vendredi 20 décembre 2013

L'amour, pour ou tout contre ?

L'amour, la passion, le désir sont pour moi les moteurs de la vie et ce que j'ai vécu de plus de plus fort, de plus humain et de plus beau. Petit retour sur images en six temps.

1. Coup de foudre
Le coup de foudre, cette "surprise de l'Amour" est elle le produit des romans à l'eau de rose ou peut elle changer notre destin ? Tout se joue ici au niveau des regards. Languide, racoleur ou calculateur, nous savons distinguer ce que signifie un regard, mais nous ne savons pas vraiment comment nous le savons. 


Sven Richard Berg. Soir d'été nordique (1900)

Bien que les bras de l'homme soient croisés d'une manière défensive sur sa poitrine, les deux personnages tournent leurs corps l'un vers l'autre.
Lui avance le pied vers elle, elle a un mouvement de hanche dans sa direction. Ils refusent de se regarder mais ils ne voient pas d'avantage le soleil couchant vers lequel ils ont tourné la tête. C'est leur posture qui traduit leurs véritables sentiments et le  coucher de soleil nordique est une puissante invitation des sens.




Fra Filippo Lippi. XVème siècle.

Amour, regard, scandale et peinture.
Cette image de la transgression amoureuse nous montre un échange de regards qui trahit un amour défendu en un temps et une situation où cette conduite crée le scandale. 

Fra Filippo Lippi est un moine et peintre de la renaissance. 
En 1458, âgé de 50 ans, Fra Filippo Lippi peint pour la chapelle du couvent de Sainte Marguerite du Prato près de Florence. Pour réaliser un portrait de la vierge, ou de sainte Marguerite, il fait poser une jeune carmélite 
 Lucrezia Buti (20 ans). Il la séduit, puis l' enlève peu après avoir découvert qu'elle était enceinte de lui. 
Les deux amants finirent par obtenir l'autorisation de se marier . Ils eurent deux enfants. 
Leur fils, Filippino Lippi deviendra un peintre non moins célèbre que son père.





2. Flirt.
L'étalage public de la passion est très souvent considéré comme indécent, contraire aux bienséances et choquant pour ceux qui en sont témoin bien malgré eux. Loin des regards indiscrets, l'enlacement passionné s'achemine pas à pas depuis les préliminaires jusque à l'acte proprement dit. 
Dans les années cinquante, les magazines étaient pleins de conseils sur le "jusqu'où ne pas aller trop loin". Conseils dispensés dans le cadre de ce que les anglo-saxons nomment le "petting" c'est à dire toute activité sexuelle allant au delà du baiser et s'arrêtant avant la pénétration. Sous ses formes poussées ("heavy petting") on expliquait aux adolescentes que l'homme pouvait toutefois perdre tout contrôle de soi.

Théodore Géricault. Couple s'embrassant et femme allongée. XIXème siècle.
Hans von Aachen. Couple au miroir.

3. Nudité 
Enfin, le moment est venu de faire tomber le dernier voile. L'effeuillage une fois achevé, reste le nu. L'érotique et le sexe ayant toujours été au centre des préoccupations des hommes, il est naturel que le nu soit l'un des thèmes les plus répandus du monde de l'art. Mais si la nudité absolue était la norme courante, combien serait elle ennuyeuse !

"Je lui conseillai de se coucher, ce qu'elle accepta : je lui servis de femme de chambre : elle n'avait point fait de toilette et bientôt ses cheveux épars tombèrent sur ses épaules et sur sa gorge entièrement découvertes. Je l'embrassai : elle se laissa aller dans mes bras, et ses larmes recommencèrent à couler sans effort. Dieu ! qu'elle était belle! Ah ! si Magdeleine était ainsi, elle dut être bien plus dangereuse pénitente que pécheresse.

Les liaisons dangereuses. Pierre Choderlos de Laclos.

François Boucher. Odalisque brune. 1745.
4. Préliminaires
De tabous indécents qu'ils étaient, les préliminaires amoureux sont devenus partie intégrante et souhaitable des rapports sexuels. A la fin de la deuxième guerre les études scientifiques sur la sexualité fleurirent. Les colonnes "vie pratique" des magazines soulignaient à qui mieux mieux l'importance des préliminaires amoureux et toutes sortes de guides décrivaient sans rire comment s'y prendre. Une sexualité scientifique et chaste en contraste absolu avec les attitudes que révèlent la littérature et les arts orientaux. Malgré les recherches sur les zones érogènes et la découverte du Viagra, la majeure partie de ce que nous savons sur l'excitation sexuelle était déjà connu depuis des siècles. 
Zichy. Couple engagé dans les préliminaires. 1901.


Fuseli. Gunther et Brunhilde (1907)
Martha Bayer Erlebacher. Embrasement.







5. Coït.
Pendant la renaissance, les mythes antiques ou les récits bibliques permettaient d'établir une distance entre les scènes représentées et l'expérience quotidienne, ce qui prêtait à l'oeuvre une séduction plus intellectuelle que sensuelle. Jupiter et Olympe fournissait des motifs très utiles dans ce contexte. quand à Léda et le cygne, il permettait même de devenir assez explicite. Au XVIIIème siècle, on mit au point tout un dispositif élaboré qui permettait à l'observateur averti de comprendre sans peine la signification d'objets en apparence innocents : un étui à violon pour signifier la vulve , ou un panier renversé pour indiquer la perte de virginité. Dans les dessins ou en peinture et en particulier dans la photographie, le détail explicite est considéré soit comme frôlant la pornographie, soit comme relevant du manuel des pratiques sexuelles.
Léda et le cygne. François Boucher. 1740.
Zichy. Bons souvenirs.

6. Postlude.
A l'issue de cet étrange acte physique par lequel le désir se satisfait, rien n'est plus comme avant. Le tableau de William Hogarth intitulé 'After' illustre bien ces bouleversements émotionnels et les changements dans les relations qui se produisent en si peu de temps. 

L'aventure débouchera t'elle sur une romance, une tragédie, une farce ...?
A vos amours,

Ozias

William Hogarth. Before.

William Hogarth. After.
F. Scott Hess. 'Chère Katie' 1996.

Domenic Cretara. Amants. 1996.
Crédits : LE SEXE. L'érotisme de Cranach à Koons. John Williams. Evergreen. 1999.



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