lundi 21 juillet 2014

prendre chair

La chair est triste hélas, et la carne où l'on s'incarne il faut bien vivre avec. La dire ou la montrer, c'est autre chose tout est question de lieu et d'époque. De Rubens à nos jours, quelques images du mystère de la chair, fait d' horreur et de délectation.
Pierre Paul Rubens

Fabio Malgahaes
Gregory Jacobsen
Michael Reedy
Nicola Costantino

Francis Bacon
Fabio Malgahaes
veronika Frolova


Cao Hui
Sarah Lucas

Christian Van Minnen
Berlinde de Bruyckere
François Boucher

vendredi 11 juillet 2014

erection, bandaison

Car elle ne se commande pas, l'érection est à la fois servitude et liberté. 
"Le célèbre geste d’Adam couvrant son sexe d’une feuille de figuier s’explique, selon saint Augustin, non pas par le simple fait qu’Adam avait honte de sa présence, mais par le fait que ses parties s’agitaient sans son consentement. Le sexe en érection est l’image de l’homme révolté contre Dieu. L’arrogance du sexe est le chatiment et la conséquence de l’arrogance de l’homme. Le sexe incontrôlé de l’homme est à l’image de ce qu’Adam fut à l’égard de Dieu : un rebelle."—  Michel Foucault, “Sexualité et solitude”

Les Romains appelaient fascinus ce que les Grecs nommaient phallos. Du sexe masculin dressé, c'est-à-dire du fascinus, dérive le mot de fascination, c'est-à-dire la pétrification qui s'empare des animaux et des hommes devant une angoisse insoutenable. Les fascia désignent le bandeau qui entourait les seins des femmes. Les fascies sont les faisceaux de soldats qui précédaient les Triomphes des imperator. De là découle également le mot fascisme, qui traduit cette esthétique de l'effroi et de la fascination. (d'après Pascal Quignard Le sexe et l'effroi).
A Rome ou à Athènes, l'idéal du citoyen mâle est de se réserver les rôles "actifs" dans la relation sexuelle. "Il y a, d'un côté, ceux qui pénètrent; de l'autre, tous les autres, ceux qui ne possèdent pas le pouvoir, ceux qui sont pénétrés - les femmes, les garçons, les esclaves", indique Géraldine Puccini-Delbey. (Photo Herman Puig).


Nadia Lee Cohen
Le vrai laisser-aller
La médecine explique que contrairement à ce qu’on croit, avoir un sexe flasque, c’est tout un travail :
« S’il n’y avait pas un système qui tenait les artères de la verge fermées, on banderait toute la journée. C’est un phénomène physiologique, une stimulation permanente, conditionnée par des récepteurs chimiques et qui maintient la verge au repos. Cette stimulation permanente va disparaître s’il y a des sollicitations qui arrivent : ce peut être le pantalon qui frotte, un désir qui vient, des caresses. » Bref, résume-t-il :
« La situation normale est que les muscles lisses du pénis sont contractés pour que la verge reste flaccide. La nuit, lors des phases de sommeil paradoxal ; l’action chimique constrictive disparaît et la musculature se relâche laissant les artères se dilater pour remplir la verge de sang. »
«Nous savions déjà que la libération d’oxyde nitrique chimique, un neurotransmetteur produit dans le tissu nerveux, déclenche une érection en relâchant les muscles qui permettent au sang de remplir le pénis. ../....«Aujourd'hui, nous constatons que l'oxyde nitrique n'est pas seulement un déclencheur, mais l’initiateur de tout un processus cyclique qui continue à produire des ondes de neurotransmetteur dans le complexe nerveux du pénis», nous dit le Docteur Burnett.
Plus poétiquement Victor Hugo appelait joliment les érections matinales « les matins triomphants ».
« Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d’une victoire. » 

La demi-molle.
Marion Fayolle
La verge, c’est comme la Garde nationale : soit au repos, soit au garde à vous et prête à entrer en action, pas de demi-mesure !
Non, il n’y a pas d’autre usage suggéré ou envisagé. Et je ne parle même pas de l’iconographie culpabilisante et dramatique de ces pages : compatissez avec ce pauvre gars qui se prend la tête dans les mains, consterné parce que concerné par les troubles de l’érection…
Dans les zones intermédiaires, il y a du plaisir

