jeudi 6 décembre 2012

Corps voilés dévoilés

'Nous n'avons pas un corps, nous sommes un corps'. Partant de là vous comprenez mon intérêt pour la représentation du corps, et pourquoi déjà plusieurs posts à ce sujet dans ce blog.
Dans ce domaine, mes dernières découvertes sont des images du corps dans les arts visuels arabes. Même si la production d'images figuratives d'êtres vivants fait l'objet de débats complexes dans la civilisation islamique, la peinture arabe possède une complète iconographie de la représentation humaine et  la récente exposition à l'Institut du Monde Arabe ' le corps découvert'  nous l'a démontré.
Comme toutes les religions monothéistes, l’Islam a alterné, au cours des époques, une attitude bienveillante ou rigoriste devant le corps et la nudité. 
Depuis le manuel d'érotologie du cheikh Mohammad Al Nefzaoui 'La prairie parfumée' (XVIème siècle) qui pousse la précision maniaque jusqu'à inventorier une centaine de noms correspondant à des conformations différentes des organes sexuels masculins et féminins, l'Islam a connu une pénurie d'images jusqu'à la fin du XIXème siècle. A cette période les premiers peintres et photographes orientaux, libanais et égyptiens, abordent le nu comme sujet en soi. Cette époque fut marquée par l'esthétisme et l'orientalisme.  
Aujourd'hui les artistes arabes contemporains utilisent le corps nu comme un engin de guerre, un manifeste humain, culturel, social et politique. Dialectique du voilement et du dévoilement, de l'habillé et du déshabillé, de l'opaque et du transparent. Voici donc un aperçu de l'art arabe du corps découvert qui est à la fois reprise des codes et une reprise de possession du corps 
Le nouveau rigorisme puritain risque d'escamoter, en le revoilant, le corps dévoilé, libéré, réapproprié, ce corps transgressif, scabreux, dangereux, subversif, véritable corps du délit. 
En attendant promenons nous sous le ciel du printemps arabe.
Bismillah,
Ozias 

Majida Katthari

Plasticienne et vidéaste marocaine, Majida Khattari est née à Erfoud (Maroc) en 1966. 
Elle vit et travaille à Paris depuis 1989http://www.majidakhattari.com/photos/voile-devoile/index.html


Zoulikha Bouabdellah
Zoulikha Bouabdellah est née en 1977 (Moscou),Elle habite et travaille à Paris (France) et Casablanca (Maroc). http://zoulikhab.com/


Meriem Bouderbala
Meriem Bouderbala est née en 1960 à Tunis.Elle vit et travaille entre Tunis et Paris.



Adel Abidin. Psyché (installation vidéo)
Adel Abidin est né en 1973 en Iraq. Il vit et travaille à Helsinki (Finlande). http://www.adelabidin.com/


 Fatima Mazmouz. Nature morte (série  femmes enceintes)
La production artistique de Fatima Mazmouz débute en 1998 comme un moyen d'interroger sa propre identité dans sa complexité de femme, artiste, d’origine marocaine. http://www.fatimamazmouz.com/fatima/


Laila Muraywid
Laila Muraywid est née en 1956 à Damas (Syrie). Elle vit et travaille à Paris.


Youssef Nabil
Youssef Nabil est né au Caire en 1972. Actuellement il vit et travaille à New-York. http://www.youssefnabil.com/photos/works2a.html


Tango. Mehdi Georges Lahlou
Mehdi Georges Lahlou est né en 1983 aux Sables d'Olonne (France). Il vit et travaille à Bruxelles et Paris. http://www.mehdigeorgeslahlou.com/

jeudi 29 novembre 2012

Stars du VHC


Que nous disent les étoiles au sujet de l'hépatite C ?

Fred Chichin :

Les Rita Mitsuko
Atteint d’une hépatite C à la fin des années 70, Fred Chichin mourut d’un cancer foudroyant le 18 novembre 2007. L’annonce de son décès donna lieu à une intense émotion, particulièrement pour la génération des années 80 pour laquelle les Rita Mitsouko faisaient partie d’un univers familier et attachant. Dans un entretien au magazine Télérama, le guitariste confiait : "L'hépatite C, c'est une maladie de génération, la mienne. On est nombreux de mon âge, dans mon milieu, à être passés par là." « Durant cette période [du traitement], je n'ai pas eu trop le temps de penser au groupe. J'ai attendu que ça passe. J'avais ce virus en moi depuis vingt-cinq ans et il s'est réveillé. Je n'étais pas frustré mais j'ai beaucoup réfléchi. J'ai fait un peu le point sur ce qu'on avait fait jusqu'ici. J'ai recentré. J'ai enlevé ce qu'il y avait de trop, pour rassembler ce qu'on a fait de mieux. Je me suis soigné pendant deux ans et demi."

