Souvent considérées comme ineffables, les expériences psychédéliques sont illustrées par de nombreux artistes de l'art visionnaire. Voici quelques exemples de ce qui se fait et qui me rappelle des décors que j'ai traversé avec les psychédéliques.
Le vieillissement entraîne de nombreux changements et implique la mise en place de processus de réadaptation. Le processus de séparation-individuation, largement poursuivi à l’adolescence avec l’acquisition d’une identité stable et d’un rôle social, n’est jamais achevé. Il s’agit d’un processus dynamique, qui se réactive notamment chez le sujet âgé. En effet, le vieillissement amène des pertes progressives d’énergie, de capacités, de rôles et de relations. La fin de la vie active est aussi le temps de la fin des conventions sociales et des responsabilités.
Ces changements peuvent altérer l’image de soi et l’image que les autres renvoient. Cette image est directement liée à la relation que les sujets âgés entretiennent avec autrui et au rôle endossé par chacun (rôle de parent, d’ami, etc.). Or toute personne cherche à maintenir son rôle et la perte de celui-ci inhérente au vieillissement entraîne nécessairement un état de frustration, voire de dépression. Dans de nombreuses situations, les addictions peuvent combler un vide social ou permettre un court-circuitage d’une pensée trop douloureuse.
A l’évidence, les problèmes de drogues ne concernent plus aujourd’hui uniquement les
« jeunes ». Ce phénomène prend de l'ampleur car les plus de 65ans, dont beaucoup ont découvert les drogues au cours des années 70's, sont démographiquement de plus en plus nombreux : En 2020, 20% des Français ont dépassé l'âge de 65ans.
Les personnes âgées sont des usagers
fréquents et réguliers de drogues délivrées
sur ordonnance ou en vente libre. Les plus de 65 ans consomment environ un
tiers de toutes les drogues prescrites sur
ordonnance, dont souvent des
benzodiazépines et des analgésiques
opiacés. Les femmes âgées sont plus
susceptibles que les hommes de se voir
prescrire des médicaments psychoactifs et
d’en abuser; elles ont également un plus
fort risque que les autres classes d’âge
d’abuser de médicaments délivrés sur
ordonnance.
Les usagers réguliers de drogues festives vieillissent eux aussi et peuvent s’exposer à davantage de complications avec l’âge. Les sujets plus âgés métabolisent les drogues plus lentement et, avec l’âge, le cerveau peut être plus sensible à leurs effets. De nombreuses substances stimulantes peuvent induire des changements dans le fonctionnement des récepteurs cérébraux, posant la question de leurs effets à long terme. Ces incidents peuvent interagir avec d’autres processus pour accélérer leur progression ou accroître la gravité des déficiences neurocognitives qui accompagnent le vieillissement.
Les problèmes de comorbidité devraient aussi être davantage pris en considération dans le traitement des patients âgés. Les usagers de dogues âgés peuvent souffrir, par exemple, de pathologies chroniques, notamment au niveau du foie à la suite d’une infection chronique par le virus de l’hépatite C, ou de maladies liées au virus d’immunodéficience humaine (VIH) (maladies opportunistes). Enfin, beaucoup d'usagers séniors sont sous traitement médical chronique suite à des problèmes de d'hypertension, cardio-vasculaires, diabète ou autres. Pour eux se pose non seulement la question des risques liés à leur condition mais aussi celle des interactions entre leurs produits et leurs traitements.
Face aux notions d’abus ou de dépendance, cette population âgée se distingue de la population générale par différentes particularités : clinique, applicabilité des critères diagnostiques, dépistage, etc. Il arrive aussi que des adultes âgés refusent d’admettre
leur problème en raison de la stigmatisation qu’il entraîne dans leur classe
d’âge. Les problèmes dans cette classe d’âge sont donc particulièrement susceptibles de passer inaperçus.
Le vieillissement d’une partie de la population des usagers de drogues va soulever de plus en plus de nouvelles questions en termes de santé publique. Compte tenu de la difficulté à trouver des médecins formés et ouverts à ces sujets, une démarche d'autosupport des usagers concernés est nécessaire pour répondre dans un premier temps aux questions de notre première vague de séniors consommateurs de produits. Des traitements appropriés et efficaces doivent être adaptés
aux besoins spécifiques des consommateurs de substances
âgés, en dépit du peu de connaissances actuellement
disponibles sur ce groupe de patients. Cela pourrait impliquer
de modifier les formes de traitement actuelles, ou d’en
développer de nouvelles, plus attentives aux conditions de comorbidité
auxquelles sont exposés les sujets âgés.
