mercredi 1 février 2017

le Spectacle

La Société du spectaclede Guy Debord est un essai plutôt difficile d'accès. Son style fait penser à Lacan, son propos fait appel à l'histoire, à la sociologie, à l'ethnologie, à la philosophie, à l'histoire des luttes révolutionnaires. 
Ce livre paru en 1967  est une critique de la marchandise et de sa domination sur la vie, de l'« aliénation » de la société de consommation. La Société du spectacle est également une réflexion sur nos moyens de changer l'Histoire. 

Citations et extraits du livre (en italique) :

Thèse 1 "Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation." (p3)

Thèse 4 "Le Spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images." (p4).

Thèse 30 " L’aliénation du spectateur au profit de l’objet contemplé (qui est le résultat de sa propre activité inconsciente) s’exprime ainsi : plus il contemple, moins il vit ; plus il accepte de se reconnaître dans les images dominantes du besoin, moins il comprend sa propre existence et son propre désir. L’extériorité du spectacle par rapport à l’homme agissant apparaît en ce que ses propres gestes ne sont plus à lui, mais à un autre qui les lui représente. C’est pourquoi le spectateur ne se sent chez lui nulle part, car le spectacle est partout. (p16)

"Selon Debord, le spectacle est le stade achevé du capitalisme, il est un pendant concret de l'organisation économique de la marchandise. Le spectacle est une "idéologie économique" qui permet à la société contemporaine de légitimer l’universalité d’une vision unique de la vie, en l’imposant aux sens et à la conscience de tous, via une sphère de manifestations audio-visuelles, bureaucratiques, politiques et économiques solidaires. Le but de ce dispositif est de de maintenir la reproduction du pouvoir et de l’aliénation. Ce qui conduit inexorablement à la perte du vivant, à la perte de la vie."

De la même façon que l'accumulation des moyens de production instaure un rapport social ceux qui possèdent le capital et ceux qui n'ont que leur force de travail pour survivre, le spectacle, qui constitue le modèle présent de la vie socialement dominante, instaure un rapport social entre le monde sensible de nos vies quotidiennes et l'ensemble des autres. Ce qui était directement vécu par l'individu est éloigné au profit de représentations dominantes.  
Le Spectacle met en scène un monde irréaliste, coupé de la réalité vécue par la population. Le spectacle est le monopole de l'apparence et le langage de la séparation.  Le spectacle est en cela une autre forme du Capital et de sa domination.
Dans un monde où l'économie n'est plus au service des hommes mais où les hommes sont au service de l'économie, la société du spectacle est, à la fois un remède et un poison. C'est un remède puisqu'il permet de supporter l'insupportable et un poison car il véhicule les idées de la classe dominante qui contrôle la production du Spectacle. 
Le spectacle est aliénation: en fantasmant une vie qui n'est pas la sienne et qu'il ne pourra jamais réaliser, le spectateur ne vit que par procuration et devient étranger à lui-même (aliéné) et à son propre désir. 

Le retour au sensible, au réel, à la vie quotidienne sont nos simples et humbles moyens de faire la guerre au spectacle et de devenir acteurs de l'histoire.
« Nous voulons que les idées redeviennent dangereuses !»

«Tout est fait pour que l'individu ne se rencontre pas dans une vie. Parce que s'il se rencontre c'est terrible, il développe un sens critique, il développe un jugement. Et alors là il est ingouvernable. Les politiques n'ont aucun intérêt à ce que l'individu se trouve.» Albert Dupontel
La société du spectacle est un film, regardez le ICI.
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