Louis Bertignac
Louis Bertignac

1974 Rencontre Jacques Higelin. Guitare sur l'album (Irradié) et en tournée (BBH 75).
1976 Naissance de Téléphone. 1984 Rencontre Carla Bruni.
1998 dépistage Hépatite C. 2000 Part au Népal soigner son hépatite C.
2003 Arrange 'Quelqu'un m'a dit' pour Carla Bruni
2005 dans une interview à Thierry Ardisson il déclare à propos du traitement 'On se sent comme à 85ans' et à propos de sa maladie : 'la maladie m'a fait dire arrête de courir après quelque chose toute ta vie, profite, profite du bonus'. 'plus de plaisir moins de tension'.




Richard Bohringer
Richard Bohringer

En avril 2009, Quand Michel Drucker lui demande comment il se porte, Richard Bohringer lui répond pêle-mêle : "Ma santé est ascendante, ça va de mieux en mieux. J'ai choppé un truc assez grave, mortel même, qui déglingue pas que la partie touchée..." Puis Michel Drucker insiste pour mettre un nom sur ce mal. "Une forme d'hépatite C. La plus chiante..." ."J'étais gravement malade, je n'ai pas reçu un seul coup de fil à Paris. La fraternité, les sentiments, la compassion, tu parles, mon cul !" déclare-t-il.
Mais Richard se veut confiant et rassurant : "On en guérit. Il faut s'armer, il faut être costaud faut être aimé car il y a des dérives mentales."


Marianne Faithfull
Marianne Faithfull
Marianne Faithfull, petite-nièce de l'écrivain autrichien Leopold von Sader-Masoch a fréquenté Mick Jagger et travaillé avec les Rolling Stones jusqu'en 1970. Elle qui a touché à pas mal de drogues ne dit pas si elle a contracté son hépatite C par voie intraveineuse au cours des années 70 ou par la suite.
En octobre 2007 elle déclarait à Philippe Schofield sur ITV's: "je suis porteuse d'une hépatite C et le pire ennemi de mon foie est l'alcool". "La maladie m'a fait réaliser la chance que j'avais de vivre et combien j'ai été stupide d'avoir été aussi imprudente avec ma santé et ma vie". "Je n'ai plus besoin de drogues je me dis que ce même si ce serait agréable de boire un verre de vin ou de prendre quelque chose, ce ne serait vraiment pas sérieux pour ma santé". "J'ai réalisé que j'ai une chance incroyable d’être en vie aujourd'hui. Aujourd'hui ma vie et ma santé sont devenues les choses les plus précieuses à mes yeux." (Traduction Ozias).


Penny Arcade
Penny Arcade 
Penny Arcade, artiste performeuse et égérie de l'avant garde New Yorkaise depuis les années 70' a été diagnostiquée porteuse du virus de l'hépatite C au printemps 2003. Voici quelque extraits de ce qu'elle déclarait sur 'The Villager' peu avant d'attaquer son traitement en octobre 2005.
"Lorsque vous êtes confrontés à une maladie vous entrez dans une sorte de labyrinthe et c'est à vous de décider ce qui est le mieux pour vous". "Nous devons prendre en main la responsabilité de notre traitement. J'ai réellement devenir une experte de l'hépatite C pour décider ce qui serait le plus approprié pour moi"
"Il y a dans ce pays beaucoup de stigmatisation autour de la maladie.;J'ai passé beaucoup de temps avec des amis séropositifs et je sais comment sont considérés les porteurs de maladies transmissibles".
"Avant de commencer l'interféron vous essayez d'imaginer ce que ça a été lorsque vous étiez malades et vous vous imaginez que ce sera du même ordre. En vérité vous ne pouvez pas savoir ce que l'interféron vous fera. "pendant un an, l'interféron vous bouffe la vie"
(Traduction Ozias) texte intégral http://thevillager.com/villager_128/artisttakesonnewrole.html.