D'après Observatoire Européen des Drogues et de la Toxicomanie (2018), Sujets âgés et substances psychoactives : état des connaissances C. Marquette.
Usage de drogues chez les personnes âgées : une épidémie cachée !
Le rapport 2020 de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) émanant des Nations Unies, publié fin mars 2021, comporte un chapitre consacré aux personnes âgées. C’est une première internationale que d’envisager les ainés comme priorité de santé publique en addictologie, même si certains pays peuvent apparaitre pionniers par leurs initiatives (Québec, Suisse, Royaume-Uni…).
Dans son introduction générale, le président de cette instance (Cornelis P. de Joncheere), souligne que 2020 a été marquée par la pandémie de maladie à coronavirus, avec « une incidence disproportionnée sur le bien-être des personnes âgées, ce groupe de population est également touché par une épidémie cachée, liée à l’usage de drogues ».
Le rapport souligne que l’accroissement des durées de vie « s’accompagne d’une vulnérabilité accrue à la consommation des drogues et à la dépendance à la drogue », observant une augmentation du nombre des personnes âgées recevant un traitement pour des troubles liés à cet usage. Au regard de cela « L’OICS recommande de faire mieux connaitre cette épidémie cachée et de faire en sorte que ce groupe de population souvent négligé, ait accès aux services nécessaires à sa santé et son bien être » (Nations Unies, 2021).
Contexte épidémiologique Les personnes âgées, envisagées après 65 ans dans le rapport, représentaient 6 % de la population mondiale en 1990, pour atteindre 9 % en 2019 et devraient tendre vers 16 % en 2050 selon les Nations Unies. La définition de personnes âgées parmi les usagers de drogues est beaucoup plus variable, pouvant débuter dès 35, 40 ou 50 ans… (Nations Unies, 2021).
« Les personnes âgées sont particulièrement susceptibles de faire usage de drogues et d’en être dépendantes » (Nations Unies, 2021), reprenant diverses formulations de la littérature spécialisée, ce rapport souligne la vulnérabilité aux addictions des ainés, alors que la vieillesse n’en prémunit d’aucunes, reconnaissant que « le sujet âgé devient un candidat naturel aux addictions » (De Brucq, 2008).
Le nombre de personnes âgées recevant des traitements pour des troubles liés à l’usage de substance a augmenté ces dernières années, surtout en pays à revenu élevé, ce qui a souvent été mis en lien avec le vieillissement des générations du baby-boom. Les ainés mésusant de substances avaient été considérés comme devant doubler entre 2000 et 2020 aux États-Unis (Han, 2009).
Devant le peu de données épidémiologiques entre gérontologie et addictologie, alors que beaucoup d’études s’arrêtent à 65 ans, ce texte formule l’hypothèse d’une tendance à négliger ces personnes, reflétant « les attitudes qui prévalent à l’égard de ces personnes dans la société », citant les notions d’âgisme et de stigmatisation (source d’exclusion sociale) des personnes âgées usant (ou mésusant) de drogues (Nations Unies, 2021). Le rapport reprend alors le terme d’épidémie silencieuse, pour une épidémie nationale (aux États-Unis) (Knauer, 2003) mais silencieuse (Sorocco, 2006) initialement associée aux développements des troubles de l’usage d’alcool chez les ainés.
Substances considérées Le rapport de l’OICS envisage sous la notion de drogues les substances illicites, dont le cannabis et les médicaments (analgésiques ou tranquillisants, entre usages non médical et mésusage) (Nations Unies, 2021). Alcool et tabac n’apparaissent pas dans l’acception retenue de la notion de drogue.
La prévalence annuelle d’usage de cannabis apparait la plus en essor parmi les 55-64 ans, avec ensuite une évolution proche constatée pour la cocaïne. Aux États-Unis chez les plus de 65 ans, entre 2012 et 2019, la prévalence d’usage de cannabis au cours de l’année écoulée a plus que quadruplé (de 1,2 % à 5,1 %), alors que l’usage non médical ou le mésusage d’analgésique a doublé (de 0,8 % à 1,7 %) … Les autres substances semblent moins avoir changé de place (cocaïne, hallucinogènes…) malgré l’absence de présentation d’analyse statistique et l’absence de considération de l’alcool ni du tabac… (Menecier, 2020).
