samedi 18 janvier 2020

Conscience et panpsychisme

Pour la science, la question la plus difficile à résoudre est sans doute celle de la conscience : "Qu'est ce que la conscience et d'où vient elle ?".
Dans son nouveau livre "Galileo's error : Foundations for a new science of consciousness", le philosophe Philip Goff adopte, pour répondre à cette question,  une perspective radicalement nouvelle :  
Et si la conscience n'était pas une production de notre cerveau, mais plutôt un attribut inhérent à toute chose de l'univers ?
Traduction ci dessous de l'article, vite fait et avec les moyens du bord !

Pour Philip Goff, cette approche, qui est celle de la théorie 'Panpsychique', est la piste la plus prometteuse pour progresser dans notre connaissance de la conscience. [Le panpsychisme est une conception philosophique d'après laquelle l'esprit est une propriété ou un aspect fondamental du monde qui s'y présente partout. L'esprit se déploierait ainsi dans toute l'étendue de l'Univers.]

Selon notre manière habituelle de représenter les choses, la conscience n'existe que dans le cerveau des organismes vivants les plus évolués et donc, ne concerne qu'un infime part de l'univers, celle apparue récemment avec les organismes vivants.
Pour le panpsychisme, au contraire, la conscience est présente dans tout l'univers et constitue même l'une de ses propriétés intrinsèques de tout ce qui existe. L'idée de base est que des composants élémentaires de la matière - comme les électrons et les quarks- sont dotés de formes minimales d'expérience et que la complexité de l'expérience humaine ou animale est un produit de l'agrégation des expériences élémentaires des constituants du cerveau.

Il faut clarifier ici ce qu'on entend par 'conscience', car ce mot est ambigu. On peut entendre par 'conscience' la perception que l'on a de soi-même ou la capacité à se représenter l'existence de l'autre. C'est une chose difficile à concevoir pour beaucoup d'animaux non humains et donc à fortiori pour des particules élémentaires. Mais quand nous utilisons ici le mot 'conscience', cela signifie simplement Expérience : plaisir, douleur, perception visuelle ou auditive etc.

Les humains ont une expérience riche et complexe de leur réalité; les chevaux un peu moins; mais pourtant plus que les souris... et ainsi de suite. En zoomant sur des formes de vie de plus en plus simples nous réalisons qu'il leur correspond des formes d'expérience de plus en plus simples -Peut être d'ailleurs à partir d'un certain point n'y a t'il plus de conscience, ni d'expérience du tout-  Mais au moins, il est cohérent de supposer qu'un gradient, un continuum,  d'élévation de la conscience s'étend à l'ensemble des organismes vivants  - depuis les plus simples jusqu'à l'homo sapiens-  tandis que les particules élémentaires pourraient avoir des formes  'inimaginablesd'expériences car tout aussi élémentaires qu'elles sont elles mêmes. C'est en tout cas l'hypothèse que pose le Panpsychisme.

Malgré les immenses progrès sur la connaissance du cerveau, nous n'avons pas l'ombre d'une explication sur la façon dont des perceptions électrochimiques peuvent donner naissance à un monde intérieur qui nous est propre sous la forme de couleurs, d'odeurs et de goûts. Il nous reste à comprendre comment ce que nous savons de nous-même peut s'accorder avec la façon dont la science décrit le réel qui nous environne.

Cette question est bien connue et la plupart des chercheurs considèrent qu'il suffit de poursuivre les recherches actuelles sur le fonctionnement du cerveau, mais pour Philip Goff, le découpage actuel des disciplines scientifiques et l' approche quantitative exclusive ne permet pas l'étude de la conscience. 

Pour lui, le moment clé dans la révolution scientifique fut quand Galilée déclara que les mathématiques étaient le langage de la science moderne, et que la science devait s'en tenir à un vocabulaire exclusivement quantitatif. Galilée a bien réalisé que l'on ne peut saisir la conscience ainsi puisque la conscience est un phénomène de nature qualitative par essence. Prenons l'exemple d'une nuance de rouge, du parfum d'une fleur ou du goût de menthe. Il est impossible de capter ces impressions qualitatives en utilisant le vocabulaire quantitatif des sciences dures. Galilée a donc décidé de sortir la conscience du champ de la science afin d'exprimer tout le reste à l'aide du langage mathématique.