Stop ! En maths, on dirait que l’érection est une fonction continue, pas une fonction discrète. En gros : il n’y a pas quelques stades bien définis et clairement identifiés (repos, mollasson, rigide), mais toute une palette de zones intermédiaires. Et dans ces zones intermédiaires, il faut bien se dire que non seulement il n’y a pas de honte, il y a du plaisir !
Avec les dents pendant une gâterie, par exemple, on ne risque pas de rayer le casque, il est plus mou ! On peut même mordiller, malaxer, enrouler... non, pas faire un nœud.
Semi-bander, c’est déjà le début du bonheur. On ressent la chaleur et le trouble doux de l’excitation sans que ce soit un raz-de-marée.
La demi-molle est printanière, modeste et érotique. Elle s’amuse d’un rien. Elle badine. Elle taquine. On survalorise trop le braquemart raide, et on oublie que le sexe sous forme de coït (inséré dans le ou les orifices idoines), ça connaît un avant plus ou moins crescendo, mais aussi un après.
La bandaison, même incomplète, ne se commande pas. Mais elle s’apprivoise ! Se laissant aller à la rêverie érotique, l’escalade commence dans le pantalon et on se sent vivre. C’est de l’amusement, on peut chercher la stimulation, le frottement discret, le regain d’excitation sans chercher la complétion. Non, ça n’ira pas au bout. Mais c’est bon quand même !
Sans enjeux. Sachons valoriser la demi-molle à l’heure somnolente de la sieste. Laissons-nous un peu aller, c’est l’été.


Notons  pour finir qu'en médecine légale, la présence d'une érection terminale (post mortem) est un indicateur d'une mort très probablement rapide et violente.


mercredi 9 juillet 2014

Geographie de l'amour

'Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà'. L'aphorisme de Pascal est particulièrement vrai pour tout ce qui touche à l'amour. "Ainsi, au Japon, on ne dit pas "je t'aime", ce serait inconvenant. En Europe, on le dit seulement à l'être aimé. Aux états unis, on le lance à chacun et chacune, amant'e), enfant et ami(e). 
Le baiser sur la bouche, qui nous semble si naturel et spontané, n'existait pas chez les papous, ni dans plusieurs peuples africains avant l'arrivée des blancs. Le kohi japonais existait avant le mot occidental d'amour , il ne désigne pas la passion, mais plutôt ce moment intense où désir et plaisir vont à l'unisson. Langage du corps donc, plus que du cœur. Aux yeux des chinois, les français passent pour des romantiques. Eux connaissent le caprice amoureux, mais non les "histoires d'amour". Nulle part plus qu'en Europe occidentale amour, sexe et mariage ne sont à ce point intriqués, mêlés, parfois confondus. Avec les heurts et malheurs que l'on sait.

Aimer, soit, mais par quel chemin ? L'amour est un vaste continent, voire plusieurs, et nous n'avons pas de boussole ! 
Aussi, Madeleine Scudery  inventa en 1654 une admirable 'carte du tendre' nous montrant que les aléas du cœur peuvent être dessinés, et que les sentiments empruntent des routes qui peuvent être mises en graphes ou en schémas." 
Elle fut suivie par d'autres. Ainsi par exemple Eustache Le Noble, qui en 1765 fait paraître une carte du mariage indiquant les périls attachés à l'institution matrimoniale.
Ou encore la carte du royaume d'amour de Cythère par Jean Sandeler le Jeune (1659).
Plus près de nous, Guy Debord publie en 1957 un subtil guide pychogéographique de Paris. 'Discours sur les passions de l'amour et localisation d'unités d'ambiance' qui note les effets du milieu urbain sur le comportement des individus.

Annette Messager qui revendique le droit de faire de la 'peinture d'amour' a dessiné en 1988 le 'jardin du tendre'.