Pamela Anderson
Pamela Anderson
Dealing with disease (Interview par Larry King 2002).

KING: OK: hepatitis C. When were you diagnosed — how do you deal with it?
PAMELA ANDERSON: How do you deal with it? Well, when I first was diagnosed, I thought obviously I was dying. When I first — well, actually, my doctor told me, “You know this little glitch in your blood work? You have hepatitis C.” And I said, “OK, how do I get rid of it?” And he said, “You can’t.”
KING: How long ago was this?
PAMELA ANDERSON: Just over a year ago.
KING: What symptoms did you have?
PAMELA ANDERSON: I didn’t really have any symptoms. That’s the whole problem.
KING: It was just a checkup?
PAMELA ANDERSON: Yes, it was just a checkup, the regular checkup. And I had all my blood work done. It was, you know, for a movie. And you had to get checkups when you do movies for insurance reasons. And that’s, I think, how it came about. And then I started reading about it and realized that there’s no cure and that, you know, there’s liver transplants, liver cancer, psoriasis, all this kind of stuff going on and it just scared me. I thought — you start facing your own mortality, you start realizing that you might die. Now I realize that there’s actually a cure for it.
KING: Which is?
PAMELA ANDERSON: Interferon with these other [drugs] …
KING: That’s a tough drug, though — side effects.
PAMELA ANDERSON: There’s lots of side effects. And I’m thinking of doing it in December. It’s going to be a year of basically having the flu. Your hair falls out. It’s a little kind of chemotherapy kind of — throwing up.
KING: You’ve got to do it though.
PAMELA ANDERSON: I want to do it for my kids because I don’t want to die basically. But I did have a liver biopsy. And a liver is rated from zero to four. Four is cirrhosis, cancer, you know, and liver transplant. My liver is — and a healthy liver is zero. So I’m a one. And they said it’s a miracle that my liver is as healthy as it is. And they said keep doing what you’re doing, you’re taking good care of yourself. And I’m vegetarian. I look after myself. I don’t drink that much. And definitely now my doctor said, “No drinking at all, as your doctor; but as your friend, you can have a glass of red wine every once in a while.”
((Texte intégral http://www.pamelazone.com/).

Nathalie Cole, David Bowie
http://www.aldrodriguezliverfoundation.com/blog/hepatitis-c-natalie-cole-and-her-liver-disease-battle/

Jean-Paul 2
Le dimanche 27 avril 2014 aurait pu être un jour comme tous les autres… Et bien non. C’était un dimanche hépatant.
Vous vous levez et les informations vous expliquent que Jean Paul 2 va entrer dans la grande famille des Saints. Voilà donc pour la première fois et de façon officielle un hépatant devenu un Saint.En effet, lors de la tentative d’assassinat à son encontre, Jean Paul 2 avait été grièvement blessé et a dû sa survie à une transfusion. Malheureusement les voies du sang n’étaient pas pénétrables à l’époque et il a été contaminé. Je vous propose donc que le nouveau Saint devienne celui de tous les malades du foie. 

Merci de veiller sur nous.
http://www.soshepatites.org/2014/04/28/dimanche-saint-hepatant/#comment-9086


Leon Schwartzenberg 



Leon Schwartzenberg cancérologue français, brièvement ministre de la Santé en 1988 s'est aussi fait connaître comme le défenseur des sans-abri et des « sans-papiers ».Léon Schwartzenberg est mort le 14 octobre 2003 à 79 ans à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif d'un cancer, évolution d'une hépatite C contractée selon ses proches en se blessant lors de transfusions effectuées à ses patients, hépatite qui avait évolué en une cirrhose du foie puis en cancer du foie. Il est enterré à Paris, au cimetière du Montparnasse.
http://www.jesuismort.com/biographie_celebrite_chercher/biographie-leon_schwartzenberg-1770.php


