Banksy performance: Guantanamo in Disneyland |
Orwell est l'inventeur de la Novlangue ,(cf 1984), cette langue dont le vocabulaire est construit de manière à pouvoir exprimer les idées orthodoxes exclusivement, la réduction du vocabulaire ayant pour but de rendre impossible la formulation d'idées hérétiques. Orwel note que le procédé le plus emblématique de la novlangue est l'inversion de sens comme par exemple dans le slogan "La liberté c'est l'esclavage".
Alain Bihr dans son livre "La novlangue néolibérale", montre que le discours néolibéral procède à une même inversion et réussit à renverser le sens d'un mot en son contraire. Ainsi pour le terme "Egalité" :
"La revendication d'égalité est issue des révolutions démocratiques de l'Europe moderne et contemporaine; elle a été rapidement, souvent dans le cours même de ces révolutions, retournée contre les limites que la bourgeoisie et, plus largement, l'ensemble des classes possédantes, ont cherché à imposer à ces bouleversements révolutionnaires dont elles n'entendaient faire que le simple moyen de leur accession au pouvoir d'état ou de la consolidation de leur emprise sur ce pouvoir. Cette revendication possède donc une portée subversive, potentiellement dangereuse pour l'ordre social capitaliste. Cette menace qui perdure de nos jours se trouve conjurée dans et par le discours néolibéral à travers une double procédure. D'une part, l'égalité est réduite à la seule égalité juridique et civique, l'égalité formelle des individus face au droit, à la loi et à l'état, la seule forme d'égalité qu'exigent et que tolèrent à la fois les rapports capitalistes de production.
Quant à l'égalité réelle, l'égalité des conditions sociales, elle est rejetée comme synonyme d'uniformité et d'inefficacité, voire comme attentatoire en définitive à la liberté individuelle. D'autre part, pour tenter d'atténuer les effets potentiellement dévastateurs de la contradiction entre l'égalité formelle et l'inégalité réelle, de l’abîme séparant quelquefois les deux, le discours néolibéral se rabat sur la douteuse notion d'"égalité des chances", qui ignore ou feint d'ignorer l'inégalité des chances entre les individus dans la lutte pour l'accession aux meilleures places pour la hiérarchie sociale, qui résulte de leurs situations socio-économiques et culturelles respectives dans la société. Au terme de cette double procédure, le mot égalité est devenu propre à désigner l'inégalité sociale et sa perpétuation (sa reproduction) à travers les luttes de places et de placements. Dans le discours néolibéral : "L'égalité c'est l'inégalité"
Pour le terme "Propriété"
Comme son ancêtre, la pensée libérale, le discours néolibéral défend bec et ongles la propriété privée, en assimilant sous cette forme juridique des rapports sociaux tout à fait hétérogènes : la propriété des moyens de consommation par des ménages; la propriété des biens et des moyens de production par les travailleurs indépendants; la propriété capitaliste des moyens sociaux de production qui résulte de l'exploitation du travail social.../...
L’intérêt idéologique de cette confusion, ses effets de légitimation de la propriété capitalistique sont du même coup manifestes. Là encore, cependant, dans la mesure où cette propriété est fondée sur l'expropriation de l'immense majorité des producteurs, ce bénéfice idéologique est obtenu moyennant une inversion de sens. Dans le discours néolibéral : "La propriété c'est l'expulsion"
Alain Bihr dans son livre "La novlangue néolibérale", montre que le discours néolibéral procède à une même inversion et réussit à renverser le sens d'un mot en son contraire. Ainsi pour le terme "Egalité" :
"La revendication d'égalité est issue des révolutions démocratiques de l'Europe moderne et contemporaine; elle a été rapidement, souvent dans le cours même de ces révolutions, retournée contre les limites que la bourgeoisie et, plus largement, l'ensemble des classes possédantes, ont cherché à imposer à ces bouleversements révolutionnaires dont elles n'entendaient faire que le simple moyen de leur accession au pouvoir d'état ou de la consolidation de leur emprise sur ce pouvoir. Cette revendication possède donc une portée subversive, potentiellement dangereuse pour l'ordre social capitaliste. Cette menace qui perdure de nos jours se trouve conjurée dans et par le discours néolibéral à travers une double procédure. D'une part, l'égalité est réduite à la seule égalité juridique et civique, l'égalité formelle des individus face au droit, à la loi et à l'état, la seule forme d'égalité qu'exigent et que tolèrent à la fois les rapports capitalistes de production.
Quant à l'égalité réelle, l'égalité des conditions sociales, elle est rejetée comme synonyme d'uniformité et d'inefficacité, voire comme attentatoire en définitive à la liberté individuelle. D'autre part, pour tenter d'atténuer les effets potentiellement dévastateurs de la contradiction entre l'égalité formelle et l'inégalité réelle, de l’abîme séparant quelquefois les deux, le discours néolibéral se rabat sur la douteuse notion d'"égalité des chances", qui ignore ou feint d'ignorer l'inégalité des chances entre les individus dans la lutte pour l'accession aux meilleures places pour la hiérarchie sociale, qui résulte de leurs situations socio-économiques et culturelles respectives dans la société. Au terme de cette double procédure, le mot égalité est devenu propre à désigner l'inégalité sociale et sa perpétuation (sa reproduction) à travers les luttes de places et de placements. Dans le discours néolibéral : "L'égalité c'est l'inégalité"
Pour le terme "Propriété"
Comme son ancêtre, la pensée libérale, le discours néolibéral défend bec et ongles la propriété privée, en assimilant sous cette forme juridique des rapports sociaux tout à fait hétérogènes : la propriété des moyens de consommation par des ménages; la propriété des biens et des moyens de production par les travailleurs indépendants; la propriété capitaliste des moyens sociaux de production qui résulte de l'exploitation du travail social.../...
L’intérêt idéologique de cette confusion, ses effets de légitimation de la propriété capitalistique sont du même coup manifestes. Là encore, cependant, dans la mesure où cette propriété est fondée sur l'expropriation de l'immense majorité des producteurs, ce bénéfice idéologique est obtenu moyennant une inversion de sens. Dans le discours néolibéral : "La propriété c'est l'expulsion"
D'après Alain Bihr. La novlangue néolibérale. La rhétorique du fétichisme capitaliste. Syllepse 2017.
Voir aussi l'approche de Marcuse :