Ce point est très important, car bien que la question de la conscience soit prise au sérieux, la plupart des gens sont convaincus que l'approche scientifique traditionnelle reste adaptée pour y répondre et que les sciences exactes permettront un jour d'expliquer aussi la conscience.
Philip Goff pense que cette réaction est née d'une erreur épistémologique. Oui, les sciences exactes ont montré leur réussite, mais leur succès vient justement du fait qu'elles ont soigneusement évité de tenir compte de la conscience ! Si Galilée revenait parmi nous, il pourrait nous expliquer que la physique ne sait rien de la conscience car la science a été construite pour résoudre des problèmes quantitatifs uniquement, sans se préoccuper des aspects qualitatifs.

Le point de départ du Panpsychisme est que la physique ne nous dis jamais ce qu'est la matière. [Comme disait Heidegger : 'La science ne pense pas'.] En fait, la physique, dans sa toute puissance, se contente de décrire le comportement de la matière, ce que fait la matière. Les relations entre grandeurs sont parfaitement décrites sans que rien ne soit dit sur la nature intrinsèque de la matière, ni sur ce qu'est la matière en tant que sujet, ni ce qu'elle est pour un objet extérieur.

Il y a donc dans notre histoire des sciences un vide immense. Et pour le panpsychiste, ce vide est le lieu de la conscience. Dans la pensée panpsychique, la conscience est la nature intrinsèque de la matière. Rien ici de surnaturel ou de spirituel. Simplement l'idée que la matière peut se décrire 'depuis l'extérieur', en termes de comportement, mais aussi  'de l'intérieur' selon sa nature intrinsèque constituée de formes de conscience.

Nous pouvons ainsi ré-introduire la conscience dans notre vision scientifique du monde et faire le lien entre ce que nous ressentons de nous même et ce que les sciences nous apprennent du monde physique.

Bien sûr tout le monde dira qu' une telle hypothèse est idiote, mais comme pour la théorie de la relativité ou de l'évolution, il faut bien admettre que rien ne tombe sous le sens et que la valeur d'une hypothèse, qu'elle soit intuitive ou non, tient avant tout en son pouvoir d'explication. Le Panpsychisme permet de penser le mystère de la conscience plus efficacement que les théories matérialistes ou spiritualistes.

La difficulté principale, avec la conscience, c'est qu'elle est inobservable. Impossible de savoir si un electron est conscient de la même façon qu'il est impossible de connaitre les pensées et les sentiments de quelqu'un d'autre. Nous savons que la conscience existe car nous sommes conscients mais mesure et expérience ne sont d'aucun secours ici. Le seul moyen de savoir si l'autre est conscient, c'est de lui demander : Je ne peux pas percevoir l'expérience de l'autre mais je peux lui demander ce qu'il ressent. Et si je suis neurologue, je peux en même temps voir, pour telle expérience tel témoignage, quelle partie du cerveau réagit chez l'autre. On sait ainsi quelles zones du cerveau sont associées à la faim, à la douleur, à la vue , au plaisir etc. Bien que très importantes, ces informations ne peuvent déboucher sur une théorie de la conscience dans la mesure où elles ne fournissent pas d'explication de ces corrélations. Pourquoi la faim est elle associé à un certain type d'activité de l'hypothalamus ? Pourquoi de cette façon ? 
La réponse à ces questions dépasse l'observation et la mesure car la conscience est inobservable et c'est donc vers la philosophie qu'il faut nous tourner.

La morale de l'histoire, c'est que pour établir une théorie de la conscience, nous devrons faire appel à la fois à la science et à la philosophie.Pour cela nous devons d'abord redéfinir ce qu'est notre science, ce que le panspsychisme nous invite à faire. 

Article "Does consciousness pervade the universe ?"
Interview de Philip Goff par Gareth Cook. Scientific American 14th january 2020
Traduction Ozias

Kieran Stone.
Scientificamerican.com/article/does-consciousness-pervade-the-universe/

samedi 4 janvier 2020

reboot psychédélique

Activité cérébrale et psilocybine
à gauche Placébo              à droite Psilocybine
A partir de la cinquantaine, le fonctionnement de notre esprit dépend quasi exclusivement de fonctionnements routiniers. Avec l'expérience et le temps il devient plus facile d'arriver directement à la conclusion. Peut-être est-ce que l'on appelle "la sagesse"...

