mardi 26 février 2019

Crise des opioïdes


illustration: Thomas Fuchs
Depuis les années 80,  en occident, la douleur est devenue un mal que l'on combat : on n'accepte plus qu'un cancéreux soit mourant pour le soulager d'un opiacé puissant, ni qu'une femme accouche dans la douleur.

Depuis quelques années l’échec de la politique de contrôle répressive des drogues est officiellement dénoncé par la Commission globale sur la politique des drogues, (qui rassemble d’anciens chefs d’Etat),  et même au sein de l'ONU qui en matière de contrôle des stupéfiants a invité les États à « réexaminer les politiques et pratiques » . cf https://emagicworkshop.blogspot.com/2016/10/drogues-vers-la-fin-du-tout-repressif.html

On apprenait dernièrement que  64000 Américains étaient morts des suites d'une overdose liée aux opiacés en 2016, soit deux fois plus que ceux, pourtant nombreux, qui ont été tués par une arme à feu.  (cf https://emagicworkshop.blogspot.com/2016/02/heroine-le-retour.html )

En fait, ce qui est nouveau dans cette crise des opioïdes aux USA c'est qu'elle touche  les classes moyennes vivant en zones rurales et que 77% de ces récents usagers d'héroïne disent avoir connu les opiacées par des médicaments légaux.
Cette crise met une nouvelle fois en lumière la confusion existant entre drogues et médicament car cette forme d'addiction 'nouvelle vague' s'est installée à partir de prescriptions d'Oxycontin, ou de Tramadol et a conduit nombre de leurs consommateurs à aller chercher sur le marché illicite des effets similaires avec l’héroïne ou le fentanyl.  
Or, en matière d'addiction, la limite entre le prescrit et l'interdit est assez peu opérante, les acteurs officiels (labos pharmaceutiques) et officieux (narcos) fonctionnent de la même façon en favorisant l'existence de consommateurs réguliers de leurs produits, derrière les apparences du soin, de la défonce ou de la substitution, et que pour une large part, la toxicomanie est moins liée à la recherche de l'évitement d'une forme de douleur qu'à celle de la quête de plaisir.
La tentation est alors grande de fustiger l'impitoyable fatalité de l'addiction, cette fois relayée par les vilains labos pharmaceutiques qui remplacent dans l'imagination les dealers d'autrefois. Les pourvoyeurs, quels qu'ils soient, sont forcément les agents du Mal et à l'autre bout du spectre, notre jeunesse est ontologiquement une victime innocente.

Ainsi, après qu'on ait réussi à prendre en charge la douleur et développé, à cause de la menace du sida les traitements de substitution, il nous faudrait de nouveau adhérer aux peurs d'un autre siècle et hurler avec les loups ? 

Non ! car dans les faits les overdoses sont la plupart du temps dues au mélange des opioïdes avec d'autres sédatifs tels que l'alcool, les anti-histaminiques (ex promethazine) ou les benzodiazépines (ex Xanax). C'est en réalité l'ignorance du sujet qui cause plus de morts que les opiacés ingérés en eux-mêmes.

L'ignorance tue aussi par la difficulté à connaitre la composition des produits vendus illicitement. Des analyses anonymes et gratuites de la composition des drogues sont déjà mises en place par des associations, mais dans beaucoup de pays cela reste trop limité et trop confidentiel. On peut même imaginer que les produits saisis fassent l'objet d'analyses afin de partager les résultats auprès des associations de réduction des risques et des communautés d'usagers.

Enfin, la Naloxone, qui est un antidote à l'action des morphiniques, devrait être mise à disposition et vulgarisée auprès des communautés ou des proches de consommateurs d'opioïdes, ainsi que des associations de réduction des risques. 
Pour citer Carl Hart, "Les médecins n'ont pas besoin d'être formés aux opioïdes, la population doit l'être." http://drcarlhart.com/

 
La tentation est grande de préférer la guerre contre un mauvais objet à la réelle prise en compte du sujet. Alors que le prohibitionnisme qui combat l'offre et corrige la morale de l'individu échoue depuis 50 ans, il faut nous préparer à vivre dans un monde où l'accès aux molécules psychotropes sera toujours plus facile et moins contrôlable, et ce en s'appuyant sur des dynamiques collectives de santé publique et de réduction des risques. 
L'aveuglement et l'ignorance tuent plus que les produits.