Si la question des produits illicites (variablement envisagée selon les Etats, notamment à propos du cannabis), semble commencer à apparaitre plus précisément que ce qui a été redouté depuis longtemps sans objectivation si ce n’est pour le cannabis en milieu urbain au Royaume-Uni (Fahmy, 2012), c’est aussi à propos des médicaments que ce rapport veut alerter. « Aux États-Unis, les personnes de 65 ans et plus représentent plus de 10 % de la population totale ; or, elles sont à l’origine de 30 % des prescriptions médicales ».
Addictions du sujet âgé Diverses spécificités des conduites addictives de sujets âgés sont ensuite passées en revue, autour des âges de début du mésusage, des liens avec les polypathologies et pathologies chroniques dont la fréquence s’accroit avec l’âge, ou la gestion complexe des douleurs chroniques chez les ainés.
Les conséquences de l’usage de drogues considérées (avant même de parler d’addiction) sur la santé de ces personnes sont listées : risque accru de décès par maladie, surdose et suicide, mortalité plus précoce, apparition prématurée de maladies chroniques, risque d’infections virales (VHC, VIH), exacerbation de maladies associées à l’âge, risque majoré de chutes fractures, blessures et accidents, altération des capacités à effectuer les actes de la vie quotidienne, risque de surdose/surdosage avec malaise ou confusion, incidence accrue de troubles en santé mentale…
Les conséquences sociales ne sont pas oubliées : stigmatisation source de sentiment de honte limitant l’accès aux soins, incidence augmentée de problèmes financiers…, isolement social (solitude et exclusion).
Recommandations de l’OICS Au regard de ces constats, explicites et diffusés pour une population rarement priorisée en addictologie, diverses recommandations apparaissent : élargir les tranches d’âge des études épidémiologiques, améliorer l’évaluation et la surveillance des médicaments soumis à prescription, lutter contre la stigmatisation, développer des soins dans une « offre de prise en charge intégrée, holistique et adaptée à l’âge ».Ce qui tend à éviter une surspécialisation des offres de soins pour favoriser la possibilité de « traiter conjointement plusieurs problèmes, par exemple de santé physique, de santé mentale et de dépendance à la drogue ».
La place du repérage est enfin abordée, recommandant « de procéder au dépistage et à l’évaluation de l’usage de drogues chez les personnes âgées » (Nations Unies, 2021).
En France Si différents pays sont cités dans le rapport pour des initiatives d’évaluation, de développement d’offres de soins ou de programmes en santé publique, la France n’apparait pas…
Pour autant le sujet n’est pas absent des préoccupations, apparaissant dans la littérature addictologique ou gérontologique, avec des recommandations autour de la consommation d’alcool chez les personnes âgées en 2014 issue de sociétés savantes (SFA-SFGG 2014). En 2021 débute un groupe de travail sous l’égide de l’HAS sur la « Prévention des conduites addictives et réduction des risques et des dommages en établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS)[1] », ciblant pour partie les personnes âgées.
Cette préoccupation mériterait (ensuite et dans un autre cadre) de considérer la population âgée générale du domicile, largement majoritaire, en développant une action (et un programme national) de santé publique ouvert à toutes les substances psychoactives et toutes les formes de vieillissement et de vieillesse.
« L’addiction n’est pas plus rose quand on a des cheveux blancs » (Dubreuil, 2011) et « il n’est jamais trop tard » pour intervenir (AA, 2002), sont deux références pouvant guider un tel projet.
Le cas des personnes sous TSO (Traitement de substitution aux Opiacés)
La France est un pays marqué par la consommation des opiacés, addiction qui une fois en place, conduit souvent à une longue « carrière » de consommateur. L’introduction des traitements de substitution n’a fait que renforcer ce processus de vieillissement en fidélisant les usagers de drogues auprès du système de soins et en contribuant à diminuer les décès par surdose. Compte tenu de l’efficacité grandissante des programmes de substitution par la méthadone et autres conduisant au maintien des patients sous traitement et à la réduction des décès par surdose, le nombre de ces sujets plus âgés va augmenter peu à peu. En Europe, le pourcentage de patients répertoriés âgés de 40 ans et plus, traités pour dépendance aux opiacés, a plus que doublé entre 2002 et 2005 (passant de 8,6 à 17,6 %).