Pourtant, l'apprentissage implique la création de nouveaux circuits neuronaux qui se renforcent au fur et à mesure de leur usage.
Le neurologue Franck Vollenweider, a avancé l'hypothèse que l'expérience psychédélique pourrait favoriser la "neuroplasticité" en ouvrant une fenêtre où les schémas mentaux et comportementaux deviendraient plus plastiques et, par conséquent, plus faciles à modifier.
L'idée est de s'affranchir des sillons les plus profonds creusés dans l'esprit par des habitudes de longue date.
L'expérience psychédélique semble avoir la capacité de provoquer une "claque chimique" suffisamment forte pour nous sortir de notre propre histoire et ouvrir une fenêtre de flexibilité mentale dans laquelle il est possible de se débarrasser des modèles à partir desquels nous organisons la réalité. Albert Einstein disait à propos de notre ego que " l’Être humain s'expérimente lui-même, ses pensées et ses émotions comme quelque chose qui est séparé du reste [de l'univers], une sorte d'illusion d'optique crée par la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous restreignant à nos désirs personnels et à l'affection de quelques personnes proches de nous." (W.Sullivan, "The Einstein papers : a man of many parts. The NY Times, 29 mars 1972).

La peur de la mort, la dépression, l'obsession, les troubles du comportement alimentaire sont exacerbés par la tyrannie de l'ego et des schémas figés qu'il élabore à propos de notre rapport au monde, et qui sont susceptibles de perdurer.
Pris dans de bonnes conditions, les psychédéliques,  peuvent nous donnent l'occasion de composer des histoires plus constructives sur notre moi et sur notre rapport au monde. Les visions sont si précises, et ressenties avec une telle force qu'elles font partie de notre corpus d'expérience au même titre que ce que nous avons vécu 'en réalité'. 
En cela, les psychédéliques constituent une forme de thérapie unique car elle n'est pas uniquement chimique, ni purement psychodynamique. On est ici, bien sûr;dans le registre du placebo, mais un placebo monté sur turboréacteurs. 

Aussi, de nombreuses équipes de recherche retravaillent aujourd'hui sur le potentiel thérapeutique des psychédéliques afin d'améliorer le traitement de la dépression, des addictions, de notre anxiété à l'approche de la mort ou l' amélioration de notre créativité.

Mais avec les psychédéliques, les effets sont aussi puissants qu'imprévisibles car les conditions de l'expérience, l'état d'esprit du patient et les attentes son guide comptent autant que la molécule elle même. L'expérience est d'autant plus efficace qu'elle elle est profonde et débouche sur une 'reconnexion' spirituelle avec le 'Tout' qui nous entoure. Un des paradoxes les plus complexes des thérapies psychédéliques à visées médicales ou scientifiques est donc que leur efficacité semble dépendre d'une expérience intérieure, souvent mystique qui convainc les gens que ce monde a davantage à offrir que ce que la science peut expliquer. La science est alors utilisée pour valider une expérience qui semble déstabiliser la perspective scientifique et la pousser vers ce qu'on pourrait appeler du chamanisme en blouse blanche. 
Mais, faut il se soucier de la vérité si la thérapie aide ceux qui souffrent ?

Plus généralement encore, comment pouvons nous être certains que notre expérience de la 'conscience' (non modifiée), soit 'authentique' ? La réponse est hors de portée de la science dans son état actuel, et pourtant, personne ne doute de la réalité de sa propre conscience.
Finalement, les preuves de l'existence de la conscience ressemblent beaucoup à celles de l'expérience mystique : nous pensons qu'elle existe non parce que la science est en mesure de le certifier de manière indépendante, mais parce que beaucoup de personnes sont convaincues de sa réalité.

D'après 'Voyage aux confins de l'esprit'. Michaël Pollan. Editions Quanto 2019.


Voir aussi dans ce blog :

https://emagicworkshop.blogspot.com/2018/11/psychedeliques.html


mercredi 18 décembre 2019

Psychonautes : les pionniers


Albert Hoffman, by Tim Jordan
Albert Hofmann (Suisse, 1906-2008, LSD)

Chimiste de son état, Albert Hofmann a synthétisé en 1943 le LSD-25 au sein du groupe Sandoz où il était employé. Il fut ainsi le le premier humain à expérimenter les effets du LSD après en avoir involontairement ingéré une petite quantité.  Puis par curiosité, il renouvelle l'essai avec une dose trop forte (250µg) et fait un gros bad-trip qu'il décrit ainsi:
 "« des vertiges, des perturbations visuelles, les visages des gens présents semblaient grimacer et présentaient des couleurs très vives ; de fortes perturbations motrices alternant avec des moments de paralysie ; ma tête, mon corps et mes membres paraissaient tous extrêmement lourds, comme remplis de métal ; j’avais des crampes aux mollets, les mains froides et sans sensations ; un goût métallique sur la langue ; la gorge sèche et serrée ; un sentiment de suffocation ; une impression de confusion alternant avec une perception claire de la situation, dans laquelle je me sentais comme à l’extérieur de mon corps, dans la position d’un observateur neutre, alors que je criais ou marmonnais indistinctement, comme à moitié fou. »". 
Trente six ans plus tard, Hofman écrit dans 'LSD mon enfant à problèmes' : « la dernière chose que j’aurais pu imaginer, c’est que cette substance devienne un jour une drogue récréative. »
En plus de sa découverte du LSD, il a aussi été le premier à synthétiser la psilocybine (le constituant actif des « champignons magiques ») en 1958.

Albert Hofmann 97 ans :
-J’ai repris du LSD il y a trois ans. Une petite quantité… Albert Hofman parle, du haut de ses 100 ans, la voix claire.
Il a bien dit il y a trois ans ? Il a pris du LSD à 97 ans ? C’est bien cela ? »
La jeune journaliste de TF1 s’étonne, rieuse. Nous sommes avec Albert Hofmann dans la salle de presse du symposium « LSD. Problem child and wonder drug » (LSD. Enfant terrible et drogue prodige). Albert Hofmann, continue en allemand, le plus sérieusement du monde : « Je voulais tester une faible dose, elle pourrait peut-être donner un antidépresseur à base de LSD. Je pense qu’à notre époque où l’humanité devient toute urbaine, l’homme perd le contact avec la nature. Il ne ressent plus qu’il fait partie du monde, il n’éprouve plus son unité avec le vivant, il ne voit plus la splendeur de l’univers, alors il désespère…"




The Shulgin's, by Alex Grey
Alexander & Anna Shulgin (Californie, 1925-2014, MDMA

Alexander Shulgin est un chimiste californien mort en 2014 qui a découvert des dizaines de nouvelles molécules psychoactives, comme par exemple la MDMA (ecstasy).
Alexander Shulgin fabriquait lui-même ses produits, de qualité parfaite. Il les consommait chez lui, avec sa femme Anna et un groupe d'amis de confiance. Les doses étaient soigneusement étudiées. Quand il découvrait une nouvelle molécule, il en prenait une quantité infime, puis l'augmentait petit à petit pour éviter les risques de surdose. Il pouvait en prendre vingt fois avant de ressentir les premiers effets.
l'influence d'Alexander Shulgin ne s'est pas limitée à l'apparition de ces molécules, aussi nombreuses soit-elles. Son attitude raisonnée envers les drogues a participé à la dédiabolisation des psychédéliques. Avec d'autres, il a été l'un de ces intellectuels pionniers qui ont refusé de catégoriser définitivement ces molécules comme des substances dangereuses. Il est l'auteur de deux ouvrages Pihkal et Tihkal considérés par la DEA (Drug Enforcement Administration) de San Francisco « comme des livres de cuisine pour créer ces drogues". 



RG Wasson et Maria Sabina
Robert Gordon Wasson ( USA, 1898-1986, psilocybine)

Gordon Wasson  travaillait comme Assistant de Direction des relations publiques dans la grosse banque américaine,
J.P. Morgan & Co.
Il a épousé une russe en 1926 qui s'appelait Valentina Pavlovna Guercken. Elle avait une vision des champignons bien différente de celle de la plupart des américains et cela attisa son intérêt pour la consommation des champignons. Cet intérêt s'est transformé en véritable fascination. Dans les années 50, il a même quitté son travail à la banque pour consacrer entièrement le reste de sa vie à découvrir tous les cultes qui existent dans le monde autour des champignons.

Robert Gordon Wasson est allé au Mexique rencontrer la chamane, María Sabina, pour participer à une cérémonie avec des champignons sacrés. 
 Il a demande s'il pouvait la prendre en photo. Elle lui en a donné la permission à condition qu'il la garde pour lui. Il n'a pas tenu sa parole et a publié sa photo.

'Dans l'article ‘Seeking the magic Mushroom’ Wasson décrit ses expériences pendant sa première cérémonie de champignons. Pour essayer de garder son anonymat, il a appelé Maria Sabina Eva Mendes dans son article. Mais comme il a également nommé l'endroit et a publié sa photo, les gens ont rapidement découvert sa véritable identité.
La conséquence a été un intérêt grandissant des occidentaux pour les cérémonies de champignon, en particulier celles des Mazapatèques. Scientifiques, hippies, membres de cultures alternatives, chercheurs de champignons et bien d'autres sont partis au Mexique pour rencontrer María Sabina. Ce gros volume d'étrangers a cependant mis María Sabina sous les feux des projecteurs de la police mexicaine. Ils l'ont accusée de vendre de la drogue aux étrangers. Toute la communauté Mazatèque en a été perturbée. Les siens l'ont accusé d'être à l'origine de cette situation et elle a été bannie du village. Sa maison a également été brûlée.
Après cela, María Sabina a regretté d'avoir présenté à Wasson le monde magique des champignons psychédéliques. Wasson de son côté a prétendu alors que son seul but était de répandre son savoir. A cause de ces faux-pas, María Sabina est devenue amère avec l'âge. D'après elle, les occidentaux ne montraient presque aucun respect pour les champignons sacrés. Ils étaient utilisés par les jeunes gens essentiellement comme des narcotiques. Le résultat est que les champignons magiques ont perdu leur magie et ils ont cessé de fonctionner'
.




Rick Strassman ( Californie, 1952, DMT)

Rick J. Strassman, professeur en psychiatrie à l'école de médecine de l'Université du Nouveau-Mexique, est l'auteur de "DMT - La Molécule de l'Esprit" (2001).
Dans les années 90, Il s'intéressa à la DMT, et il entreprit en 1990 la seule expérimentation approuvée et financée par le gouvernement américain sur les psychédéliques pendant ces vingt dernières années. Son programme : 
"Utiliser les composants psychoactifs des plantes pour étudier les divers champs de conscience manifestés chez l'homme, leur processus, et découvrir leurs bases biochimiques et physiologiques. Nous nous intéressons également aux implications médicales, sociales, et spirituelles de ces différents états, afin de savoir comment les appliquer au mieux pour soigner, développer la créativité et acquérir une certaine sagesse."
Le Dr. Strassman vit et exerce actuellement à Taos, Nouveau-Mexique. Il préside la "Cottonwood Research Foundation", un organisme non-lucratif qui se consacre à la recherche sur la DMT et autres substances psychoactives.

jeudi 28 novembre 2019

Guillaume Dustan

Guillaume Dustan (1965-2005) publie 'Dans ma chambre' en 1996. Depuis 1990 il sait qu'il est séropositif. A l'époque, comme beaucoup d'autres autour de lui, il attend de mourir dans les 10 années qui suivent. 'ça fait déjà quatre ans que je pense que je vais mourir l'année prochaine. Je me trouve beau quand même' (p62). Guillaume est un jeune homme branché, cultivé et de bonne famille qui a tout pour lui, sauf le temps. Il essaye d'intensifier son existence, de 'vivre plus' avec plus de sexe, plus de drogues, de musiques, de sorties et de danse. Dans ma chambre est la chronique crue de ses plans culs, de ses plans défonce et de ses sorties dans le ghetto gay, ou plutôt pédé, des années 90. Pourtant, Guillaume Dustan ne nous raconte pas sa vie. Même quand il raconte ses empalements sur des godes gros comme des pots de fleur, avec lui pas d'histoire, on est loin du fantasme et c'est le réel qui l'emporte. Et c'est bien ce rapport au réel qui se contrefout de toute interprétation qui fait tout l'intérêt de ses écrits. Dustan expérimente la production de la vérité et assume le risque de la parole. En cela, le style de Guillaume Dustan est pornographique. Tout est montré sans lyrisme, sans embellissement ni fantasme. Les mots mort, sida, solitude  sont évacués - ils sont obscènes, hors scène - mais une sorte de romantisme noir baigne ces aventures urbaines discrètement ponctués de quelques bulletins de santé, ou numération de T4. "Dimanche soir à la Loco, je suis tombé sur Tom. Il m'a dit que son ex était mort"(p78). "Cela dit, quand le petit vicelard a giclé sans capote dans le cul du grand skin, c'était vertigineux . Le baiser de la mort comme on dit' p119
Le plan de Guillaume Dustan, au delà du plaisir, est de bander toujours pour continuer à connaître. L'abus de drogues (shit, coke, ectasy, poppers) et l'usage de capote sont une limite à ses performances autant qu'elle le poussent à des expériences sexuelles toujours plus intenses. Guillaume Dustan, pornographe magnifique, ne vieillira jamais.

Ozias
(article paru en 2016 dans sansdire.blogspot)

Extrait: Chapitre 10 Réveillon. Dans ma chambre p118.

Pour Noël j'étais seul dans le nouvel appartement. Mon compte en banque avait été dévasté par le déménagement, j'avais dû travailler dur pour ramener de la thune. Dès que j'ai eu fini je suis tombé malade. Stéphane est venu m'apporter du jambon et de la soupe en boîte avant de partir chez ses parents. On devait aller ensemble voir une exposition de peinture qui se terminait, pour une fois qu'il était libre un après midi de semaine. Et puis j'étais malade. On pensait tous les deux que c'était vraiment la fin sans se le dire. Il n'est pas resté longtemps.
J'ai appelé ma mère pour lui dire qu'on aurait quand même peut-être pu faire un truc de famille, cela dit c'était un peu faux-cul, si elle me l'avait proposé j'aurais refusé. Je pensais à Quentin. La première année on s'était retrouvés l'un dans l'autre le vingt quatre au soir. Il avait souri au-dessus de moi. Joyeux Noël mon chéri. On s'était embrassés. Pour le réveillon, même chose. ça faisait Trois ans maintenant qu'on ne respectait plus la tradition.

Je me suis mis au minitel. J'ai branché un mec qui avait Bze sans Kpote comme pseudo. Le petit mec au minitel m'a demandé ce qui m'avait branché dans sa cv. J'ai répondu Te bzer ss Kpote. J'ai pensé qu'il se méfiait. Il n'y a pas ssr [sexe ss risque] précisé dans ma cv mais c'est vreai que j'ai une cv de mec ssr. Les mecs branchés 'baise sans capote' ne précisent jamais quel genre de baise ils pratiquent, hard ou soft ou crade ou mec mec ou n'importe quelle autre nuance, en fait ce qui les intéresse c'est de se vautrer dans le foutre empoisonné, c'est une baise romantique et ténébreuse, je dis ça de façon condescendante, mais c'est vrai que c'est très fort. Une fois j'ai partouzé comme ça avec deux mecs, moi j'ai calé, je débandais dans leurs cul et quand ils me sautaient ça me faisait trop flipper de baiser à risques, ok on ne sait rien sur la réinfection mais ce qui est sûr c'est qu'en faisant ce genre de choses on peut se choper des tas de trucs en plus. Cela dit, quand le petit vicelard a giclé sans capote dans le cul du grand skin, c'était vertigineux . Le baiser de la mort comme on dit.

Quand il m'a appelé il m'a dit qu'il avait plutôt envie de baiser que de se faire baiser ce soir. J'ai pensé En voilà un qui n'est pas bête. J'ai dit Je pense qu'il va y avoir un problème parce que je ne me fais pas baiser sans capote. Il m'a dit qu'il n'allait pas venir. Nous n'avions pas le même désespoir. Je me suis promis que quand je serai descendu au dessous de deux-cents T4 je m'y mettrai.

J'ai pris une exta qui me restait au frigo et je me suis branlé en me mettant des trucs dans le cul devant un porno que je passais mon temps à rembobiner. J'étais tellement stone que j'ai fait tomber la sapin et la tour à cd en maniant le sac à godes. J'ai trouvé ça marrant.

Trop hard la vie d'artiste !

Guillaume Dustan. Œuvres I. Dans ma chambre, je sors ce soir, Plus fort que moi. Editions POL.

http://www.vacarme.org/article1330.html

Une biographie : https://valentinperez.atavist.com/guillaume-dustan-le-maudit-ressuscitg54s1

La lettre de Virginie Despentes à Guillaume Dustan : https://www.deslettres.fr/lettre-de-virginie-despentes-a-guillaume-dustan-de-sodomie-prose

jeudi 21 novembre 2019

lundi 21 octobre 2019

S'informer sur l'actualité des drogues

"Punir pour soigner" 50 ans d'échec. Support don't punish !
"Drogues : le goût du défendu confère à la lueur d'une législation délirante un ténébreux attrait à ce qui n'a pourtant pas le moindre mystère."

Disclaimer: "La politique de réduction des risques et des dommages en direction des usagers de drogue vise à prévenir les dommages sanitaires, psychologiques et sociaux, la transmission des infections et la mortalité par surdose liés à la consommation de substances psychoactives ou classées comme stupéfiants." (loi Santé 2016).
L’auto-support des usagers existe même et surtout en dehors des parcours de soin labellisés et c'est dans ce sens que l'accès à ces sites d'informations permet de réduire le niveau de risque lié aux consommations. 
L’objectif n’est en aucun cas d’inciter à la consommation de produits psychoactifs illicites, mais de réduire les risques liés à l’usage par une meilleure connaissance des produits et des pratiques. 
Rappel : les drogues illicites, ne présentent pas toutes le même danger pour la santé, mais toutes exposent au risque judiciaire (jusqu’à un an d’emprisonnement pour en avoir consommé).

Et donc, où trouver de l'information fraîche et pertinente...

Détection des produits à risque

Voici quelques sites où cliquer pour trouver le dosage d'un TAZ, ou les résultats d'analyse d'un buvard. Bien utile pour fractionner ou choisir de gober... ou pas. 
Pour accéder au site, cliquer le nom du site écrit en bleu dans le texte.

Plus Belle la Nuit 2.0

Promotion de la santé en milieu festif. Présent sur les réseaux sociaux (FB), le fil d'actualité de PBLN publie les nouveautés relatives aux produits, aux pratiques ainsi que des alertes sur les produits surdosés ou frelatés.


Techno+ météo des prods

C'est la page du programme de Techno+. Propose une base de donnée des produits, mais la dernière mise à jour est de Juillet 2019.


Eurotox.org

Eurotox est un observatoire socio-épidémiologique alcool-drogues en Wallonie et à Bruxelles qui publie des alertes sur le dosage et le contenu des produits analysés.


Nuit Blanche.ch

Nuit Blanche est une action de réduction des risques qui informe les consommateurs sur les risques liés à la consommation de substances psychoactives. Tabac , alcool, substances de synthèses ou autres. On y trouve les dernières alertes des substances analysées. 

Sur portable Androïd on peut télécharger l'application KnownDrugs qui propose un catalogue des produits analysés en Europe.

Si tu n'as pas trouvé là, tu peux consulter d'autre sites étrangers (but not in french)

Espagne – energycontrol.org (espagnol) et energycontrol-international.org (anglais)

Autriche – checkyourdrugs.at

Pays de Galle – wedinos.org


NB: Bien sûr, chacun de ces sites propose bien plus d'informations que les catalogues des produits analysés.

ATTENTION !  Si une substance n’est pas référencée sur un site, cela ne veut en aucun cas dire qu’elle contient les substances attendues. Comme certaines substances circulent sur le marché avec le même logo et aspect, mais contiennent des dosages et des composants différents, les informations disponibles n’offrent aucune sécurité absolue pour évaluer la composition effective d’une pilule, poudre ou d’autres drogues

Forums Internet

Quelque sites d'auto-support des usagers, des forums d'échanges d'expériences et de pratiques, bref des mines d'or où tout n'est pas forcément à prendre au premier degré mais où il est possible de poser sa question comme de profiter des réponses à ceux qui l'ont posée avant nous.


Psychoactif

Psychoactif est un forum en ligne qui se définit comme un "espace solidaire entre consommateurs de substances psychoactive et ceux qui les aiment". Sans doute LE SITE de référence en France. Très calé et très interactif, mon favori en tout cas. Pour faire une recherche, cliquer sur la loupe verte en haut à droite de l'écran.

Psychonaut

Psychonaut.fr est une communauté d'autosupport francophone dédiée à l'information et à la réduction des risques sur l'usage des substances psychoactives.

Erowid

Erowid, est sans doute THE REFERENCE mondiale. Hélas l'intégralité du site est en anglais !


Revues

Elles existent sous format papier, mais on peut aussi les consulter en ligne. Écrites par des usagers ou par des professionnels du secteur, elles proposent des articles pointus autour de problématiques spécifiques.


SWAPS

La revue Swaps propose à tous les professionnels engagés dans la réduction des risques – médecins, pharmaciens, travailleurs sociaux, responsables de centres d’accueil et de soins spécialisés – un journal centré sur la Santé, la Réduction des Risques et les Usages de drogues. On y trouve des articles de fond sur des sujets pointus. Une référence.

ASUD    

La revue ASUD-Journal est édité par l'association ASUD, agrée pour représenter les usagers dans les instances publiques. C'est une revue française de référence qui travaille par dossiers (injection, sécurité routière, etc...) Malheureusement son dernier numéro remonte à mai 2018. Il n'empêche que les 61 numéros parus constituent par la variété des thèmes qu'ils traitent, une indispensable référence. 


Revue le Flyer:

Revue professionnelle d'information scientifique et pratique sur les traitements de substitution et les addictions. Le Flyer est également présent sur Facebook dans une forme plus généraliste.


L'injecteur

L'Injecteur est un journal québécois PAR et POUR les personnes UD (Utilisatrices de Drogues). Son objectif est de réduire les méfaits reliés à la consommation de drogues, de promouvoir de saines habitudes de vie et d’augmenter la qualité de vie des personnes UD et de leur entourage. Le site est toujours consultable, même si les derniers numéros sont un peu datés.

Etudes et documents généralistes 

Le site de Anne Coppel est une mine d'information dans le champ de l'histoire et des politiques des drogues ainsi que sur la Réduction des Risques 

http://www.annecoppel.fr/

Talkingdrugs est une plateforme dédiée à l'actualité des politiques de contrôle des drogues et la réduction des risques dans le monde. Possibilité de trier l'info par thème ou par zone géographique. 


Drugbank

Un site très pointu qui vous apporter des infos techniques sur vos molécules favorites. En anglais.

Le point SINTES

Le SINTES est un labo qui analyse des échantillons de drogues publie chaque année une synthèse de ses résultats. Particulièrement intéressant pour suivre le taux de pureté moyen  des produits, les produits de coupe utilisés ainsi que les nouveaux produits apparus sur le marché. Autrement dit, c'est un peu l'observatoire des arnaques, mais avec effet retard.


Merci de vos commentaires et de me signaler toute source incontournable que j'aurais pu oublier.

tchuss !
Ozias


dimanche 6 octobre 2019

Encore des corps (2)

Chloé Rosser
Chloé Rosser
Chloé Rosser

Berlinde de Bruyckere

Berlinde de Bruyckere

Berlinde de Bruyckere


Louise Dumont
Louise Dumont

Louise Dumont

Danny Eastwood

Danny Eastwood
Javier Rey

Javier Rey

Yung Cheng
Yung Cheng

Yung Cheng
Joan Semmel

Joan Semmel
Shai Langen
 
Shai Langen


Ashet Levin

Brooke Didonato

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Monica Piloni

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Jennifer B.Thoresen (Testament)

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