Ozias 

Voir sur le même sujet dans ce blog : https://emagicworkshop.blogspot.com/2016/02/heroine-le-retour.html 

Comment l'addiction aux opioïdes s'est installée aux USA : https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2019/05/opioid-epidemic-west-virginia-doctor/586036/

https://www.scientificamerican.com/article/people-are-dying-because-of-ignorance-not-because-of-opioids/

Ecrit d'après les articles de Jean-Maxence Grenier, Bertrand Lebeau, Fabrice Olivet. parus dans journal ASUD #61.
The Real Opioid Emergency. By Carl L. Hart. Aug. 18, 2017


Testez vos produits !  https://dancesafe.org/shop/

Mines d'informations : http://vih.org/kiosque#swaps; http://www.asud.org/category/journal/

Dernier update (Janvier 2020) revue SWAPS p9-16


mercredi 16 janvier 2019

présidents



ARTICLE CENSURE sur Facebook pour 
"Violence et comportement criminel" ! (19/01/19 10:00)


Didier Estival 2018. Nos enfoirés
 
  L'élu de la démocratie démontre avec PÉDAGOGIE qu'il n'y a PAS D'ALTERNATIVE autre que de TENIR LE CAP et L'AGENDA des réformes.





 


 

En dessert, voir aussi sur ce blog : 
https://emagicworkshop.blogspot.com/2015/06/entartages.html

Et pour aller plus loin : https://emagicworkshop.blogspot.com/2016/09/archives.html 

PS: "Désolés pour cette erreur. Nous avons à nouveau examiné votre publication et elle respecte bien nos Standards de la communauté. " FB (19/01/19 20:00)

vendredi 4 janvier 2019

Graphisme


Affiche illustrant la victoire de 1945. 1975
Cette affiche jaune est signée Sheigo Fukuda, graphiste designer plasticien et sculpteur japonais né en  1932 et décédé en 2009. 
Cette affiche, qui a remporté le premier prix du concours d'affiche de Varsovie en 1976, est représentative du style de Fukuda comme de son engagement.
Au niveau du style c'est un mélange de sobriété et d'absurde. Au niveau de l'engagement, on voit qu'il s'agit d'un message pacifiste lancé par le graphiste en pleine guerre froide, 30 ans après la capitulation de son pays.  L'affiche rouge, produite à l'occasion de la célébration de la journée de la Terre est également représentative de la démarche de Fukuda.
Affiche pour la journée de la Terre. 1982






Fukuda parlait ainsi de son travail,  

“I believe that in design, 30% dignity, 20% beauty, 50% absurdity are necessary.
Rather than catering to the design sensitivity of the general public, there is advancement in design if people are left to feel satisfied with their own superiority, by entrapping them with visual illusion.” 
Ce que je traduis par :
"Je crois que pour qu'un dessin soit réussi, il faut qu'il ait 30% de dignité, 20% de beauté et 50% d'absurde. "  Pour exemple, les affiches pour la fin de la guerre de 45 et la célébration du jour de la Terre témoignent bien de cette intérêt pour les images doubles, la subjectivité de nos perceptions et l’ambiguïté du réel.
Et Fukuda ajoute :
"Plutôt que de satisfaire directement les goûts du grand public, le dessin a tout intérêt à interpeller le regardeur et à faire appel la satisfaction qu'il tire de sa propre vision des illusions optiques."
Les illusions d'optique, les raccourcis visuels sont pour Fukuda un langage universel qui lui permet d'atteindre le public cosmopolite d'une société de consommation mondialisée. Ses affiches imprégnées d'une certaine vacuité des choses (wabi-sabi) ?  cherchent à surprendre tout en allant à l'essentiel avec un minimum de moyens.

http://japanization.org/shigeo-fukuda-transformer-les-dechets-en-art-eclaire-et-eclairant/
http://www.artefake.com/afwp/shigeo-fukuda/

Luba Lukova est une artiste d'origine bulgare, américaine depuis 1991, et qui ,comme Fukuda, réalise sans ordinateur des affiches militantes dans un style direct et efficace.