L'avenir est peut être à la Géolocalisation des célibataires grâce au GPS de l'amour :
http://www.psychologies.com/Couple/Seduction/Celibat/Articles-et-Dossiers/Geolocalisation-des-celibataires-le-GPS-de-l-amour

"Le paysage est d’une monotonie admirable ; ces collines perpétuellement dépeuplées sont la vision la plus réconfortante qui soit. Il y a de quoi retrouver sa foi en l’Apocalypse : comme la Terre se passe bien de nous ! Comme elle sera noble et calme quand nous aurons disparus ! Une heure plus tard : toujours rien. Je vais gagner mon pari. Si mes souvenirs scolaires sont exacts, le fleuve Amour devrait être dans le secteur. Tout ceci est plein de sens : l’Amour n’a pas choisi pour lit une région surpeuplée comme le Bangladesh ou la Belgique ; il a élu le territoire le moins fréquenté. L’Amour n’a pas choisi pour lit une zone chaude ou tempérée ; il se complaît où les glaces ont rendu la vie sinon impossibile, au moins dure et pénible. Parmi les pays froids, il a opté pour le moins hospitalier, de sorte que sa neige reste vierge." Amélie Nothomb
Malgré toute notre géographie  comme dit Romain Gary, "aimer est une aventure sans compas où seule la prudence égare".

Crédits : Atlas de l'amour. Philippe Thureau-Danguin. Editions Autrement 2013.



jeudi 3 juillet 2014

Manger hepatant

besoins calories selon l'âge
"Les traitements peuvent par leurs effets secondaires provoquer une baisse ou une perte de l'appétit. La conséquence est souvent une perte de poids. Une perte de poids rapide entraîne toujours une sarcopénie, c'est à dire une fonte des muscles qui affaiblit et diminue sa qualité de vie.
Autour de la table, manger, c’est partager. Tous ceux qui ont dû passer par un temps de traitement au cours d’une hépatite virale savent que c’est un temps trop souvent de replis et d’isolement. On ne mange plus on s’alimente, et souvent les envies ne sont plus là. Cuisiner devient une contrainte et l'isolement nutritionnel un risque.
Avez-vous déjà réfléchi à la norme et à l’exclusion autour de la quantité d’alimentation ? Les deux œufs sont source de différence et d’exclusion alimentaire lorsqu’on n’en veut plus qu’un ! Par contre si vous prenez une part d’omelette et que vous vous servez vous même, la différence est moins violente et permet de s’adapter au plus près de ses besoins.
De la même façon, le steak qu’on ne peut pas finir comme à son habitude est générateur d’inquiétude pour le patient et son entourage. Il est donc plus astucieux de conditionner la viande en petits cubes avant sa cuisson, ce qui permettra au mieux d’adapter le contenu de l’assiette sans générer de tension. Il ne faut pas que les difficultés alimentaires deviennent une cause d'harcèlement supplémentaire et donc d’éloignement du malade de la table familiale.


Un message positif à marteler dans le crâne
des jeunes générations :
 cinq charcuteries par repas
Dans l'assiette, il faut éviter les aliments trop gras qui, selon l’importance de l’atteinte du foie, la tolérance digestive du traitement et les maladies éventuellement associées (pancréatite), peuvent être ressentis comme écœurants et provoquer des nausées, des difficultés à digérer ou des selles grasses et molles. Il faut éviter la consommation de pamplemousse (le fruit comme le jus) pendant une trithérapie. En fait, le pamplemousse modifie la transformation par le corps de certains médicaments contre l’hépatite C (inhibiteurs de protéase). Du coup, il expose à un risque de surdosage, qui peut favoriser les effets secondaires.

Des solutions pour éviter de perdre l'appétit pendant votre traitement :
- fractionner vos repas : manger de petites quantités, plus souvent dans la journée (4 à 6 repas par jour)
- privilégier les aliments que vous aimez
- varier les aliments et les saveurs (acide, salé, sucré…)
- enrichir chaque plat : ajout de crème ou de beurre dans une soupe ou une purée, de fromage râpé ou fondu sur les pâtes ou le riz, de fruits secs dans un fromage blanc.
- prendre vos boissons en dehors des repas

Pour une bonne digestion, le plus important est déjà de respecter les règles de base de l'équilibre alimentaire, notamment en mangeant lentement et en mastiquant longuement (pour repère: 1 bouchée=10 mastications et la durée moyenne d'un repas doit être au moins de 30 minutes). "Manger lentement" permet de déclencher la digestion gastrique et intestinale par la sécrétion d'enzymes digestives grâce à la présence de récepteurs dans la bouche, la salive permet également une pré-digestion. D’ailleurs, si on ne mastique pas assez, c'est l'estomac qui doit broyer les aliments et travailler plus longtemps, ce qui peut provoquer des nausées puis des ballonnements.

