Matisse. Pied sur bouse de génisse. |
Matisse. Vaisselle. |
Il y a ici pourtant ici dans un couloir une série d'assiettes que je trouve réellement mineures dans l'oeuvre de ce peintre. Pas vilaines, peut être, décoratives, certes, mais sûrement mieux à leur place dans une salle à manger de résidence secondaire cosy, dans la cuisine de Matisse que dans les couloirs d'un musée national.
Il y a ce pied de bronze aussi. Lourd, peu lisible et détaché de tout contexte. Il évoque pour moi l'écrasage d'une bouse de génisse par un pied nu.
C'est du Matisse... Bon d'accord. Mais on est bien loin ici des compositions dansantes et des raccourcis fulgurants que j'apprécie tant chez cet artiste. Je me demande même ce qu'il dirait en voyant ces travaux là mis en stèle, sous vitrine, et livrés à l’œil du public pour la postérité.
Matisse. Intérieur aux aubergines. Musée de Grenoble. Chef d'oeuvre. |
Même musée, autre exemple: Picasso.
Picasso, c'est un must pour tout musée. ça tombe bien, le maître a beaucoup produit. Trop même peut être. Par exemple, je ne suis pas intimement persuadé que les trois statuettes de bronze présentées ci -contre soient un coup de maître...Comprenez moi bien, je ne suis pas ici dans le "j'aime,/j'aime pas", mais dans la reconnaissance de ce que nous devons aux maîtres que j'essaie de débrouiller de l'idolâtrie qui est vouée à leur notoriété. Donner à admirer des œuvres qui ne sont pas admirables me paraît toucher à l'ignorance (de ce qui est grand); à la supercherie (des canons sans intérêt) et tend à encombrer les musées où trop de chefs d’œuvres contemporains (ou anciens) sont absents.
Picasso. Femme lisant. Musée de Grenoble. Une grande oeuvre. |
Ici le choix des œuvres est fonction de leur taux de rotation dans le rayon.
Les tableaux doivent donc plaire au plus grand nombre des consommateurs de ces magasins (soit beaucoup de monde comme vous et moi). Les sujets sont neutres, zen ou trendy, et surtout sans volonté de choquer, de questionner. On baigne dans le consensuel. On trouve des fleurs (beaucoup), des villes sous la pluie ou dans la nuit, des guitares électriques (branché !) ou quelques chats plus ou moins rock. Les techniques picturales empruntent à la peinture du XXème siècle et même aux techniques mixtes des collages modernes (présence de boutons, de traînées de colle, d'éléments d'affiches arrachées) parfois quelques mots incompréhensibles jetés ça et là plantent le décor qui se veut 'moderne'. Voilà donc de quoi décorer un pan de mur entier, dans un esprit passe partout qui frôle le bon goût (enfin, mon mien), sans jamais y tomber. Excellent rapport qualité prix puisque ces images de grandes surfaces qui dépassent pour la plupart le 40x50cm sont proposées pour moins de cent Euros et se voient de loin. L'art devient un revêtement mural à l'instar de ceux que proposent les rayons peinture, moquette ou papier peint. Vides d'émotion, lavées à la machine, ces images livrent un message absent ou neutre, et dans le meilleur des cas se risquent à l'humour. Leur finalité , dans tous les sens du terme, est de meubler.
Bref, l'art qui décoiffe et qui parle n'est pas toujours dans les musées et ne se vend pas en grandes surfaces. J'aime être surpris par l'oeuvre d'artistes inconnus. Plus encore j'aime les rencontrer les artistes outsiders tout en souhaitant les voir plus tard copiés dans leur style et exposés dans les musées.
A bientôt,
Ozias
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