Comme quoi, un bon dessin vaut mieux qu'un long discours.

Luba Lukova. Ecology

Luba Lukova. Climate
https://www.lukova.net/

mercredi 28 novembre 2018

arabesques

L'Islam, un art psychédélique ?

Devant la décoration des mosquées on est frappé par le labyrinthe des ornements géométriques qui en composent les décors.  En effet, afin de préserver la pureté du monothéisme et d'éviter toute forme d'idolâtrie, l'islam considère que toute représentation d'être possédant une âme est illicite. Toute forme de représentation est donc bannie alors que la répétition et l’enchevêtrement de motifs géométriques sont censés donner une idée de la grandeur d'Allah et de l'univers qu'il a créé. 

Ce qui frappe aussi, c'est que ces répétions de motifs géométriques colorés font souvent penser aux paysages mentaux que l'on voit fréquemment en fermant les yeux après avoir consommé des produits psychotropes tels que du cannabis, ou de la psilocybine. 
On sait bien que le haschich a joué un rôle important dans la pratique du soufisme qui est une branche mystique de l'Islam. Déjà au XIIIème siècle,le botaniste Ibn Baitar témoigne que la prise de haschich était un élément du culte Sufi servant à rapprocher les fidèles de leur Dieu. Dans son recueil  'la Connaissance par les gouffres, Henri Michaux, poète et psychonaute écrit justement en parlant des minarets des mosquées 'Ce n'est pas l'Orient qui donnait ces formes, si exagérément minces, effilées. C'étaient ces formes amincies qu'avaient vues et tenté de copier les architectes orientaux, persans et arabes. Le chanvre a fait "les minarets", en a montré la direction à des gens qui l'ont suivie qu'à moitié ou plutôt au dixième."





“Allah is beautiful and he loves beauty.”

Il est clair que la recherche de la beauté est un thème central pour Islam. Mais le goût pour les arabesques et les patterns géométriques n'est pas propre à l'Islam et soulève cette question de comprendre pourquoi de telles formes sont si agréables à nos yeux.

Pour l'homme préhistorique, déjà les formes géométriques décoraient les grottes.

De très sérieux scientifiques (Tom Froese, Alexander Woodward and Takashi Ikegami pensent que les décorations des grottes pariétales ont été produites par des chamans sous emprise de drogues hallucinogènes. En effet, en étudiant 40000 ans d'art pariétal ils ont remarqué que l'on retrouve sur les murs de grottes distantes de milliers de kilomètres les mêmes motifs géométriques appelés "instabilités de Turing". Le plus troublant est que ces motifs eux-mêmes semblables à ceux décrits par les témoignages des utilisateurs de plantes ou champignons aux propriétés psychoactives. Les motifs géométriques de type psychédéliques semblent donc être un fond commun que partage et apprécie l'humanité depuis qu'elle existe.




D'après le neurologue Oliver Sacks, si les répétitions de motifs géométriques plaisent, cela pourrait être en quelque sorte, 'par construction' , dans le sens où ces motifs géométriques sont à l'image de l'organisation même du cerveau. 

Les hallucinations géométriques que l'on peut ressentir après la prise de produits psychoactifs seraient donc des projections des structures géométriques de notre cerveau.  Ainsi, nous trouverions beau l'agencement de motifs géométriques complexes car il nous rappellerait l'agencement de notre propre cerveau, un miroir de nous même en quelque sorte.
Voilà, en tout cas, qui expliquerait pourquoi les motifs géométriques sont largement appréciés depuis l'aube de l'humanité.