Les médecins généralistes qui suivaient les anciens patients substitués depuis deux décennies partent petit à petit à la retraite, tout comme les pharmaciens qui les approvisionnaient. Les jeunes médecins qui les remplacent manquent souvent d'expérience et de formation aux sujet des TSO. De même, les pharmacies qui acceptent de délivrer des traitements de substitution (TSO) ne sont pas légion. Les jeunes pharmaciens nouvellement installés refusent de prendre en charge ces prescriptions, ignorant même souvent de quoi il est question. Il est temps que les autorités sanitaires se mettent à penser à une succession du personnel soignant susceptible ou disponible pour prescrire et délivrer leurs traitements aux vieux rescapés de l'héroïne des années 80. (Olivier Doubre ASUD).
Concernant les soins dentaires, une attention particulière doit être apportée aux personnes en traitement de substitution aux opiacés quand elles sont amenées à diminuer, voire à arrêter, leurs traitements. La réduction des opiacés peut laisser émerger des douleurs latentes (pulpites par exemple)
SUJETS ÂGÉS ET SUBSTANCES PSYCHOACTIVES : ÉTAT DES
CONNAISSANCES
C. Marquette, Morgane Guillou-Landreat, Marie Grall-Bronnec, O. Vermeulen,
Jean-Luc Vénisse
De Boeck Supérieur | « Psychotropes »
Le mot "fractale" vient de l'adjectif latin fractus qui signifie irrégulier ou brisé. Un objet fractal possède au moins l'une des trois caractéristiques suivantes :
Il a des détails similaires à des échelles arbitrairement petites ou grandes; Il est trop irrégulier pour être décrit efficacement en termes géométriques traditionnels; Il est exactement ou statistiquement autosimilaire, c'est-à-dire que le tout est semblable à une de ses parties.
Ce que j'aime avec les fractales, c'est qu'elles produisent des images qui dépassent l'imagination. Des figures inouïes où, comme dans la vie, l'ordre et le chaos co-existent. Les fractales sont à l'image de la création.
A partir d'une formule élémentaire réitérée un nombre immense de fois, on obtient un résultat à la fois déterministe et chaotique. Par cette faculté à générer des formes inimaginables, les fractales apportent une explication aux torrents de visions géométriques ou organiques que l'on peut avoir avec la prise de drogues psychédéliques. L'hyper-espace cher aux psychonautes pourrait n'être qu'une visualisation faite de géométries hyperboliques et de constructions fractales rendues possible par la modification de notre état de conscience.
En tout cas les fractales me semblent être des tests de Rohrschach, tout le monde peut y voir quelque chose de différent, comme les taches d'encre.
Les fractales : dans la nature et dans les mathématiques
Les suites mathématiques modélisent de nombreux phénomènes de « croissance sous contrainte », comme , par exemple l'évolution d'une population de bactéries avec un quota de nourriture donné : La population croit, consomme la nourriture, puis décroit et finalement se stabilise, ou pas, autour d'une ou plusieurs valeurs.
En géométrie euclidienne, les dimensions données sont exclusivement entières. Un tronc d'arbre ressemble à un cylindre, une orange à une sphère. Mais la géométrie Euclidienne trouve ses limites quand on essaye de définir des formes plus complexes comme des montagnes, des nuages, ou même des choux-fleurs. Et c'est là que la géométrie fractale intervient.
On peut les modéliser avec des équations récursives qui sont de la forme : Xn+1 = rXn ( 1-Xn).
En mathématiques, l'ensemble de Mandelbrot est une fractale définie comme l'ensemble des points c du plan complexe pour lesquels la suite de nombres complexesdéfinie par récurrence ci dessous est bornée (ne tend pas vers l'infini) :
En noir, l'ensemble des valeurs de z pour lesquelles converge.
Pour les fractales 2D il suffit de faire une itération pour chaque pixel de l’image. Si le point s’éloigne de l’origine il sera en dehors de l’ensemble et il reste à décider quelle couleur on donnera à ce pixel. On pourrait simplement colorer tous les pixels « en dehors » en blanc et les pixels « dedans » en noir, mais il y a beaucoup d’autres méthodes. On déclare un pixel comme « en dehors » si son module devient plus grand qu’un nombre qu’on a choisi à l’avance. Les méthodes pour colorer les pixels sont souvent basées sur un nombre d’itérations donné avant que le module ne devienne assez grand pour être déclaré « en dehors ». Pour représenter un objet 3D, on doit penser à l’image comme un plan de projection. On choisit alors un point de vue virtuel et on tire des rayons de ce point de vue vers chaque point du plan de projection, donc vers chaque pixel de l’image. Pour chaque rayon, il faudra découvrir si le rayon rencontre l’objet fractal et, si oui, à quel endroit sur le rayon.