Roberto Bolaño, écrivain chilien
"Roberto Bolaño, même s’il avait arrêté de se « piquer » plusieurs années avant sa mort (dans un chapitre de Entre Paréntesis il raconte comment il allait chercher de la méthadone, l’ersatz de la morphine, dans les autobus médicalisés pour aider les toxicomanes de Catalunya), fut victime de son ancienne toxicomanie et d’une insuffisance hépatique qui, pour son malheur et le nôtre, mit fin à sa vie." Roberto Gac
Source : http://www.sens-public.org/article1158.html

jeudi 22 novembre 2012

Animal on est mal

Mon chat. Malade.
« L'animal, sombre mystère !... monde immense de rêves et de douleurs muettes !" Jules Michelet.
Tout au long de mon traitement mon chat a été mon plus fidèle ami. Présent, chaud, doux, proche. J'ai apprécié sa présence et sa fidélité quand j'étais bien hépavé sur le canapé, lui couché près de moi.
'.../..
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique

 ../...Charles Baudelaire. Le chat.
 Il a été mon ami et aussi mon maître. A la fin de mon traitement, c'est lui qui est tombé gravement malade. Il a passé une quinzaine de jours à baver une écume sanguinolente, ne pouvant ni avaler, ni boire ni miauler. Il se tenait dehors, à l'écart, il ne demandait rien. J'ai alors pu admirer la noblesse avec laquelle il portait sa souffrance. Après une semaine de soins intensifs je l'ai retrouvé faible mais guéri. Durant les trois mois qui ont suivi sa guérison il ne m'a plus quitté. Manifestement il me témoignait sa reconnaissance de l'avoir fait soigner. Gratitude .
Toutes choses égales par ailleurs mon tigre de salon m'a rappelé Alfred de  Vigny:
".../...
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux
C'est vous qui le savez, sublimes animaux!
À voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse.
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse
.../..."Alfred de Vigny La mort du loup.
De l'homme 'animal malade' et de l'animal qui est le maître, le sage ? Voici ce qu'écrit Pierre Bertrand à ce propos sur http://agora.qc.ca . "Alors que les humains ont tendance à se prendre pour le nombril du monde, les animaux, quant à eux, sont des fragments du monde. Ils ne se prennent pas pour d'autres. Ils n'ont pas besoin de consolation. Ils n'ont pas de religion, pas d'immortalité et pas de réincarnation. Ils n'ont que cette vie mortelle, sur cette terre et dans leur corps. Ils n'ont pas besoin de raison, de justification, pas besoin de comprendre ou d'expliquer."
Jude Stefan dans son poème (Animaux) exprime avec style et force le mystère de nos vies et de nos corps :


Animaux comme les chevreuils en leur 
remise solitaire le cheval qui
paît ou sur la poutre la chouette
Vous aussi vivez en corps parfois
de longue vie faits de chairs et
peaux où les yeux feraient croire aussi
à une âme quand Vous nous regardez
comme nous animés mais le silence
Vous sauve de la mort en nous qui parle
accréditant sa puissance et plus justes
Vous passez plus stables ossements sans souvenirs.
           Jude Stefan. (Animaux) 

Eric Pillot. Ours blanc

Eric Pillot. Flamant rose

Benoit Paillé. Une dame
Un peu de musique pour finir en douceur avec la toujours mystérieuse chanson de Gérard Mansé: 'Animal on est mal'


Enfin, Si le coeur vous en dit, un film instructif: "Le sang des bêtes". 1949. musique de Jean Cosma.

jeudi 15 novembre 2012

Récupération. Suites du traitement de l'Hépatite C

Edward Hopper. Gas station.
Traité, guéri ou pas, comment se sent on six mois ou un an après la fin d'une bi-thérapie Interféron ribavirine ? 
Voici la traduction d'une  monographie consacrée à la récupération du traitement de l'hépatiteC.  Cette étude explore l'impact des traitements de l'hépatite C  sur la qualité de vie des patients, leur expérience et leur ressenti des suites du traitement et du suivi médical qui l'ont accompagné. Cette monographie parue en juin 2009 est réalisée par Max Hopwood du  NCHSR et l' University of South Wales. Australia.  Elle s'appuie sur un panel de 27 participants (14 femmes et 13 hommes) qui ont été interrogés 3 ans après la fin de leur traitement. Je traduis ici, le moins mal que je peux, les 19 points du  résumé de cet essai. Le texte intégral de l'étude (en anglais) est disponible par le lien suivant :

http://nchsr.arts.unsw.edu.au/media/File/Recovery_from_hepatitis_C_treatments.pdf

Executive Summary ( Ce qu'il faut retenir):

* Pour certains participants, la guérison de l'hépatite C s'accompagne d'un regain d’énergie, d'une amélioration de l'humeur et de la disparition de l'anxiété causée par la peur de l'hépatite.