La morale de cette histoire, c'est que l'homme a toujours aimé l'art, mais qu'il a aussi toujours aimé les drogues.

Ozias

Sources : Divers articles de Sam Wolfe  et autres références ci-dessous

dimanche 4 novembre 2018

Psychédéliques

DMT-inspired artwork by SalviaDroid
Étymologiquement, psychédélique provient du grec ancien ψυχή = psychẽ « âme », et δηλοῦν = dẽloun « rendre visible, montrer ». L'adjectif psychédélique signifie donc "qui rend visible l'âme"

Notre société monophasique réduit la pensée a sa dimension rationnelle tandis que des sociétés multiphasiques,par exemple les sociétés traditionnelles africaines ou indiennes, considèrent que les états modifiés de conscience font partie de toute expérience du réel. 

Si la plupart des psychiatres ne voient dans la prise de psychédéliques qu'une intoxication et conçoivent les trips comme des psychoses 'sur demande', d'autres pensent que les consommations de drogues enthéogènes telles la psilocybine, le LSA, ou l’ayahuasca sont à l'origine de l'invention des religions  (Julien Bonhomme, anthropologue). 
De toute évidence, les états de conscience modifiés à l'aide de psychotropes permettent d'aller plus loin dans nos représentations et même notre compréhensions des choses. L'expérience mystique que procurent les substances psychédéliques ou enthéogènes apporte des informations, des 'connaissances' utiles pour gérer nos rapports avec le surnaturel, le passé, la mort. Enfin, la prise ritualisée de psychédéliques permet de constituer et de souder la communauté des utilisateurs autour d'une expérience à la fois spirituelle, intime et partagée.

Les psychédéliques ont longtemps été ignorés et écartés par la communauté académique médicale en tant que sujet de recherche, au nom d'un positionnement qui tient plus compte des peurs collectives du corps social que d'une approche rationnelle. 
Au XXème siècle les moralistes occidentaux ont imposé au reste du monde la prohibition et déclaré la guerre à la drogue et aux drogués.
Aujourd'hui encore, la plupart des débats sur les drogues portent sur les addictions, les risques sanitaires, la délinquance économique et la criminalité sans jamais évoquer les dimensions de plaisir, de connaissance, ou de dépassement de soi qui expliquent l'usage immémorial des psychotropes.


Le retour, (recours ?)  aux plantes et aux substances psychédéliques est re-apparu dans notre société autour des années 68  lorsque des "tribus d’indiens métropolitains" ont cherché à échapper aux limites d'une connaissance réduite à la dimension rationnelle. 
Expérimentées en psychiatrie dans les années 1940-60, remplacées par les neuroleptiques à la faveur du prohibitionnisme, les substances psychédéliques semblent faire ces dernières années un retour dans les psychothérapies.
Après cinquante ans de guerre inutile contre la drogue, et au delà de l'approche moraliste et prohibitionniste construite par les institutions, des anthropologues et des psychiatres, portent des regards nouveaux sur les substances psychédéliques, leur potentiel thérapeutique et leurs usages dans notre société.
 
Voici donc une conférence enregistrée en janvier 2018 qui réunissait Vittorio Biancardi, anthropologue, doctorant EHESS, Christian Sueur, psychiatre, David Dupuis, anthropologue, post-doctorant Durham University, Vincent Verroust, historien des sciences, doctorant EHESS. 
"Sans tomber dans le prosélytisme, il faut se rendre à l'évidence : certaines drogues sont un catalyseur inépuisable d'images mentales, doublées d'une centrifugeuse de plaisirs inconnus et de sensations inouïes. Et c'est précisément parce-qu’elles sont inouïes qu'elles suscitent un tel engouement. Dans cette réalité "dissociée" à laquelle expose la prise de certains stupéfiants, une infinie variété de mondes perceptifs se font subitement jour. Des mondes diffractés, fractionnés et emboités les uns dans les autres - et non plus un monde. L'unité s'y conçoit par la multiplicité et la dispersion, à travers les modalités d'une schizotopie. Le hiatus entre le réel et l'irréel s'estompe sans que l'un ne dicte sa loi à l'autre. L'environnement de la consistance que nous appelons réalité se révèle être une sorte de fond sans fond, un principe premier, une entité qui n'est elle même pas fondée, un élémennt de la pensée que la logique ne peut appréhender."  