« En France la conduite après avoir fait usage de substances ou plantes classées comme stupéfiants, est interdite, quelle que soit la quantité absorbée. La police et la gendarmerie disposent d’un kit de dépistage salivaire qui détecte les différents types de drogues en quelques minutes. (…) Ce test peut être demandé même lorsque le véhicule est à l’arrêt, moteur coupé.»
En cas de contrôle positif au cannabis, sa simple détection au dépistage qualifie l’infraction et ce peu importe le taux de THC dans le sang ou dans les prélèvements salivaires. À la clé, suspension immédiate —mais provisoire– du permis de conduire, retrait de points, amende et inscription du délit au casier judiciaire.
La loi française a cette particularité de réprimer la conduite après usage de stupéfiant plutôt que la conduite sous usage de stupéfiant (article L.235.1 du code de la route). De simples traces de l'ordre du demi nanogramme/ml de sang (pour le THC) suffisent à caractériser le délit.
Le THC est la drogue la plus fréquemment dépistée (environ 90% des cas) et, précision importante, il est trouvé associé à l'alcool dans 42% des cas de dépistage.
Prenons le cas d'un petit consommateur qui fume quelques joints par mois (moins d'un par semaine).
Et bien, si 36 heures après avoir fumé un pétard léger faisant suite à 10 jours d'abstinence il fait un test de détection : Le résultat du test urinaire est Positif !
Cela veut dire qu'un jour et demi après avoir fumé, et alors que tous les effets ont disparu, le taux de THC dans ses urines restant supérieur à 75µg/litre d'urine, il ne devrait "pas conduire un véhicule, ni entreprendre une action nécessitant toute sa concentration" !
Les premiers états américains qui ont légalisé le cannabis récréatif (Colorado et Etat de Washington) ont choisi un seuil de tolérance de 5 ng/ml de sang. Le taux de THC correspondant au taux légal d'alcool (qui est de 0.5 mg/ml) serait, quant à lui, de 3.8 ng/ml, taux que plusieurs rapports d'experts européens préconisent de mettre en place. Mais voilà, la France a choisi le seuil de 0.5ng/ml de sang alors qu'il est de 2ng/ml au Royaume-Uni, de 3ng/ml aux pays-Bas et de 0.3ng/ml en Suède. Une étude Australienne montre qu'en ce qui concerne le THC, 4 heures après sa consommation les altérations de la conduite disparaissent complètement. De même, unenouvelle étude publiée par l’université Américaine du Kansas ne trouve strictement aucune augmentation de la mortalité routière avant/après la légalisation du Cannabis médical et récréatif aux USA depuis 23 ans.
En bref, en France, il vaut mieux conduire à moitié sourd et aveugle que de prendre le volant en pleine possession des ses moyens après avoir fumé un joint deux jours plus tôt.
Il semble que ce que l’on nomme sécurité routière chez nous en France, soit en revanche l‘insécurité permanente pour 5 millions de conducteurs à priori innocents.
Que faire si vous êtes dépisté positif ?
Notez bien que je n'ai pas expérimenté ce processus et que je résume ici un article de le revue ASUD #60 octobre 2017 p12-13 détails dans l'image ci-dessous)
1. Si vous pensez avoir un taux bas (consommation de plus de 12heures), évitez d'avouer l'usage d'une drogue, ça pourrait vous éviter d'être condamné pour usage si le taux détecté par l'analyse de confirmation est inférieur à celui toléré. Invoquez plutôt une consommation passive, à l'insu de votre plein gré.
2. Réclamez une prise de sang. Vous aurez alors droit à un examen clinique qui pourra confirmer que vous étiez dans un état normal et plus vous attendez et plus votre taux va baisser.
3. Demandez systématiquement une contre expertise. Le taux retenu est le plus faible et si la différence entre les résultats est importante, l'analyse n'aura plus de valeur et vous serez relaxé. Vous avez 5 jours pour pour réclamer cette contre-expertise à compter du résultat de la première analyse.
4. Au tribunal, sachez que la comparution en reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) permet de se faire assister d'un avocat spécialisé qui sera à même de dénicher un éventuel vice de forme. Sinon, sachez que les peines sont fixées bien avant votre comparution.
