvelle de Kafka et qui dit avec sensibilité et tact le drame et la force de Frédéric Badré. 
"La grande santé, s'exprime dans un rapport particulier à la dépense où le sacrifice joyeux vient remplacer la comptabilité inquiète." *

Ozias

Notes :
Pendant mon traitement j'avais ressenti cette congruence entre l'état de Grégor et la condition du malade:
http://www.huffingtonpost.fr/olivia-phelip/la-grande-sante-frederic-badre-sla_b_7208190.html

lundi 22 juin 2015

Voutch outch outch


                   Vous savez, ma petite Florence, dans la charcuterie c'est exactement comme dans le cinéma: 
ça couche énormément.

                  -Notre complémentarité est elle capable de dépasser le cadre strictement juridico-fiscal ?                             C'est précisément l'objet de cette réunion de travail, Verdonnet.
-Personne ne sortira de cette pièce avant que nous n'ayons pu répondre à ces deux questions:
 a) Qui a organisé cette réunion? b) Dans quel but ?

-J'aurais aimé vous parler de la qualité du travail de chacun, de l'esprit d'équipe, des excellentes performances obtenues récemment, bref, de toutes ces choses qui existent dans la plupart des entreprises, sauf la nôtre.
-Les marchés sont persuadés que nous préparons un plan social de 15000 personnes et nous ne pouvons absolument pas nous permettre de les décevoir. Or, nous ne sommes que 13500. Il va donc falloir embaucher.

Pour notre entreprise, cette question soulève à la fois un grave problème éthique et un problème économique. Si personne n'y voit d'objection, passons directement au problème économique.

Bienvenue dans la batterie 37B. A partir d'aujourd'hui, votre challenge personnel est de devenir le meilleur club-sandwich poulet/crudités/mayonnaise jamais vendu dans une station-service d'autoroute.

samedi 13 juin 2015

Etourdissement

Pub pour une boucherie parisienne.
On mange du porc, du bœuf, du mouton, comme si la viande était un produit qui ne provenait pas d'animaux ayant vécu. Dans la viande l' l'individualité de l'animal disparaît dans les morceaux géométriques présents sur l'étal.  La présentation en pièces standardisées et décorées fait disparaître le côté tragique de la mise à mort. La vie de l'animal, sa souffrance, son agonie sont totalement absentes de cette exhibition d'un artisanat boucher qui se réclame parfois de l'art. 
D'autre part, s'il faut montrer autre chose, il faut aussi parler d'autre chose. 
Éluder : voilà qui pourrait résumer le propos des campagnes de promotion des produits carnés. Ce qu'il s'agit d'éluder c'est l'effusion du sang qui coule au moment de la mort, de l'abattage. En fait, lorsque le boucher assumait la double fonction d'être à la fois le tueur et le vendeur, la viande était clairement le cadavre d'un animal tué à la vue de tous.
Camille D'Alençon. Triptyque.
Pourtant dès le moyen âge  La salubrité et la sécurité publiques ont été invoquées  par les pouvoirs publics pour dissocier les lieux de mise à mort et de vente.
Outre les problèmes d'hygiène que posait la proximité des animaux vivants avec la viande, la banalisation de l'effusion du sang n'a pas manqué d'alerter les milieux éclairés soucieux de "moraliser le peuple". Cette brutalité inscrite dans la quotidienneté enlève à la violence tout caractère transgressif, et les possibles conséquences (sur le plan social) de l'accoutumance à un tel spectacle sont soulignées. De façon exemplaire à ce propos, Sébastien Mercier (1782-1788) écrit qu'"il n'est ni bon, ni sage d'égorger l'agneau sous les yeux de l'enfance, de faire couler le sang des animaux dans la rue. Ces ruisseaux ensanglantés affectent le moral de l'homme ainsi que le physique : il s'en exhale une double corruption. Qui sait si tel homme n'est pas devenu assassin en traversant ces rues et en rentrant chez lui les semelles rouges de sang. Il avait entendu les gémissements des animaux qu'on égorge vivants, et peut-être par la suite fut-il insensible aux cris étouffés de celui qu'il avait frappé". C'est moins le souci d'adoucir la mort des animaux que celui de ne pas montrer le "mauvais exemple" qui se fait jour ici.