* Les autres participants ont des difficultés à voir une amélioration de leur état de santé à l'issue du traitement tandis que d'autres constatent l'apparition de nouveaux problèmes de santé à l'issue du traitement.

* Les participants qui n'ont pas guéri positivent l’échec du traitement ce qui permet de donner du sens aux stress endurés. Cette approche est supportée par fait que l'état du foie et de la charge virale  connaissent une évolution positive permettant d'attendre de futurs traitements plus efficaces.

* Parmi les 27 participants de cette étude, 25 rapportent des troubles ou effets secondaires  physiques et psychologiques persistants après la fin de leur traitement. 

* Parmi ces participants 11/25 reconnaissent que leurs symptômes persistent jusqu'à un an après la fin du traitement tandis que les 14/25  restants déclarent que leurs symptômes ont duré plus d'un an à l'issue du traitement.

* Des difficultés intellectuelles telles que la  fatigue ou une sensation de 'brouillard mental' sont les symptômes et effets secondaires le plus souvent  reportés. Des symptômes physiques tels que  douleurs dans les muscles et problèmes de peau sont aussi fréquemment observés. Ces symptômes physiques et psychiques  persistants impactent les activités quotidiennes des patients  telles que le sommeil, la vie en société et l'emploi.

* Les mises en garde et les informations données à l'occasion du traitement ne couvrent [généralement] pas la période qui suit le traitement. Les participants disent qu'ils n'ont pas été prévenus de la rémanence des effets secondaires post traitement. De la même façon les participants estiment que les bénéfices de la guérison en termes de dynamisme et  d'amélioration de la qualité de vie avaient été surestimés.

* La fin du traitement est un temps où la demande d'information est particulièrement forte de la part des participants. 

* Au cours des mois qui ont suivi le traitement les spécialistes donnent peu ou pas d'informations aux patients. La même insuffisance est notée en ce qui concerne les lieux de soin et d'accueil accessibles en cas de problèmes.

* En même temps l’environnement hospitalier intimide souvent les patients et dissuade souvent ceux qui recherchent de l'information et des soins à l'issue du traitement.

* Les médecins spécialistes rejettent les corrélations entre le traitement et les témoignages d'effets et de symptômes persistants des patients. 

* Dans un même temps la plupart des participants perçoivent une causalité directe entre le traitement et les symptômes perçus.

* Les hôpitaux, les cliniques ne disposent pas de protocoles établis en ce qui concerne l'arrêt et le suivi de la fin du traitement. 

* L'accès au personnel soignant et au suivi médical est limité sitôt que cesse la prescription du traitement.

* La notion de 'réussite' du traitement est contestée par les participants. Éliminer le virus ne signifie pas forcément se sentir bien. Au contraire il semble que ce soit plutôt l'inverse.

* A l'issue du traitement le réajustement à une vie normale est délicat. La persistance des symptômes, et le manque d'information et de support post traitement contribuent à cet effet.

* La période post traitement est souvent  un temps de réparation et de reconstitution des relations qui ont été altérées au cours du traitement.

* Les difficultés émotionnelles et relationnelles et l'angoisse de la rechute sont exacerbés par le manque d'information et de support médical concernant les effets secondaires persistants.

* En terme de qualité de vie, les effets du traitement peuvent avoir une durée supérieure aux 24 ou 48 semaines du traitement. 

Cette étude m'a montré que je ne suis pas seul à avoir connu des difficultés et des problèmes de santé plusieurs mois après la fin du traitement. Je pense qu'il est  bon d'être prévenu des effets possibles de l'interféron afin de planifier au mieux le moment du traitement en prenant en compte notre situation affective, sociale ou professionnelle et d'adapter nos projets aux aléas de la récupération. Quand cela est possible un coaching physique et personnel me semble un bon moyen de se rétablir bien et le plus vite possible.