Petit florilège des méthodes supposées fausser les résultats du test (revue ASUD #60 octobre 2017 p13):
•• bain de bouche à l’Éludril®, à la Listerine® ou au Paroex® ; •• bain de bouche au peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), surtout ne pas l’avaler ! ; •• bain de bouche à l’huile d’olive citronnée ; •• produit commercial de type « kleaner » ; •• garder en bouche des bonbons Altoids et lors du prélèvement de salive, frotter le bâtonnet contre eux •• mâcher des chewing-gums en conduisant, de préférence au bicarbonate de soude ; •• se rincer soigneusement la bouche à l’aide de Gaviscon®, un produit contre l’acidité vendu en pharmacie ; •• juste avant un contrôle, mettre une goutte d’huile essentielle de menthe poivrée sur sa langue et se faire saliver
•• consommer des fruits acides, voire de l’acide citrique ; •• manger du Nutella avant le contrôle.
Tableau des durées de positivité selon le type de substance et le mode de prélèvement :
ATTENTION !!!! Prendre le volant en ayant consommé des stupéfiants ou de l’alcool est une attitude qui peut vous mettre en danger et vous engager pénalement. Faire cela, peut avoir des conséquences irréparables sur votre vie et sur celle des autres.
Si vous avez consommé de l’alcool ou du Cannabis ou d'autres psychotropes : Ne conduisez pas
Le concept biologique d'hypertélie* décrit le développement jugé excessif de certains éléments ou caractères organiques d'une espèce animale.Par exemple les ramures en forme de palmes géantes du cervidé fossile Mégalocéros, ou la queue plus longue que le corps chez les paons, ou encore les mandibules énormes du lucane cerf-volant, etc. Il s'agit du développement d'un organe qui va en contradiction avec la règle de la conservation exclusive des structures "utiles" dans la lutte pour l'existence.
Darwin explique que la raison du maintien de la croissance d'une telle structure réside dans un déplacement de l'avantage vital des "armes" vers les "charmes" car les organes 'hypertéliques' sont un avantage dans le champ de la sélection sexuelle. Dans le cas de la performance reproductive "il est plus important de séduire que de gagner en adaptation". Un tel 'charme' 'surcompense' donc le désavantage qui affecte "les armes" en tant qu'instruments directement utiles à la survie.
Ainsi, c'est dans la "zone d'hypertélie" comprenant les manifestations ornementales de la sélection sexuelle que s'effectue la prise d'avantage du signe de la fonction sur la fonction réelle. C'est dans l'élément de l'hypertélie que s'enracine le pouvoir du symbolique, qui est pouvoir de séduction, au prix d'un mensonge sur le pouvoir réel.
L'hypertélie peut donc se caractériser par trois éléments :
Hyper-développement d'un trait en contradiction avec le fonctionnement 'automatique' de la sélection naturelle. Naissance de l'avantage symbolique. Fragilité du symbole comme dépense de signes dissimulant une diminution réelle de la force.
L'excroissance hypertélique consiste en une extension indéfinie de l'artifice compensatoire, et donc une autonomisation de plus en plus accentuée du domaine symbolique. Le symbole est "du signe en excès". On peut dire que le symbole est une hypertélie du signe. Il est fragile car il signifie plus que le signe et qu'il en fait trop dans le fait de signifier. Le symbolique est par nature le domaine de l'excès car ce qui est destiné à impressionner ne peut être économe. Le symbole est hypertélie car biologiquement il implique une surcompensation de l'affaiblissement réel du corps écrasé par sa parure ou éreinté par la danse nuptiale. Si, dans la nature, existe une limite à l'amélioration de l'utilité propre d'une structure anatomique (le basculement dans la désadaptation), rien ne s'oppose au développement indéfini d'un accessoire de séduction.
Hypertélie des civilisations :
Parallèlement, c'est parce que l'adjuvance des artefacts rationnels produits par l'homme a surcompensé la perte de certaines de ses capacités primitives que ce dernier a accédé à un succès évolutif confirmé par sa domination sur l'ensemble du monde vivant. En aménageant son milieu, l'homme se soustrait à la loi sélective et engage des stratégies de compensation rationnelle face à son déficit grandissant.
Selon Darwin, dans 'la filiation des espèces' chapitre_V, la Civilisation, en faisant obstacle à la sélection naturelle, met en péril la qualité biologique du groupe humain, mais l'emporte à la fin grâce à une surcompensation.
Dans son essai de généalogie matérialiste du symbolique 'l'intelligence des limites', Patrick Tort montre que "la civilisation" peut être qualifié d'hypertélique du point de vue de la seule sélection naturelle et que l'histoire peut être envisagée dans son ensemble comme une excroissance hypertélique de l'évolution.
