Nous vivons une époque d'impuissances.
Valery Barykin |
En même temps, comment croire encore, après des décennies de désillusion, en une action qui transforme le monde ? Comment s'imaginer être le sujet d'un acte de quelque signification face à la formidable inertie de nos formations sociales ?
Tel est le tragique de l'impuissance: se sentir appelé à agir, happé par la nécessité d'un acte au bord duquel on se retrouve toutefois paralysé, écrasé par le poids d'une tâche accablante.
Dans son ouvrage 'Impuissances' Yves Citton, penseur et universitaire, met en perspective le sentiment d'impuissance politique , qui hante nos démocraties, et la narration des défaillances viriles faite dans notre littérature.
Le XVIème siècle regorge d'attestations d'une véritable épidémie d'angoisses de fiascos sexuels.Virilité et sorcellerie sont alors alternativement mis en procès.
Dans les récits des fiascos sexuels du XVIIème siècle les amants sont davantage surpris que mortifiés de leur mésaventure et aucune peur brute ne transparaît. La défaillance sexuelle fait plutôt rire que trembler, puis, à l'âge des Lumières les angoisses d'impuissance se cristallisent autour de fantasmes de maîtrise où se fonde la conception dominante de l'être viril.
Dans 'Le Sopha' de Crébillon (1742), si l'impuissance ouvre encore les portes d'une angoisse, celle ci altère moins l'image narcissique que la vacuité terrifiante autour de laquelle se construit l'expérience libertine. Le fiasco symptomatise un épuisement du désir lui même. Le libertinage y apparaît paradoxe du désir sans désir. A travers le fiasco, le blocage qui saisit le sujet au moment de conclure remet en cause la désirabilité de la conclusion qu'il se proposait. A la simple peur de rater son coup, se substitue la peur plus inquiétante d'être floué par la réussite elle même.
Yves Citton montre que les hantises conjurées sur la scène sexuelle se trouvent projetées par l'élaboration littéraire sur une scène plus large où c'est l'imaginaire social qui se retrouve mis en question.
Aujourd'hui alors que le capitalisme triomphe, à la manière des petits maîtres libertins du XVIIème siècle, dans le vide d'un épuisement terrifiant, les illusions de la maîtrise du progrès commencent à apparaître dans leur ampleur. Comme a dit Carlos Castoriadis "La puissance accrue est aussi impuissance accrue ou même antipuissance, puissance de faire surgir le contraire de ce que l'on veut".
Pour l'homme d'aujourd'hui, comme pour les libertins des Lumières, la paralysie trouve sa source dans une incapacité à gérer le privilège dont on est appelé à jouir. C’est ainsi que l’impuissance atteste à la fois et contredit le privilège.
Voici. Un homme averti en vaut deux. Et bien bandez maintenant !
Lucien Clergue |
Marylin Minter |
Tom of Finland |
publié par Jacques Berchtold,Michel Porret
Impuissances Défaillances masculines et pouvoir politique de Montaigne à Stendhal. Yves Citton, Aubier . Critiques
L'ablation : Tahar Ben Jelloun :
Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable : Romain Gary.
De l'impuissance à l'action par Nadine Gardères : https://eizada.poivron.org/uploads/2016/10/sentir-limpuissance.pdf
http://sexes.blogs.liberation.fr/2020/03/09/le-viagra-bande-ou-creve/
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