 L' abattoir, lieu clos (silence) et excentré (invisibilité) est une construction sociale qui confine au déni de réalité. La séparation des lieux de mise à mort et de vente des animaux — impliquant du même coup que celui qui vend n'est plus celui qui tue — constitue la condition nécessaire, quoique non suffisante, de l'oubli de l'animal.  La mise à mort des bêtes dans des lieux clos épargne la vue, l'ouïe, l'odorat — donc la réflexion. 

 La lecture des textes réglementaires rassurera toute personne cherchant à l'être : anesthésie, étourdissement, insensibilisation sont théoriquement de mise dans tout abattoir moderne. En quoi consiste cet 'étourdissement', la mort industrielle des animaux de boucherie est-elle devenue indolore, pareille à un profond sommeil ?
Cantonner la souffrance à la sphère humaine est un lieu commun. A la « souffrance humaine » est communément opposée la « douleur seulement animale », c’est-à-dire quelque chose de purement physique, qui n’atteindrait que le corps, bref une douleur sans sujet douloureux et qui ne nous touche pas.
Loin des yeux loin des cris. Gastronomie, santé, esthétisation, et évacuation de la souffrance voilà l' étourdissement au prix duquel nous pouvons continuer à engloutir des tonnes d'animaux sans jamais nous demander ni comment ils ont vécu, ni comment ils sont morts.  Pour ne pas voir notre propre animalité nous étouffons leurs cris et déguisons leurs carcasses.

D'après Florence Burgat : LA MORT DÉNIÉE DES ANIMAUX DE BOUCHERIE

Etourdissement

Etourdissement
Crédit photo Cinefritour.



L214

A propos de 'l'étourdissement'http://www.fao.org/3/a-y5454f/y5454f07.pdf


Autre article de ce blog au sujet de la viande : 
http://emagicworkshop.blogspot.fr/2014/02/la-viande.html
et aussi :
http://emagicworkshop.blogspot.fr/2014/06/le-cadavre-et-la-viande.html

vendredi 5 juin 2015

Entartages

Samedi 30 mai 2015 , le célèbre entarteur belge Noël Godin, 69 ans, s’en est pris pour la huitième fois à Bernard-Henri Lévy. !
Rares ceux qui ne se sont pas réjouis de voir les badernes politiciennes, les cuistres ignobles et les puissants les plus impudiques recouverts de crème chantilly et suffoquant d’indignation. Le général Kabila père, qui régnait au Zaïre, a déclaré dans Le Soir : « Je préfère mourir sous les balles d’opposants politiques que d’être entarté. ».  Arriver à faire vivre les crapules dans la peur armé d'une simple pâtisserie c'est héroïque, c'est fou  ! 
La tarte à la crème est un acte terroriste burlesque, un happening héroïque et subversif. Noël Godin, alias l'entarteur, alias Georges le Gloupier, est maître de cette guérilla pâtissière qui signe ses actions aux cris de 'gloup gloup gloup'.
"Au début, l'Internationale pâtissière s’attaquait aux baudruches culturelles. Après, il y a eu la deuxième phase de la croisade pâtissière, avec les médias faux-culs, dont Jean-Pierre Elkabbach qui présidait à la fois France 2 et France 3. Quand le réseau de complices s’est étendu, on est passé à la phase n°3, les élites économico-politiques, avec Bill Gates, Sarkozy et bien d’autres." Voyons quelques exemples.

BHL. 2015.
Huitième entartage le 30 mai à Namur. "BHL restera toujours la tête à tarte par excellence”.Noël Godin
Ecoutez le "ooh non...!" de BHL dès il entend 'gloup-gloup'
https://www.youtube.com/watch?v=0tioui55_qU
Dernier en date, et médaille d'or : Michel Blanquer


Si le terrorisme burlesque vous tente, sachez qu'il existe aussi  la BAC (Brigade Activiste des Clowns).  Il y a un groupe grenoblois 'Pièces et Main d’Oeuvre', qui s’en prend aux « nécrotechnologies » et décommande des congrès de nanotechnologues en envoyant des courriers. Il y a aussi le mouvement des Robins des Bois, composé d’employés d’EDF qui se pointent chez des gens à qui on a coupé l’électricité et les rebranchent piratement. Ou de très grand comparses, les Yes Men, des Américains qui opèrent aussi en France. Ils interviennent devant des patrons pour proposer des mesures ignobles contre les pauvres, avec des discours aussi horribles que crédibles. . Les Casseurs de Pub sont parfois très drôles aussi, comme les dégonfleurs de pneus de 4x4 et les faucheurs de mais transgénique. Ça fait beaucoup de résistances. A signaler, un livre consacré à ce sujet : 'Les Nouveau Militants' édité par Les Petits Matins.

