La première partie de la
Société du Spectacle montre l’aliénation de la vie par procuration dans la sociétés des marchandises. L’auteur, Guy Debord, consacre ensuite un long chapitre à l’histoire
des luttes révolutionnaires. La troisième partie du livre, titrée ‘temps et histoire’, est une réflexion sur l’appropriation
sociale du temps au profit de la
classe dominante.
Pour Debord « Le temps est l’aliénation nécessaire, le milieu où le sujet se réalise en se perdant, devient autre pour devenir la réalité de lui-même. Mais son contraire est justement l’aliénation dominante, qui est subie par le producteur d’un présent étranger. Dans cette aliénation spatiale, la société qui sépare à la racine le sujet et l’activité qu’elle lui dérobe, le sépare d’abord de son propre temps. (#161 p124)
Guy Debord oppose le ‘temps
cyclique’ des sociétés anciennes rythmé par
les saisons de l’année et de la
vie, c’est-à-dire le temps réellement vécu par les individus, au ‘temps spectaculaire’ (temps marchandise)
de nos sociétés qui est un temps irréversible vécu illusoirement.
« Le temps de la
production, le temps marchandise, est une accumulation infinie d’intervalles
équivalents. C’est l’abstraction du temps irréversible, dont tous les segments
doivent prouver sur le chronomètre leur seule égalité quantitative. C’est dans
cette domination sociale du temps-marchandise
que « le temps est tout, l’homme n’est rien ; il est tout au plus
la carcasse du temps ». #147 p117
Le temps irréversible est
le temps de celui qui règne. Les dynasties sont sa première mesure, l’écriture
est son arme. ../… Avec l’écriture apparaît une conscience qui n’est plus
portée et transmise dans la relation immédiate des vivants : une mémoire
impersonnelle qui est celle de l’administration et de la société. « Les
écrits sont les pensées de l’Etat ; les archives sa
mémoire »(Novalis) #131 p101
« Le temps spectaculaire est le temps de l’aventure et
de la guerre, le temps qui apparaît dans le heurt des communautés étrangères,
le dérangement de l’ordre immuable de la société. L’histoire survient donc
devant les hommes comme un facteur étranger, comme ce qu’ils n’avaient pas
voulu et ce contre quoi ils se croyaient abrités. »
Pour Guy Debord « Les possesseurs de l’Histoire [classe dirigeante] ont mis dans le temps un sens qui est aussi une signification…/…Les maîtres qui détiennent la propriété privée de l’Histoire, sous
la protection du mythe, la détiennent eux même sur le mode de l’illusion [c’est-à-dire
du Spectacle].
Cette dépossession de l'individu par le pouvoir renvoie au travail de Cynthia Fleury dans son ouvrage 'les irremplaçables' dans lequel elle affirme que "Le pouvoir tient par l'intérêt qu'il alimente. Il substitue à la notion d'individuation celle de l’intérêt, en donnant l'illusion qu'elle lui est similaire. Mais cet intérêt n'a de sens qu'à l'intérieur d'un système qui reconnait la valeur de la domination. Jouir de cet intérêt suppose la mise sous tutelle. L' "avoir" met en demeure la liberté d'être du sujet."
Dans notre quotidien, le slogan "l'actualité n'attend pas" matérialisé par le fil d'actualité de BFM diffusé en continu dans de nombreux établissements publics illustre bien cette spoliation de notre temps vécu et la façon dont on nous impose chaque jour une histoire symbolique qui porte nos destins.
Bref, les peuples heureux n'ont pas d'histoire.
Cette dépossession de l'individu par le pouvoir renvoie au travail de Cynthia Fleury dans son ouvrage 'les irremplaçables' dans lequel elle affirme que "Le pouvoir tient par l'intérêt qu'il alimente. Il substitue à la notion d'individuation celle de l’intérêt, en donnant l'illusion qu'elle lui est similaire. Mais cet intérêt n'a de sens qu'à l'intérieur d'un système qui reconnait la valeur de la domination. Jouir de cet intérêt suppose la mise sous tutelle. L' "avoir" met en demeure la liberté d'être du sujet."
Dans notre quotidien, le slogan "l'actualité n'attend pas" matérialisé par le fil d'actualité de BFM diffusé en continu dans de nombreux établissements publics illustre bien cette spoliation de notre temps vécu et la façon dont on nous impose chaque jour une histoire symbolique qui porte nos destins.
Bref, les peuples heureux n'ont pas d'histoire.
Liens :
Debord, derniere déclaration avant suicide