Chet Baker ?, Jean Genet, William Burroughs (chapeau gris), Allen Ginsberg |
William S Burroughs est ce parrain de la beat-génération qui ressemble à pervers pépère (le vieux avec le chapeau gris).
William S Burroughs, petit fils du fondateur de la Burroughs Corporation, nait en 1914. Après des étude de médecine (Vienne) puis de littérature (Harward) il rencontre Jack Kerouac, Allen Ginsberg et leurs amis à New-York dans les années 40. C'est à cette époque qu' il s'accroche à la morphine et à l'héroïne. Il voyage ensuite, au Mexique ou il tue sa femme d'un coup de feu, en Amérique du sud à la recherche de l'ayahuasca, à Tanger où il se défonce. Selon ses mots "[à Tanger] j’ai passé un mois dans une chambre de la Casbah en train de regarder la pointe de mes pieds [...] j’ai compris brusquement que je ne faisais rien. J’étais en train de mourir ».
Dès lors sa vie sera une suite de cures de 'désintoxication' aux opiacés, d'abord par traitement à l'aide d'apomorphine (années 50) puis de méthadone (années 80).
Il est l'auteur de nombreux romans (Junkie, Le Festin nu, etc), de peintures et créations visuelles. Ses thèmes favoris sont la drogue, l'homosexualité, l'anticipation, et les armes à feu.
C'est aussi un activiste qui a lutté contre la censure et la civilisation militaro-industrielle et pour la libération homosexuelle et la dé-criminalisation des drogues.
Par sa recherche d'une nouvelle façon de penser, sa quête d'élargissement de la conscience, sa rage de l'expression William S Burroughs est un héros de la subversion.
Durant 40 années de carrière underground, il a consciencieusement assumé son personnage de pervers défoncé austère et cynique. Comme on le voit sur les innombrables photos où il pose en compagnies des vedettes des révolutions pop il a su être vieux (il avait déjà 54 ans en 1968) et imposer son look décalé toujours fiché du costume cravate éternellement décalé.
Avec son incorrigible égocentrisme et son indéboulonnable conscience de classe, William S Burroughs a apporté de la subversion jusque dans dans la subversion.
Son discours sur la drogue était très lucide comme le montre ce qu'il disait dans 'Le Job' (1979), Belfond Editeur.
"L'opposition officielle aux drogues est ambiguë. Elle condamne les drogues comme un danger pour l'autorité, mais les drogues sont elles un réel danger pour l'état ? ,Un drogué est il dangereux ? Oisif, peut être mais l'état n'a pas besoin de travailleurs; au contraire. Le drogué est il un facteur d’émeutes ? Je crois que l'opposition officielle aux drogues est une feinte, que toute la politique du Département Américain des Narcotiques, ainsi que celle des pays qui la suivent, est expressément conçue pour répandre l'emploi de ladrogue et pour créer simultanément des lois inavisées contre son emploi.
Ainsi, la jeunesse est conduite délibérément dans des voies en cul de sac et à partir de ce moment, elle est déclarée criminelle par les lois du Congrès ou du Parlement. ce jeu d'échecs élémentaire met dans un camp de concentration de criminalité l'opposition potentielle, affaible par les effets de drogues meurtrières comme la méthédrine, bercée dans des états malsains d'amour et d'unité avec le tout et d'acceptation de n'importe quoi avec le LSD, prise dans l'engrenage de l'héroïne, laquelle étant illégale, accapare tout le temps de l'intoxiqué et le rend absolument inoffensif. En bref, les drogues sont pour l'état un excellent instrument de contrôle et il se battra avec acharnement contre la légalisation qui mettrait en évidence cet état de fait."
Explorateur des drogues voici comment il distingue les drogues qui élargissent la conscience des drogues sédatives :
"Voici l'expérience que je propose : administrez une drogue élargissant la conscience en même temps qu'une série précise de stimuli - de la musique, des tableaux, des odeurs, des goûts....
Quelques jours plus tard, lorsque les effets de la drogue se sont totalement dissipés, exposez le sujet aux mêmes stimuli, dans le même ordre.
Toute personne qui a fait usage de drogue élargissant la conscience sait qu'un stimulus quelconque, expérimenté sous l'influence de la drogue, réactive cette expérience. Il y a tout lieu de croire que l'expérience de la drogue peut être répétée en détail avec la répétition précise des stimuli associés.
Répétez la même expérience avec un morphinomane ; administrez une dose de morphine en même temps que les stimuli; attendez que les symptômes de désintoxication se produisent. Maintenant répétez les stimuli. Est-ce que le sujet ressent un soulagement quelconque des symptômes ? Au contraire, les stimuli associés réactivent et intensifient le besoin de drogue. La même chose est bien sûr vraie pour l'alcool.
L'emploi des drogues sédatives mène à une dépendance augmentée de la drogue utilisée. L'emploi des drogues élargissant la conscience pourrait montrer la voie des aspects utiles des expériences hallucinogènes sans l'emploi d'un agent chimique. Tout ce qui peut être fait par des moyens chimiques peut l'être autrement, avec une connaissance suffisante des mécanismes en question." ['Le Job' (1979), Belfond Editeur p176 ]
Bien qu' homosexuel (et alors marié), voici un extrait ce qu'il dit à propos des homosexuels dans 'Junky', son premier roman initialement paru en 1953.
"Une salle pleine de pédés me fait horreur. Ils sautillent comme des marionnettes actionnées par des fils invisibles et leur agitation hideuse est la négation de toute activité vivante et spontanée. L'être humain en eux a plié bagages depuis longtemps. Mais le vide laissé a été comblé par autre chose quand l'occupant de départ est parti. Les pédés sont comme les marionnettes d'un ventriloque qui se serait substitué au ventriloque lui même. La marionnette s'installe dans un bar en compagnie d'autres marionnettes, fait durer son verre de bière toute la soirée, et de sa tête figée de poupée se déverse un flot de jacassements incontrôlés." (p165 Folio)
Ou plus loin, dans le même bouquin (Junky édition 1972) à propos des jeunes hipsters camés:
".../...je remarquai que les jeunes hips se détachaient, formant un groupe à part, à l'instar des pédés qui prenaient des poses et piaillaient dans un autre coin de la cour. Les camés faisaient groupe et bavardaient tout en se renvoyant l'un à l'autre le geste du camé, coudes collés au corps et avant-bras qui s'agitent, paumes en l'air - geste de différence et de communion, tel le poignet mou du pédé. " (p239 Folio)
Avec David Bowie |
Avec Mick Jagger et Andy Warhol (bonjour l'ambiance ...) |
Bien perché, avec Francis Bacon |
William S Burroughs à l'oeuvre, devant deux de ses œuvres |
Burroughs par Iggy Pop
http://www.openculture.com/2015/02/william-s-burroughs-audio-documentary-narrated-by-iggy-pop.html?fbclid=IwAR0SNURTgkiEe0FgcD3w13hk0-2af-3BJiZdoM0tlc2XHDtbwdvlNdak7vA