"Plutôt que l'expression d'un solipsisme exalté ou d'un principe de transcendance, qui expose tôt ou tard à l'aliénation ou à la crise mystique , l'expérience psychédélique doit être envisagée à la fois comme recherche éthique et principe d'irraison. De par les vertus à la fois introspectives et dissociatives, elle aide à reconsidérer l'existence sous le prisme d'un panpsychisme (philosophie proche de l'animisme, selon laquelle tout ce qui existe et vit possède une âme) ou d'un hylozoïsme (doctrine qui soutient que la matière est dotée de vie par elle même). Les altérations perceptives qu'elle déclenche ne doivent plus être envisagées comme pathogènes, mais inhérentes au vivant. La doctrine psychédélique n'a rien d'un doux délire d'illuminés, elle participe, au contraire d'un matérialisme rigoureux tout en ouvrant des espaces de liberté inconnus. Il ne tient qu'à chacun de la mettre en oeuvre au sein d'une réalité tangible -celle que nous partageons tous, et qui nous rappelle à notre fragile condition d'être humain.

Après le Psychédélisme : dépasser l'entendement. Julien Bécourt. Revue Audimat #10. 2018 

Pour la petite histoire : https://societepsychedelique.fr/fr/blog/histoire-de-la-decouverte-de-quelque-hallucinogenes

Trip report: compte rendu d' expérience psychédélique :
 https://www.psychoactif.org/forum/t38779-p1-synesthesie-etat-pur.html?fbclid=IwAR3u6s_mFg_eCU5Gf2zvyjWjVe383SI6YiqMLZRuRxkgIxRl-zBloxZgxog

Pub ! https://psychedelicsociety.org.uk/experience-retreats
https://synthesisretreat.com/

un blog calé : https://froufrouettransendance.wordpress.com/2019/03/20/outils-chamaniques-le-psilo-et-la-ceremonie/

dimanche 26 août 2018

Goa trance

Fantasme de vieux baba : danser sur de la trance à Goa sous les étoiles. Cet été, j'ai essayé et je vous raconte mon expérience.

Petit rappel historique :
Goa est un petit état de l'ouest de l'Inde le long de la mer d'Arabie. Vers la fin des années 60 le village d'Anjuna (état de Goa) est devenu un point de rencontre des hippies du monde entier. Puis dans les années 1970 et 1980 l'afflux de touristes a diminué  mais un noyau dur est resté à Goa, se concentrant sur le développement de la musique tout en pratiquant d'autres activités comme le yoga et la méditation. 
Au début des années 90, on commence à parler de la trance Goa qui est un style musical inspiré de la new wave de New Order, de la musique industrielle, de l'acid house et du rock psychédélique  de Steve Hillage et Ash Ra Tempel. La musique ethnique orientale a également servi de source d'inspiration.
Dans les années 2000, de nombreux jeunes israéliens qui allaient décompresser à Goa après leur service militaire ont pris goût à la trance puis répandu et exporté la Trance dans leur pays et le monde entier. Vini Vici est un exemple de  trance Goa made in Israël parmi les plus connus.