Santé !
Ozias


Autre lien sur les effets de l'interferon : https://www.healthline.com/health/hepatitis-c/interferons-long-term-effects?utm_source=facebook&utm_campaign=fbhc&utm_medium=social

mercredi 7 novembre 2012

L'Origine du monde

L'origine du monde. Détail. Gustave Courbet 1866.
Courbet, Julien ou Gustave, on connait, par contre l'Origine du monde et  l'histoire de son origine sont, à de nombreux points de vue,  plus mystérieux.
L'origine du monde est ce tableau célèbre peint en 1866 par Gustave Courbet qui fait -encore- couler beaucoup d'encre. Un tableau tellement scandaleux qu'il  fut initialement caché derrière un paysage de château dans la neige et resta au secret plus de cent ans confiné dans les cabinets particuliers de ses possesseurs
L'Origine du monde, reproduite ci dessous, représente l'endroit d'où l'on naît, d'où nos mères nous expulsent. Ce n'est pas un grand tableau, quant aux dimensions: 55 x 46 centimètres. On n'y voit que le haut des cuisses, le bas du torse d'une femme étendue sur le dos, la raie fessière mamelonnée par l'écrasement des reins et se poursuivant jusqu'à la fente noire et à peine cramoisie par un pinceau précieux au-dessus de quoi s'ébouriffe en buisson une toison. 
Dans cette oeuvre Courbet  mena jusqu'au bout son combat contre la fausseté de l’académisme. 
A l'issue de plus d'un siècle de secrets, ce tableau est exposé au musée d'Orsay où un gardien a été affecté en permanence à la surveillance de cette seule pièce, pour observer les réactions du public. Aujourd'hui l'Origine du monde n'a pas pris une ride et garde intacts son mystère et sa capacité de provocation. Cette image continue de titiller la limite subtile entre art et pornographie. Bref, pour saisir concrètement toute l'actualité du débat et la fraîcheur de l'oeuvre installez cette image en fond d'écran sur votre ordinateur et attendez les réactions autour de vous.



Après cette mise en bouche, afin de lever le voile qui  recouvre ce tableau voici  la version longue de l'histoire de l'Origine du monde. En vidéo Arte : http://www.dailymotion.com/video/xcxksn_l-origine-du-monde-1-2_creation

Jacques Lacan, psychanalyste français, fut le dernier propriétaire de l'Origine du monde. Lui aussi 'imposa' ( il ne l'exposa point) l'oeuvre derrière un cache réalisé par son beau frère le peintre  André Masson.


André Masson. Terre érotique. Cache pour l'Origine du monde.
L'histoire intégrale du cache,selon Jacques Lacan . 'Un tableau est un objet qui nous regarde et nous transforme à son tour en tableau.'



Ozias digressions 
L'Origine du monde. Gustave Courbet. Ozias1


L'Origine du monde. Gustave Courbet. Ozias2
L'Origine du monde. Gustave Courbet. Ozias3
L'origine de la guerre. Orlan 1989.
L'origine du monde, Gustave Courbet.

Peint sans apprêt, un ventre de femme au noir mont de Vénus obombrant l'entrebaîllement s'un con rose, un drap froissé, un téton encore tumescent. Tout laisse penser que le modèle vient de faire l'amour. On imagine la belle qui se laisse noyer, molle comme un pantin de son, les membres détendus, brisés. Elle repose, tandis que la foudre s'éloigne d'elle. C'est le naufrage de l'après que Courbet semble avoir mis dans :

Ce vagin où goutte l'ombre d'un désir.
Etienne Klein, Jacques Perry-Salkov. Anagrammes renversantes.

Et pour finir la visite une page toujours autour du même thème. http://bjazz.unblog.fr/moods/origine-du-monde/#

mardi 30 octobre 2012

Lieux saints


Les effets indésirables très fréquents avec l’association de l’interféron alfa pegylé et de la ribavirine sont notamment :
Affections gastro-intestinales : diarrhée, nausées, douleurs abdominales,…  et parfois aussi constipation
Ces effets concernent  plus de 10 hépatants sur 100 !
Que ce soit trop ou trop peu, le temps du traitement, les toilettes deviennent un lieu de vie assidûment fréquenté. Autant rendre ces stations aussi confortables qu’elles peuvent l’être et pourquoi pas, dans la mesure du possible, tirer profit de ces villégiatures impromptues  et des pauses lectures qu’elles nous autorisent. A cet effet, voici quelques opuscules, bien dans le ton, qui siéront à ces lieux de repli où il fait bon siéger et nous réconcilieront avec nos fonctions essentielles si sollicitées ces temps ci.

