vendredi 10 janvier 2014

Cinquante ans de cinéma X

Pas le temps d'écrire cette semaine. Relâche cause trop de travail, et donc fatigue. 
Cadeau pour les curieux, une brève histoire du cinéma X. D'après un article signé Ismène de Beauvoir paru sur :
 http://www.gaite-lyrique.net/gaitelive/l-esthetique-du-x-l-insoutenable-legerete-de-la-chair


Entre la moustache fournie et les touffes de poils symboles du porno à papa 70’s et le pubis glabre des dernières générations, que s’est-il passé ? Les faits sont là : les poils sont tombés pour permettre le développement de plans chirurgicaux. Mais le poil n'est que la partie visible des évolutions de la carrière du cinéma porno . Visite en cinq étapes de cinquante ans de films X.

Les 70’s : Emmanuelle

Les années 70 sont l'âge d'or du film érotique grand public : les infections sexuellement transmissibles ne sont pas d’actualité et affirmer sa liberté sexuelle est un acte quasi-militant. Sorti en 1974, le film de Just Jaeckin reste LE film érotique français, à défaut d’être le plus inspiré. Femme de diplomate venue rejoindre son mari à Bangkok, Emmanuelle porte élégamment le sautoir de perles et fait du squash. .../...

Les 80’s : Café Flesh 

Dans le monde post-apocalyptique du réalisateur Stephen Sayadian, l’humanité est partagée entre la poignée d’êtres humains ayant conservé la capacité d’avoir des relations sexuelles et les autres, contraints de se contenter du spectacle offert par les premiers dans des cabarets tels que le Café Flesh. En opposant les Positifs aux Négatifs, cet OVNI sorti en 1982 prophétise les angoisses à venir du VIH. Comme la musique et les costumes des performeurs sur la scène, le décor du café-théâtre est sombre et volontairement grotesque. L’ambiance est dérangeante et la tension érotique se construit moins autour d’images explicites que du malaise qui grandit. Parce que comme l’explique l’un des personnages principaux : « la frustration est un job à plein temps », Café Flesh pourrait bien être la plus belle réussite du genre.

90’s : Le Parfum de Mathilde 
Extrait du « Parfum de Mathilde » http://www.youtube.com/watch?v=flvk_ljyBuQ

Marc Dorcel, cuvée 1994. Le Parfum de Mathilde ressort le thème classique de l’initiation de la jeune femme pure, Eva, jeune ingénue – Oserions-nous dire idiote ? Oui, sans trop hésiter. – soumise aux désirs de son riche époux, Sir Remy. Reposant sur le fantasme de la bourgeoisie perverse, les décors et costumes se veulent élégants. Balance ton château, ta Rolls-Royce, tes costumes de soubrettes à la mode sex-shop de Pigalle, tes dentelles blanches et tes voilettes. Le tout répond parfaitement aux échanges d’acteurs aussi crédibles qu’une troupe de collégiens répétant une pièce de Molière. 

2000's : Youporn, le règne de l’ultra-réalisme
Si les années 90 ont été marquées par le développement du style gonzo, la fin des années 2000 en est la consécration par sa diffusion urbi et orbi via les porntubes. Du sexe comme à la maison ou plutôt comme ça pourrait être à la maison, voilà ce qui nous est promis. Pas de décors-type si ce n’est celui du pavillon middle class de la girl next door fantasmée (ou de sa mère, ou de son frère en fonction des envies de chacun). En résulte une propension à la médiocrité notamment symbolisée par la présence récurrente de teintes beiges saumonées, apanage de la classe moyenne internationale. La stimulation ne passe plus par l’exotisme ou le fantasme de la classe bourgeoise mais par l’ultra-réalisme de la literie Ikea et des plans chirurgicaux.

2010’s : La femme avenir de l'homme  ?
Tournage d'un film d’Erika Lust (crédit photo : Daniel Escale)
Si l’avènement des porntubes a signé l’élargissement du public à la population féminine, l’industrie jugera-t-elle utile de répondre à la demande d’un public que l’on dit plus sensible au détail ? .../...L’avenir du film érotique pourrait résider dans le développement de productions de réalisatrices comme la suédoise Erika Lust qui s’applique à satisfaire les désirs du public féminin..../...Si les décors ont le mérite d’être moins déprimants que dans la plupart des autres titres du genre, Lust propose un porno bavard – parce que les femmes ont besoin de communiquer – englué dans les clichés de l’esthétique « alternatif » de la pin-up tatouée et piercée. L’universalité de l’attrait des femmes pour ce type d’esthétique restant à démontrer, des aménagements pour le futur de l’esthétique du porn semblent encore nécessaires.

Article d'Ismène de Beauvoir

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