Interview de Noel Godin , 
http://www.les-renseignements-genereux.org/var/fichiers/textes/Interview_Godin_article11.pdf

Approfondissement des us et coutumes de la croisade pâtissière : www.gloupgloup.be 



Brigade de clown à Grenoble. (présidentielles 2017)

dimanche 31 mai 2015

D'enterrement

Il est d’obscènes obsèques et des enterrements qui font envie. 
Dans la cérémonie d'adieu, le plus délicat est de trouver un juste équilibre entre ce qui touche le disparu et ce qui concerne ses survivants. Que privilégier ? L'hommage au cher disparu ou le besoin de réconfort de ceux qui restent ?
Le défunt a beau être devant nous allongé au beau milieu de l'allée et signalisé par un grand tas de fleurs, malgré tout on l'oublie déjà. Autour de lui les (sur)vivants se serrent les mains, font claquer des bises. On les voit heureux (ou pas) de se retrouver entre eux tandis que le prêtre démagogue et impuissant officie en tout opportunisme.

Les obsèques et le rituel qui leur est associé remplissent trois fonctions complémentaires: un hommage à la personne du défunt, un aspect psychologique et individuel, à destination de soi,  et un aspect social, à destination des autres. Dans le premier cas il s'agit d'assurer au défunt un "passage" digne, dans lequel on puisse se reconnaître intimement. Ainsi, 43% des français jugent qu'une cérémonie funéraire sert d'abord à rendre hommage à la personne disparue et 13% pensent qu'elle facilite le début du processus de deuil. Les plus âgés sont d'avantage ancrés dans le côté social du rituel. Il s'agit, "aux yeux des autres", de "marquer" le décès.
Les générations précédentes mettaient l'accent sur la qualité du cercueil et de la pierre tombale en raison du caractère ostentatoire que devaient revêtir les funérailles. Aujourd'hui, la prépondérance de l'ambiance sur les produits (plaques, cercueil) témoignent d'une rupture avec la tradition : le rituel des générations les plus anciennes, à visée sociale, laisse lentement place à des obsèques limitées à un processus intime de deuil.Ainsi de plus en plus de personnes souhaitent la lecture de textes et d'hommages ou la diffusion de musique personnalisée. 
Enfin, dans notre société individualiste, où les individus aspirent à se réaliser tout au long de leur vie,  ils sont de plus en plus nombreux ceux qui souhaitent prendre le contrôle de leur mort. Cela va du choix d'une convention obsèques qui assure de bénéficier du niveau de standing désiré jusqu'aux détails de l'ordonnancement de la cérémonie par volontés testamentaires. Ainsi une femme d'un certain âge a commandé pour elle-même une couronne avec un ruban : « Éternels regrets ». D'autres prescrivent leur tenue d'enterrement ou choisissent la musique qui les accompagnera une dernière fois.

Un exemple et question piège : quelle musique, pour quelle ambiance ?
Purcell et la marche pour les funérailles de la reine marie, c'est classieux mais reloud ! 
La chanson -supposée- favorite du disparu, n'est pas toujours une bonne idée...
Une musique d' ambiance consensuelle style new-age néo-classique risque de manquer de caractère et de personnalité.
Vos idées d'illustration musicale, pour les morts comme pour les vivants, seront bienvenues.

Ozias

http://www.credoc.fr/pdf/4p/270.pdf
http://www.credoc.fr/pdf/4p/223.pdf
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Les-Francais-organisent-de-plus-en-plus-leurs-propres-funerailles-_NG_-2007-10-30-598680

mercredi 27 mai 2015

Jean-Jacques Lequeu (1757-1826)

JJ Lequeu. Le dieu Priape.

Jean-Jacques Lequeu, (1757-1862) est un artiste  énigmatique ainsi qu'un révolutionnaire. 

Il fut à la fois dessinateur et architecte utopiste. Comme il n'a jamais rien construit, il reste célèbre pour ses dessins dont les plus connus prennent pour sujet l'anatomie sexuelle, les grimaces, ou des projets architecturaux. 
On peut voir en lui un précurseur des surréalistes. D'après l'inventaire de ses biens qui fut établi après sa mort, Lequeu était fétichiste de vêtements féminins voire même travesti comme il se représente parfois sur ses autoportraits. 