Henry Miller  est résolument contre l'idée de lire aux cabinets. Voici un petit aperçu de sa prose manière de vous mettre l'eau à la bouche ou le cigare aux lèvres:
Il existe un aspect de la lecture qui vaut, je crois, qu'on s'y étende un peu, car il s'agit d'une habitude très répandue et dont, à ma connaissance, on a dit bien peu de choses...je veux parler du fait de lire aux cabinets. ..../... 
D'après ce que j'ai pu glaner au cours de mes conversations avec mes amis intimes, ce qu'on lit aux cabinets, c'est presque toujours de la lecture futile.../...Même aux cabinets, où l'on pourrait croire qu'il n'est pas nécessaire de faire quoi que ce soit, ou de penser à quoi que ce soit, où une fois par jour au moins on est seul avec soi même et où tout ce qui se passe est machinal, même ce moment de béatitude  il faut le rompre en se concentrant sur la matière imprimée. ../...
S'il est d'une importance vitale de nourrir son corps et son esprit, il est tout aussi important d'éliminer de son corps et de son esprit ce qui a rempli cette fonction. Ce qui ne 'sert pas', ce qui est 'accumulé', finit par empoisonner. Il s'ensuit donc , comme la nuit suit le jour, que si l'on va aux cabinets pour éliminer les déchets qui se sont amassés dans l’organisme  on se rend un mauvais service à soi même en utilisant ces précieux moments pour se remplir l'esprit de 'camelote'.



La Pissotière, est un  roman de Warwick Collins paru en 1997 aux éditions 10/18. Cent quarante pages en vingt chapitres vites torchés dans la quiétude des 'waterres'. Voici ce que nous en dit la quatrième de couverture.

Ez, Reynolds et Jason, trois immigrants jamaïcains, sont 'hommes de ménage' dans des Toilettes Messieurs situées dans le centre de Londres. L'endroit est fréquenté essentiellement par des homosexuels, qui en ont fait un lieu de rendez vous très actif. La réputation de l'établissement public se dégrade de jour en jour. Décidant de réagir, la municipalité charge Ez, Reynolds et Jason de se débarrasser des indésirables. 
Les conséquences seront plutôt inattendues . Drôle et peu conventionnel, traversée par des personnages de femmes jouant un rôle capital dans l'histoire, cette fable donne à réfléchir sur toutes les formes de racismes. 


Traduit de l'américain 'How to shit in the woods' (Kathleen Meyer1989).Table des matières:
Chapitre un : L'anatomie d'une merde
Techniques- Styles - Se mettre à l'aise
Chapitre deux : En creusant votre trou..
Types de sol - Les problèmes en hiver - Les problèmes en mer ...
Chapitre trois : Lorsque vous ne pouvez pas creuser le trou
Zones très fréquentées - Ecosystèmes sensibles ...
Chapitre quatre : La complainte du chieur solitaire
Containers individuels - Des scarabées - Technique du glaçage...
Chapitre cinq : Le trot du trekkeur
Les diarrhées - Négocier avec l'inattendu - Systèmes de filtres...
Chapitre six : Pour les femmes seulement
Les techniques pour pisser - Problèmes des règles...
Chapitre sept : Quoi ? Pas de PQ ?
Les alternatives de la nature - Manger comme un cheval ...


Exotisme et voyage maintenant. Célèbre rouleau à peintures japonais du milieu du XVème siècle, 'La déconfiture de Fukutomi'  raconte l'histoire d'un pauvre vieillard qui reçoit d'un dieu le don d’émettre des pets mélodieux, ce qui fait sa fortune. 
Son voisin Fukutomi veut l'imiter, mais le vieillard chanceux le trompe en lui faisant avaler un purgatif, si bien qu'il échoue piteusement. 
Original par son thème scatologique  cet ouvrage paru aux éditions Philippe Picquier se lit comme un manga , le texte étant presque exclusivement constitué par les dialogues des personnages.

