VISUELS
L'architecture algorithmique des colonnes de Michael Hansmeyer se prête très bien au selfie. Les millions de facettes de ces colonnes de carton conçues algorithmiquement et découpées numériquement créent un décor indessinable et digne des meilleures hallucinations psychédéliques.
Selfie parmi les colonnes algorithmiques de Michael Hansmeyer |
Immersive, l'installation de Raquel Kogan est tout aussi idéale pour se tirer un selfie façon matrix dans une installation interactive.
Troisième et dernier selfie devant un tableau interactif de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau (deux spécialistes du tamagotchi d'art) où 10 000 mouches virtuelles font, et défont au moindre mouvement, le portrait du visiteur qui pose devant l'écran.
Selfie 'on the fly' . Tableau interactif par Christa Sommerer & Laurent Mignonneau. |
La question qui se pose toujours avec les œuvres interactives c'est de savoir si elles laissent le regardeur faire le tableau ou si au contraire, c'est l'interactivité prend en charge l'imaginaire du regardeur et la piège dans l'algorithme du computer.
MUSIQUES et SONS
Dans les arts et en musique notamment, on a vu les groupes supplanter les orchestres, puis les DJ supplanter les groupes. A l'heure où la musique dépend plus que jamais des canaux de distributions et où la différenciation nivelle par le bas la notoriété des auteurs et interprètes on imagine bientôt les algorithmes remplacer nos DJs qui s'agitent derrière leurs platines. Côté musique, Artistes & Robots présente d'intéressantes compositions visuelles et sonores de Ryoji Ikeda. C'est immersif, mathématique et minimal. En tout cas ça m'a donné envie d'écouter sa musique et voir ses installations en concert.
De même, la composition musicale générative et interactive de Jacopo Balboni Schilingui produite en temps réel et générée par des algorithmes réagissant à la respiration du compositeur (sous capteurs 24x7 depuis juin 2017) m'a impressionné.
Conclusion
Parfois absconse et aride, parfois envoutante, l'exposition Artistes Robots mérite une visite si vous vous intéressez à la création électronique.
Plus immersive que subversive l'exposition pose quand même la question de savoir si la conscience a un support biologique (le cerveau) ou si l'on peut laisser aux robots le soin de créer la création comme le prétend un certain scientisme sectaire.
Au point de vue pratique j'ai regretté l'accumulation de plusieurs œuvres sonores dans les dernières salles. Il y a notamment un androïde d'Orlan grandeur nature qui fait la retape. Une sculpture qui parle c'est chiant, et quand la gouaille poissonnière d'Orlan se mélange aux musiques génératives ça donne une ambiance supermarché en fin de semaine. J'ai même demandé au gardien assis là comment il faisait pour tenir le coup. Très professionnellement il m'a répondu que c'est une question d'habitude.
Les sponsors de cette exposition sont IMERYS (qui fait partie des entreprises fondatrices du CHNC, organisme cherchant à promouvoir l'exploitation des gaz de schiste en France), la MAIF, le Crédit agricole, le groupe Kinoshita au sujet duquel je n'ai pas vu grand chose sur le web et enfin, IBM France dont le Président se fend dans le catalogue de l'expo d'une préface dégoulinante par laquelle il nous explique que : " .../...il milite pour que l'IA améliore le potentiel humain, ne soit pas une boîte noire incompréhensible et permette de créer de nouveaux emplois grâce à de nouveaux modèles économiques et sociaux". Amen !
Le CA, un des sponsors de l'expo, vous remercie de votre visite ! |