Le mécanisme de la course aux armements pourrait être l'illustration privilégiée d'une hypertélie dans l'accroissement de la puissance des armes: leur utilisation s'efface devant leur capacité de dissuasion tandis que leur dangerosité hypertrophiée a pour conséquence leur non usage.
Le capitalisme est hypertélique dès lors qu'il affiche comme une évidence que sa "santé" est suspendue à une croissance que rien ne viendrait briser ni ralentir dans un monde fini que lui même il déstabilise.
De même que la croissance des ramures du cerf Mégalocéros se poursuivait au delà et potentiellement contre toute utilité, pour la seule raison qu'elle augmentait le charme des grands mâles polygames (naissance du symbolique), de même la croissance économique ne perdure qu'à la faveur d'une emprise indéfiniment renforcée du symbolique, et se poursuit jusqu'à produire un déséquilibre mortel.
"L'hypertélie, en tant que concept du dépassement de l'utile, de l'avantageux ou de l'adapté, accompagné d'un handicap, et suivi dans le temps d'un effondrement de la structure et de ce qui la porte, s'impose dans son étonnante aptitude à caractériser les multiples aspects autodestructeurs de l'emballement économique" (p121).
Le mégalocérops a survécu à la croissance hypertélique de ses atours, mais pas à au changement de végétation produit par le changement climatique (le paysage de Toundra est devenu forêt impénétrable). Le mégalocérops avait, en quelque sorte "épuisé son crédit symbolique", tout comme aujourd'hui le capitalisme est en train de perdre son pouvoir de séduction, après une période de survie flamboyante qui l'a conduit de fait au bord de l'effondrement annoncé par les spécialistes de la dynamique des systèmes (rapport Meadows 1972 et suivants).p136.
Car si l'Homme a effectivement le pouvoir de renverser la nature, il n'a cependant pas celui de rompre avec elle car nous sommes avant tout des organismes.
Ozias
Notes de lecture de "L'intelligence des limites". Patrick Tort. Gruppen 2020.
* Même si la question du handicap fonctionnel dû à une croissance excessive de certaines annexes corporelles a été tranchée par Darwin dans le sens d'une surcompensation dans le champ reproductif, le terme d'hypertélie est postérieur à la publication par Darwin de 'la Filiation de l'homme' (1871).
Voici un article extrait d'une Tribune du journal 'Le Monde' du 1 mars 2021 dans laquelle Mireille Delmas-Marty remarque que
« Le rêve de perfection transforme nos Etats de droit en Etats policiers ».
Après les discours musclés annonçant l’éradication du terrorisme, voici les discours savants sur le
« Zéro Covid ». Et toujours la même obsession sécuritaire, le même rêve d’un monde sans risque, sans crime et sans maladie. On s’en réjouirait si l’on ne savait avec quelle facilité le rêve d’un monde parfait peut tourner au cauchemar des sociétés de la peur.
Il y a plus d’un siècle, Emile Durkheim [1858-1917] avait pourtant montré que le crime est « un fait de sociologie normale » (Les Règles de la méthode sociologique, 1895), invoquant cette raison simple : « Pour que la société puisse évoluer, il faut que l’originalité humaine puisse se faire jour ; or pour que celle de l’idéaliste qui rêve de dépasser son temps puisse se manifester, il faut que celle du criminel, qui est au-dessous de son temps, soit possible. » D’où la formule provocatrice : « Le crime est donc nécessaire ; il est lié aux conditions fondamentales de toute vie sociale, mais par cela même il est utile, car les conditions dont il est solidaire sont elles-mêmes indispensables à l’évolution de la morale et du droit. » Le sociologue suscita de telles indignations qu’il dut préciser, dans la deuxième édition, qu’il n’entendait pas faire l’apologie du crime mais se préparer à mieux le combattre.
Que dirait-il à l’heure actuelle où le rêve de perfection s’accompagne d’une inflation de normes, véritable « goutte-à-goutte normatif » (Catherine Thibierge, 2018) qui, jour après jour, rend presque invisibles les transformations en cours. D’autant que de nouvelles technologies ne cessent d’arriver sur le marché, offrant aux décideurs des moyens de surveillance encore inimaginables au temps de Durkheim. La reconnaissance faciale, développée par Apple pour le déverrouillage de ses nouveaux téléphones, se combine à la surveillance par caméras, voire par drones, à la géolocalisation des utilisateurs d’Internet ou encore aux algorithmes de reconnaissance des émotions. Insensiblement, tout cet arsenal transforme nos Etats de droit en Etats policiers et nos sociétés ouvertes en sociétés de la peur où la suspicion suspend la fraternité et fait de l’hospitalité un délit pénal.