Mort dans l'ombre, ce visionnaire dont le dessin de la nonne dénudée reste le plus connu, demeure un personnage original et mystérieux qui mérite d'être redécouvert.
'Avant l'âge de la puberté'
'Age nubile'. 'Age de concevoir'.
Natura (Menstrues).
Grimace autoportrait.
Ajouter une légende
« Et mais nous aussi nous serons mères, car… ! »
La nonne révolutionnaire mélange le  vice et la grâce (1794)
Projet architectural d'Etable-Vache.

[Autoportrait de Lequeu] : [dessin] / Lequeu del


jeudi 14 mai 2015

au travail

Le travail c'est la santé, et bosser c'est le pied ?
Aujourd'hui le travail est censé donner un sens à nos vies. Pourtant pendant très longtemps travail a rimé avec esclavage. En effet, à peine se penche-t-on sur l’origine du mot travail qu’on est pris d’une sueur froide : en latin, « tripalium » signifie torture et « labor » la corvée. L’hébreu « avoda » renvoie carrément à une forme d’esclavagisme. Entre autodestruction, souffrance et soumission, on ne s’étonne pas que le philosophe antique Aristote ait choisi l’oisiveté comme unique moyen pour l’homme de se réaliser et d’accéder au bonheur. En même temps, il avait une dizaine d’esclaves à son service.


Le terme Management, lui, vient de l'italien "Manegiare", qui signifie 'diriger un cheval'. C'est d'ailleurs bien ce que confirme la lecture de la plupart des ouvrages spécialisés dans l'art du management. Bien sûr, Moïse, Jésus, Confucius et même Attila ont inspiré de brillantes méthodes de management. Dans les ouvrages les plus récents il est beaucoup question de liberté, d'individualité, de créativité, et même d'humour mais bien sûr sur commande, obligatoire, et dans le cadre strict de l'entreprise. De bien prometteurs paradoxes !

Julien Prévieux, est un artiste "hacktiviste" qui s'est fixé comme objectif de ne pas obtenir de travail.  Depuis 2000 Julien Prévieux épluche les petites annonces d'emploi sans jamais parvenir à rencontrer le moindre DRH. Il faut dire que, d'un côté comme de l'autre, personne n'y met du sien. D'une part, les entreprises — toujours plus friandes de stratagèmes d'humiliation dans leurs campagnes de recrutement — font publier des petites annonces proposant grosso modo au postulant de se faire exploiter pour un salaire de misère.
D'autre part, l'artiste — enfant illégitime qu'aurait eu Michael Moore avec l'Entarteur — écrit inlassablement des lettres de non-motivation pour expliquer aux entreprises les raisons pour lesquelles il refuse leurs offres d'emploi.  

Il a publié  en 2007 ses lettres de "non motivation" (en opposition aux lettres de motivation) qu'il a envoyées pour répondre à plus d'un millier de petites annonces.
Julien Prévieux décortique ainsi comment employeurs, multinationales nous imposent, à leur manière, une manière d’agir en société. Il dénonce un monde du travail absurde où le sur-régime brownien résulte en un sur-place endiablé.

Pilvi Takala est une artiste finlandaise qui s'est intéressée à la manière dont les gens sont conduits à trouver leur place dans la communauté du travail. Pour cela, elle s'est faite engager comme stagiaire dans une société de conseil financier. Après deux semaines de travail normal qui lui ont assuré un statut normal dans l'entreprise, elle a arrêté graduellement toute activité pour filmer et observer les réactions autour d'elle. Elle est allé jusqu'à passer une journée sans même sortir de l’ascenseur (un vrai supplice de ne rien faire avoue t'elle). Son 'travail' montre que l'entreprise s'accommode très bien de la paresse et de l'inefficacité, mais à condition que cela soit déguisé par une activité comme la consultation d'écrans, de documents. Par contre, ne rien faire ouvertement au bureau déstabilise profondément le fonctionnement du système car celui qui ne fait rien, qui n'est engagé dans aucune activité, devient imprévisible et peut faire n'importe quoi.


Source : Tracks . Arte. Emission du 2 mai 2015 
Les vacances dans le monde :
http://www.franceculture.fr/emission-culturesmonde-sous-les-paves-14-de-washington-a-tokyo-pas-de-vacances-pour-les-braves-2015-
http://partage-le.com/2016/01/a-propos-des-metiers-a-la-con-par-david-graeber/