mercredi 26 novembre 2014

Hors normes, énormes

Cette semaine place à trois artistes plus ou moins connus mais radicalement décalés. Remarquables par l'originalité de leur inspiration, leur sincérité, leur courage, ils ont en commun une certaine mise en scène du "transgenre", de la transgression tout simplement.

MAEL LE MÉE 

"Mael Le Mée est né en France en 1977. D’un côté, il est scénariste (dessins animés, jeux de rôle, jeux vidéo, bandes dessinées). De l’autre, il développe une pratique artistique pluridisciplinaire, qui va de brancher des légumes sur des ordinateurs à poser des bombes dans des festivals ou à donner des conférences très sérieuses sur des sujets qui n’existent pas encore. Il se propose comme artiste transmédia. « Transmédia », non pas dans l’acception en vigueur d’un procédé visant à décliner un univers narratif sur différents médiums,  pour capter l’attention d’un spectateur désormais dispersée sur une multitude de terminaux de consommation (télévision, internet, mobile, etc). Plutôt « transmédia » avec trans- dedans comme dans transgenre, transgression, transfrontalier,transformation, transport, transsexuel, transe..."
Mael le Mée en auto-gastroscopie.
"Il s’intéresse notamment aux rapports entre technologies et corps, aux questions de simulation et à l’esthétique du contrôle. En 2004, l’Institut Benway l’a recruté pour diriger son Service des Relations Publiques.
L’institut Benway, vous connaissez ? Bien évidemment ! Sa gamme d’Organes de Confort l’a rendu célèbre dans le monde entier...
Voici maintenant un demi-siècle que l’Institut Benway est le leader incontesté des solutions organiques de confort corporel
Fournisseur agréé de clients institutionnels et privés, dans les secteurs civil et militaire, l’Institut Benway propose aussi au grand public ses glandes salivaires aromatisées, barrettes de mémoire et autres testicules hallucinogènes. L'institut Benway est reconnu d’utilité par l’Organisation Mondiale de la Santé du Commerce."

Institut Benway. Organes de confort.


"Souvent imités, jamais égalés, les Organes de Confort de l’Institut Benway sont garantis sans rejet grâce aux tests effectués en camps de prisonniers conventionnés avec la Croix-Rouge.
Citons aussi les MusiKaments, les Placebos Parentaux, les Bijoux Internes, les Organes de Productivité Industrielle, les Solutions Organiques de Sécurité, parmi l’éventail complet de moyens qu’offre l’Institut Benway aux consommateurs, entreprises et gouvernements pour accéder au progrès corporel sur mesure, et ce depuis cinquante ans déjà !"


https://docplayer.fr/12131852-Dossier-de-presse-exposition-les-organes-de-confort-de-l-institut-benway.html


STEVEN COHEN

Steven Cohen est un artiste, plasticien, performer et chorégraphe sud-africain né en 1962 qui habite aujourd'hui à Lille. 
Steven Cohen est un narcissique révulsé. Il est à la fois un juif croyant, un Africain blanc et un homosexuel qui aime bien se travestir. A travers ses sculptures extravagantes, ses performances égocentriques et déguisements "osés", Steven Cohen essaye de trouver de divers moyens d'expressions pour traiter différentes questions identitaires, tabou aujourd'hui, comme le judaïsme, le racisme, l'homosexualité et l'identité ethnique.
Plus qu'un artiste, Steven Cohen est un grand provocateur. Ses performances sont souvent dans des lieux publiques symboliques (Trocadéro, Mémorial de la Shoah, Ground Zero, Bidonville de Johannesburg, ...) où il se promène souvent nu et déguisé de costumes originaux de sa création.
(Ci-dessus: Steven Cohen dans un déguisement de sa création)

Etoile jaune sur le front, faux cils énormes, bouche noire, crâne chauve maquillé, nudité ou costume extravagant, il fait de son corps une œuvre d'art ambulante qu'il soumet à toutes les épreuves. Sujet et objet, bourreau et victime, triomphant toujours jusque dans les situations les plus dangereuses, les plus risquées. Steven Cohen n'a plus rien à perdre.

PIERRE MOLINIER


Pierre Molinier (1900-1976) est un peintre photographe pervers inconnu de notoriété mondiale. Peintre en bâtiment de profession, Pierre Molinier avait tris passions :"La peinture, les filles et le pistolet". En 1976, il se donne la mort d'un coup de pistolet. Tout au long de sa vie Pierre Molinier a été inflexiblement fidèle à ses passions. Transformiste provocateur, barbare esthète et débauché pervers, pour lui la sincérité de la création était le garant de sa qualité.  jusqu'à la fin de sa vie Molinier aura été habité par deux obsessions:"jouir" pour accéder au paradis immédiat de la "petite mort" et "laisser une trace dans l'infini du temps".  Pour cela il s'auto-viole, s'auto-fellatione, se s'auto-portraitise infatigablement , à blanc en noir et blanc. De la couture des accessoires jusqu'à la retouche de l'ultime epreuve photographique, Molinier faisait tout lui même. Ce photographe de l'âge de pierre était à la fois modèle, opérateur, accessoiriste n'a pas connu Photoshop. Molinier  n'accordait que peu d'importance à la prise de vue. Deux lampes, un lit, un paravent en toile de Jouy, une poire à déclencher suffiront. Tout se joue pour lui à l'exposition, au tirage avec des calques des ciseaux et une mine de plomb. Une affaire de peintre tout autant que de performer que je vous laisse apprécier.
 



Sources : Pierre Molinier Par Jean-Luc Mercié. Les presses du réel.

Et aussi Piotr Pavlenski http://www.liberation.fr/planete/2016/10/11/piotr-pavlenski-couillu_1521239

Last but not least, une bonne adresse pour les amateurs d'art bien vivant et bien décalé : 

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