Sinon, les nausées sont souvent liées aux odeurs et les odeurs sont véhiculées par le gras. Il est ainsi important de préférer les aliments froids, qui sont moins odorants, comme par exemple le jambon, rôti froid, thon nature, salades, crudités, laitages, compote, fruits frais...etc. Et d'éviter les aliments très gras comme les charcuteries froides (rillettes, saucisson) ou chaudes (saucisses), les graisses cuites (plats en sauce, feuilletés), les fritures (beignets, fritures, panures)...etc.
Si vous n'arrivez pas à manger beaucoup, il est important de fractionner les repas en les complétant par des collations comme des laitages. Dans tous les cas, pesez-vous de façon régulière. Et si votre poids diminue, consultez votre médecin.

Mousse au chocolat blanc pour ceux qui veulent se faire plaisir et faire plaisir.
Vous n’avez besoin que de deux ingrédients : une tablette de chocolat blanc et une bombe de crème chantilly. Faites fondre lentement le chocolat blanc avec un peu de lait dans une casserole à feu doux. Lorsque le chocolat est fondu versé en une seule fois tous le contenu de la bombe de chantilly que vous incorporerez au chocolat. Voilà c’est fini !
Mettez le résultat dans des bols ou des verrines et placés les pour quelques heures au réfrigérateur et vous avez alors une formidable mousse au chocolat blanc qui en épatera plus d’un. Et souvenez-vous pendant les traitements on préfère souvent manger des choses fraiches, cela passe mieux.

Smoothie Lacté. Si vous aimez le frais.
1 pêche
2 abricots
Une cuillère à soupe de sucre ou de miel
3 glaçons
1 yaourt
1 verre de lait
2 cuillères de lait en poudre
Mettre un fond de lait dans le blender ou mixeur.
Ajouter les fruits coupés en morceaux ainsi que les glaçons et le lait en poudre.
Mixer jusqu'à l'obtention d'une purée. Ajouter une cuillère à soupe de sucre si vous le jugez nécessaire, ainsi qu'éventuellement un glaçon de plus. Ajouter le reste du lait et le yaourt.

mercredi 25 juin 2014

La pensee non positive

"Dans notre perception du virus de l'hépatite C, comme dans celle du cancer la maladie est un ennemi coriace et mortel contre lequel il faut mener une guerre totale. C'est le dragon, la bête que Saint Georges doit terrasser. D'ailleurs, cette idée est alimentée par les récits sur les «vainqueurs», comme Lance Armstrong, qui n’ont jamais baissé les bras et ont – précisément pour cette raison (comme on le présente souvent) – vaincu
leur cancer, ou encore des guerres hépatiques où la niake de l'hépatant finit par avoir raison du dragon après moult années de batailles interféronnées.

Certains s’opposent toutefois à cette «tyrannie» de la pensée positive. En 2004, l’oncologue américaine
Penelope Schofield a publié une étude démontrant ’absence de lien de cause à effet entre l’optimisme des patients atteints d’un cancer des poumons pendant leur traitement et leurs chances de survie. «Nous devons nous demander très sérieusement s’il est encore admissible de promouvoir une attitude optimiste qui équivaut à imposer au patient une croyance aveugle en des chances de survie accrues. Si un patient a un regard pessimiste sur la vie – et sa maladie – , nous devons accepter ses sentiments et même les reconnaître».


"Si un patient se force à adopter une pensée positive, il risque de refouler d’autres émotions. Une personne qui enfouit son chagrin et se force continuellement à mordre sur sa chique pour donner une image positive, reste confrontée à ses craintes, ses angoisses. Chaque personne a sa propre manière de gérer ses émotions. Le plus important est de les exprimer pour atteindre une certaine sérénité. Par ailleurs, on sait que les personnes qui répriment leurs émotions ont plus souvent des plaintes psychosomatiques que celles qui les expriment.»