Goa by day
Cet été, à l'occasion d'un v
oyage en Inde, je suis donc passé par Goa (North) pour voir ce que c'est, et ce qui reste de cette histoire. Le guide du routard prévient : Goa en pleine mousson, c'est un peu la Riviera en hiver. En effet, je ne me suis pas baigné (mer agitée), je n'ai pas bronzé (nuages). Pourtant même si beaucoup de restaurants, de boutiques, qui pullulent  dans ce secteur super touristique sont fermés en cette saison il reste de la vie,  des vacanciers indiens, quelques fêtards, et sur la plage, plus de chiens en goguette que de touristes occidentaux.  

Sur place, ce que l'on voit de jour, ce sont les shacks. Les shacks sont des paillotes  qui donnent sur la plage. On peut y manger à toute heure, boire un coup (l'état de Goa permet la consommation d'alcool en public). Bien installés sur des terrasses en gradin qui donnent sur la mer il fait bon y fumer un houka (narguilé) les doigts de pied en éventail en attendant le coucher du soleil. La photo ci dessous montre les shacks de la plage d'Anjuna.

Alignement des shacks (premier plan Lilliput, Pirates, au fond UV café) sur la plage d'Anjuna

Liliput café, Anjuna beach

Goa by night
Pour ce qui est d'une soirée, le mieux est de trainer du côté  d'Anjuna et de repérer les affiches ou bien, d'aller sur le site Whatsupgoa http://www.whatsupgoa.com/GoaParty/search.php.
 Les shacks sont sur la plage, et la plage d'Anjuna est à 500m du centre du village. Les chauffeurs de Touktouk ne savent pas forcément vous mener à bon port donc il vaut mieux prendre une frontale pour marcher jusqu'au schack dans la nuit, ou pour en revenir.
Sur la plage, chaque établissement propose un style de techno different. ce soir là, c'etait Trance au UV, Acid au Pirates, House au Lilliput. La soirée commence au coucher du soleil (20h) et se prolonge tant qu'il reste des danseurs. 
Les tables de mix, le sound system sont installés sur la terrasse du shack. Selon les schacks c'est un lieu couvert ou abrité d'une simple voile, qui permet de danser en plein air, sous les étoiles. La musique s'entend aussi de la plage où sont installés des chaises et des tables. Ce vendredi soir de basse saison, la soirée s'est animée vers minuit. 
Très peu d'occidentaux, quelques meufs, quelques gais. Des indiens fêtards venus danser, draguer, s'amuser. De temps en temps le niveau de la musique baisse à la demande de la police, puis remonte 'doucement', mais sûrement. Globalement, le son est moins fort que dans une soirée d'ici. Sur la piste de danse, les pétards tournent, mais le niveau de qualité des produits que j'ai goûtés m'a rappelé celui des années 70 en France. Au chill-out, situé juste au dessus de la piste et qu'on atteint par un escalier branlant, ça coupe, ça pile, ça sniffe, et ça fume dans une ambiance décontractée où il est agréable de faire connaissance.
Le vrai kif, c'est la brise marine à 28°C idéale pour danser sous les étoiles dans le décor de la plage. La variété de l'offre (3 programmes en 500m de plage) et la bonne teneur de la musique font le reste.
Pour la soirée le prix d'accès à la terrasse est de 500 roupies (6€), au bar, compter 3€ pour une bière, 4€ pour un alcool. 
Alors, si vous passez par là allez y de ma part et ... vive la Trance !.

Aperçu warm-up :
https://www.facebook.com/ozias.myssos/videos/1533763443437226/
 https://www.facebook.com/ozias.myssos/videos/1534075383406032/

Notes de terrain:



Anjuna beach: Pirate's club
Anjuna's beach : 3 commerçantes
Before, au Lilliput shack.
à l' entrée du UV café
Bonus : Images du bon vieux temps de Goa  https://untoldstory.in/travel/35-pics-goa-shows-hippie-paradise/
https://www.mushroom-magazine.com/the-history-of-a-colourful-culture/

Se renseigner :
http://www.whatsupgoa.com/GoaParty/search.php
https://www.facebook.com/GoaTranceFestivals/

Autre chose : Dharma transe 
https://blog.unfamousresistenza.fr/lire/articles/resistenza-moves/dharma-techno-la-surprenante-rencontre-entre-meditation-et-musique-techno/
 

mardi 10 juillet 2018

le moi, le ça , la honte

Orlan, l'origine de la guerre (et de la censure FB)
Censuré sur Facebook pour cause de nudité, je vous livre ici le post qui en fut la cause et en prime quelques développements à ce sujet.

