Il n' y'a pas tant de monde que ça sur Facebook,
Il n' y a que plusieurs individus déjà murés
Qui s' emportent
Et ne sont ouverts... qu' enfermés.
@faC. (Fred Charlet)
'Nous' sommes tous connectés.
"Bip ! ", "Wizz !", "Ting !" : famille, amis, amours, collègues, tous nous sollicitent, incitent, excitent au travers des mails, des SMS, des réseaux sociaux. Ces nouveaux moyens de communication ne sont pas neutres. Non seulement ils sont devenus addictifs, incontournables, mais ils modifient aussi nos rapports, et nos relations. Personne ne nous oblige à acheter ou à allumer ces outils, mais celui qui coupe, son smartphone son ordinateur ou sa tablette devient invisible.
Le 'réseau social' de Facebook est construit sur un modèle, un dogme libéral avancé. Selon Mark Zuckerberg lui même, Facebook "change la norme sociale". En fait, Facebook transforme nos relations en devenant une place de marché, la bourse de nos relations. Tout est tracé compté, tout se compte en accès, clics, likes, et followers. Avec Facebook, et les TICs (Technologies de l'Information et de la Communication) chacun aujourd'hui se transforme en un petit 'centre de profit' personnel. Ainsi nos amis deviennent des 'fournisseurs relationnels' : cet ami m'a déçu ? Pas grave, j'en ai deux cents autres sur mon profil facebook. J'ai promis à un ami de venir à sa soirée, mais en fait j'ai un autre plan ? pas grave, je lui envoie un SMS d'annulation pour 'contrainte de dernière minute'.
Narcissisme.
Facebook, c'est Narcisse 2.0.
'Tranquille avec son miroir tel le schtroumpf coquet à rajuster sa fleur sur le bonnet, Narcisse était autonome. peinard, il avait sa source d'eau claire où il s'admirait jusqu'à tomber amoureux de son image puis dépérissait d'amour de lui même pour laisser place à une fleur, un narcisse.
Depuis Facebook, l'eau claire de Narcisse 2.0, c'est les autres.
Qui m'aime me suive! Notre quotidien, nos images, nos humeurs, doivent être validés par nos amis'. Je m'expose, je pose 'm'extime' , tu me follow ils me likent.
Cauchemar.
Parfois je cauchemarde du temps prochain où nos relations numérisées seront prises en charge par un Algorithme 'évolué' de Facebook (ou de ses concurrents). Dans le souci de capter toujours mieux 'le flux' de ses clients-utilisateurs, ce logiciel se muera en un répondeur intelligent une 'cyber-answering machine' autonome, universelle mais conformiste jusque dans l'excentricité.
Le réseau social deviendra pourvoyeur d' "Amis" partageant nos centres d'intérêt, un générateur de témoignages d'amitié, infos, de sites ciblés, de commentaires pertinents. Facebook peut tout , fait tout pour cerner nos profils, nos goûts, nos intentions d'achats et attirer nos clics. Achats en ligne, police de la pensée, anticipation du crime, éradication de la solitude et lutte antiterroriste tout à la fois. Alors que nos outils (GPS, CB, PC ...) nous surveillent, Facebook nous voit. Facebook sait, satisfait, et fait tout pour nous capter le plus possible. Nous voilà tous penchés sur nos écrans, à la recherche de nous même, ou plutôt à la recherche de nos mêmes. Fini alors le temps des commentaires incompréhensibles, ou hors sujet, et nos querelles de clics et de claques. Facebook sera là pour mettre le web en parfaite et infinie intelligence avec nous même, dans un vide sidéral, et pour l'éternité du monde. Dans ce meilleur des mondes dominé par une pensée globale: 'Big Brother takes care'.
Et pourtant.
Pourtant, Facebook m'a permis de rencontrer des artistes, des personnalités vraies (pas des 'people') que je n'aurais pu connaître autrement et des amis avec qui je me sens de profondes affinités. Avec qui je peux m'exprimer et échanger plus facilement qu'avec mes proches, trop proches et coincés comme par un effet d'ascenceur - [ou effet porc-épics de Schopenhauer*]- (vous savez, quand les portes de l'ascenceur se ferment, les conversations s'éteignent car les occupants sont trop proches les uns des autres).
Je continue donc à plaisanter, commenter, poster, l' œil toujours guettant le petit globe rouge de vos notifications.
Merci, et à l'année prochaine,
Ozias
Pour finir, on écoute une chanson, 'Accepte moi' par Ringo 1974.
Crédits: "Facebook m'a tuer". Alexandre des Isnards. Thomas Zuber.