Ainsi Je ne n'ai jamais compris les félicitations que j'ai pu recevoir pour ma guérison car je n'ai rien fait d'extraordinaire pour cela. J'ai eu de la chance, tant mieux, mais je n'ose guère en tirer fierté. Je pense à ceux pour qui les choses se passent moins facilement. Le traitement ne les a pas épargnés non plus et autant que moi ils font leur possible pour s'en sortir. En matière de santé et de guérison le patient ne controle pas grand chose. Ainsi le terme de 'combat' mené contre une maladie m'a toujours paru bien ambigu. En effet, qui dit combat dit vaincu et le vainqueur est celui qui s'est le mieux battu. Dans le contexte d'une maladie cette approche risque de culpabiliser injustement le patient qui n'a pas eu la chance de guérir. Bref je me sens très humble face à la maladie et très heureux aussi d'avoir viré ma 'crevette'.

De la même façon, La réflexion la moins apte à calmer une personne anxieuse est de lui dire de se calmer. En réalité, cela peut même faire empirer la situation. D'après Todd Farchione, une recherche démontrerait qu'essayer de se calmer en plein milieu d'une crise d'anxiété peut en fait augmenter la réaction émotionnelle originelle sur le moment. Au final, en tentant de ne pas avoir peur, la personne concernée peut être sujette à une réaction plus intense à ce qui l'effraie.
Plutôt que d'encourager une personne atteinte d'anxiété à se calmer, Todd Farchione suggère d'offrir son soutien pour montrer que l'on comprend ce que la personne traverse. “Dire à quelqu'un de ‘se calmer’ est la pire des idées -- surtout parce que ça ne lui donne aucune solution pour y parvenir”, indique-t-il. “Si elles pouvaient se calmer, elles le feraient -- c'est là une vision bien trop simpliste des émotions. Une meilleure stratégie serait de poser des questions comme: ‘Qu'est-ce qui te fait réagir ainsi?’ En le formulant et en y pensant, de manière générale, elles peuvent y faire face avec plus d'efficacité.”
Pour aider une victime à surmonter ce qui la terrifie, de nombreuses personnes tentent d'éviter les déclencheurs de cette anxiété. Néanmoins, cette empathie peut aussi renforcer les mécanismes de peur. Les proches peuvent se montrer sensibles à la peur de la personne concernée, en faisant en sorte par exemple de débarrasser leur maison de tout microbe ou en évitant les situations effrayantes pour ne pas provoquer d'anxiété. “Ça n'est d'aucune aide -- en réalité ça alimente la peur,” explique Todd Farchione. “[Par cette attitude], on montre que la peur est valide et rationnelle, ce qui peut aussi être problématique.”

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15022297
http://www.huffingtonpost.fr/2014/05/06/8-choses-que-seules-les-personnes-sujettes-a-lanxiete-comprennent_n_5266967.html

Gag pour finir avec SOS déprime de Michel Muller.

vendredi 20 juin 2014

Mantaku, empreintes de vulve

Au Japon, quand un pêcheur a attrapé un gros poisson, il essaye de garder une trace de son exploit sous la forme d'un 'gyotaku' (empreinte de poisson). L'équivalent amoureux du 'gyotaku' se dit 'mantaku' ("empreinte de vulve") ou 'shintaku' ("empreinte de pénis"). Pour garder la trace des femmes qu'ils sont fiers d'avoir possédées, certains hommes enduisent donc son entrejambe d'encre et pressent une feuille de papier qu'ils emportent en souvenir. 

La mode des 'mantaku' apparaît dans les années 70-80 : alors que la censure fait rage et que les parties génitales  -noircies, mosaïquées ou floutées - disparaissent des magazines pornographiques, certains éditeurs japonais ont l'idée ingénieuse de publier des 'mantaku' pour contourner l'interdit. A côté des photos caviardées de femmes nues, ils publient ce que les lecteurs n'ont pas le droit de voir.
Dans le milieu de la prostitution, le 'mantaku' fait toujours partie des services en option : moyennant un petit supplément, certaines femmes acceptent de laisser leur empreinte à la postérité. 
"Beaucoup de femmes acceptent parce qu’elles veulent garder la mémoire de leur jeunesse. Un sexe vieillit très vite. C'est comme un visage. Il se ride, il change au contact des hommes et il prend des plis qui témoignent de sa vie amoureuse.Au japon les jeunes achètent plutôt les 'ona-holes' (simulacres de vagins) qui ressemblent à des sillons. Ils aiment quand c'est abstrait, vierge et mignon. Mais les hommes de 50 ans préfèrent les sexes aux lèvres charnues et tordus, aux grandes lèvres de taille inégale encadrant un orifice parfois défoncé..."
Sanae Takahashi spécialiste des moulages génitaux  et présidente de la société Love Merci qui réalise l'essentiel des 'ona-holes' réalistes en vente sur le marché.