L'image en cause est celle que vous voyez. Elle est inspirée de 'l'Origine du monde' de Courbet, détournée  par Orlan (artiste) et intitulée 'l'Origine de la guerre'. 
Cette image illustrait  dans mon post une phrase de Schelling qui dit "L'obscurité propre de l'homme se dresse contre l'origine à partir du fondement."  
Ce qui signifie que "l'origine se dresse devant l'invitation à s'élancer vers la liberté et à s'exposer en tant que "moi". 
C'est toute la problématique de la légitimité du moi face à celle de l'être qui est ici exposée.

Le champ lexical de la phrase de Schelling (obscurité/origine du monde/fondement)  fait référence à la sexualité, et par extension aux rapports souvent conflictuels entre l'individu et le "ça" des origines.  "Par construction, individu et sexualité s'appartiennent mutuellement et chacun à sa manière. L'individu 'appartient' à la sexualité (il lui est assujetti) et la sexualité ne peut se réaliser que dans la sexualité. La sexualité est tout autant un attribut de la sexualité que l'individu est un attribut de la sexualité".
De plus, la tension qu'il souligne révèle un aspect pathologique de la liberté dans lequel l'obstacle qui contrevient à l'exposition de l'individu a trait au sentiment obscur de la honte.
Spinoza notait déjà dans l'Ethique que "la honte de l'individu est une partie de la honte que le fondement (le ça) éprouve envers ses individuations ".  Comme Günther Anders on peut alors se demander,  si l'instinct de mort ne serait pas le désir qu'a l'individu d'en finir avec le supplice de son individualité ? C'est  justement à cela que l'image, et son titre font allusion.

La honte peut être analysée comme une dialectique entre l'individu et l'universel, un trouble de l'identification. 
Dans ce sens, la honte est la découverte des limites de l'individuation et donc, de la liberté. Avoir honte, pour Günther Anders, signifie 'ne rien pouvoir faire, parce qu’on n'y peut rien'. Nous avons honte d'une chose parce-qu’elle nous montre aux yeux de l'instance tels que nous ne voulons pas être montrés. L'existence de la faute tient si peu de place dans l'apparition de la honte que l'on n'a pas moins honte lorsque l'on est accusé à tort; la honte est même plus grande. (cf la lettre d'Amalia dans ce blog).Ce qui provoque la honte c'est d'être effectivement coupable aux yeux des autres.  

Voici donc les réflexions qui me conduisaient à poster cette phrase illustrée par cette image. 
Bien sûr les robots de Facebook ont instantanément détecté une bite. La seconde suivante j'étais déloggé, instruit de ma transgression, sommé de lire les conditions générales du service et les standards de la communauté puis privé d'expression pour une durée de 24 heures avec menace d'extension à 3 jours si récidive...
Ainsi j'ai eu le temps d'écrire ce développement tandis que Facebook montrait une nouvelle fois qu'il n'est pas un lieu d'expression, mais une entreprise privée avide de domination et de vente d'espaces publicitaires. 
A demain, sur Facebook, ou ailleurs

Ozias

Lire aussi dans ce blog
La honte : https://emagicworkshop.blogspot.com/2014/09/la-honte.html
La domination: https://emagicworkshop.blogspot.com/2016/02/kafka-et-la-domination-la-lettre-damalia.html
La pudeur https://emagicworkshop.blogspot.com/2015/09/la-pudeur.html
l'origine du monde https://emagicworkshop.blogspot.com/2012/11/lorigine-du-monde_7.html