mardi 1 novembre 2016

La mort en Suisse

Molécule de Pentobarbital
Penser à sa propre disparition : un égoïsme de Toussaint.

La Suisse, contrairement à la plupart des pays européens, n'a pas de juridiction claire en matière de suicide assisté. L'aide au suicide n'y est pas poursuivie dans la mesure ou elle s'incrit dans un but d'aide à une situation désepérée, et sous couverture médicale.

Conditions générales
: Pour pouvoir bénéficier de l'AS (suicide assité) il faut, en principe, respecter cinq conditions:

  • Le discernement;
  • Une demande sérieuse et répétée;
  • Une maladie incurable;
  • Des souffrances physiques ou psychiques intolérables;
  • Un pronostic fatal ou une invalidité importante.
Entre la demande de suicide assisté et sa mise en pratique, il y a une période «de grâce». Un temps durant lequel le patient peut régler ses affaires et dire adieu à sa famille et ses amis. Après, une fois la date définitive fixée, le patient doit réitérer sa volonté, afin de bénéficier d'une solution diluée d'environ 10 grammes de pentobarbital de sodium qu'il doit ingérer lui-même.

Parmi les 6 organisations suisses* "de droit à la mort" seule l' association Dignitas semble accueillir les ressortissants français. La devise de Dignitas est "Vivre dignement, mourir dignement" et en effet, le prix de l'opération est de quelques centaines d'Euros pour l'adhésion, plus une dizaine de milliers d'Euros pour le grand voyage). 

Pour info, il faut savoir que près de 80% des personnes ayant obtenu la prescription médicale se sont accordé un temps de réflexion ou ont préféré mourir de mort naturelle. Mais elles se sont donné ainsi une certaine sécurité psychologique, car la mort demeure ainsi un choix disponible, si elles la désirent. 
D'après les données* ci dessous, Dignitas et StrebeHilfe  même si elle ne sont pas les associations regroupant le plus grand nombre de membres semblent les plus 'efficientes' puisque le taux d'AS annuel est de 26/1000 pour Dignitas et de 100/1000 pour SterbeHilfe. Cela peut être lié à une clientèle étrangère qui concerne des cas plus déterminés. (Les taux d'AS pour les organisations réservées aux résidents suisses  semblent  tourner autour de 5 ou 6/1000).

L'étude "Suicide tourism: a pilot study on the swiss phenomenum" (parue en juin 2014) note dans une comparaison aux statistiques de 1992 que  de plus en plus des maladies telles que les troubles neurologiques ou rhumatismaux, sont invoquées pour demander le droit à une mort digne (Cf Table3**). Autrement dit, de plus en plus de 'patients atteints de maladies non fatales ont recours au suicide assisté.  A noter toutefois que cette statistique peut être biaisée par des patients cumulant plusieurs maladies, comme par les 'touristes' étrangers qui ne peuvent attendre la phase terminale ou voyager à l'étranger devient impossible.


* Table1 : Associations suisses de droit à une mort digne.

** Table3 : maladies invoquées (période 2008 -2012)

Mise à jour 2022


Sources, aller plus loin : 

http://agora.qc.ca/thematiques/mort/dossiers/dignitas
Ouvrage récent (2020) et bien documenté sur le sujet : 

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