Source: Agnès Giard, les objets du désir au Japon. 2009 Glénat.
Gyotakuhttp://emagicworkshop.blogspot.fr/2011/09/with-gyotaku-art-of-fishing-meets-art.html

Longtemps avant les japonais, les hommes du paléolithique ont été amateurs de 'mantakus'
http://www.hominides.com/html/art/art_parietal3.php
Les vulves s’observent pendant toute la durée du Paléolithique et sur un territoire immense (des vulves gravées sur des objets mobiliers sont connues jusqu’en Pologne). Ce sont des signes simples constitués par des triangles parfois plus ou moins arrondis dont un des angles porte une bissectrice. Il s’agit en fait de triangles pelviens mais l’usage est de les appeler des vulves (fig. 11). Cette figure est couramment considérée comme réaliste alors que la ligne bissectrice qui lui donne son sens en représentant la fente vulvaire n’est, en fait, pas visible sur la femme adulte debout. Le procédé relève de la perspective tordue. Les vulves peuvent être gravées, peintes ou tracées voire modelées dans l’argile.
11 - Vulve (Angles sur l'Anglin)
12 - Vulve (Abri Cellier)
13 - Vulve (Le Tuc d'Audoubert)
14 - Claviforme (Le Tuc d'Audoubert)
http://www.artmajeur.com/fr/art-gallery/empreintes-intimes/73913
http://www.bodyscape.fr/intime.htm

Unique ! Tout près de nous et en vente sur ce blog, le Mantaku shirt (produit dérivé by Ozias). Dispo sur commande auprès de emagicworkshop. Les deux mantakus de cette page sont imprimés en rouge sur un Tshirt noir. La vulve est placée sur le coeur, l'anus au dos, en haut. Prix 50€, délai 10 jours.


dimanche 15 juin 2014

Guérir ! (suite et fin)

Rembrandt. Résurrection de Lazare.
Suite et fin de l'article très juste et très intéressant par Maia Marta  anthropologue :  « Les hépatants. Vivre avec une hépatite virale chronique et en guérir »
'L’hépatite C possède une particularité : c’est la seule maladie chronique guérissable. Qu’arrive-t-il alors à ceux qui terminent le traitement et éradiquent le virus, c’est-à-dire les guéris ou les séroconvertis  ? 
La guérison est perçue comme une situation difficile par les malades interrogés, parce qu’il s’agit d’une (autre) rupture biographique. Le malade vit des années durant d’une certaine manière – l’abstinence face à l’alcool, les visites régulières chez le médecin, les examens, la conscience de la présence du virus etc. – et soudain, un changement apparaît qui est ressenti comme radical. La rencontre avec la maladie implique une remise en cause personnelle. Pendant la maladie, s’est opéré tout un travail de réflexion sur soi que provoque le passage par le soin. Le patient s’efforce de réduire le cercle de ceux qui savent, dans le souhait de contrôler son environnement alors qu’il y a une perte de la maîtrise de l’image de soi. 
Après la guérison, il y a une rupture avec la vie d’avant, dans un sursaut de vitalité. Ce changement entraîne une perturbation identitaire que l’individu va essayer de résoudre. La personne infectée par le VHC qui fait un traitement et parvient à éradiquer le virus passe donc par deux changements, qui ont des implications au niveau identitaire : il prend conscience de son état de malade, avec le traitement et les effets secondaires qu’il entraîne, et cesse ensuite d’être malade, avec la guérison, après le traitement. 
Ainsi, l’une des personnes interviewées, pour qui le traitement a représenté un premier changement dans son quotidien, l’entrée dans un processus de soins et une modification de la perception qu’il avait de soi, a initié une psychothérapie non pas pendant le traitement, comme le lui avait conseillé son médecin, mais après, quand il a enfin été guéri. D’autres changements sont intervenus à ce moment précis, notamment un déménagement et une modification du régime alimentaire. La guérison représente un second changement. L’individu se sent «  quelqu’un d’autre  ».
Interview
« Comment tu t’es senti le traitement terminé ?
Et bah, ça, justement, ça, c’est un truc qui est un peu bizarre, figure-toi, parce que pendant tout mon traitement, je me suis sentie un petit peu comme de… Si tu veux, j’étais pas bien, j’étais malade, mais, en même temps, j’étais très soutenue, tu vois, psychologiquement, j’avais un psychiatre qui me suivait, j’avais des entretiens avec une psychologue, donc, il y avait mon gastro qui me suivait beaucoup, même ma généraliste, elle était vachement à l’écoute et tout ça, et donc, à la fin du traitement, tout d’un coup, tu…Bon, en plus, il y avait le site hepatites.net qui m’a vraiment…je veux dire, j’étais tout le temps là-dessus… ça m’a vraiment beaucoup aidé aussi, et tout d’un coup, bah, c’est comme si t’as…Tout s’arrête d’un seul coup ! Le traitement s’arrête, donc, comme si t’es sensée ne plus avoir besoin d’aide et que tout est…T’es complètement dépossédée de ta vie, quoi, si tu veux…Ta vie, elle est plus…C’est un petit peu comme quand on arrête la dope, je veux dire…Quand on est alcoolique, tu vois, un truc comme ça. Parce qu’en fait, tout esprit, il est rempli de ce qui t’arrive, soit de l’alcool ou de la dope ou, donc, de l’hépatite. Je ne pensais qu’à ça, tu vois, j’étais là pour me soigner et je ne pensais qu’à ça. Et donc, tout d’un coup, t’es sensée te sentir bien parce que, parce que c’est fini, mais t’as plus de quoi remplir ta vie…Ça m’a choquée, ce truc-là, c’était très bizarre.
Une sorte de vide ? 
Voilà, une sorte de vide.  » (Agnès)

