En 1718 à Edo (Tokyo) naît Karai Masamichi Hachiemon. responsable administratif et juge de première instance du quartier d'Asakura, il a par son métier une profonde connaissance de la vie des citadins. Il a également une étonnante culture poétique, venue de la pratique du Haïku. En 1757, il devient maître de poésie sous le nom de Senryû. En 1779, il reçoit 25000 soumissions de poèmes amateurs.
Comment procédait il ?
Comment procédait il ?
Par des annonces chez des barbiers, épiciers, poissonniers et autre commerçants, il organisait des concours de Haiku (de Senryû) auquel participaient les auteurs amateurs membres de cercles poétiques de quartier. Ensuite avait lieu l'annonce des poèmes choisis par le maître sur des feuilles que les commerçants 'affiliés' affichaient au petit matin. Chacun des endroits autorisés à publier les choix du maître de poésie était assiégé dès le début de la nuit par des foules de candidats anxieux de voir au plus tôt si leur contribution avait été retenue. Sur une moyenne de 25000 poèmes portés à son jugement, Senryû choisissait cinq à six cents "gagnants" (2%) !.
Puis Senryû distribuait les prix. En premier lieux venaient ceux qui traitaient de nobles sujets tels que la patrie, ou l'esprit de sacrifice. "Catégorie du haut" ils donnaient droit à 520 sous ou à 10 mètres de coton. Pourtant, les auteurs ne se pressaient guère et les badauds venus connaître les résultats ne prenaient même pas la peine de les lire.
Suivaient, les poèmes, de loin les plus nombreux, qui traitaient de la vie quotidienne dans tous ses aspects. Cette catégorie "du milieu" rapportait 200 sous, ou des bols de riz laqués.
Tout d'abord, voici un peu d'histoire et un exemple, de catégorie "du milieu" pour saisir l'esprit du Senryû :
Dans le Tokyo de cette époque, le peuple souffre d'une administration pesante et pointilleuse à l'excès. Comme il ne peut pas trop ouvertement brocarder les tenants du régime il recourt au senryû et à l'insinuation:
Fils de fonctionnaire,
très vite et très bien apprend
à fermer le poing (Y.1.6)
Explication: Quand un fonctionnaire de la municipalité vient d'avoir un fils, on se précipite pour présenter ses félicitations (on ne sait jamais quand on pourra avoir besoin des bons offices du père...). On admire avec quelle vigueur et quel ,entrain le bébé ouvre et ferme ses petits poings, et il ressemble tellement à son géniteur ! Ce poème est en fait une allusion cynique à la façon dont l'heureux père referme avidement la main sur quelques pièces d'argent discrètement passées sous la table par un administré désireux de faire avancer une demande ou expédier une formalité.
Comme on voit, la satyre sociale et la moquerie sont l'esprit même du senryû.
Les poèmes de la troisième catégorie "Le bout" de la publication, étaient consacrés à des considérations érotiques. Ils valaient aux auteurs sélectionnés 50 sous, ou un plat en bois.
D'un point de vue historique, Il faut savoir qu'en contraste avec l'attitude européenne, dans le japon du XVIIIème, le godemiché (harigata ), loin d'être méprisé fait l'objet de soins et d'attentions, parfois d'affection. Il est synonyme d'hygiène de vie. Une femme qui se procure du plaisir est forcément une femme qui entretient à la fois sa santé, sa bonne humeur... et sa fidélité. Le modèle de harigata le plus populaire à l'époque Edo est en corne de buffle. Il existe également en lanières de zuiki, mais les modèles les plus coûteux et les plus recherchés sont ceux en écailles de tortue, parce qu'il suffit de les tremper dans l'eau chaude pour leur donner une tendresse irrésistible. Voici donc quelques senryû de la catégorie "du bout", quand il s'empare du thème du gode des veuves et de leurs consolations solitaires, sujet cher à l'univers érotique de Edo du XVIIème siècle.
Les poèmes de la troisième catégorie "Le bout" de la publication, étaient consacrés à des considérations érotiques. Ils valaient aux auteurs sélectionnés 50 sous, ou un plat en bois.
D'un point de vue historique, Il faut savoir qu'en contraste avec l'attitude européenne, dans le japon du XVIIIème, le godemiché (harigata ), loin d'être méprisé fait l'objet de soins et d'attentions, parfois d'affection. Il est synonyme d'hygiène de vie. Une femme qui se procure du plaisir est forcément une femme qui entretient à la fois sa santé, sa bonne humeur... et sa fidélité. Le modèle de harigata le plus populaire à l'époque Edo est en corne de buffle. Il existe également en lanières de zuiki, mais les modèles les plus coûteux et les plus recherchés sont ceux en écailles de tortue, parce qu'il suffit de les tremper dans l'eau chaude pour leur donner une tendresse irrésistible. Voici donc quelques senryû de la catégorie "du bout", quand il s'empare du thème du gode des veuves et de leurs consolations solitaires, sujet cher à l'univers érotique de Edo du XVIIème siècle.
De ses propres doigts,
comme s'il était encore présent,
la veuve en extase (YH.36 )
Parodie de Confucius (Analectes, Ba Yi, III,12): "[Confucius] faisait des offrandes à ses parents défunts comme s'ils étaient encore présents."
se contente pour suppléant
la veuve sérieuse (Y.42.10)
En bas tout autant,
les larmes de la veuve n'ont
le temps de sécher (YH.19)
Chose bien naturelle
Son gode elle a trempé dans
du saké chauffé (S.4.8)
du saké chauffé (S.4.8)
"D'où viens tu ?
De quel buffle, chéri ? "
Ma corne de buffle
s'est fendue, chuchote-t-elle
à son médecin (S.1.8)
D'une blessure de buffle
le médecin doit soigner
nombre de victimes (Y.24.20)
Les auteurs de senryû affirment que les clientes ont toujours tendance à commander des phallus une taille inférieure à celle de leur désir, suivant une fausse pudeur que le commerçant - s'il est bon - corrige de lui même. Le vendeur, très galamment fait semblant d'être dupe, mais substitue les boîtes.
D'un bon demi pouce
plus gros que la commande acheté
le commissionnaire
ironise un senryû de l'époque Edo.
L'appétit des dames du palais ou des veuves de l'époque est parfois tel que certaines dames n'hésitent pas "à se mettre à l'étroit" en commandant des godes aux formats exagérés.
L'appétit des dames du palais ou des veuves de l'époque est parfois tel que certaines dames n'hésitent pas "à se mettre à l'étroit" en commandant des godes aux formats exagérés.
Si c'est le même prix
je prends le plus épais,
dit la dame du palais
Véritable 'dealer de godes', le kamamonoya (colporteur) vend ses produits au porte à porte. Il pousse la conscience professionnelle jusqu'à faire la démonstration de ses articles: Il les agite devant la cliente en leur imprimant un mouvement si suggestif que...
Tout comme s'il était
doué de vie le fait s'activer
le colporteur
Parfois même, certaines femmes demandent à se faire enterrer avec leur gode, dit on. C'est du moins ce que les satiristes prétendent...
Et que l'on enterre
aussi mon ami, agonise
la dame du palais
Crédits:
Haiku Érotiques. Traduit du japonais et présentés par Jean Cholley. Picquier Poche.
Les objets du désir au Japon. Agnès Giard. Editions Glénat. Drugstore. 2009
Haiku Érotiques. Traduit du japonais et présentés par Jean Cholley. Picquier Poche.
Les objets du désir au Japon. Agnès Giard. Editions Glénat. Drugstore. 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire