vendredi 11 novembre 2016

Indésirable

Autoportrait à 18 ans
Dimanche 17h, il pleut. Désœuvré, j'ouvre les albums photo, je tourne des pages. Souvenirs...
Là je suis jeune, les enfants petits, les parents pas encore âgés. Ce sont les photos de  ma vie d'adulte, différentes de celles de mon enfance qui sont des images pleines de repères simples et rassurantsPage après page les vacances, les anniversaires et les fêtes s'enchaînent et se succèdent.  Instants d'une vie. Là c'est moi, et mes proches ici.
J'étais plus jeune, plus orgueilleux, plus fort et ambitieux avec la vie devant moi. Je revois mes désirs de l'époque, mes plaisirs mes envies. 
D'un côté j'envie et je regrette la force que j'avais et de l'autre je trouve mes efforts d'alors égoïstes et vains.  Aujourd'hui je peux mesurer leurs effets secondaires, voir ce que j'ai raté,  tout ce temps passé à travailler, ou me distraire et pas assez à écouter. Le pire c'est que c'est que je n'ai même pas changé.
Des souvenirs souriants, rien de méchant, juste le sentiment d'avoir vécu tout ça trop vite, sans réfléchir. Vague regret de ce que je n'ai pas fait, vague tristesse de ne pas avoir deux jeunesses pour tout recommencer. 
Aujourd’hui est moins riche de futur et plus usé qu'hier, triste comme une chanson de Gérard MansetNaturellement le passé et le futur sont sources de souffrances, mais en plus avec le temps même les désirs que portent notre corps se fatiguent et se marquent de cicatrices. Vaguement honteux de tant de nostalgie, on se sent alors comme fané, avec la vie derrière soi et indésirable à ce qui l'est. 

Pour rire un peu de cette "fa(r)ce B de l'existence", quelques dazibaos de Nicole Garreau* tout frais pêchés de sa page Facebook.

Pour savoir où Elle en est, [Elle] se fait sporadiquement passer des tests de sénilité : tenir debout sur un pied, réciter la table de sept, nommer les sous-préfectures du Lot-et-Garonne...
Aujourd'hui ça va. Et demain ? Demain est une chimère ; inutile de s'en tracasser.
24/10/2016

"Copines" Véronique Tissot
[Elle] est passée du côté sénile de la force, ça y est : c'est mesurable à l'œil nu, elle a les oreilles et les pieds qui grandissent. Au secours.
20/10/2016

[Elle] est en train de nettoyer DERRIÈRE l'espèce de meuble de la cuisine, alors que c'est un endroit où elle ne va habituellement jamais et que personne ne lui a mis un pistolet sur la tempe pour l'obliger à le faire.
C'est cela, la déchéance, jeunes gens : pendant des décennies on se prend pour l'égérie d'un tableau de Delacroix, et on finit à moitié gâteuse à faire des trucs chelous sans aucune raison valable.

 09/10/2016

[Elle] lit quelque part que va être instauré en France un fichier biométrique étendu « afin que les honnêtes gens ne puissent plus se faire dérober leur identité » (sic). Elle elle voudrait juste dire que s'il y a vraiment des ceusses qui veulent devenir vieilles, moches et pauvres à sa place, ça ne la gêne pas, hein.
04/11/2016


 Allez va ! bonne fin du monde chez vous aussi !

http://nicole.garreau.over-blog.fr/2016/11/photographie-n-34.html

mardi 1 novembre 2016

La mort en Suisse

Molécule de Pentobarbital
Penser à sa propre disparition : un égoïsme de Toussaint.

La Suisse, contrairement à la plupart des pays européens, n'a pas de juridiction claire en matière de suicide assisté. L'aide au suicide n'y est pas poursuivie dans la mesure ou elle s'incrit dans un but d'aide à une situation désepérée, et sous couverture médicale.

Conditions générales
: Pour pouvoir bénéficier de l'AS (suicide assité) il faut, en principe, respecter cinq conditions:

  • Le discernement;
  • Une demande sérieuse et répétée;
  • Une maladie incurable;
  • Des souffrances physiques ou psychiques intolérables;
  • Un pronostic fatal ou une invalidité importante.
Entre la demande de suicide assisté et sa mise en pratique, il y a une période «de grâce». Un temps durant lequel le patient peut régler ses affaires et dire adieu à sa famille et ses amis. Après, une fois la date définitive fixée, le patient doit réitérer sa volonté, afin de bénéficier d'une solution diluée d'environ 10 grammes de pentobarbital de sodium qu'il doit ingérer lui-même.

Parmi les 6 organisations suisses* "de droit à la mort" seule l' association Dignitas semble accueillir les ressortissants français. La devise de Dignitas est "Vivre dignement, mourir dignement" et en effet, le prix de l'opération est de quelques centaines d'Euros pour l'adhésion, plus une dizaine de milliers d'Euros pour le grand voyage). 

Pour info, il faut savoir que près de 80% des personnes ayant obtenu la prescription médicale se sont accordé un temps de réflexion ou ont préféré mourir de mort naturelle. Mais elles se sont donné ainsi une certaine sécurité psychologique, car la mort demeure ainsi un choix disponible, si elles la désirent. 
D'après les données* ci dessous, Dignitas et StrebeHilfe  même si elle ne sont pas les associations regroupant le plus grand nombre de membres semblent les plus 'efficientes' puisque le taux d'AS annuel est de 26/1000 pour Dignitas et de 100/1000 pour SterbeHilfe. Cela peut être lié à une clientèle étrangère qui concerne des cas plus déterminés. (Les taux d'AS pour les organisations réservées aux résidents suisses  semblent  tourner autour de 5 ou 6/1000).

L'étude "Suicide tourism: a pilot study on the swiss phenomenum" (parue en juin 2014) note dans une comparaison aux statistiques de 1992 que  de plus en plus des maladies telles que les troubles neurologiques ou rhumatismaux, sont invoquées pour demander le droit à une mort digne (Cf Table3**). Autrement dit, de plus en plus de 'patients atteints de maladies non fatales ont recours au suicide assisté.  A noter toutefois que cette statistique peut être biaisée par des patients cumulant plusieurs maladies, comme par les 'touristes' étrangers qui ne peuvent attendre la phase terminale ou voyager à l'étranger devient impossible.


* Table1 : Associations suisses de droit à une mort digne.

** Table3 : maladies invoquées (période 2008 -2012)

Mise à jour 2022


Sources, aller plus loin : 

http://agora.qc.ca/thematiques/mort/dossiers/dignitas
Ouvrage récent (2020) et bien documenté sur le sujet : 

vendredi 14 octobre 2016

Traitement de substitution

illustration Lady Pocket

Traitements de substitution, prescripteurs et addicts :  quoi qu'on puisse en penser, voici ce qu'en disent des 'pros' de la région grenobloise d'après trois extraits d'articles parus dans le Journal Français de Psychiatrie #43 : "l'addiction est elle devenue notre norme ?"

Gisèle Bastrenta (Psychologue clinicienne, CSAPA CHU de Grenoble, Psychanalyste
p76 

" Nous assistons actuellement à la mise en place de plateformes médicales ayant pour mission de prescrire la bonne molécule aux "addicts" et de les orienter vers des services sociaux ou autres pour ce qui concerne le reste. La nomenclature des addictions est infinie pour la simple et bonne raison que cette idéologie médicale repose sur un monde sans manque. La traque des plaintes et des souffrances humaines à simplement éradiquer relance la course des prescriptions de psychotropes et donne le jour à des files actives de zombies "stabilisés". ../...Des médecins et des psychiatres sont aujourd'hui formés comme prescripteurs et s'en tiennent à cette approche pharmaco-neurobiologique. Alcooliques, toxicomanes, obèses, anorexiques se voient proposer les bonnes molécules par ces prescripteurs avisés des dernières avancées en la matière. Le face à face et le jeu de miroir entre le prescripteur qui "sait" sur la bonne jouissance et le patient qui en veut et en redemande laisse inaugurer quelques conséquences pathétiques autour de ces liens à teneur de maîtrise, voire passionnels.
.../... Les toxicomanes, ces êtres réduits à la passion de l'objet de jouissance, voire à la jouissance du plus de jouir, risquent de donner du fil à retordre à des prescripteurs agissant dans le même champ qu'eux. Les liens de maîtrise autour des objets de jouissance dans cette pathologie peuvent s'illustrer par des rapports sado-masochistes où le maître du jeu sera celui des deux qui pourra aller jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'à la mort ." "...ou pire".


Jérôme Lebaud (Psychiatre, psychanalyste, Ancien responsable du CSAPA du CHU de Grenoble
p61

"Nous, [les psychiatres] ne sommes plus très certains de l'attitude transférentielle de ces patients [toxicomanes sous traitement de substitution], tant ils sont volatils ou bien utilitaires. Nous sommes, à cet endroit, le moyen pour qu'ils puissent bénéficier de leur traitement. Il y a bien sûr une certaine avidité. Ce n'est pas la même chose selon l'endroit où l'on va s'adresser. Ce rapport aux médicaments est d'ailleurs très particulier et m'amène à aborder la problématique de la substitution. J'ai pu connaître la période juste avant l'arrivée de la substitution, puis ces produits, substituts, produits d'émergence. Ceux-ci ont eu un effet indéniablement salvateur. Cela a permis à bon nombre de personnes de se tirer d'affaire, d'éviter de mourir trop tôt.  On peut entendre cela comme un progrès sur la plan sanitaire et sur le plan social, mais peut-on dire que c'est forcément une bonne chose ?
Pour beaucoup, cela les plonge dans une routine, une certaine tranquillité, voire une absence au monde. 
Bien sûr, ils vivent, ils communiquent, ils ont une famille, ils travaillent, mais l'expression de la question du désir reste lettre morte. 
J'ai parfois l'impression d'avoir à faire à des organismes vivants, mais pas à des êtres vivants."



Yasmina Cheguettine/Céline Romeuf (Psychologue clinicienne/Educatrice spécialisée CSAPA Hauquelin, CHU Grenoble-Alpesp91

"La réduction d'un sujet à la manie des toxiques a pour conséquences un mode relationnel basé sur la manipulation des autres et l'expression du manque. S'ils sont encore aptes à communiquer, ces patients sont asservis à un monde de signes, d'urgence (pulsionnelle) et de tricherie.../...
Le caractère régulier des soins, le rythme des rencontres visent à introduire de 'l'automaton' (pour Lacan, l'automaton est le support de la parole et du discours, ce qui tamponne la rencontre avec le réel, qui limite la jouissance), à remettre en route le défilé des signes, court-circuité par une rencontre avec le réel, celle de l'objet-drogue. Pour des sujets très fragilisés, cet 'automaton' doit être particulièrement étoffé, tissé. 
La prise de toxiques induit peu de tolérance à l'angoisse. .[...] Court-circuité, le corps n'est plus un lieu d'éprouvé. Et tout accroc signifie le retour de l'angoisse : modification minime du traitement, oubli par le médecin de la mention 'non-substituable' sur l'ordonnance ou encore décalage dans le versement des allocations... 
.../... Les liens de la parole avec une secrétaire, une assistante sociale, un éducateur, un psychologue, un médecin peuvent amener des patients à orienter progressivement leur parole non plus de manière compulsive mais structurée et bornée par l'éthique des professionnels."

Bref, "Frères humains, qui avec nous vivez, n'ayez point contre nous vos cœurs endurcis" 

Tranche de vie.

Je fréquente cette pharmacie grenobloise depuis des années où j'achète régulièrement mes 28 jours de traitement dosé à 2mg. Le traitement (buprénorphine 2mg) est toujours prescrit par le même médecin, au même dosage (2x2mg/j). Samedi dernier, j'attends mon tour sagement en avançant de case sanitaire en case sanitaire. Muni de mon ordonnance, je me rends au guichet où m'accueille une vendeuse que je ne connaissais pas. Je lui passe la prescription, elle retrouve mes coordonnées dans son ordinateur et commence à me demander si j'habite toujours au même endroit. Puis, lisant l'ordonnance, elle remarque que le nombre de comprimés journaliers est bien mentionné, mais que le dosage n'y figure pas. Elle m'annonce alors qu'elle ne peut pas me servir, car le dosage doit être mentionné. Je lui fais remarquer que depuis des années je prends le même dosage : 2mg. Elle vérifie sur sa machine, constate que l'on m'a vendu dans la même pharmacie la même prescription un mois ou deux avant, me déclare qu'on aurait pas dû le faire et refuse de me servir. Elle me demande alors de retourner chez le médecin (fermé le samedi) et de lui faire rajouter le dosage en signant et datant la correction ou mieux, de faire une autre ordonnance. J'essaie de négocier, discrètement, elle me demande si c'est mon médecin traitant qui a fait l'ordonnance, et ne se prive pas de faire des remarques à son sujet. Par contre, elle acceptera me servir de l'alprazolam tout en remarquant que pour ce médicament non plus aucun dosage n'est indiqué sur l'ordonnance.
Bref, je repars, dépité. Mal à l'aise. Week-end de manque*.
Deux jours après, de retour dans la même pharmacie, avec la même ordonnance, mais une autre vendeuse je suis accueilli et servi Normalement et même sympathiquement. Comme quoi, jugements moraux et subjectivité sont toujours là quand il s'agit de TSO.

Tranche de vie2
Même pharmacie, nouvelle péripétie. D'abord il n'y a pas de problème. Puis, il n'y a que 2 boîtes de princeps disponibles, le reste est en générique. Je dis OK pour le générique. "Je vais faire ma sortie" m'annonce la préparatrice. Elle revient, puis m'annonce qu'il n'y a plus de générique et seulement une boîte de princeps. Elle me demande si je peux passer prendre le restant de l'ordonnance le lendemain. Je dis que je n'habite pas sur place et que ça me pose un problème de repasser sous peu. Elle me lâche alors "Vous n'avez qu'à en prendre moins" !!! M'enfin !!!, qui détermine le dosage ? Elle ou le médecin ?
Finalement comme la "Sortie" est faite elle me fait payer le tout et me remet un "ticket de promis" pour les 7 boîtes restantes que je devrai passer prendre le lendemain. Je repars dépité, et pas très confiant. La nuit, je dors mal car je ne pense qu'à ça. La préparatrice a t'elle bien fait passer la consigne ? Mon "ticket" sera t'il valable demain ? Quelles  parades si et si ... ? Quelles solutions "au cas où" ?
Le lendemain, je me pointe à la pharmacie. Longue file d'attente, j'en fais des caisses pour que, lorsque ce sera mon tour, je sois servi par la pharmacienne que je connais, qui me connait et avec laquelle il n'y a jamais de problèmes. 
Finalement, un autre guichet, s'ouvre, c'est mon tour. Je présente mon ticket, et direct, on me ramène mes 7 boîtes comme promis, sans question ni attente. Merci. Merci.
Comme quoi, faut pas plaisanter avec les opiacés. Lol !

*Manque. 
Le manque porte bien son nom. Parce que d'abord , on ne le sent pas, à part mentalement, une envie tenace dans un coin de la tête. Puis après la journée s'étire sans fin, ni appétit et plus rien ne vaut rien. Le jour, physiquement pas grand chose de violent à part des éternuements fréquents, mais cette impression pesante de peser 300kg un mal de dos tenace.  Pas d'énergie.
La nuit, impossible de dormir. Sensation du corps comme chiffonné, qui aurait besoin d'être repassé. Tensions entre les épaules. Dans les membres comme des fils que l'on tire par ci par là, sporadiquement et qui piquent et déchirent quand poussent leurs aiguilles. Je tourne et retourne dans mon lit sans trouver le sommeil. 




CSAPA: Centre de Soin Accompagnement et Prévention Addictions
PS: les passages soulignés le sont par mes soins.


Intéressant !http://vih.org/20160128/trois-ages-du-palfiumr-histoire-dun-produit-ambivalent-france-1957-1999/137718

https://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/TabTSO190308.pdf




Un forum spécialisé

Une thèse de médecine à propos de la prescription. A lire avant de choisir un médecin prescripteur

Un article intéressant sur le déficit en sérotonine parmi une cohorte d'usager de suboxone

Histoire et réflexions sur la Buprénorphine

TSO et anesthésie

mercredi 12 octobre 2016

Drogues: vers la fin du tout répressif ?

La guerre contre la drogue est ouvertement déclarée depuis plus de cinquante ans. La convention de 1961 établit un système universel pour limiter la production, la distribution et la consommation de stupéfiants à un usage uniquement médical et scientifique. Elle est axée sur les substances à base de plantes comme la coca, le cannabis et le pavot.
Dix ans plus tard en 1971, une deuxième convention étend ce système à plus de 100 substances psychotropes.
La dernière convention, en date de 1988, renforce l'obligation des sanctions pénales des états pour réduire la production, le trafic et une consommation en hausse continue. L'approche est basée sur la prohibition et la répression est mise en oeuvre par des organismes internationaux tel l'ONUDC, le CDS et l'OICS, puis relayée par les états.

Le 24 Mars 2016 la commission  globale des politiques en matière de drogues composée d'ex-présidents du Brésil, du Portugal, du Chili, de la Colombie, de la Pologne , de la Suisse et de personnalités telles que Kofi Annan  publie "Ending the war on drugs". La commission dénonce l’échec de la politique de contrôle répressive des drogues.
En effet, le nombre d'usagers des principales drogues (cocaïne, opiacés, cannabis) a augmenté de 36% entre 1998 et 2013 alors que la population mondiale a augmenté de 20% (chiffres ONU).

Second constat, en raison de la criminalisation de leur pratique, les consommateurs mettent leur santé en danger: achat de drogues frelatées, injections à risque facilitant la transmission des virus. Ainsi, 30% des injecteurs russes seraient infectés par le VIH. De plus le nombre de victimes 'collatérales' (règlements de compte) et d'incarcérations ne cesse d'augmenter.

La commission rappelle aussi le coût de cette guerre que Georges Sorros  résume en disant "War on drugs is a 1Trillion$ failure". et encore, ce chiffre ne concerne que les USA !

Dernier constat d’échec : la prohibition a favorisé la prolifération des organisations mafieuses et criminelles. Le  chiffre d'affaire annuel du trafic de drogue est estimé à 300-400 milliards.

La commission Globale de Politique en matière de drogues suggère donc de nouvelles approches moins destructrices, moins coûteuses. Elle recommande notamment la dé-criminalisation pour usage et possession
Elle recommande également aux états d'intervenir sur les marchés pour les organiser au lieu de les laisser aux mains des trafiquants.

La publication de  "Ending the war on drugs" a eu lieu en mars dernier, juste avant la session extraordinaire de l'assemblée générale des nations unies sur les drogues. Evènement rare puisque la dernière assemblée remontait à 1998.
Finalement, même s'il laisse entrevoir la possibilité d'un début d'ouverture, le résultat des courses est bien timide : 
« Nous devons fonder nos décisions sur la recherche, les données et les preuves scientifiques. Et nous ne devons pas hésiter à adopter de nouvelles idées et de nouvelles approches, même si elles peuvent parfois remettre en question les hypothèses traditionnelles » (Déclaration de M Eliasson -vice secrétaire des nations unies).

Patience, patience ...


http://www.lemonde.fr/addictions/article/2016/03/01/drogues-l-onu-prone-la-fin-du-tout-repressif_4874332_1655173.html

http://www.globalcommissionondrugs.org/wp-content/uploads/2012/03/GCDP_WaronDrugs_FR.pdf

http://sos-addictions.org/blogs-dexperts/sex-drugs-and-rockn-roll/prohibition-des-drogues-le-debut-de-la-fin

Sources : "Le système de contrôle des drogues peut il changer ?". Stéphanie Loridon. JFP 43. Erés 2016.

http://www.internetactu.net/2017/01/11/drogues-nouvelles-recherches-nouveaux-produits-et-nouveaux-risques/

Perspectives socio-anthropologiques sur l'usage des drogues

vendredi 7 octobre 2016

Trevor Paglen artiste du secret

Trevor Paglen est un artiste-géographe-journaliste américain qui photographie les dispositifs de contrôle des états, afin d' élaborer un « vocabulaire » culturel dont, selon lui, nous manquons et qui nous permettrait de faire face au fonctionnement du monde contemporainAu terme de recherches documentaires poussées et de techniques photographiques scientifiques il photographie bases secrètes, satellites d’espionnage, postes d’écoute, drones et installations militaires. Depuis plusieurs années, il a fait de la recherche de ces systèmes de surveillance une de ses activités principales« Je pense que l’Etat de surveillance ou l' "Etat profond" joue un rôle énorme dans la façon dont le monde fonctionne, mais je ne pense pas que nous possédons un très bon « vocabulaire » culturel avec lequel nous pouvons « voir » cet état de fait. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de l’examiner de près. » 
Salt Pit. Prison secrète américaine en Afghanistan.
Ainsi qu'il le dit lui même « Je suis un artiste qui travaille avec différents médiums. Quand j'ai commencé à réfléchir sur les notions de secret, de géographie, et sur les tensions qui existent entre faits, fiction, imagination, et perception, j’ai pensé que la photographie serait un bon moyen de les explorer parce que beaucoup de ces questions se situent au cœur de ce médium. »
Base de surveillance américaine. Harrogate, Yorkshire
Le travail de Trevor Paglen consiste, non pas tant à dévoiler ces lieux et traces, qu’à nous faire comprendre que la transparence politique a aussi ses zones d’ombres et que toute information n’est faite que de données partielles, incomplètes, voire confuses. Pour lui, la photographie est cet art qui « nous aide à comprendre que nous n’y comprenons rien ».
NSA/GCHQ Surveillance Base, Bude, Cornwall, UK,
Finalement, quels que soient les moyens mis en place pour le débusquer et le faire apparaître, le secret véritable persiste à se dérober juste nous nos pieds et à nous montrer les manques (ou le vide) informationnels sur lequel nous évoluons. 

http://www.oai13.com/societe/surveillance-detat-trevor-paglen-rend-visible-les-sites-secrets-americains/
https://gaite-lyrique.net/article/trevor-paglen-le-secret-dans-tous-ses-etats

vendredi 30 septembre 2016

Senior

En entreprise, être senior n'est pas glamour tous les jours. La preuve, cadre ou pas, il existe bien plus de juniors "HP"  (Haut Potentiel) que de seniors "HP". 
Dans la cartographie BCG (Boston Consulting Group)  le senior est diamétralement opposé à la star. C'est un vieux chien dont il faut se débarrasser. 
En pratique, au delà de 35 ans de service la date de péremption est considérée atteinte. Le senior se voit alors normalement expulsé de son poste, de son travail.  On confie ses responsabilités à des HP (Hauts potentiels) de nouvelle génération tandis qu'on le "charge de mission", on le placardise, ou plus subtilement on lui demande de redéfinir lui même "son périmètre d'activité" - euphémismes fourbes pour une mise en jachère qui peut durer des années-.
Bref, même quand dans le meilleur des cas on ne le vire pas, on l'éloigne fermement du champ de bataille opérationnel. Cela n'est pas forcément un mal, mais le senior doit alors faire preuve de "flexibilité", "d'agilité" et d'une grande "maturité" au niveau de l'ego.
Souvent donc, le senior porte un regard ironique sur son entreprise qu'il connait trop bien. De plus, une fois la maison payée, les enfants élevés et la retraite en vue il a moins à perdre et surtout plus rien à gagner à la jouer courtisan puisque son réseau est écharpé par la limite d'âge et que ses perspectives professionnelles sont bouchées. Devenu quasi incontrôlable, il faut le parquer, ou l'évacuer.
Alors, on le lui rend bien. Place aux jeunes !
Trop lent, pas dans le coup, on évite de trop se faire voir en train de déjeuner avec lui à la cantine. On ne l'invite plus trop au café ni aux pince-fesse de bureau. Écarté des potins, des nouvelles, on attend de lui qu'il s'écrase, qu'il dégage. De plus jeunes collègues jalousent plus ou moins son salaire, sa place près de la fenêtre, son agenda. Eux, jeunes actifs, vivent sur un autre rythme, multiplient les réunions, les listes d'action, les formations, les entraînements sportifs qu'ils cumulent  avec les galères de nounous ou d'appart's à retaper. Souvenirs pas si anciens... et relève assurée.
Finalement "Vieux con" est un euphémisme de "senior" . Aussi ce texte peut être compris dans les deux sens. Faites donc votre choix et gardez le pour vous.


La face B de l'existence. Houellebecq / Aubert

Music : Röyksopp - Senior

https://www.cairn.info/revue-mouvements-2009-3-page-24.htm