Enfin pour les fines bouches et les cinéphiles avertis, 'Lieux saints'.  Un documentaire de moyen métrage dédié aux lieux d'aisances. Palme d'or à Alain Cavalier pour ce  "poème en prose numérique" entièrement consacré au petit coin.


jeudi 25 octobre 2012

La mort n'est pas une maladie

Marronnier. Fleur et feuille.
Voilà bien un  sujet bien de saison, ce qu'on peut appeler 'un marronnier' (le marronnier est cet arbre qui refleurit chaque année à date fixe). Donc, à l’occasion de la Toussaint, d’halloween, de la fête des défunts, voici quelques mots à propos de la mort, et  plus précisément sur la fin de la vie.  Pratiquement, quelles portes de sorties se présentent à nous  et quels sont leurs avantages ou inconvénients selon moi et aujourd’hui.

Avant d'avoir été malade, situation qui m'a fait réaliser que je pourrais être 'en coquetterie avec la mort',  j'étais plutôt partisan d'une mort rapide, qui me prendrait par surprise, sans que je m'en aperçoive. Du genre tu vas te coucher et puis tu ne te réveilles plus jamais. Ou bien encore, seul au volant la nuit un arbre traverse ta route à 200 km/h (aussi vite que Senna).  Ou encore mieux, connaître la très sainte épectase, climax d'une ultime étreinte. Bref, pas de temps à perdre avec une maladie surtout si elle doit être longue, et sans doute douloureuse. L'amour de la vitesse quoi. La mort sans s'en rendre compte, comme si elle n'existait pas.

Une autre option, assez proche,  est celle d'une mort  'dans la pleine possession de ses moyens'. En d'autres termes, se faire mourir en bonne santé. Naturellement cela sous-entend volonté et préméditation (comme Beregovoy). Je trouve que c'est un mauvais exemple pour les enfants, et que ça culpabilise ceux qui restent. Même si il ne faut jamais dire jamais, la hantise de mourir idiot me dissuade d’accélérer par tel ou tel moyen  l'inéluctable. 

Depuis peu, j'ai dû vieillir, ou grandir en sagesse comme vous voudrez, mais tout bien pesé, je préfère mourir d'une longue maladie, même si je me dis que ça doit quand même être plus facile au début.
Pourquoi  une longue maladie ?  Et bien, le temps de se préparer et d'arranger, autant que possible ses petites affaires manière de ne pas rater ‘ça’. Je ne me souviens pas comment je suis arrivé ici, ce serait bien dommage de filer à l’anglaise sans même faire d'adieux. Il me semble aujourd'hui que le top de l’art de vivre c'est de profiter de la vie jusqu'à sa fin en faisant l'expérience d'une telle situation sans suite ni précédent. Ne plus avoir peur d'affronter sa vie. Apprendre à se passer de soi-même et fumer ce qui reste dans le tapis. Jusqu'où  peut-on ?


 Afin de bien se mettre en condition voici une romantique description du grand mystère sous le regard macabre et plein de dérision de Théophile Gautier.  Tremblons mortels !


"J'étais dans une chambre qui n'était pas la mienne ni celle d'aucun de mes amis, une chambre où je n'étais jamais venu, et que cependant je connaissais parfaitement bien: les jalousies étaient fermées, les rideaux tirés; sur la table de nuit une pâle veilleuse jetait sa lueur agonisante. On ne marchait que sur la pointe du pied, le doigt sur la bouche; des fioles, des tasses encombraient la cheminée. Moi, j'étais au lit comme si j'eusse été malade, et pourtant je ne m'étais jamais mieux porté. Les personnes qui traversaient l'appartement avaient un air triste et affairé qui semblait extraordinaire. "Jacintha était à la tête de mon lit, qui tenait sa petite main sur mon front, et se penchait vers moi pour écouter si je respirais bien. De temps en temps une larme tombait de ses cils sur mes joues, et elle l'essuyait légèrement avec un baiser.  "Ses larmes me fendaient le coeur, et j'aurais bien voulu la consoler; mais il m'était impossible de faire le plus petit mouvement, ou d'articuler une seule syllabe: ma langue était clouée à mon palais, mon corps était comme pétrifié.  "Un monsieur vêtu de noir entra, me tâta le pouls, hocha la tête d'un air découragé, et dit tout haut: "C'est fini!"