Univers infantilisant
Comment s’en plaindre, alors que nous fournissons nous-mêmes les données, les réseaux sociaux ayant su exploiter le désir illimité d’avoir accès à tout, tout de suite et en permanence ? Obéissant à des « pulsions narcissiques plus puissantes encore que le sexe ou la nourriture », nous passons d’une plate-forme à l’autre « comme un rat de la boîte de Skinner qui, en appuyant sur des leviers, cherche désespérément à être toujours plus stimulé et satisfait » (Bernard Harcourt, « Postface » in La Société d’exposition. Désir et désobéissance à l’ère numérique, Seuil, 2020).
Avec la lutte contre la pandémie, le mouvement s’accélère. Sommés de protéger ce bien commun que constitue la santé, peu de dirigeants politiques résistent à la tentation d’instaurer une surveillance permanente et généralisée digne d’un régime autoritaire. La pédagogie de la complexité n’est plus de mise dans cet univers infantilisant, car fait de normes contradictoires et incompréhensibles. Tocqueville avait vu juste quand, imaginant le despotisme en démocratie, il avait prophétisé un « despotisme doux » qui couvrirait la surface de la Terre « d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour ».
Peu importe que les dispositifs de fichage, puçage et traçage ne soient pas totalement fiables. Peu importe que les acteurs publics soient débordés et que grandes villes comme Etats fassent appel à des entreprises privées, au mépris de l’article 12 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789, instituant la force publique « pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée ». Peu importe, enfin, que l’Etat de droit soit bafoué et que les garanties restent illusoires quand la sécurité, promue « premier des droits », devient le fait justificatif suprême, une sorte de légitime défense face à l’agression du virus.
Car le langage guerrier n’est pas seulement une métaphore. Rappelons-nous le tournant sécuritaire post-11 septembre 2001. Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies (13 et 18 septembre) avaient considéré pour la première fois que des attentats terroristes soient qualifiés d’agression et que les représailles relèvent de la légitime défense. Le Patriot Act américain permit alors le transfert des pleins pouvoirs au président George W. Bush ; par la suite, en mars 2003, des frappes aériennes furent lancées contre l’Irak au nom d’une légitime défense élargie, dite « préventive », véritable négation de l’Etat de droit. Cette vision guerrière devait par la suite atteindre la plupart des démocraties occidentales, « décomplexées » par l’exemple américain.
Double extension de la surveillance
Ainsi en France, la loi du 25 février 2008 sur la rétention de sûreté permet de retenir en prison, pour une durée indéfiniment renouvelable, des condamnés ayant déjà purgé leur peine, au motif de leur « dangerosité », attestée par une commission de composition hétérogène. Puis, après les attentats de Paris et la déclaration de l’état d’urgence, la France réduira encore les libertés, systématisant le transfert de pouvoirs à l’exécutif et l’affaiblissement de l’autorité judiciaire au profit des pouvoirs de police et des services de renseignement (voir notamment, la loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement).
Comme la sécurité n’est jamais parfaite, le rêve du risque zéro, qu’il s’agisse de terrorisme ou de pandémie, entraîne inévitablement une surenchère, voire une sorte d’hystérie législative qui relève plus de l’activisme que de l’action efficace. Encore plus dangereux que Ben Laden pour la démocratie, le coronavirus accélère le recul de l’Etat de droit. Et ce au nom d’une urgence sanitaire qui se prolonge au point qu’on se demande s’il ne s’agit pas cette fois d’une mutation durable du régime politique.
La menace du virus conduit à une double extension de la surveillance : d’une part l’anticipation, une extension dans le temps (prévenir au lieu de guérir), qui peut sembler souhaitable, mais à condition de poser les limites et de garantir la proportionnalité des mesures de défense à la gravité de la menace ; d’autre part la globalisation, une extension de la surveillance dans l’espace (de l’espace national à l’espace mondial, réel ou virtuel) qui appellerait des contrôles presque impossibles à mettre en place à une telle échelle.
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Mireille Delmas-Marty est juriste, professeure émérite au Collège de France, membre de l’Institut de France.