La phase du traitement est vécue comme un moment ambigu, qui déstabilise la personne, son quotidien, l’image de soi, les relations avec les autres, la perception qu’elle a des autres, mais qui, en même temps, incarne l’espoir d’une guérison et donc d’une meilleure qualité de vie et d’une espérance de vie plus longue. C’est aussi une période où la personne est «  plongée dans la maladie  ». Or, au moment où il sort de cette « parenthèse  », l’individu a besoin de recomposer son identité en tant que non-malade et parfois aussi en tant qu’être qui travaille, a des relations sociales, une vie sexuelle, etc. Il doit, par ailleurs, intégrer à la représentation de soi son expérience de la maladie. Quand il « sort de la maladie », l’individu peut ressentir un « vide ». Parce qu’il a « perdu » le virus, il perd aussi les liens sociaux liés à l’état de malade, notamment ceux représentés par le médecin, le psychologue et les malades des groupes de parole, le sentiment d’être pris en charge et, par conséquent, son identité de malade. Le quotidien n’est plus rythmé par la maladie et l’individu doit s’adapter à ce nouvel état et à son nouveau statut, celui de guéri. 
Le malade, après avoir renversé l’échelle de valeurs qui met la maladie du côté du malheur et avoir réussi à percevoir la maladie comme « quelque chose qui a du bon », à la « positiver », voire après en avoir fait une raison d’exister, qui définit son quotidien et lui-même, se voit à nouveau confronté à un besoin de redéfinition de soi.

Autre post sur le même sujet http://emagicworkshop.blogspot.fr/2012/07/guerison.html

Biographie
Marta Maia est née en France en 1972. Elle a obtenu sa licence d’anthropologie sociale à l’Institut des scinces sociales de l’Université de Lisbonne (ISC-UL) en 1996. Elle a soutenu sa thèse en anthropologie sociale et ethnologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) en 2002. Par la suite, elle aconduit des reccherches post-doctorales à l’ISC-UL sur la base d’une bourse de la Fundação para a Ciência e a Tecnologia (Fondation pour la science et la technologie). Depuis 2005, elle poursuit ses recherches post-doctorales au Laboratoire d’ Anthropologie Sociale du Collège de France (Paris) sur la base d’une bourse de la Foundation Calouste Gulbenkian. Ses recherches ont notamment porté sur : la jeunesse, la sexualité, les comportements sexuels à risque, la santé et la maladie.