jeudi 14 mai 2015

au travail

Le travail c'est la santé, et bosser c'est le pied ?
Aujourd'hui le travail est censé donner un sens à nos vies. Pourtant pendant très longtemps travail a rimé avec esclavage. En effet, à peine se penche-t-on sur l’origine du mot travail qu’on est pris d’une sueur froide : en latin, « tripalium » signifie torture et « labor » la corvée. L’hébreu « avoda » renvoie carrément à une forme d’esclavagisme. Entre autodestruction, souffrance et soumission, on ne s’étonne pas que le philosophe antique Aristote ait choisi l’oisiveté comme unique moyen pour l’homme de se réaliser et d’accéder au bonheur. En même temps, il avait une dizaine d’esclaves à son service.


Le terme Management, lui, vient de l'italien "Manegiare", qui signifie 'diriger un cheval'. C'est d'ailleurs bien ce que confirme la lecture de la plupart des ouvrages spécialisés dans l'art du management. Bien sûr, Moïse, Jésus, Confucius et même Attila ont inspiré de brillantes méthodes de management. Dans les ouvrages les plus récents il est beaucoup question de liberté, d'individualité, de créativité, et même d'humour mais bien sûr sur commande, obligatoire, et dans le cadre strict de l'entreprise. De bien prometteurs paradoxes !

Julien Prévieux, est un artiste "hacktiviste" qui s'est fixé comme objectif de ne pas obtenir de travail.  Depuis 2000 Julien Prévieux épluche les petites annonces d'emploi sans jamais parvenir à rencontrer le moindre DRH. Il faut dire que, d'un côté comme de l'autre, personne n'y met du sien. D'une part, les entreprises — toujours plus friandes de stratagèmes d'humiliation dans leurs campagnes de recrutement — font publier des petites annonces proposant grosso modo au postulant de se faire exploiter pour un salaire de misère.
D'autre part, l'artiste — enfant illégitime qu'aurait eu Michael Moore avec l'Entarteur — écrit inlassablement des lettres de non-motivation pour expliquer aux entreprises les raisons pour lesquelles il refuse leurs offres d'emploi.  

Il a publié  en 2007 ses lettres de "non motivation" (en opposition aux lettres de motivation) qu'il a envoyées pour répondre à plus d'un millier de petites annonces.
Julien Prévieux décortique ainsi comment employeurs, multinationales nous imposent, à leur manière, une manière d’agir en société. Il dénonce un monde du travail absurde où le sur-régime brownien résulte en un sur-place endiablé.

Pilvi Takala est une artiste finlandaise qui s'est intéressée à la manière dont les gens sont conduits à trouver leur place dans la communauté du travail. Pour cela, elle s'est faite engager comme stagiaire dans une société de conseil financier. Après deux semaines de travail normal qui lui ont assuré un statut normal dans l'entreprise, elle a arrêté graduellement toute activité pour filmer et observer les réactions autour d'elle. Elle est allé jusqu'à passer une journée sans même sortir de l’ascenseur (un vrai supplice de ne rien faire avoue t'elle). Son 'travail' montre que l'entreprise s'accommode très bien de la paresse et de l'inefficacité, mais à condition que cela soit déguisé par une activité comme la consultation d'écrans, de documents. Par contre, ne rien faire ouvertement au bureau déstabilise profondément le fonctionnement du système car celui qui ne fait rien, qui n'est engagé dans aucune activité, devient imprévisible et peut faire n'importe quoi.


Source : Tracks . Arte. Emission du 2 mai 2015 
Les vacances dans le monde :
http://www.franceculture.fr/emission-culturesmonde-sous-les-paves-14-de-washington-a-tokyo-pas-de-vacances-pour-les-braves-2015-
http://partage-le.com/2016/01/a-propos-des-metiers-a-la-con-par-david-graeber/

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